Dès la première planche, j'ai été séduite. Une allée résidentielle, longée d'un petit canal, et au sol, l'ombre en oblique d'un homme qu'on ne connait pas encore.
Jaco van Dormael a raison de souligner dans sa préface (rien que ça !) les qualités presque cinématographiques du travail de
Jirô Taniguchi. La BD n'a rien a envier au septième art lorsqu'elle a la capacité, par des effets se prêtant au medium (variations de plans, onomatopées, lignes de mouvement…), de plonger son lecteur dans l'univers qu'elle donne à voir.
Nous sommes dans la ville de Kurayoshi, sur les traces d'un homme de 48 ans qu'un bon dans le temps ramène à l'année de ses 14 ans. La chance des possibles d'un retour en arrière, de retrouvailles avec un corps au top de sa forme, avec une ville que les années avaient transformée, avec des proches disparus… Cela se savoure, a fortiori quand on arrive à un moment de sa vie où l'on se demande si on a réellement vécu. Mais c'est aussi, pour Hiroshi, l'opportunité de chercher des réponses aux questions irrésolues qui n'ont jamais cessé de le tourmenter.
C'est bouleversant, j'ai beaucoup aimé cet album. Sitôt refermé, sitôt conseillé et prêté au prochain lecteur à combler.