L'ami

Un beau matin, dans un petit hameau de deux maisons, Thierry et sa femme Elisabeth voient débarquer chez leurs voisins et amis Guy et Chantal une armada de gendarmes. Que se passe-t-il ? Qu'ont bien pu faire leurs amis ? Dans la vie de Thierry et Elisabeth, cet événement fait l'effet d'une déflagration. ● L'originalité de ce roman est de traiter d'un fait divers abominable à travers le point de vue de Thierry, l'ami du criminel, un ouvrier taiseux qui n'a jamais pu ni su exprimer ses émotions ni ses sentiments. Non seulement on voit le crime par ses yeux mais aussi on se rend compte de l'effet qu'a sur lui cette découverte inouïe que son seul ami était un criminel immonde. Cela remet en cause toute sa vie. Cet aspect du roman est vraiment formidable. ● En revanche, je suis beaucoup plus réservé sur l'ambition qui a semble-t-il été celle de Tiffany Tavernier, de vouloir étendre sa réflexion à d'autres formes de violences, comme la guerre, les enlèvements, les violences faites aux femmes, les bouleversements écologiques et leurs répercussions sur les agriculteurs... Il me semble que cela nuit au roman, dont le propos aurait été bien plus percutant s'il s'était limité à la principale ligne narrative qu'il développe, l'« affaire Guy ».

Il s'agit d'un fait divers comme il en arrive parfois, la découverte qu'un homme simple, banal, est un pervers qui a violé et assassiné des jeunes filles, avec peut-être la complicité de sa femme. Ce cataclysme est entièrement raconté par son voisin et ami Thierry. Celui-ci passe par toutes sortes de phases qui sont un peu celles du deuil de leur amitié : déni, colère, dépression… Pour Thierry qui a du mal à exprimer ses sentiments, tout part à vau-l'eau, à commencer par son mariage avec Lisa.
La première moitié du roman passionne en se mettant à la place des voisins, ceux que les médias interrogent habituellement, mais qui dans ce cas, se terrent chez eux, vides de mots… de voisins, ils étaient devenus amis avec Guy et Chantal, partageant des bons moments et des passe-temps. Et pourtant, lorsque le couple réalise qu'ils ne connaissaient absolument pas Guy et Chantal, ils tombent des nues, et réagissent chacun à leur façon.
La deuxième moitié du roman est moins convaincante, brassant trop de sujets qui peuvent sembler disparates et ne rien ajouter au thème principal. Je comprends l'idée, mais, comme dans Roissy, je n'adhère pas, cette abondance de sujets imbriqués me gêne, et un dernier personnage apparaissant à la toute fin me laisse définitivement perplexe.
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Un samedi matin, les voisins de Thierry et Lisa sont arrêtés. de nombreux hommes armés, casqués envahissent les environs. Ils apprennent brutalement que leur voisin si gentil, est un serial killer, un tueur de fillettes et de jeunes femmes. Ils sont plus ou moins mêlés à l'enquête. Ceci déclenche un cataclysme chez eux. Lisa décide presque tout de suite de quitter cet endroit devenu invivable. Thierry lui, aura du mal à ne pas faire ce qu'il a fait toute sa vie, se replier sous une carapace qui le protège de tout. Lui qui a horreur de la violence s'en veut de ne rien avoir vu ni même entendu. Il en veut au monde entier et en premier à Guy "son ami". Un roman noir.

👯 « Elisabeth me regarde sans comprendre. Je lui murmure qu'il y a des flics, partout des flics, que cela a l'air grave, très grave même, qu'il faut qu'elle sorte du lit, fissa. »
(P.16)

👯Un samedi matin, alors qu'il se lève à l'aube pour se rendre près de la rivière, Thierry est loin d'imaginer que sa vie s'apprête à changer drastiquement : quelques minutes seulement après s'être réveillé, une nuée de gyrophares l'éblouit, des crissements de pneus l'interpellent et une dizaine de policiers s'affaire devant la maison de son voisin et ami, Guy. Après la surprise, c'est l'incrédulité qui s'installe, puis l'incompréhension : les policiers lui annoncent que quelque chose de grave s'est produit, sans préciser quoi, laissant Thierry et sa femme dans la stupeur la plus totale. Les faits semblent graves, comment ont-ils pu ne rien voir, à la télé les journalistes parlent de jeunes filles disparues, c'est impossible, le quartier est paisible, ils auraient vu quelque chose, Guy et Chantal sont leurs amis, et on ne peut décemment cacher une telle atrocité à ses amis, si ?

