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sur 4923 notes
Turtle est à demi sauvage, élevée à la dure par son père, un type pas très recommandable qui vit seul avec elle dans une vieille maison « tapie sur sa colline », l'entraîne à se battre comme un commando et abuse d'elle. Mais si Turtle est sous sa coupe, craint autant qu'elle aime ce père, elle conserve en elle une part inaccessible. Une réserve qui lui permettra peut-être de survivre à sa tyrannie.

J'avoue m'être ennuyée avec Turtle, trop de nature, trop d'armes, trop de sentiments bruts de décoffrage, trop de descriptions, trop de tout. Heureusement que dans ce monde de brutes, l'arrivée de deux jeunes garçons, rieurs, malins et sympathiques, a réveillé mon intérêt en berne quand je n'étais pas loin de jeter l'éponge. Et puis il y a eu Anna, la prof de Turtle, et son grand-père, tous deux sensibles à son mal être et cherchant à la sauver. Finalement, j'ai eu envie de connaître le curieux destin de cette drôle de fille.

Reste que My absolute darling est très américain et est probablement plus adapté à public qui aime l'action, la survie en milieu hostile, le langage imagé, les sentiments exacerbés, les situations improbables (et aussi apprendre le nom de plantes et arbres inconnus). Enfin, ce n'est que mon avis. Si j'en juge par les nombreuses critiques élogieuses, ce livre a sans doute des qualités plus universellement appréciées.
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L'avantage dans ce roman, c'est qu'on identifie vite la figure du mal, pas de suspense de ce côté-là. Son père, ce bourreau... Un pervers, un psychopathe, un manipulateur, un fou, un sadique, un gros méchant (ça c'est presque gentil), on peut l'affubler d'autant de noms que l'on veut, on n'en reste pas moins écoeuré par ce sauvage vivant avec sa fille dans une espèce de baraque aux allures de masure déglinguée par la pourriture et les impacts de balle, en pleine nature sauvage, au milieu des lézards, des sumacs ou autre séquoias. D'autant qu'il paraît pas si bête, réussissant à se justifier par un intellectualisme déviant, à base de rejet total de l'humanité qui court à sa perte, flirtant sur la lisière du nihilisme, se servant de l'écologie comme d'un alibi. On n'aurait peut-être même pas grand-chose à lui reprocher, s'il n'entraînait personne dans son délire, et surtout pas sa fille. Les tortures qu'il lui inflige entre viols, blessures, brûlures, violences psychologiques sont d'un sadisme sordide, il semble s'en affranchir tel un professeur maboule adepte de solipsisme. Sauf que la gamine, elle existe vraiment. L'auteur ne manque pas de nous le faire savoir en la suivant dans ses actes et ses pensées, parsemant son récit factuel par des « Elle pense... » récurrents, et diablement efficaces par leurs contenus tortueux, introspectifs et glissants, tentant d'expliquer ses multiples parts en elle si complexes et si contradictoires. Une gamine à l'identité fluctuante, la scolarité défaillante, au psychisme morcelé. Qui aime son père et se déteste. Forcément perturbée, même si elle arbore une foi tenace en sa survie.
Roman glauque, étouffant, à l'écriture sèche et chirurgicale, au présent de narration incessant comme un coup de poing permanent dans la gueule du lecteur, j'ai eu du mal à y respirer, le nez plongé dans le sordide et l'angoisse. Même les descriptions superbes des paysages ne m'ont pas permis de m'aérer vraiment l'esprit. Une réussite dans le genre, assurément. Un roman difficile à oublier. Mais un roman que j'ai pourtant envie d'oublier.
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« Tu ressembles à une fille élevée par les loups. »

Mon nouvel article sur Fnac.com/Le conseil des libraires :
Lien : https://www.fnac.com/My-Abso..
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"MY ABSOLUTE DARLING" de Gabriel Tallent traduit par Laura Derajinski
Éditions Gallmeister

Il y a quelques jours, alors que l'on discutait de ce roman, une amie (qui se reconnaîtra) m'a dit "Gallmeister, c'est pas le monde des bisounours !" Et effectivement, j'ai rarement connu une lecture aussi douloureuse...

