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Je découvre ce grand auteur américain à travers la première publication française dans sa version intégrale de cette Cabane du métayer, assortie d'une nouvelle traduction au plus près du texte originel de 1952.

La première moitié m'a emballée. J'ai aimé comment l'auteur scrute le quotidien poisseux d'une Amérique rurale ( celle de l'Oklahoma ), cette immersion dans une société rongée par les inégalités sociales entre gros propriétaires terriens et petits métayers miséreux, mais aussi par les tensions raciales qui se muent en rancoeur lorsque ce sont les Amérindiens qui disposent des terres et des richesses comme c'est le cas avec le personnage de Matthew Ontime.

J'ai aimé le personnage principal, Tommy 19 ans, fils d'un métayer, intelligent mais terriblement pauvre, un mec qui aurait pu vivre dans l'acceptation de sa vie s'il n'avait rencontrer deux femmes «  fatales », son amante secrète, la riche Donna ( fille de Ontime, le propriétaire des terres que son père exploite ) et Mary qui vit avec lui et son père.
Un être pur, tourmenté, la rage au ventre, qui m'a fait penser à un personnage de Steinbeck ou d'un film d'Elia Kazan.

"Je traverse la cour au trot, en me baissant pour passer sous les cordes à linge, et je m'engouffre dans l'ancienne étable qui nous sert de bûcher. Je m'assieds sur le billot et j'enfouis ma figure entre mes mains. J'essaie de faire venir les larmes. J'essaie de toutes mes forces, mais les larmes ne viennent pas; et je trouve ça encore pire que de découvrir ce qu'est la haine. je crois que le pire, quand on perd tout ce pour quoi on a toujours vécu, c'est de ne pas réussir à verser une seule larme dessus. Parce que ça ne vaut même pas ça, une petite larme de rien du tout."

De fait, l'intrigue, qui prend son temps à se déployer, a quelque chose d'universel dans son propos, presque une parabole biblique dans la simplicité de sa direction.

Tout avance comme une évidence dans ce roman désenchanté âpre et sec.

La deuxième partie carcéro-judiciaire m'a moins convaincue, je l'ai trouvée moins crédible ou plutôt j'ai eu du mal à croire aux ressorts psychologiques de Tommy. Mais au final, elle est nécessaire pour mettre en avant une fin lumineuse.
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Je suis décidément et définitivement fan de Jim Thompson !
Ce livre que l'on trouve aussi sous le titre de "Deuil dans le coton" raconte l'histoire de Tom Carver, un jeune homme de 19 ans, fils de métayer à l'avenir tracé d'avance, il trimera dur toute sa vie et restera pauvre car dans ce coin d'Amérique les destins sont inéluctables et on doit l'accepter avec fatalité.
Tom Carver est un garçon docile et obéissant, et comme il a été adopté, il est également reconnaissant, malgré la grande sévérité de "Pa".
Cela dit Tom a de la chance car il fréquente Donna, une fille superbe, qui a tout de même un énorme "défaut", elle est la riche héritière du plus gros propriétaire terrien du comté qui se trouve être le plus proche voisin de Tom, cette relation est donc clandestine et doit le rester à tout prix.
Tom est un maelstrom d'émotion à cet instant de sa vie, il supporte de plus en plus difficilement l'injustice de son destin, l'injustice de "Pa", car il est peut-être un "paysan", mais il n'est pas dénué de sensibilité ni d'intelligence.
Jim Thompson nous offre ici un récit d'une grande force émotionnelle, sa lecture des rapports humains, de leurs interactions est d'une vérité et d'une précision saisissante, le scénario est pour tout dire passionnant et tout à fait imprévisible.
J'ai aimé tout ce que j'ai pu lire de cet auteur, et c'est pour l'instant le livre qui m'aura marqué le plus, une plongée en apnée dans les méandres de l'âme humaine, je remonte un peu secoué pour mon plus grand plaisir de lecteur.
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Tom Carver, dix-neuf ans vit chez son père adoptif, un métayer, qui a également adopté Mary, d'une trentaine d'année, considérée comme la bonne de la famille. Entre conflit et empoignade entre père et fils, le jeune homme se raccroche à son histoire d'amour passionnel pour Donna Ontime, la fille du propriétaire de la plantation. Ce dernier, métis Osage, souhaite récupérer les cinq hectares du père Carver pour permettre l'exploitation pétrolière.