👯 Dans ce roman, Tiffany Tavernier s'attaque au crime et ses conséquences via le spectre de l'amitié, ce qui constitue, de prime abord, un angle intéressant. Si l'amitié est une valeur refuge et dénuée de tout soupçon, comment réagir lorsque l'on apprend que son seul ami est un dangereux criminel ? Les certitudes s'effondrent, la normalité n'a plus de valeur, et les failles qu'on rabotait jusqu'alors se creusent pour former un trou béant qui nous absorbe. D'un coup, la vie de Thierry bascule et il se retrouve seule, profondément seul, face à ses blessures passées, enfouies et dont il ne soupçonnait pas l'impact qu'elles avaient sur sa vie avec sa femme, notamment. Une introspection commence alors ...

👯 C'est là que l'auteure m'a perdue : trop d'introspection, trop de recherche, trop de retour sur soi. Il est vrai que beaucoup de questions sur nos comportements en tant qu'adultes trouvent une réponse dans l'histoire de notre enfance ... Un rapport père-fils conflictuel, un grand-père parti trop tôt, oui... Mais une vieille histoire de fille à l'époque du lycée qui s'ajoute à tout ça, le tout gentiment amené par la métaphore du regard ... Là, je dis non... C'était bien parti, mais pour moi, la fin du roman est un pêle-mêle de psychologie de bas étage ...

👯 Et vous, avez-vous lu ce livre et qu'en avez-vous pensé ?

Entre Thierry et Elisabeth, Guy et Chantal, voisins, est née une belle amitié: entr'aide, amitié, coups de mains, prêts d'outils, partage de petits plats...
Mais un beau matin, Guy et Elisabeth ont la surprise de voir arriver chez les voisins une armada de policiers, des ambulances, et ce que révèle l'inspecteur n'est pas fait pour rassurer le couple, même s'il faut un certain temps avant que ne soit exprimées les véritables causes de ces évènements.
Alors les certitudes s'effondrent, la confiance disparaît et le couple se fragilise.
C'est un roman qu'on ne lâche pas facilement mais qui, à mon avis, manque de profondeur. La fin est surprenante. Je n'ai pas accroché!

Voilà un livre qu'il m'est difficile de critiquer.
Car il me manque l'émotion littéraire brute, le sursaut des lettres, l'accrochage au coeur.
Même si tous les ingrédients sont en place sur la table romanesque...
- Un bon sujet, chaque ami est potentiellement un monstre, derrière les sourires, l'entraide de voisinage et les barbecues, les dents de la haine.
- Un style très perso quasi poétique et ressassant comme un mantra.
- Des hameçons plantés loin dans nos méninges, les sourires, le narrateur qui endosserait presque le costume du tueur, l'actualité et les doutes
... le gateau-livre ne prend pas toute sa place dans le moule, c'est étrange.

