L'ami

L'équilibre est une chose précaire... C'est ce que Thierry va apprendre abruptement, lui qui sera contraint de faire face à certains aspects de sa personnalité. La police débarque en nombre chez Guy et Chantal, les voisins de Thierry et Lisa, et les arrêtent. Ça se passe très vite. Ces derniers sont sous le choc. Au début ils minimisent, mais ils doivent bientôt faire face à l'horrible nouvelle: leur voisin est un tueur en série. de la pire espèce. Ils n'ont rien vu. Pire, ils ont noué des liens avec le couple. Ils les ont reçus dans leur maison. Ils ont partagé le quotidien. Et le sol se dérobe sous leurs pieds. Comment on vit avec ça, avec l'ami qui n'en était pas un, avec soi-même qui ne s'est rendu compte de rien, avec les autres qui vous juge ? C'est ce que l'auteure explore et il y a quelque chose de cinématographique à ces scènes et à ces dialogues (avec l'inspecteur de police, avec le psychologue) qui arrivent à être drôles, tout en montrant bien la profondeur du drame. C'est un de mes coups de coeur de cette année.

Ayant emménagé il y a quelques années dans une région de France qui a plus fait parler d'elle par un pédophile qui en a fait son terrain de chasse que par la beauté de ses paysages, le pitch de ce livre m'a tout de suite intéressée. Ce Thierry qui découvre qu'il a partagé son coin de paradis avec un monstre, ça pourrait être n'importe qui par ici.
Oui mais non. Je ne crois pas avoir lu dans les journaux que Dutroux et Fourniret par exemple aient tissé des liens aussi étroits avec des personnes 'normales'. Peu importe, il s'agit ici d'une invention littéraire et je trouve impressionnante l'idée de l'auteur qui s'est posée la question: quel type de personne peut sembler avoir le bon profil pour qu'un psychopathe décide de s'en faire un ami, un ami innocent, "pur" comme le dit Delric dans ce roman? Qui est ce Thierry qui a donné une partie de son coeur à ce voisin serviable, qui aime le calme et les insectes autant que lui, à qui il prête ses outils, qu'il aide à réparer une vitre cassée, sans se douter des horreurs perpétrées à quelques mètres de chez lui depuis plus de quatre ans? Un homme taciturne, prêt à donner sa vie pour ceux qu'il considère comme siens, endeuillé aussi par la perte de son meilleur ami, par le départ de son fils à l'autre bout du monde, par une enfance que l'on devine difficile. Tiffany Tavernier a écrit ici un roman puissant, sur la trahison mais aussi sur la quête de soi-même. Il y a quelques épisodes qui m'ont laissée un peu perplexe (l'ermite et Claridge), mais dans l'ensemble, ce roman est réussi.

Challenge ABC 2020/2021

Après les confessions de la femme d'un tueur, voici les confessions d'un ami de l'assassin.
Thierry fait le point sur sa vie quand il apprend que celui qu'il considérait comme son meilleur ami est en fait un tueur en série. Une introspection en mode dépression.
Un très bon moment de lecture

Incroyable lecture.
Pour la première fois de ma vie de lectrice, j'ai l'impression grandissante d'avoir fait l'amour avec un livre...
Première partie, les faits, et seulement les faits.
Je tournicote, je continue ma lecture, un peu bof, l'intrigue se traîne, je me force presque.
Et puis seconde partie, tout démarre.
(Je ne reviens pas sur l'intrigue que tout le monde connait).
Thierry se barre, las des lamentations de sa femme, qu'il aime profondément, mais qui ne veut plus vivre dans cette maison où tout lui rappelle l'activité des méfaits de son voisin, Guy.
Thierry, le grand taiseux, l'ermite (!), celui qui ne parle pas, qui ne dit pas, qui ne nomme pas, qui ne s'exprime pas, prend alors la route et se retrouve devant la ferme de son enfance, enfance massacrée par un père revenant de la guerre d'Algérie, violent et irascible, et par une mère dépressive, au point que Thierry se demandait enfant s'il existait encore....
Cette ferme, il l'adore.
Et la, ça redémarre.
Lentement. Comme des va-et-vient tendres et impudiques.
Il fait la connaissance d'une vieille femme, d'un ermite (si, si), il reçoit son grand frère qui s'ouvre à lui comme jamais, et enfin, il rentre chez lui.
Troisième partie.
La jouissance.
La fulgurance des mots mêlés, la lumière, la beauté de l'écriture, la poésie en prose, Je suis hébétée, presque gênée, Claridge la "pute", ses souvenirs, tout s'envole, se plie, se ploie, vient nous frapper au visage, le pardon, l'amour, le sexe, et ça continue, ça resplendit, ouf, fini....
Ce livre est un miracle.
Pourquoi avoir mêlé ce livre incandescent avec le sexe ? Comme je l'ai dit, pour moi en tout cas, le début fut bizarre, limite hors du temps, et plus j'ai avancé dans ma lecture, plus j'y prenais du plaisir, et la 3e partie est incroyablement bien écrite, et là, dans ces dernières lignes, le plaisir éclate dans toute sa magie et son mystère.
Je ne suis pas psychanalyste, mais j'aurai bien aimé mieux comprendre encore ce miracle que m'a offert Tiffany Tavernier, avec tous ces symboles, ces éclats, ces affrontements, ces ratés, ces brûlures.
Lisez ce livre, j'espère qu'il vous portera aux cîmes comme je l'ai été.
Un miracle je vous dis.

