L'ami

J'avais déjà bien aimé Roissy, son précédent roman. J'ai également beaucoup aimé celui-là. le sujet est très difficile, un fait-divers. Sauf qu'on le voit du point de vue du voisin, qui n'a rien vu et dont la vie s'effondre suite aux révélations de l'enquête. C'est très émouvant, très dense, il n'y a pas de temps mort (hormis la parenthèse "terroir" quand le voisin s'isole à la campagne pour se retrouver). Un beau portait d'homme, complexe, sensible.

Dans le cadre du prix des Lecteurs Privat, j'ai lu L'Ami de Tiffany Tavernier aux éditions Sabine Wespieser.

Couverture du livre « L'ami » de Tiffany Tavernier aux éditions Sabine Wespieser
Un matin, Thierry se réveille et sa vie va s'en retrouver bouleversée. Thierry vit avec son épouse Elisabeth et depuis que leur fils a quitté le nid pour partir à l'autre bout du monde, il n'a que peu d'interactions avec le monde extérieur en dehors de son travail et de ses voisins, Guy et Chantal. Quand un matin la police débarque et interpelle Guy et Chantal, il croit à une erreur mais il ne s'agit pas d'une erreur et leur monde se retrouver ébranlé. Non ! Guy et Chantal, leurs voisins, ne sont pas les amis qu'ils croyaient, ce sont des monstres, lui tueur de fillettes, elle complice. La vie de Thierry n'est plus que questions : comment n'a-t-il pas vu le mal en Guy ? comment n'a-t-il pas vu les signes ?

Tiffany Tavernier explore, dans ce roman, les relations humaines avec finesse. J'ai préféré la première partie du roman qui interroge la relation de Thierry avec Guy et comment dans sa quête d'amitié, il n'a pas vu les indices du mal chez son voisin. Les questions, le doute, l'incompréhension se bousculent dans l'esprit de Thierry, remettant en question toutes les certitudes, le train-train qu'il avait construit. La seconde partie du roman, même si elle est intéressante et interroge plus profondément la construction de l'individu dans la quête de ce miroir qu'est l'autre, m'a laissée un peu sur ma faim. Après le rythme haletant de la première partie, la dimension introspective associée à une forme de réclusion, d'isolement a un peu brisé mon élan de lecture.

Cependant, j'ai trouvé l'analyse psychologique très intéressante et le parti pris de pas s'intéresser au criminel ni aux victimes mais plutôt à l'environnement ordinaire audacieux.

En résumé : une lecture éclairante sur ce besoin de l'Autre

Comment réagissons-nous face à un très gros choc émotionnel ? Parfois les  conséquences qui en découlent  peuvent être violentes et perturber nos proches. Tiffany Tavernier explore ici avec talent, les difficultés d'un individu à rebondir après une épreuve traumatisante et la nécessité d'un travail sur soi pour évacuer un sentiment de culpabilité ou de honte.
Un tsunami émotionnel bouleverse la vie de Thierry, le narrateur. Cet homme solitaire plutôt taiseux mène une vie tranquille avec sa femme Lisa dans une campagne isolée. Chantal et Guy, leurs voisins depuis quatre ans, sont leurs seuls amis . Les deux hommes sont inséparables, ils bricolent ensemble. Les femmes boivent du thé, se  partagent des recettes. Autant Guy est jovial, autant cette curieuse voisine est dépressive.
Mais un jour, réveillés par un bataillon de police devant chez eux, Thierry et Lisa découvrent avec horreur et stupeur que ce grand ami est un tueur en série (avec la complicité silencieuse de sa femme ). recherché depuis longtemps.
Arrive alors le moment de la culpabilité :comment se fait-il que ni lui, ni sa femme, n'aient rien vu ? Pas eu le moindre doute ?? il y a  bien eu des cris, mais n'étaient-ce pas ceux d'un animal ? Ils sont si près de la forêt ! Ils se sentent trahis, salis. Les journalistes avec une excitation morbide, à l'affût du sensationnel, s'interrogent, les harcèlent, doutent de leur incompréhension. 
C'est une descente aux enfers pour Thierry et sa femme. Leur  vie bascule, plus rien n'est normal.
Thierry porte des blessures invisibles qui datent de l'enfance. La carapace qu'il s'était forgée craquelle de partout , la colère explose contre ce faux ami, contre ses collègues, contre les médias. Il aimerait tout oublier de cette horreur, retrouver la douceur de la maison de son grand-père, retrouver sa vie tranquille avec sa douce épouse, mais tout a changé. Au fil de cette quête douloureuse retrouvera-t-il la paix ?