Turtle, une adolescente de 14 ans, vit seule avec son père survivaliste depuis la disparition de sa mère. Son père est un monstre qui l'oblige à vivre dans la crasse, l'initie au maniement des armes, la violente et la maintien dans une relation malsaine de dépendance envers lui.

Vous voulez savoir ce que ressent la victime d'un pervers narcissique et pourquoi elle ne se révolte pas ? Et bien, lisez ce livre ! Moi, j'en suis encore bouleversée !

Gabriel Tallent a magnifiquement travaillé la psychologie de ses personnages. La relation toxique entre ce père manipulateur et sa fille est particulièrement réussie.

Ce livre est l'exemple parfait de ce à quoi sert la littérature selon Pierre Jourde : "Elle nous donne intimement accès à l'autre, élargit le champ de la connaissance et la profondeur de l'expérience".

La traduction de Laura Derajinski est, comme toujours, exceptionnelle.

Je remercie les éditions #Gallmeister et Léa du #PicaboRiverBookClub pour cette lecture inoubliable.
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C'est LE roman américain qui fait parler de lui en ce moment. Un vrai roman coup de poing. Impossible de le lire d'une traite, il m'a fallu faire quelques pauses car la violence qui affleure à chaque page est parfois difficilement supportable. Violence physique, violence psychologique. Cela pourrait être une descente progressive aux Enfers, mais ce n'en est pas une car le personnage principal n'est déjà plus qu'une ombre parmi les ombres dans l'enfer qu'est sa vie. Elle se prénomme Turtle et elle est âgée de 14 ans. Sa carapace est encore plus épaisse que celle de l'animal qui lui vaut son surnom, si tant est que cela soit possible. Il faut dire qu'elle semble absolument impénétrable et il est bien difficile pour qui la rencontre de dire ce qu'il se passe à l'intérieur. Elle est vide, sans émotions. Elevée à la dure par un père violent et manipulateur, au contact des armes et de la nature, Turtle est en échec scolaire et n'a pas d'amis. Un jour pourtant, elle fait la rencontre de Jacob, un lycéen aussi drôle qu'intelligent, et, alors que la graine de l'amitié commence à germer, l'intuition qu'il existe, peut-être, une autre voie prend racine.
Ce n'est pas un roman où l'action tient une place prépondérante. Il y a finalement assez peu d'événements majeurs et pourtant on peine réellement à reprendre son souffle. C'est dire à quel point la psychologie des personnages est fouillée, efficace, et à quel point elle nourrit le récit. Le drame pourrait d'ailleurs se jouer en huis-clos, son intensité serait certainement la même mais l'apprentissage de l'ailleurs est une étape incontournable dans l'évolution de Turtle. C'est un personnage auquel on ne peut que s'attacher et comprendre son comportement est aussi intéressant qu'éprouvant car cela suppose d'accepter de ne pas fermer les yeux sur la relation malsaine et destructrice qu'elle entretient avec son père. Il y a quelques passages difficilement soutenables, il faut le signaler, ce n'est bien évidemment pas un point négatif car c'est nécessaire à la construction de l'intrigue. Pour finir, j'ajouterai que c'est un roman extrêmement bien écrit et c'est prometteur pour la suite car il s'agit du premier roman de l'auteur !