Un roman plaisant, découvert dans le cadre de mon club de lecture qui m'a fait l'effet d'une salade composée.
Le livre démarre comme un polar. Dans une campagne isolée, deux maisons neuves habitées par deux couples sans histoire et très amis. Sans histoire ? En apparence, car un matin, le pauvre Thierry et sa femme Lisa, découvrent non sans stupeur, des voitures de police arrêtant avec force Guy, le charmant voisin, et sa femme effacée et dépressive, Chantal. Guy se révèle être un monstre sanguinaire, un des pires profils que l'on peut découvrir avec effroi dans les pires faits divers.
Coup de force du démarrage de ce roman qui soulève de nombreuses questions. Aurait-on deviné à la place de Lisa et de Thierry, le monstre caché derrière l'homme ? Aurait-on repris tranquillement notre vie forçant le deuil, la tristesse et le choc ? Aurions-nous besoin de changer radicalement de vie ? Cela soulèverait-il des angoisses plus profondes d'enfant enfoui dans notre conscience ? La première partie est vraiment addictive et alterne enquête policière, profil psychologique, place des médias.
Pour la suite, j'avoue être passée de surprises en surprises me demandant jusqu'au bout où l'auteur souhaitait en venir... L'écriture introspective (on est toute la durée du récit dans la tête de Thierry) est renvoyée en miroir par le regard des autres et dessine le portrait d'un homme froid, quasi indifférent et ouvre peu à peu vers de nouveaux sujets : le devenir d'un couple suite à une crise, un portrait de campagne et de ses habitants, le deuil, les liens entre vie personnelle et vie professionnelle, les traumatisme de l'enfance, la persécution (que l'on soit bourreau ou victime), les violences faites aux femmes, l'amitié. En somme, de nombreux sujets passionnants, plutôt bien amorcés qui pourraient constituer des démarrages de nombreux romans.
Au final, j'ai passé un bon moment même si je n'ai pas réponse aux questions de départ posés par ce roman et je finis sur un sentiment d'inachevé et de bonne lecture.

Une lecture qui me laisse un peu sur ma faim, l'idée de départ donne du rythme au récit : la police investit au petit matin la maison du voisin et ami qui s'avère être un dangereux prédateur sexuel. Mais le roman est trop court pour creuser les pistes qu'il nous ouvre : les blessures du passé et de l'enfance, le couple qui se disloque, les rancoeurs fraternelles, l'autre qui reste un inconnu.
Le "héros", Thierry, est tiraillé entre tout ces incertitudes, c'est un être "banal" qui va devoir se confronter, au-délà de la stupéfaction de découvrir dans son ami un être ignoble, aux réalités de la vie. Son cheminement est quelquefois agaçant, comme lorsqu'il tourne autour de l'ancienne ferme de son grand-père, mais ses conflits intérieurs sont bien rendus, en particulier quand il voit au fond de l'oeil de Guy, le meurtrier, ce qui lui semble toucher à son être profond et qu'il y retrouve ce qui a fait de lui son ami avant.
Cependant, le roman semble n'ébaucher que tout cela et je finis la lecture avec un goût de trop peu, d'inachevé, avec le sentiment que tout n'a pas été dit et que c'est assez injuste pour le lecteur de le laisser ainsi !!

Si le nom de l'auteur vous est familier, c'est peut-être parce que vous l'avez lu sur un générique de film. Avant d'être auteur, Tiffany Tavernier est scénariste de documentaires et de fictions et assistante réalisatrice pour le cinéma et la télévision (Holy Lola, Des enfants gâtés, Ça commence aujourd'hui, L'Horloger de Saint-Paul, Cet été-là).

PHOTO cf BLOG

C'est la fille de Bertrand Tavernier, réalisateur français plus connu, récompensé de nombreuses fois, également scénariste et producteur (La fille de D'Artagnan, La Vie et rien d'autre, Que la fête commence, Autour de minuit, etc.) et la soeur de Nils Tavernier (comédien et réalisateur).

PHOTOS cf BLOG

Tiffany Tavernier est venue présenter son roman sur les ondes de France Inter, captivant l'auditoire en lisant un passage.

J'ai offert ce livre à ma mère, qui à l'écoute de l'émission avait hâte de le lire mais a été déçue par la chute. Je le découvre à mon tour entrecoupé de perles comme « Les filles au lion » et « Betty » que je lisais en parallèle. Difficile de tenir la comparaison. Je vous laisse lire la 4ème de couverture avant de vous livrer mon avis.

CITATION cf BLOG

J'ai donc commencé « L'Ami » avant les livres cités plus haut. Je n'ai pas été hypnotisée. L'écriture était entraînante au départ mais s'est essoufflée assez rapidement. le livre part dans une direction inattendue. Il nous perd. On s'accroche malgré tout. Je n'ai pas compris pourquoi Thierry a autant de mal et met autant de temps à comprendre ce qu'il doit faire pour aller de l'avant et accepter ce que demande sa femme.