Les apparences sont trompeuses, destructrices dans ce faux-semblant au delà de toute mesure. Comment ? La question se pose tant le décalage est sidérant. C'est bien de sidération dont il s'agit ici. Il est impossible de gérer l'horreur quand il s'accompagne d'une normalité ordinaire, comme si, tout à coup, l'innommable s'était invitée dans votre existence, souillant jusqu'à votre intimité, une trahison extraordinaire de duplicité insensée.
L'impossible est un mur sur lequel se heurte le couple, plongée intérieure immédiate pour elle, tentative de fuite dans le réel pour lui, mise en responsabilité de chacun envers l'autre, personne n'a vu quoi que ce soit, une solution, quitter les lieux du crime, semble la plus évidente, ne plus avoir sous les yeux l'étalage du massacre. La présence massive de l'ordre établi, méthodique et froid, heurte, insensibles procédures nécessaires au deuil des proches des victimes. Chacune d'entre elle apparaît dans une chronologie ponctuée de détails culpabilisants pour ce couple aveuglé par une relation amicale dans histoire.
Cette cécité révèle des blessures enfouies depuis toujours, il n'est pas dans l'ordre des choses de ne pas soupçonner que votre voisin et ami est un psychopathe, c'est suspect, vous êtes coupable de n'avoir rien vu.
- Vous êtes certain, ce soir-là, ce cri ?
Fuir la culpabilité larvée, nous sommes coupables de quelque chose, d'être né par exemple, de n'avoir pas su retenir son fils, de n'avoir pas pu retenir son frère, ne pas savoir, ne pas pouvoir, l'impuissance est au coeur de la conscience aigüe d'une fragilité inhérente à la vie, elle n'a pas vu, il n'a pas compris, elle s'en va, il cherche des réponses, retour aux racines, lointaines campagnes abandonnées des hommes.
Très empathique, le roman nous prend à bras le corps et ne nous lâche pas.
A lire

"L'AMI" est un roman qui navigue entre le genre policier et la chronique sociale habillement.

En effet j'ai trouvé la première partie envoutante décrivant l'histoire d'amitié entre Thierry et son "ami" Guy qui se relève être le pire des monstres qui peut exister

La suite du roman est elle moins intéressante avec certaines longueurs

L'ensemble reste cependant haletant .

L'ami de Tiffany tavernier @sabinewespieser

Merci télématin

Premières phrases: »C'est un samedi comme tous les autres. Je m ‘habille dans la pénombre, en faisant attention de ne pas réveiller Elisabeth. »

Thierry et Elisabeth vous le diraient mieux que moi, leurs voisins Guy et Chantal sont tout simplement adorables, des gens éduqués, serviables, souriants…
Les deux couples aiment se retrouver pour un apéro, pour un barbecue ou juste pour discuter de la vie, c'est à qui dépannera en farine pour le gâteaux, à qui viendra aider pour réparer la vitre brisée par le vent, même les deux chiennes s'entendent.
Chantal est un peu triste parfois, on l'a dit dépressive…
Sauf que ce matin, au moment de boire son café, ce n'est pas la tondeuse de Guy qui attire l'attention de Thierry, ce sont des hommes en uniforme qui encerclent la maison du voisin et qui ensuite toque à la porte. Des policiers taillés comme des armoires normandes pris Thierry et Elisabeth de s'allonger sur le tapis quand d'autres embarquent Guy et Chantal.
Après la surprise, la stupeur et la sidération arrive le dégout, car les faits qui leurs sont reprochés sont terribles.
Pour Guy commence alors, un long chemin sinueux fait de questions, d'analyse, de rancoeur et qui sait peut-être de renaissance.