J'ai ete déçue par la lecture de ce roman, un roman intimiste qui plonge certes, dans le conflit familial assez bien décrit, mais qui m'a laissé sur ma faim. Beaucoup de confusion dans le récit, j'ai eu du mal à suivre les pensées du jeune homme et comprendre le contexte de cette histoire. de même les rapports avec Marie, amenés un peu maladroitement...Je n'ai pas retrouvé le mordant et le cynisme que j'avais tant apprécié d'autres romans de Jim Thompson.
La cabane du métayer est un récit plus intimiste mais qui ne m'a pas particulièrement séduite.
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Deuxième incursion dans l'univers du grand Jim Thompson (je sais, j'ai un peu de retard dans la mise à jour de mes classiques...). Je referme La cabane du métayer - dans une nouvelle traduction semble t-il bienvenue d'Hubert Tézenas - avec plaisir. Sans le sentiment d'avoir lu LE grand livre de l'autre Big Jim mais avec la satisfaction d'avoir retrouvé cette atmosphère noire, complexe et torturée que j'apprécie.

Faut dire que le gars Tommy Carver, le fils du métayer, il s'est mis dans de sales draps, à fricoter avec Donna la fille de Matthew Ontime le propriétaire des terres, au sang indien et à la richesse insolente. Tommy et son père pourraient devenir riches également si Ontime acceptait de les laisser confier leurs terres et une partie des siennes aux exploitants de pétrole aux aguets, qui ne rêvent que de forer dans ce coin perdu d'Oklahoma où l'or noir est prêt à jaillir. Mais Ontime refuse...

Des coucheries interdites, une rancoeur attisée par l'argent qui n'en finit pas de monter, une terre du sud encore marquée de la difficile cohabitation des blancs, des noirs et des indiens, un jeune homme marqué par des traumatismes et non-dits d'enfance trop longtemps tus par son père : les éléments du drame sont constitués et quand Ontime est retrouvé avec un couteau dans le corps, Tommy se retrouve illico au pénitencier.

Plus que l'histoire, c'est le cheminement psychologique de Tommy - placé en narrateur par Thompson - qui fait toute la saveur du livre. Un jeune homme plongé en l'espace de quelques jours dans une spirale négative et mortelle infernale, percuté par l'injustice, par la double confrontation avec son passé et avec son père mais aussi par l'impasse de ce que semblent devenir ses perspectives de vie.

C'est noir, un brin fataliste, évocateur d'un certain contexte historique américain et surtout, délicieusement écrit. Alors faut pas se priver !
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Années 50, Est de l'Oklahoma. Carver cultive du coton pour le compte d'un Amérindien, un comble pour cet homme bouffi de préjugés racistes. Le métayer supporte d'autant moins cette subordination que le propriétaire refuse de louer ses terres à une compagnie pétrolière. Le voilà donc privé de revenus opportuns et condamné à un labeur sans relâche.
Carver est un homme pieux et intransigeant qui traite durement ses deux enfants adoptifs, Thomas et Mary. Le garçon, âgé de dix-neuf ans, entretient une relation clandestine avec la fille du propriétaire, une métisse nommée Donna. Un jour, Thomas va se révolter et crever l'abcès d'années de soumission, de violence et de mensonges. le voilà pris dans un engrenage infernal qui va bouleverser son existence.

« La cabane du métayer » appartient au genre « rural noir ». Les personnages sont des paysans misérables dont les esprits bornés sont imprégnés de racisme et de fanatisme religieux. L'éducation se gère à grands coups de fouet.
L'auteur détaille le partage des terres de l'Oklahoma aux tribus indiennes chassées des Etats plus au nord. Mais les rapports entre les communautés sont conflictuels. La hiérarchie est ici inversée : les notables sont amérindiens (proviseur de lycée, juge, propriétaire terrien) ; les paysans sont des rednecks, et inutile de préciser qu'ils vivent assez mal ce renversement.
Comme souvent chez Jim Thompson, il est question d'inceste, d'imposture et d'injustice.
J'ai apprécié la partie judiciaire du roman animée par un avocat qui se situe entre Saul Goodman et Éric Dupond-Moretti.