Imaginez… Votre plus proche ami et voisin, votre seul ami, chez qui vous allez, qui va chez vous, avec qui vous passez du temps, avec qui vous discutez, riez… Imaginez cette personne dont vous vous sentez si proche être en réalité un “monstre”. C'est l'amère expérience que vivent Thierry et Elisabeth. 

Un samedi matin, la vie de Thierry et d'Elisabeth bascule. Ce samedi matin, Thierry s'apprêtait à marcher au bord de la rivière. Il n'y aura pas de promenade ce matin-là. Ce samedi il y aura des hommes casqués, armés, des voitures de police, une ambulance. Et un choc. Leurs seuls voisins à la ronde, leurs amis en qui ils avaient toute confiance, viennent d'être arrêtés. Mais qu'ont-ils fait ? Il s'agit forcément d'une erreur… le couple ne peut pas admettre l'hypothèse que Guy et Chantal aient fait quelque chose de mal. Et pourtant… Ce que Thierry et son épouse s'apprêtent à découvrir va au-delà de l'horreur. Ils sont abasourdis et choqués face à la monstruosité des faits qui sont reprochés à leurs chers voisins. 

Thierry, être taciturne, va passer par tous les états : déni, culpabilité, colère et chagrin. Comment n'a-t-il rien vu, rien entendu ? Comment n'a-t-il pas senti que son ami était l'incarnation du mal ? L'existence si tranquille du narrateur, usine-maison, son environnement, va être brutalement dévastée. Ce roman c'est aussi la quête personnelle dans laquelle va se lancer Thierry : ses souvenirs d'enfance, la recherche de lui-même… Comment Thierry va-t-il se sortir des ténèbres dans lesquelles il était plongé sans même s'en rendre compte? 

Quel roman hypnotique ! On plonge dans la personnalité et la solitude de Thierry, dans son intimité et ses tourments. Tiffany Tavernier nous dresse un portrait d'homme avec une grande subtilité et beaucoup de psychologie. Même s'il y a un passage vers la fin à mon goût sans intérêt, j'ai aimé ce livre. Je vous le recommande, vous ne le lâcherez pas vous verrez ! 

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Des faits divers, nous en entendons malheureusement régulièrement parler, nous apprenons dans les journaux ou aux infos télévisées des histoires sordides, affreuses et assistons parfois à des interventions de journalistes interrogeant les voisins. Des personnes qui répondent qu'elles ne se seraient jamais doutées que leur voisin ait pu commettre cet acte, que ce voisin disait toujours bonjour, qu'il était tellement gentil etc... Comme Tiffany Tavernier dans ce livre, je me suis souvent demandée comment ces voisins, amis ou famille de ces criminels encaissaient cette monstrueuse découverte, comment ils vivaient le fait de n'avoir rien entendu, rien remarqué. Comment ils vivaient après. L'autrice nous embarque dans ces questionnements avec beaucoup de rythme. Jusqu'aux 2/3 du livre, j'ai été entraînée avec exaltation par l'histoire de Thierry et Elisabeth anéantis de découvrir que leurs voisins et amis aient commis l'irréparable. C'était très intéressant.
Par contre je n'ai pas trop compris les passages de l'ermite et de la copine-pute de lycée. J'ai eu l'impression qu'on se dispersait sans grand intérêt. J'aurais préféré que l'autrice reste sur les ressentis du couple, leurs vies, l'enquête, ou alors qu'elle approfondisse les passages cités car on les survole assez rapidement, d'où mon incompréhension.

Malgré ce point négatif, j'ai aimé ce livre, son histoire, les personnages, le style, l'écriture qui parfois s'apparentait même à de la poésie.
Alors oui j'ai été un peu déçue par le dernier tiers mais je ne regrette pas ma lecture. A vous maintenant de vous faire votre propre avis !

