Comme le dit Maxime, être né quelque part, pour celui qui est né c'est toujours un hasard.
Ginevra est la fille unique de petites gens dans l'Italie du XIX° siècle. Pauvre et de sexe féminin, elle aurait pu tomber mieux. Plus mal aussi. Car fille aimante et aimée, elle est sage, courageuse, intelligente et a du coeur. Tant de qualités ne peuvent que forcer le destin. C'est certain: elle sera maîtresse d'école! Autre époque, autres moeurs.
On se serre la ceinture, on finance les études. On regarde au loin, là où scintille l'avenir prometteur pendant qu'on se prive. On cajole l'avenir, maigres de sacrifices et bouffis des bonheurs espérés. le diplôme sacré est enfin décroché. Ginevra embrasse sa première désillusion. Autre époque, mêmes moeurs.
Car une Ginevra ne peut lutter contre la mesquinerie et la cupidité. Trop jeune, trop candide. La société des notables ne sied qu'aux notables. On le sait bien, depuis le Grand Jacques: les bourgeois, c'est comme les cochons, plus ça devient vieux… le beau métier s'éloigne, l'amour également. Reste alors les convenances, le piteux avenir rangé. Parce qu'il faut bien subsister.
Petite merveille de la littérature italienne classique,
la maîtresse d'école marie heureusement mélancolie et ratages de vie. Pas de pathos mais une musique aigre-douce, comme une orange à peine mordue.