Lien : http://aperto.libro.over-blo..
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Je ressors de ce roman un peu sonné. My Absolute Darling est comme un voyage éprouvant et grandiose dont on se demande si on va en revenir indemne ou l'abandonner en cours de route, du moins, ce furent mes premières impressions. Une fois le livre fermé, les dernières pages s'éloignent de moi comme une barque dans le sillage de mes pensées. Je ferme les yeux et je me demande ce que je peux écrire à présent. Comment dire, écrire quelque chose après avoir séjourné dans cette jungle de violence et d'innocence meurtrie où l'émotion palpite encore. Ce livre est comme une claque, un coup de poing au ventre. Maintenant, je vais tenter de me relever et rassembler les mots qui s'étalent devant moi.
Ce livre, c'est avant tout la révélation d'un personnage magnifique, elle s'appelle Julia, mais tout le monde l'appelle Turtle. Elle a quatorze ans. Surtout, ne l'appelez jamais Julia, elle déteste cela, cela lui rappelle sa mère qui l'appelait par son vrai prénom. Sa mère n'est plus là, on apprend cela très vite. L'auteur s'y attarde peu. On sait seulement qu'elle est décédée. Au fil du roman, nous apprenons son existence et sa mort, les circonstances de cette mort, d'autres personnages viennent aussi nous parler d'elle. Par moment, cette mère résonne comme un écho.
Tout le monde l'appelle Turtle, sauf son père qui l'appelle Croquette. Son père, lui, s'appelle Martin. Il est charismatique, intelligent, très cultivé, attentionné au devenir du monde, mais aussi très violent. Nous découvrons rapidement et avec effroi son rôle de prédateur auprès de Turtle. C'est l'histoire d'une enfant martyr et d'un père incestueux.
Tout au long du récit, Turtle n'arrête pas de nettoyer des armes à feu. Des pistolets, des fusils, des carabines, tout un arsenal. Parfois elle les démonte, les remonte. Ces gestes quotidiens nous font froid dans le dos et puis on s'y habitue, malheureusement, nous sommes bien en pleine Amérique contemporaine.
De temps en temps, quand elle est troublée, Turtle fait craquer ses doigts, ses articulations, c'est comme une manie, c'est alors que le monde juste se fissure un peu plus sous ses pieds. Souvent, elle pense aussi...
Ici nous en sommes en Californie, la Californie du Nord, près de la mer, une Californie improbable, loin des clichés, une Californie âpre et violente comme le texte. Parfois la nature se fait alliée de Turtle, parfois elle lui joue des tours. Nous avançons comme elle dans les méandres du paysage et nous avons peur. Ici la nature est un véritable personnage à part entière du roman.
Il y aussi le grand-père, alcoolique et vétéran de la guerre du Vietnam, qui adore sa petite fille, il comprend sans doute trop bien ce qui se passe entre son fils et sa petite fille... Il ne sait pas comment dire les choses, il voudrait faire quelque chose, comment rendre les choses possibles...
Turtle survit entre la haine et l'amour qu'elle porte à son père. Elle apporte dans ce récit ses respirations. Ce récit dit l'emprise que son père a sur elle. Alors, il y a parfois des scènes que j'ai trouvé totalement insupportables.
Nous sommes ici dans des abysses totalement insondables. Pourquoi ? Pourquoi ? Je n'arrêtais pas de crier cela en moi tout au long de cette lecture...
La lumière vient parfois effleurer Turtle, Anna est ce rayon de lumière, une professeure du collège où Turtle étudie. Elle a sans doute compris, elle aussi, que quelque chose n'allait pas, mais Turtle n'a pas d'autre issue alors que de repousser sa bienveillance...
Et puis tout d'un coup, deux personnages surgissent par hasard dans le récit, Brett et Jacob, viennent sur son chemin, apportent une forme de légèreté, deux jeunes hommes un peu plus âgés qu'elle. Le soleil semble revenir avec eux et nous leur en sommes infiniment reconnaissants.
Dans cette nature à la fois hostile et complice, ils surgissent comme des bouffées d'air frais, comme des bouées de sauvetage jetées dans le marigot, là où vit et bouge Turtle. Elles les ignorent au début. Puis son regard va changer. Ce sont eux qui vont la sauver. Cayenne aussi plus tard. Et peut-être elle-même, guerrière sauvage et inconsciente, poussée par son destin.
Et puis plus tard dans le récit il y aura en effet Cayenne, petit oiseau perdu dans cette jungle horrible et dont la rencontre avec Turtle sera salvatrice pour elles deux.
Tout au long de cette lecture, je me suis à maintes reprises demandé jusqu'où j'acceptais de me laisser déranger et jusqu'où j'autorisais l'auteur à venir me déstabiliser à ce point.
Et puis j'ai continué cette lecture...
L'auteur, en effet, nous entraîne dans les méandres des personnages de son livre. Ce sont des puits sans fond. À chaque instant, nous marchons au bord de l'abîme, au bord de l'épouvante.
Alors parfois Turtle se demande si elle n'est pas prisonnière d'une histoire dont elle tire elle-même les ficelles. Est-elle prise au piège de ses propres démons ?
Mais il y a aussi une forme de résilience, une résistance, elle le fait avec ses armes, des pistolets, des fusils, puis finalement elle le fait avec d'autres armes, avec sa détermination, avec quelque chose qui remonte en elle-même, du fond de son enfance peut-être pas totalement perdue. Elle le fait avec son cœur qui s'éveille alors, brusquement.
Il faut du temps pour que le regard de Turtle change sur son destin. Quel est le déclic ? Est-ce Jacob ? Est-ce son grand-père ? Est-ce Cayenne ? Est-ce elle-même ? Est-ce la vie tout simplement ?
C'est un livre douloureux pour le personnage qu'est Turtle et je me suis alors dit que je ne pouvais pas l'abandonner comme cela en chemin. Que ma douleur de lecteur n'était rien par rapport à ce qu'elle vivait là-bas, dans le tréfonds de son âme et de son corps, dans ce paysage glauque et sublime où Turtle était prête à se battre comme une guerrière pour survivre et s'en sortir.
J'ai aimé ce roman bouleversant et terrible par l'humanité que l'écrivain Gabriel Tallent fait entrer dans son récit, une part manquante dans les personnages malheureux de ce récit. Une fêlure aussi par où entre une lumière qui nous éblouit. Ce roman est pour moi un coup de cœur et je le situe comme un chef d’œuvre.
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Pour ce roman noir, une très large majorité de critiques sont très positives, une petite minorité très négatives. Il me semble que les deux tendances sont très excessives. Je lui donne donc trois étoiles car j'ai aimé cette lecture en y relevant de très grands moments, mais d'autres m'ont paru de qualité très inférieure, avec répétitions et longueurs qui n'ajoutent rien à la densité du texte dont une version plus concentrée aurait pu, à mon avis, étoffer sa dimension.