J'ai aimé ce roman que beaucoup présentent comme secondaire dans l'oeuvre de Jim Thompson. Seule la fin est décevante mais il semble qu'elle ait été imposée par l'éditeur. Que ces lascars se gardent donc de toucher aux intrigues !
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« La cabane du métayer », c'est le récit d'une brusque descente aux enfers, quasi inexorable, celle de Tommy Carver, fils d'un métayer de l'Oklahoma. Les ennuis pleuvent en effet sur le pauvre Tommy : coincé dans sa bicoque entre un père rustre et autoritaire et la soumise Mary, le voilà accusé à tort de vol de nourriture, lui qui crève la dalle. Pis, les relations s'enveniment nettement entre son père et Ontime, l'homme pour le compte duquel il exploite les terres, qui n'est autre que le père de Donna, la petite amie de Tommy. S'ensuit une tragédie, et Tommy va se retrouver pris dans un terrible engrenage…

Ce roman de Jim Thompson, l'un des deux proche du mois d'avril du Picabo River Book Club, est un roman rural assez sombre, et plutôt plaisant. L'histoire suinte l'animosité, la rancoeur, la haine. J'ai bien aimé le personnage de Tommy, jeune garçon impétueux, victime de son caractère, mais aussi des sales agissements de soi-disant proches. J'ai également beaucoup aimé les personnages de M. Redbird et de Mlle Trumbull, lesquels, en dépit des apparences, soutiennent Tommy dans les épreuves. J'ai toutefois trouvé qu'il manquait un petit quelque chose dans cette histoire pour qu'elle prenne une autre dimension, toute la difficulté étant que je n'arrive pas à mettre précisément le doigt sur ce petit quelque chose. Un peu plus de profondeur dans les personnages ? Un peu plus d'intensité dans le récit ? J'avoue ne pas savoir, je cherche encore…
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Nouvelle incursion dans le monde obscur de Jim Thompson avec ce roman plus proche du roman social que du polar. Ça reste le plus noir que j'ai pu lire (je dis ça de mémoire) de cet écrivain.

Un jeune élevé à la dure par un père qui n'assume pas grand'chose de ses erreurs. Des Indiens intégré à la culture anglo-saxonne, mais garant encore bien des préceptes de leur culture passée. Des riches des pauvres, des a priori racistes, etc. Tout y est pour faire un roman bien noir, bien glauque.

Pourquoi plus un roman social qu'un polar ? Parce que le meurtre n'arrive qu'un peu avant la moitié du roman. Que le héros/narrateur n'en ni responsable, ni témoin.
Donc, pendant la première moitié nous découvrons un jeune paumé qui ne sait sur quel pied danser quand il interagi avec les adultes qui l'entourent. Ce qui l'amène à être accusé du meurtre... J'arrête. Vous allez m'accuser d'en dévoiler trop. :-)

En bref : Un grand roman noir qui risque de décevoir les amoureux des polars et autres thrillers bien sanguinolents. Mais à lire, pour l'ambiance au moins.
Lien : http://livres.gloubik.info/s..
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Tom, 19 ans, fils adoptif, vit dans un trou perdu de l'Amérique profonde, entre son vieux saligaud de père et sa soeur-adoptive/belle-mère, enfin c'est ce qu'on lui à toujours dit. Il est amoureux de Donna, une sang-mêlée, fille du plus riche propriétaire du coin.

Le père voue une haine profonde envers tous ceux qui ne sont pas blancs, et le père de Donna en particulier, alors Tom ne lui a pas révélé sa liaison avec Donna, tout comme elle ne l'a pas révélé à son propre père. Ils sentent bien tous deux que leurs pères n'approuveraient pas d'autant plus que le "petit blanc" est pauvre et métayer du riche propriétaire.

Manque de chance la propriété du père de Tom se trouve encerclée par celle du père de Donna, et le sous-sol regorge de pétrole, mais impossible de faire des forages sur cette petite parcelle si l'indien ne veut pas le puits sur ses terres.

Et un jour, le père de Donna est assassiné... l'arme du crime est un couteau appartenant à Tom, tout le désigne comme suspect, et son paternel semble vouloir l'enfoncer. Tom s'enfuit et se réfugie chez son institutrice qui l'accueille et tente de l'aider avec l'aide du directeur du collège. Ils sont ses seuls vrais amis.

Tom va être repris puis jugé. Grâce à ces amis qui engagent un grand avocat, il échappe à la peine de mort mais pas à la réclusion pour 20 ans. Sa haine pour son père "adoptif" devient obsessionnelle et il ne rêve plus que revenir à la maison une hache à la main. C'est d'ailleurs ce qu'il fera.

Je ne vous en dirai pas plus sur les liens de parenté réels de la famille de Tom, mais là aussi, ils contribuent à la haine du fils envers le père.

