Une adaptation en série, une nouvelle traduction par les excellentes éditions Gallmeister et voilà que "
le jeu de la dame " est le livre du mois pour Picabo river book.
Me voilà donc en train de lire un livre sur le monde des échecs et je n'y connais rien sur ce jeu, et sais à peine jouer aux Dames.
Ce texte décrit parfaitement le monde des tournois des échecs, que ce soient dans des collèges américains, dans des hôtels ou des tournois internationaux. Il décrit le monde des joueurs d'échecs, leurs entraînements, leurs lectures et leurs heures, jours à jouer ou à rejouer des parties de façon incessante.
Ce roman est aussi le portrait d'une femme qui va s'imposer dans ce monde masculin.
Beth Harmon devient orpheline après l'accident de voiture de ses parents, elle se retrouve dans un orphelinat, strict, où elle n'arrive pas à s'insérer, à se faire des amies, à part une truculente fille plus âgée qu'elle,qui va l'aider à s'y faire une place en attendant une éventuelle adoption. Mais par un pur hasard, elle va être initiée aux jeux d'échecs par le vieux, grognon, taiseux concierge de l'établissement, avec qui elle va faire des parties dans les sous sols et va lui prêter un échiquier et des livres sur les différentes combinaisons possibles, il y en a pléthore.
Nous sommes dans les années 50, aux Etats Unis. Pour canaliser les enfants, le médecin de l'orphelinat n'hésite pas à distribuer comme des bonbons, des tranquillisants, de fameuses pilules vertes. Les enfants et en particulier Beth va vite devenir addictive de ses pilules (une surprenante et cocasse scène pour s'en procurer).
Elle va commencer à participer à des tournois d'échecs et va perfectionner son jeu et gagner de plus en plus de parties.
Adoptée, sa "nouvelle" mère va l'inciter dans la participation des tournois et elles vont alors parcourir le pays pour participer à des tournois, gagner des prix et de l'argent grâce à de nombreuses victoires. Cette étrange mère va aussi l'initier à l'alcool et à nouveau, Beth va être affrontée à une nouvelle addiction : celui de l'alcool.
Mais son rapport au jeu d'échecs peut être aussi assimilé à une addiction : elle passe des heures, des journées des nuits entières à jouer, à rejouer des parties, à comprendre, assimiler des tactiques, à apprendre et à rejouer des combinaisons.
Elle sera championne des Etats Unis, va participer à des tournois à Paris, à Moscou et affronter les meilleurs joueurs du monde, mais elle ne profitera jamais de ces voyages ou de sa vie en général.
Elle a une vie de solitaire, face à un échiquier de 64 cases à étudier de nouvelles combinaisons, sans fin.
Le portrait d'une femme, addicte (aux pilules vertes, à l'alcool, au jeu d'échecs) et des pages surprenantes, palpitantes de ces tournois internationaux, qui durent plusieurs jours, nuits, face à un échiquier et quand les joueurs ne jouent plus ils refont sans cesse les parties.
Des personnages secondaires jalonnent ce texte, que ce soit ce concierge qui l'a initié, sa mère adoptive, son amie d'orphelinat, qu'elle retrouve (et qui va l'aider à se sortir de l'alcool par le sport (autre addiction avec des heures et des heures d'entraînement dans un gymnase (!!)), Benny, un joueur qui va devenir une sorte d'entraîneur.
Mais surtout le portrait d'une femme très solitaire, et dont on n'a pas l'impression qu'elle soit très heureuse, même quand elle joue et gagne des parties, cela semble un perpétuel labeur. Cela ne semble pas toujours un plaisir de se triturer les méninges pour trouver avant l'autre la bonne combinaison, une nouvelle combinaison ou une ancienne, déjà utilisée sur ce satané échiquier. Pas sûre que j'ai envie de m'initier à ce jeu de stratégie et de patience.
Et j'aurai aimé savoir ce qu'elle est devenue après une ultime et spectaculaire victoire.