Une héroïne, Turtle, émerge dès les premières pages qui sont très prometteuses, elle est attachante, malheureuse, violée par son père qu'elle aime, finissant par devenir quasiment consentante. Parviendra-t-elle à hisser sa personnalité torturée pour vaincre l'innommable, atteindre une sérénité qu'elle souhaite, le véritable amour qu'elle voudrait partager?

Cependant, l'auteur ne parvient que rarement à donner à Turtle la dimension d'une totale héroïne, comme Tracy dans "Sauvage" de Jamey Bradbury, Della dans "Le sang ne suffit pas" de Alex Taylor, ou encore Ava dans "La poudre et la cendre" de Taylor Brown. Les avis sont naturellement divers sur la définition d'une héroïne, il me semble que ces trois-là sont plus déterminées que Turtle, elles ne portent pas les mêmes souffrances même si elles n'en sont pas exemptes, mais elles confèrent à chacune de leurs histoires un lyrisme que Turtle n'atteint qu'épisodiquement.

My absolute darling est malgré tout un beau roman noir, un roman de tension extrême, de tensions diverses, portées aussi bien par la nature que par les protagonistes et pas seulement le pire d'entre eux, Martin, le père de Turtle. Gabriel Tallent réussit à exprimer toutes ces tensions qui ne laissent jamais Turtle indemne, qu'il s'agisse des injustices à l'école, des possibilités d'amour contrariées, des nécessités auxquelles elle est confrontée d'être une salvatrice, au péril de sa propre vie.

La qualité littéraire m'a semblé également irrégulière, avec des descriptions soignées de la nature, de la puissance de la mer, de la mise en scène de différents animaux, mais des dialogues dont la construction laborieuse contribue à essouffler le rythme de l'ensemble.