Emma aime:
-Etre happé
-Tourner les pages
-Découvrir

Les voisins sont des gens intrigants.
On a envie de les connaître à travers une fenêtre, de les saluer par-dessus une haie, de les guetter derrière un rideau.
On voudrait deviner leurs prénoms, ceux de leurs enfants. Leurs professions.
Prendre un café, les inviter à diner.
Les dépanner avec un oeuf ou un outil.
Devenir leurs amis.
Ou pas.

Tiffany Tavernier dans ce livre raconte une histoire de voisins totalement addictive et stupéfiante.
Un matin tôt, très tôt, alors que Lisa sa femme dort encore, Thierry décide de partir à la pêche. Il enfile ses bottes, ouvre la porte d'entrée et découvre six voitures de flics et une ambulance dans la cour qui sépare sa maison de celle de ses voisins Guy et Chantal.
Guy et Chantal qui depuis 4 ans, depuis leur installation, sont leurs amis.
Lisa et Thierry découvrent alors la vérité, une vérité insupportable, tornade qui détruit tout sur son passage, leurs vies, leurs habitudes, leur avenir, leurs certitudes. Tout.

A partir de là, nous lecteur.rices sommes embarqué.es dans une tourmente imprévisible qui nous fait tourner les pages à la vitesse de l'éclair.
Au delà, de cette révélation dévastatrice, Tiffany Tavernier décrit avec talent et justesse le chemin de Thierry depuis son enfance, les drames et les difficultés auxquels il a été confronté, qui l'ont fait se renfermer. S'éloigner. Son travail à l'usine, les horaires, la fatigue, l'exigence et son amour fou pour Lisa malgré tout. Son humilité, sa volonté de changer. Les affres de l'amitié.
Forcément, on aimerait le rencontrer,
Prendre un café,
Devenir son ami.

instagram @mesmotsdanslesleurs

L'ami c'est le livre de la trahison. Faire confiance, être soi avec une autre personne et puis découvrir que tout était faux. C'est ce qui arrive à ce couple, ils découvrent que leurs voisins ne sont pas ceux qu'ils prétendaient être. Ici l'autrice donne à voir, après le choc de la découverte de la véritable identité de leurs voisins, comment les gens réagissent. le narrateur essaie de continuer à vivre, de travailler mais tout va voler en éclats pour lui. Son passé et son présent se confrontent, il va devoir affronter la vague qui le submerge pour ne pas être entraîné vers le fond. Une douloureuse mais nécessaire introspection commence pour lui.
Ce roman aborde la façon dont on peut se comporter avec les autres, de nos choix, de notre manière d'être et de comment aller au-delà de ce qui enferme les gens et les empêche d'avancer. Trouver la lumière dans l'obscurité…

Un homme sans histoire qui un jour découvre que son voisin, son "ami", est un tueur de fillettes.
S'ensuit le délitement de sa vie qui lui échappe totalement.
Comment accepter de s'être illusionner sur ce supposé "voisin / ami".
C'était très intéressant jusque là mais j'ai moins adhéré au virage à 360 degrés quand l'autrice s'intéresse plus à la victime collatérale et son passé.
Néanmoins tres intéressant avec ces zones d'ombre (on se remémorre des cas comme l'affaire Dutroux) contrebalancées par les souvenirs heureux et enchantés du héros que l'on découvre au fil du roman.

Un texte d'une justesse incroyable : écriture, histoire et émotions.

« Un samedi matin ordinaire, Thierry profite du calme entourant sa maison. Mais bientôt tout vole en éclats. La police s'arrête en fanfare devant la maison de son seul voisin et ami. Thierry voit son monde s'écrouler au fur et à mesure du temps qui s'écoule et des nouvelles qui tombent. La police fait forcément fausse route. Son ami ne peut être le coupable décrit. Mais qui connaît réellement son entourage? »

A lire avant une soirée entre voisins.