L'ami, c'est Guy, le voisin d'en face, celui de Thierry, le narrateur; celui avec qui on partage de petits bonheurs simples comme des parties de pêche, une passion commune pour les insectes, des repas, l'entraide, .
Et puis un tsunami s'abat sur Thierry (l'image de la vague qui détruit tout sur son passage est très présente dans le roman) lorsqu'il apprend que cet ami est un tueur en série, qui a enterré une douzaine de corps de jeunes filles, juste en face de sa maison.
Ce qui fait le coeur du roman, ce n'est pas ce fait divers sordide qui n'est qu'un prétexte mais le terrible choc, semblable à un stress post-traumatique, qui ébranle Thierry; toute sa vie qu'il croyait solide et heureuse s'avère être un château de cartes branlant. Pour essayer de comprendre et d'aller de l'avant, il devra rentrer loin en lui-même et retourner sur les lieux de son enfance heureuse près de son grand-père, se réconcilier avec son frère.
Se succèdent des sentiments, fort bien décrits, qui font penser au processus de deuil, celui de l'amitié, de la confiance : sidération, culpabilité, colère, acceptation.
Ce roman nous touche car ce que vit Thierry peut arriver à chacun d'entre nous; un jour, un évènement peut déclencher une totale remise en question
de soi et on peut être amené à s'interroger sur ce qu'on n'a pas dit, pas vécu, pas transmis, le geste qu'on n'a pas fait.
Un petit bémol, cependant : l'épisode de l'ermite, les réflexions sur la désertification des campagnes et la dureté de la vie des agriculteurs, tout intéressants qu'ils soient, m'ont semblé superfétatoires et brisent un peu l'unité du roman.

J'ai été happée par le début du roman, l'histoire de cet homme sans histoire qui se retrouve au coeur d'une sordide affaire très médiatique. L'auteur nous fait vivre à l'intérieur du personnage et de sa personnalité, de ses sentiments face à ce qu'il vit.
Cela s'est gâté pour moi dès les premières lignes de la seconde partie du livre, avec un changement d'écriture inattendu, une lourdeur soudaine dans le texte . Comme si un autre auteur avait pris le relais.
La lecture à été plus difficile à partir de ce moment là, et l'histoire moins captivante.
Il s'agit toutefois d'une histoire originale qui se lit rapidement.

Thierry et Elisabeth, parents de Marc parti travailler au Vietnam vivent à la campagne avec deux charmants voisins, Guy et Chantal. Cette entente parfaite sombre brutalement le jour ou des forces de police musclées viennent arrêter Guy ! L'ami cachait bien son jeu et les personnalités des protagonistes se dévoilent peu à peu en révélant la complexité des perceptions de soi et des autres. La carapace de Thierry se découvre à l'occasion de sa pérégrination sur les lieux de son enfance où il parvient à prendre conscience de ses difficultés en acceptant enfin le regard que lui porte les autres. Très beau roman, mettant subtilement en évidence les failles, les incertitudes, le mal être relationnel des hommes.

Thierry et sa femme Elisabeth vivent dans un petit hameau rural, ils s'entendent bien avec leurs voisins très proches : Guy et Chantal. Ils se reçoivent mutuellement pour des dîners, barbecues .... Les deux hommes partagent des hobbies comme le bricolage, la pêche et l'étude des insectes.
Un samedi matin ordinaire, lorsque Thierry se lève, il a la surprise de voir arriver des voitures de police et du GIGN, ceux-ci sont présents pour Guy.
Guy serait un violeur et assassin de petites filles. On retrouvera dans son jardin les cadavres d'une dizaine d'adolescentes.
Pour Thierry et Elisabeth, c'est la stupéfaction. Ils sont dans un état de sidération totale, ils n'ont rien vu, rien entendu, rien soupçonné.
Thierry est sans doute le plus affecté des deux car il voyait en Guy son seul ami. Il se sent seul, trahi. On leur conseille de consulter un psychologue.
La remise en cause sera totale pour Thierry. Sa femme s'en va, étant incapable de rester dans cette maison plus longtemps. Il décide alors de partir également. Il va se ressourcer dans des endroits où il a été heureux enfant, il passera un peu de temps dans la région où son grand-père avait une ferme. Il réfléchit sur lui-même, met en pratique les conseils de son psy et son entourage, fera quelques rencontres (plus ou moins ) intéressantes et va se reconstruire après le choc.
Un roman qui m'a beaucoup plu, le sujet est original.
J'ai aimé aussi les personnages, ils semblent vraiment exister, l'aspect psychologique est bien traité.
Un très bon moment de lecture. J'ai envie de lire d'autres romans de Tiffany Tavernier.