Livre intéressant sur la surmédicalisation et les erreurs médicales, sur l'américanisation de nos modes de vie. Aujourd'hui, ce n'est pas seulement notre alimentation qui s'est américanisée, mais aussi le système de soins de santé, les seuils qui déclenchent la prise de médicaments dans de nombreux cas, les modes de dépistage des cancers ...
Très intéressante analyse de cette américanisation et standardisation (parfois excessive, injustifiée), et des pistes pour réformer et améliorer notre système de santé.
Commenter  J’apprécie         200
J'ai lu ce livre conseillé par la revue Prescrire pour les patients. Ça me parait effectivement une base sérieuse.
Une digression cependant, dans cette revue, Prescrire, une femme médecin a critiqué dans le courrier des lecteurs les actions publicitaires pour le dépistage du cancer du sein estimant qu'on ne prendrais pas les hommes pour de tels imbéciles. j'ai cru que Novembre changeait la donne.
Je vois que dans cette ouvrage la différence de traitement pour des solutions vont dans ce sens. Au femme on propose de changer le nom comme une révolution pour y enlever cancer, pour les hommes on les informent avec des fascicules certes complexes et modérément accessibles mais le nom reste...
Sinon, le livre est excellent. Je suis peu diplômé, je travaille depuis 20 ans en pharmacie d'officine comme préparateur. Je me crois pourtant très informé sur ces question et j'ai appris des choses.
Commenter  J’apprécie         20
Extrèmement instructif, ce livre nous permet de prendre du recul par rapport à notre système de santé. Les thèmes abordés sont d'actualité : diabète, hypertension, cancers mais aussi erreurs médicales.
Commenter  J’apprécie         10
Favoriser le volume des actes permet bien d'offrir un accès rapide de tous à l'offre de soins ; il s'agit désormais de poser la question de la pertinence des prescriptions , des actes et des examens mais aussi des hospitalisations.
Dans un tel système, le problème de la surmédicalisation est devenu le sujet le plus important, comme dans la plupart des pays comparables au nôtre qui évaluent le taux de surmédicalisation à 30 % d'actes et traitements inutiles. La France fait partie des pays confrontés plus particulièrement à cette question, qu'il s'agisse des prescriptions de médicaments tels que les antibiotiques, les psychotropes ou encore les statines, des IRM et des scanners, des examens de laboratoire, des endoscopies dans certaines régions et d'un certain nombre d'interventions chirurgicales.
Nous avons conscience que décider politiquement de réduire ce gaspillage, outre la très grande difficulté que cela représente scientifiquement, techniquement et politiquement, c'est se heurter à un problème social et de réorganisation des activités et des métiers de la santé.
Mais, eu égard aux aspects humains, aux souffrances infligées à travers ces actes et examens inutiles, aux effets indésirables et parfois désastreux de traitements médicamenteux inutiles, aux risques de complications chirurgicales injustifiées notamment infectieuses, et à la part d'angoisses, voire de dépressions liées à la surmédicalisation, il revient à chacun de nous de veiller à ne pas faire l'objet de traitements ou examens inutiles et, devant tout diagnostic de maladie impactant gravement notre avenir, de prendre notamment un deuxième avis.
Chacun doit apprendre à participer à sa prise en charge médicale, s'informer, poser des questions, comprendre le diagnostic annoncé et le traitement proposé : cette compréhension est la base du contrat de confiance entre un patient et le médecin auquel il confie sa vie.
Certains sites web d'associations de patients peuvent participer à cette information.
En pratique, la majorité des prescriptions concernent aujourd'hui des patients à faible risque.
D'une certaine façon, dans la mesure où l'on augmente le nombre de personnes à traiter en diminuant le seuil pris en compte pour les considérer comme patients parce qu'une donnée biologique ou une mesure les classe dans cette catégorie, le traitement se rapproche alors dans sa conception de celui d'un vaccin, c'est-à-dire une thérapeutique de prévention primaire, la personne n'étant ni malade ni symptomatique.
La surmédicalisation, en effet, peut également être vue comme la conséquence d'une dérive qui a abouti à transformer le patient en consommateur.
La raison en est que la politique économique semble aujourd'hui privilégier les intérêts industriels jusque dans le domaine de la santé. L'industrie a pris peu à peu la main en intervenant sur nos modes de vie, dans des secteurs directement en rapport avec notre santé comme l'agriculture avec par exemple la mise sur le marché d'aliments transformés, à forte teneur en sucre.
La lutte contre les actes inutiles est donc plus une affaire de système que d'individus.
Les médecins eux-mêmes sont piégés. Qu'il s'agisse des professionnels de santé libéraux ou de membres d'établissements de santé, ils sont incités à privilégier le volume : en France, c'est le nombre d'actes, d'examens, d'interventions ou d'hospitalisations facturés qui permet de payer les salaires, les honoraires, d'acheter les équipements, de payer les médicaments ou les dispositifs médicaux hospitaliers.
Après un demi-siècle de solidarité et de croissance des dépenses de maladie, le péché originel a-t-il été de mettre en place un financement par l'argent collecté et redistribué au nom du principe de solidarité, sans prévoir l'évaluation de sa bonne utilisation - c'est-à-dire d'avoir libéré des droits de puiser dans un trésor collectif sans instrument efficace pour prévenir les dérives ?