Au final, un bon roman dont les lecteurs indulgents n'insisteront pas sur les imperfections et que les plus exigeants peuvent juger trop durement.
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Je l'ai enfin lu, le livre dont tout le monde parlait.
Evidemment, quand on attend le livre du siècle, on est déçue. Là, c'est même plutôt dégoûtée.
C'est très américain, ce n'est pas un défaut, au contraire.
Nature sauvage-sumacs vénéneux, tarentules, scorpions, tsunamis sortis d'on ne sait où, océan grondeur, séquoias géants, pumas en free style, averses diluviennes, le nouveau monde, c'est pas la Mayenne, ma bonne dame...,-survivalistes en mode Terminators armés jusqu'aux dents, vieux hippies incestueux qui mangent bio rescapés de la secte de Charles Manson, adolescentes en difficultés scolaires et familiales qui marchent pieds nus pendant cent bornes dans "les ronces parviflores et les troncs écaillés des pruches de l'ouest" ...Saperlipopette.
Lolita version hardcore. le papa de Julia, dite Croquette, dite Turtle, est affreux, violent, violeur, exerçant une emprise presque totale sur sa fille, qui ne sait trop si elle l'aime ou le hait, en tout cas le protège. C'est là que je tique. On sait que les enfants battus et molestés adopte ce type de comportement. Je déplore cependant de la complaisance envers l'amour physique du père pour la fille, des cris de plaisir de Croquette qui me paraissent un tantinet déplacés, un côté sexy appuyé du paternel qui dérange. Quand je pense aux affaires sordides de ce type dont on parle parfois dans les journaux, j'ai du mal à imaginer dans ces jeunes filles exsangues que la police délivre des caves et des maisons où elles étaient enfermées, des geishas libertaires amoureuses de leur papounet. Sérieux ? Non mais sérieux ? Je pense que jamais une femme n'aurait écrit ça. Jamais.
Tout dérape entre papa et son absolut darling quand Lolita rencontre deux lycéens perdus en forêt qui parlent de Proust et de Platon. de Marc-Aurèle. Sérieux ? D'ailleurs, papa violeur lit Descartes et Marc-Aurèle lui aussi, allongé tout nu sous les séquoias géants avec son fusil Machin XX23 de la guerre du Viet-Nam. Sérieux ? Il se laisse bercer par les vagues du Pacifique, mais demeure soupe-au-lait. Croquette prend une belle trempe quand il comprend qu'elle a fait du camping dans la pinède géante avec Proust et Aristote.
Ca dérape encore plus, si c'est possible, avec la mort de Papy ....Nous n'en dirons pas plus....Ca dérapait déjà pas mal.
En plus, ça m'a vaguement ennuyée, sauf quand Lolita et Marc-Aurèle se font prendre par un raz-de-marée en pêchant des anguilles-phénomène naturel sur ces côtes auquel je n'ai rien compris.
Bref, en ce qui me concerne, pas un chef d'oeuvre du tout. Limite racoleur.
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Gabriel Tallent a mis huit ans à peaufiner ce roman reconnu comme une oeuvre magistrale par l'ensemble de la critique.
Huit ans à explorer l'âme humaine, à décrire de la façon la plus juste qui soit l'oppression, la manipulation, le contrôle absolu actionnant tantôt le mécanisme de la douleur extrême, tantôt celui des mots charmants qui déroutent et rassurent, envoûtent avec une laisse tenace surtout si ces mots s'adressent à une très jeune personne.

Cet auteur inconnu jusqu'alors du grand public n'a pas choisi n'importe quel décor pour installer son histoire. Il a fait évoluer ses personnages dans l'Est profond de la Californie, un endroit inquiétant où des mots comme « lutte », « agonie silencieuse », « intensité désespérée » se heurtent sans espoir aux immenses parois de granit de cette région du monde. Ou « le chagrin qui se rassasie dans le vide du cerveau » de l'un des personnages principaux laissé sans surveillance, ou ce chagrin donc pourrait tout aussi bien se déverser dans ces grandes étendues désertiques sans que quiconque ne s'en inquiète et n'intervienne.
Un lieu qu'il connait bien, lui qui a été élevé par un couple de femmes marginalisées à l'abri du regard des autres, de leur jugement sans appel. Il définit cet endroit comme « un paradis où il n'est pas dangereux d'être soi-même »

« La douleur surgit en vagues sourdes suivie par la prise de conscience qui semble constituée de plusieurs strates d'épaisseur, une prise de conscience dans laquelle elle (l'héroïne) pourrait sombrer encore et encore comme dans une eau toujours plus profonde où la pression monte la douleur, se niche dans son estomac et dans ses poumons, elle l'emplit de dégoût et de haine envers elle-même » voilà une phrase où les sensations révélées et par le corps et par les sentiments ressemblent à s'y méprendre aux courants marins dangereux, incertains, autres étendues de cette région tour à tour paradisiaque et cauchemardesque comme les strates de la terre inégales et surprenantes, comme les strates de l'âme tantôt chaotiques, tantôt sereines..