« Une statue pétrifiée dans un sable jonché de ruines. Comment allons-nous faire pour nous sortir de là? Ils ont bu dans nos verres. «
P.62

L'idée de départ est séduisante. le gouffre dans lequel se retrouve l'ami d'un serial killer le jour où il apprend le monstre qu'était celui qu'il pensait être une personne normale et sympathique, vivant en face de chez lui. Tiffany Tavernier a toujours était taraudée par cette une question: que deviennent les voisins des tueurs en série? Comment vivent-ils la découverte de la vraie personnalité de leur voisin?

CITATION de l'auteur (pas du roman!) cf BLOG

Dans le roman, Guy, le tueur d'enfants, le violeur de jeunes filles sans états d'âme, était pour Thierry son seul voisin à des kilomètres à la ronde mais en plus, il était son seul ami depuis ce drame à l'usine.

Le roman commence donc sur les chapeaux de roues, avec l'arrivée mouvementée des policiers pour arrêter le monstre. Thierry ne comprend pas ce remue-ménage, espère une erreur, qu'il va se réveiller d'un vilain cauchemar.

J'ouvre la porte, découvre, abasourdi, une, deux, trois, quatre, cinq, six voitures de flics suivies d'une ambulance, qui déboulent en trombe. Au même moment, je vois surgir de la forêt une vingtaine d'hommes casqués, type GIGN, visières baissées, gilets pare-balles, armes au poing. La scène est tellement irréelle que je me demande si je ne suis pas en proie à une hallucination. »
P.14

Après la découverte, Thierry et Elisabeth vont doucement sombrer. Accablés par les atrocités perpétrés par leur voisin, par leur naïveté, eux qui consolaient sa femme Chantal , dépressive.

CITATION cf BLOG

Eux, les bons voisins, qui partageaient tant avec eux. Thierry va voir sa vie s'effondrer et devoir remonter son passé, pour chercher des pistes auxquelles se raccrocher au milieu du chaos.

« Chaque bribe de souvenir est une lame qui s'enfonce un peu plus profondément. «
P.63

Je vous laisse découvrir les différents chemins empruntés. de la campagne de son enfance en passant par l'ermite et l'Afrique à ses souvenirs de lycée. Thierry va devoir affronter les drames qui ont jalonné sa vie et avancer avec cette épreuve, qu'il ignore comment surmonter.

Un sujet intéressant mais certains détours, qui peuvent perdent le lecteur. Une chute, par contre, que j'ai trouvé inattendue. Un peu banale mais j'aime l'idée que rien n'arrive par hasard. Certains aimeront, d'autres pas. Chacun aura son ressenti.

CITATION cf BLOG

Complément d'information, liste selection PRIX
et lien interview de l'auteur Prix France Inter
https://blogapostrophe.wordpress.com/2021/07/20/lami-de-tiffany-tavernier/
Lien : https://blogapostrophe.wordp..

Tiffany TAVERNIER ne manque pas de talent pour choisir les contextes narratifs de ses romans et nous faire aborder des situations par un angle original. J'avais ainsi apprécié le cheminement peu commun de l'héroïne de "En vérité Alice" lu précédemment. J'ai donc abordé "L'ami " avec la même curiosité et été embarquée direct dans cette histoire noire, vue sous l'angle original de la personne des voisins, peu prise en compte dans les récits réels de cette nature.
Toute la première partie nous épate et nous glace du fait du retournement d'une situation si ordinaire qui consiste à 'être proche de ses voisins.
La suite m' a paru moins convaincante alors que l'on doit suivre l'errance du récitant et embarquer son passé psychologique plombant et surtout omniprésent.
L'auteur semble avoir un goût pour les personnages enfermés dans leur logique, aveugles et sourds aux évidences qui les cernent.
La bascule finale, précipitée, relève plus de quelques incantations magiques improbables, de signes du destin lourdement signifiants auxquels on peine réellement à croire.