Martyrs des sables

- J'eusse préféré me mettre d'accord avec Ahitaghel. Mais comme je ne reçois plus rien de lui, je viens d'envoyer Sghir-ben-Cheikh aux Azdjer. Dés qu'il sera rentré, la caravane reprendra son mouvement. Quant à notre force, elle serait suffisante en effet. Malheureusement, j'ai l'ordre de ne pas m'en servir. Voici en propres termes les instructions de M. Freycinet, Ministre des Travaux Publics: "L'expédition devra conserver un caractère essentiellement pacifique, ce qui est la condition sine qua non de la mission." Et pour plus de sûreté, on m'a interdit toute escorte militaire. J'ai même dû promettre d'enfermer les armes dans les caisses et de ne les extraire qu'en cas de légitime défense.
- Mon colonel, dit Dianous, si j'ose placer mon mot, cela peut se traduire ainsi: "Laissez-vous tuer d'abord, vous vous défendrez après." Macabre plaisanterie !

[p20-21]

La nouvelle du massacre parvint à Alger en avril 1876. Quand Mgr Lavigerie, tout en larmes, l'apporta lui-même au Noviciat des Pères Blancs, à Maison-Carrée, une explosion d'enthousiasme salua les trois premiers martyrs des Missions d'Afrique. D'une seule voix leurs confrères entonnèrent le Te Deum d'action de grâces, et sur-le-champ supplièrent leur archevêque de désigner parmi eux les remplaçants des trois héros "tombés au champ d'honneur de l'apostolat".

[p90]

Arrête, criminel. Je ne sais pas ce que la mélodieuse comtesse aurait pensé de ton geste, mais ici il est défendu de tuer une abeille. Rappelle-toi ce proverbe du Mzab: "Celui qui tue une abeille tue un palmier; celui qui tue un palmier tue soixante-dix prophètes." Avant que les Arabes n'eussent appris à cultiver leurs arbres, c'étaient en effet ces bestioles qui, transportant le pollen, fécondaient les dattiers.

[p129]

Il faut apprendre à connaître pour apprendre à aimer.

[p186]