Plus qu'un polar, un roman sur la société, une vision très noire, fait beaucoup penser aux Les raisins de la colère de John Steinbeck, et bien sur à 1275 âmes de Jim Thompson.
Lien : http://mazel-pandore.blogspo..
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Deuil dans le coton, Cropper's cabin dans sa version originale (la cabine du métayer ?), est un roman noir assez classique dans sa forme. Tom Carver est un jeune lycéen dont le malheur est d'entrenir une relation avec la richissime héritiaire de l'homme qui emploie son père comme métayer dans l'exploitation de ses terres. D'un coté, les blancs un peu bouseux, de l'autre, une riche famille d'origine indienne. de la là vient la haine du père Carver, de bien autre chose aussi, mais disons qu'à cette histoire l'indianité de son patron fait office de déclencheur.
Et comme souvent chez Jim Thompson, tout va vite se dérégler. Invariablement les mêmes causes provoquent les mêmes effets : un accrochage bénin avec l'agent de nettoyage du lycée, la perte d'un canif, la vente avortée des quatre hectares de propriété, une rixe avec deux camarades, la brouille avec Donna au sujet de son père, etc etc...
Tout ça se paiera car tout se paye chez Thompson.
L'histoire est classique : il y a aura un crime, un coupable désigné et un procés, le même schéma si brillamment employé vingt ans plus tôt par Faulkner dans son chef-d'oeuvre Sanctuaire.
Jim Thompson n'est pas ébouriffant dans ce roman, mais il dresse un portait juste de la société telle qu'elle devait se présenter dans l'Oklahoma des années 50, état qui connaissait un boum pétrolier sans pareil et où les nantis étaient ceux qui avaient pu profiter du partage des terres indiennes. D'où ce brouillard de racisme qui voile toutes les situations, prééxistant au déroulement de la vie de cet état.
Efficacité, classicisme formel, langue toujours juste et sans emphase, Deuil dans le coton vaut largement les quelques heures qu'il vous fait partagé avec lui, mais comme tout roman de Jim Thompson serait-on tenté d'ajouter.
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(Encore) une très belle découverte grâce au Picabo River Book Club. La découverte d'une très belle plume, dans mon genre de prédilection - le noir absolu - , avec un personnage très fort, le narrateur, Tommy Carver, jeune homme de 19 ans, fils d'un métayer blanc sans le sou, condamné à cultiver, sous la férule impitoyable de son père adoptif, les 5 hectares de terre dont ce dernier est propriétaire et les 20 ha du riche propriétaire terrien, Matthew Ontime.

Le père de Tommy est haineux et aigri, dévoré par la rancune envers son patron, qui refuse de céder l'exploitation de ses terres à une compagnie pétrolière, ce qui serait synonyme d"argent facile pour lui. Ce qui complique les choses pour Tommy est qu'il entretient une liaison clandestine passionnée avec la sublime Donna, la fille de Matthew. La situation devient inextricable et le drame inévitable lorsque un crime est commis.

Bien plus que l'histoire et la résolution du meurtre, c'est l'atmosphère qui m'a séduite.
Un roman rural et rugueux, avec une plongée dans les profondeurs de l'Oklahoma, le partage des terres intervenu des dizaines d'années auparavant structure toujours la société et répartit définitivement riches et pauvres. le racisme est omniprésent, avec la rancoeur des blancs tels que le père de Tommy envers les Indiens et autres "sang-mêlé". Ce thème de la difficile cohabitation entre Blancs, Indiens et Noirs est très bien évoqué avec de très beaux passages sur la culture et les traditions indiennes, y compris des rites que j'ai découverts avec un immense intérêt.
Un roman intimiste et familial aussi, à travers le regard blessé de Tommy, sa peur puis sa rébellion contre son père adoptif qui est un vrai méchant, sans demi-mesure. Les liens sont très bien restitués sont complaisance ni facilité. Tommy déteste son père mais a, malgré lui, acquis sa manière de voir le monde et les rapports humains. C'est juste et complexe d'autant que Matthew, le patron, le père de Donna, n'est pas le méchant caricatural que l'on imagine.

J'ai été à une demi étoile du coup de coeur, il m'a manqué une dimension un peu plus immersive pour fusionner avec Tommy et vibrer avec lui, comme j'avais vibré avec, par exemple, les inoubliables Jacob dans Là où les lumières se perdent de David Joy ou Bill dans Wisconsin de Mary Relindes Ellis. Il m'aurait fallu moins de distance et davantage d'impétuosité pour que le coup de coeur soit là mais ce livre est très belle découverte de l'auteur qui écrit subitement. Je vais lire très vite Potsville, 1280 habitants.
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