La journaliste, bien faite de sa personne (et elle le sait) suit les principaux candidats à l'élection présidentielle de 2017. Pas d'analyse politique, sociale ou économique mais un parti pris assumé de groupie amoureuse, passionnée, parfois déçue, toujours partiale.
Cette approche atypique, un brin désinvolte, est un temps rigolo. Elle devient très vite pénible et lassante, autant par l'inintérêt du résultat, qu'en raison d'une démarche qui tourne à vide.
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Il ne laisse rien paraître de ses émotions, de ses sentiments… Mais il sent tout des autres, au premier regard. Il repère à dix mètres ceux qui ne veulent pas lui serrer la main. Il arrive dans un endroit, il le sent, physiquement. Après, c’est sûr, c’est quelqu’un qui analyse énormément en amont d’une décision. Il raisonne, parfois à voix haute, devant dix personnes, « si on fait ça, ça va faire ça, alors je peux le faire dans l’autre sens, ça va faire ça »… Les gens pensent que c’est de l’hésitation, non, ça s’appelle de la réflexion et de l’intelligence. Aussi longtemps qu’il est possible de prendre le temps de décider, il va prendre ce temps.
Continuer à l’aimer pour des raisons irrationnelles et strictement personnelles. S’obliger à faire des colonnes en négatif le concernant. Détecter des tonnes de défauts. Considérer que les motifs individuels qui vous concernent l’emportent sur les problématiques collectives, voire nationales. Avoir conscience que vous vous comportez comme une adolescente décérébrée et fleur bleue. Tenter d’en analyser les causes. Pourquoi cela fonctionne-t-il sur vous, pourquoi panse-t-il vos meurtrissures, celui-là ? Mettre six mois à discerner que tout cela tient en un mot : énergie. Énergie de vouloir, de vivre, d’aimer.
En ce qui concerne les terroristes, les Français adorent, c’est là que les médias se plantent. Moi, plus le temps passe, plus je trouve le bouquin génial. Quel est l’homme politique qui peut avoir le cran et la conscience tranquille pour passer soixante entretiens ? Il y a une part de jeu. Je crois que ce livre va devenir un objet sexy et contre-culture. Le truc chic, c’est de le trouver formidable.
Le peuple français est un peuple qui peut très vite bouger, il y a un côté Bovary chez les Français. Ils n’aiment pas ce qu’ils ont, mais à la fin… Eh bien, à la fin, Madame Bovary en crève mais elle reste avec Charles Bovary. C’est cela le sujet, la tentation pour le romantisme du quotidien. Un jour, dans le train, nous sommes assis côte à côte, Emmanuel développe sur Alain, l’erreur pour lui a été de se lier avec le centre. Il ne faut jamais se lier avec ce que l’on incarne, il ne faut jamais acheter ce que l’on a déjà.
Tout s’enchaîne. C’est bon, c’est fort, c’est extatique. À chaque candidat, je fais croire que les autres m’ont donné leur accord pour que je les suive, embedded, comme on dit quand on se la joue. Des meetings jusqu’à la nausée. Je me rapproche chaque semaine davantage de l’estrade, des troupes, des hommes et des femmes sur lesquels je travaille. Discuter avec un directeur de campagne, envoyer un grand sourire au chargé de presse, pérorer avec les affidés. Je veux les étouffer, c’est eux qui m’étoufferont.
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Présentation et interview par Géraldine Sarratia - Lectures par l?auteur.
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