Le décor me semble être le pivot de ce roman. L'histoire du combat d'une jeune fille pour contrôler sa vie, dans la confusion et la solitude, l'amour et la haine sans pour autant y parvenir.

L'auteur de 29 ans, nous entraîne dans les bas-fonds de la douleur, en suggérant l'innommable. Il n'est jamais vulgaire mais les choses sont dites à mi-mots. Une jolie prose où des passages poétiques adoucissent le climat et nous permettent de garder notre souffle. Lisez ceci : « Des mûriers ont pris racine dans son estomac, des aulnes, des achillées-millefeuille et de la menthe sauvage ont germé de l'obscurité comme le font parfois les graines. Les tiges des mûriers s'enchevêtraient dans l'entremêlement de ses poumons. Et si elle venait à ouvrir la bouche, elle pourrait vomir cet enchevêtrement de branches pourries. »

Un texte soigné où le hasard n'existe pas. Une exploration attentive et précise de l'âme humaine.
Un livre qui raconte la souffrance et les gens qui la subissent. Un travail précis et intense sans doute.Un éclairage sur l'ambiguïté, sur l'amour et la haine développées successivement sur la même personne, avec des allers et retours fulgurants justement parce que c'est compliqué, parce que les plaies sont trop à vif, que les repères n'existent plus et que l'urgence enveloppe un quotidien oppressant, douloureux, en dehors du contrôle des hommes.

J'ai beaucoup aimé ce livre que j'ai tenté d'investir avec la même force que les personnages sans jamais y parvenir. Parfois les pleurs m'ont aidé à évacuer le trop plein d'émotions. le texte est soigné, profond, sensible, respectueux de l'âme, de la réflexion, des agissements. Aucun jugement n'oriente le lecteur, ni à charge ni à décharge. Les faits, les sentiments, l'engrenage, les animaux, les plantes et c'est tout.

J'ai beaucoup aimé ce livre disais-je, et j'ai profité à chaque chapitre de l'air frais, de la nature grandiose, des courants marins, de la beauté sauvage des environs, de la magie sourde et oppressante de cette région tellement vivante et tellement bien décrite.

Un grand livre. Un beau récit. Je conseille aux lecteurs qui ne connaissent pas Absolute darling de le découvrir sans hésiter, d'ouvrir la première page après les fêtes de fin d'année afin de ne pas perdre le sourire, l'espoir et la joie de vivre. S'ils l'ouvrent ils ne pourront plus le refermer.

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Pas facile d'en parler. Encore sous le choc d'un récit noir, dérangeant d'autant plus que terriblement bien écrit.

Peu de personnages gravitent autour de Turtle, ado que la vie a durcie de la façon la plus abominable qui soit, à la fois hypermature, et prisonnière d'un tortionnaire immonde, dans une soumission qui crée un sentiment de malaise encore plus intense.
Comme souvent , la loi du silence masque l'indicible. Les témoins se taisent ou disparaissent. Elle peut plus compter que sur elle-même , ou au moins la part d'elle qui ne se soumet pas.

Bien des scènes sont insoutenables. L'auteur décrit avec un luxe de détails les épisodes d'agression. Et l'on ressent physiquement un malaise lorsque le prédateur surgit.
C'est pourtant une « putain « de combattante , cette jeune fille endurcie par les violences multiples qu'elle subit depuis toujours.

Histoire d'amour et de haine, de perversion et de folie, de souffrance physique et psychique, sans répit.
Et en parallèle de ce récit sordide, un magnifique hommage à la nature, avec des descriptions d'une grande poésie, qui révèlent un autre aspect de la personnalité de la jeune fille.

La lecture crée un phénomène d'attraction-répulsion assez unique.

Premier roman! On craint pour la suite.

Il faudrait comparer au texte original, mais j'ai cependant eu des difficultés à comprendre certains passages, ce qui ne change pas grand chose au sens général, mais nuit à la fluidité de la lecture.
Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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