Face à la pression (!) de certaines Babélamies, et surtout pour enfin "tourner la page" de ce livre qui me poursuit depuis trois ans, je vais essayer tant bien que mal d'exprimer ce que j'ai ressenti à sa lecture. Et je vous garantis que ce n'est pas un exercice facile pour moi.
Il est très rare que cela m'arrive, mais je suis tout-à-fait incapable de dire simplement si je l'ai apprécié ou pas. Je l'ai commencé il y a 3 ans (je crois), lors de mes pauses-déjeuner dans un lycée où personne ne se parlait parmi les collègues qui mangeaient en salle des profs. Comme tout le monde avait le nez plongé dans ses copies, moi je rapportais un bouquin du CDI, et c'est lors d'un de ces mornes repas solitaires que j'ai fait la connaissance de Turtle-Julia-Croquette, ce dernier surnom m'étant particulièrement insupportable.
Très vite, j'ai ressenti une fascination-répulsion à l'égard des personnages principaux, Turtle, une gamine de 14 ans, mais surtout son père Martin. Et au bout de quelques jours, j'ai abandonné la lecture. Quelque temps plus tard, je changeais d'établissement, et n'ai plus cherché à reprendre l'histoire où je l'avais laissée. Je comptais bien ne plus entendre parler de ce roman.
Mais...c'était sans compter sur Babelio, qui sans ce soucier de vos états d'âme, refait surgir par l'intermédiaire des critiques de vos amis les lectures que vous souhaitiez oublier ! Et ce qui devait arriver arriva : au cours d'une de mes nombreuses visites à la médiathèque, "
My absolute darling" s'est imposé à moi, exposé bien en vue sur le chariot des retours (que je scrute à chaque passage), me susurrant : "tu ne vas pas me laisser là, on a une histoire à terminer, toi et moi...". Et bien sûr, j'ai fléchi, pensant que cette fois je parviendrai à lire cette histoire jusqu'au bout sans encombres. Surtout qu'entre-temps, j'avais lu les retours souvent très enthousiastes de Babeliotes auxquels je me fie en général.
Alors oui, je l'ai terminé, en plusieurs fois, reprenant ma respiration avec d'autres lectures entre deux sessions. J'ai eu bien souvent envie de m'en prendre violemment à certains protagonistes pourtant sympathiques de prime abord, mais bien trop "mous" dans leurs tentatives d'intervenir dans une situation aussi malsaine. Et puis il y a eu des moments plus légers, lorsque Turtle fait connaissance avec Jacob et Brett, et qu'elle vit des expériences "normales" pour une jeune fille de son âge. Des moments où j'ai ressenti énormément d'empathie avec elle, où j'ai pensé qu'elle allait comprendre que la vie, ce n'est pas de savoir manier des armes à feu les yeux fermés, ou de se soumettre à des "entraînements" dignes d'un commando, que peut-être elle pourrait enfin "lâcher" un peu la pression, trouver une oreille attentive et de la compréhension. Et à ces moments-là, j'ai aimé ma lecture, j'ai apprécié la nature sauvage dans laquelle vivent les personnages...
Et puis est arrivée une autre gamine, Cayenne, ramassée par Martin qui revient après une longue absence auprès de sa fille. A partir de ce moment-là, je n'ai plus eu qu'une hâte, que ça se termine, bien ou mal (mais je me doutais un peu du sens que ça prendrait), et mon malaise est devenu presque constant. C'est là que j'ai pensé que je n'écrirai pas de billet sur ce livre...
L'auteur a paraît-il mis huit ans à l'écrire. J'ai mis moins de temps à le terminer, et je lui reconnais de grandes qualités, mais il m'a laissé des sentiments vraiment trop ambivalents pour que je puisse lui décerner une note. Cet avis ne vous aidera sans doute pas à décider si vous avez envie de le lire ou pas, mais il m'aura au moins permis de poser quelques mots sur mon ressenti. Je n'ai pas résumé l'histoire, c'est inutile puisque 819 avis ont été publiés avant le mien, dont certains excellents et fort bien argumentés.
Mais de mon côté, le chapitre est clos !