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EAN : 9782203089488
105 pages
Casterman (11/05/2016)
4.08/5   46 notes
Résumé :
Eté 1831. Alexis de Tocqueville et Gustave de Beaumont, deux aristocrates français en visite aux Etats-Unis, entreprennent un voyage au coeur de la région des Grands Lacs, en quête de l'extrême limite de la civilisation occidentale.
Entre le peuple indien en voie de disparition et l'avancée de l'homme blanc à travers le Nouveau Monde, des forêts sauvages à l'urbanisation intense, ils nous dressent au fil de leur parcours un portrait de l'Amérique des pionnie... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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Chargés par le gouvernement français d'aller étudier le système pénitentiaire américain, les politiciens Alexis de Tocqueville et Gustave de Beaumont se rendent aux Etats-Unis en 1831. Ils y restent dix mois et achèvent leur séjour par un voyage dans la région des Grands Lacs, en quête des limites de la civilisation occidentale. Ils sont curieux d'y rencontrer des Indiens dans une nature préservée, derniers vestiges du continent américain original - croient-ils...

Kevin Bazot s'est inspiré des carnets de voyage de Tocqueville pour réaliser ce superbe album.
Les observations de ce philosophe du XIXe siècle sur l'homme blanc colonisateur est lucide. Mûs par une logique expansionniste, jamais satisfaits, les pionniers prennent, pillent, détournent à leur profit, détruisent sans vergogne l'environnement, et partant les populations locales (animales et humaines). Ils déforestent, cultivent, construisent pour se loger et industrialiser. Ceci au mépris de l'existant, de la tradition, des autres humains (assurément moins humains qu'eux), quels que soient les principes moraux dictés par leur religion :
« Et demain ces honnêtes citadins se rendront à l'église, où un ministre de l'évangile leur répétera que les hommes sont frères, que l'Etre éternel les a tous faits sur le même modèle, et qu'il leur a donné à tous le devoir de se secourir. »
On a pu l'observer sur d'autres continents, en Océanie, Afrique, Asie, et c'est pas fini !

Excellent album qui exprime les réflexions de Tocqueville, tout en rendant hommage aux grands espaces inviolés et aux Indiens du nord des Etats-Unis des années 1830.
Les splendeurs de la nature sont admirablement rendues par un trait fin, précis, réaliste, et de jolies couleurs. Quant aux zones habitées et aux personnages, ils sont tout aussi réussis, on se croirait dans 'La petite maison dans la prairie' au côté du beau Charles 😏 et on visualise le travail de défrichage et de construction des pionniers suédois décrit par Vilhelm Moberg dans 'La saga des émigrants' (1949-1959).
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En 1830, une révolution oblige Charles X à abdiquer au profit de son petit-fils, alors âgé de neuf ans seulement. C'est ainsi que Louis-Philippe Ier, cousin du roi déchu, arrive au pouvoir.
En 1831, à la demande du gouvernement français, Alexis de Tocqueville (1805-1859) et Gustave de Beaumont partent aux Etats Unis pour y étudier le système carcéral américain.

Cette BD nous raconte une partie du parcours des deux magistrats français vers la région des Grands Lacs. Là-bas les transformations de la société sont rapides, et le passé vite balayé. Les nouveaux venus de l'ancien monde et leurs descendants prennent possession des lieux, au détriment des autochtones que la plupart d'entre eux méprisent. Tocqueville observe la création d'une nouvelle nation. Outre le compte rendu rédigé avec Gustave de Beaumont (« Du système pénitentiaire aux Etats-Unis et de son application », 1832), Tocqueville écrit ensuite son célèbre « De la démocratie en Amérique » dans lequel il expose sa pensée politique.

Bien que cet album ne retrace pas intégralement ce contexte, il rend bien compte du choc culturel éprouvé par Alexis de Tocqueville et son compagnon dans ce pays, et de la violence qui accompagne la création de cette nation nouvelle. La beauté des paysages est quant à elle parfaitement restituée par un graphisme très agréable.

Un agréable moment de lecture qui donne envie d'en savoir plus sur le personnage et son oeuvre.
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C'est le 1er album de ce jeune dessinateur et c'est une vraie réussite, tant au plan du dessin et du travail de coloriste, que du point de vue du scénario. L'histoire est inspirée d'un récit d'Alexis de Tocqueville (auteur du fameux de la démocratie en Amérique) intitulé « Quinze jours dans le désert » (il faut entendre, ici, le mot désert au sens de Nature vierge et sauvage), où de Tocqueville raconte son expédition vers ce qu'on appelait alors la Frontière, c'est-à-dire la limite de l'expansion coloniale américaine, située dans la région des Grands Lacs. On suit donc la progression des deux hommes - de Tocqueville est, en effet, accompagné de Gustave de Beaumont qui sera l'éditeur du récit quelques années plus tard (1861) - de New York vers l'Ouest, jusque Saginaw dans l'actuel Michigan, s'éloignant lentement de la « civilisation ». On entend ainsi ses réflexions de jeune philosophe (il n'a, alors, que 25 ans). On voit ses rencontres avec les derniers « civilisés », puis les premiers indiens « sauvages », les métisses, les exilés volontaires ... Et enfin, la nature primitive. C'est particulièrement dans cette deuxième partie que Kévin Bazot nous montre ses talents de coloriste, je suis généralement assez peu sensible à la couleur, mon absolu étant les albums en noir et blanc d'Hugo Pratt, mais là les couleurs sont vraiment magnifiques, surtout la forêt, la nuit ... les rivières. Je regrette presque que les cases ne soient pas plus grandes. Une belle lecture ****, accessible à tous, fluide et enrichissante.
P.S. : Kévin Bazot était au BD Boum de Blois et sera au festival de BD d'Angers le mois prochain si vous en avez l'occasion n'hésitez pas à le rencontrer, c'est un type épatant, loquace et curieux.
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Ici, nous retrouvons deux jeunes Français, Alexis de Tocqueville et Gustave de Baumont, qui "décident" d'aller pendant une année entière aux Etats-Unis. Dans la BD, ils s'aventurent rapidement vers la frontière, c'est leur but principal à vrai dire, mais dans la vraie vie, puisque oui c'est tiré de faits réels, ils s'aventurent seulement à la fin de leur séjour, à la recherche des Indiens.

Dans ce récit, on voit leur mentalité qui évolue. En effet, au tout début, les Indiens ne sont pour eux que des sauvages, des bêtes sauvages, et ils veulent les voir, l'un d'eux souhaitant les dessiner. Ils qualifient les Indiens de “loups”. Au fur et à mesure, ils découvrent que les Américains sont loin d'être les gentils. Qu'ils traitent les Indiens comme s'ils étaient inférieurs à eux. Qu'ils les traitent vraiment comme des animaux, voir pire. C'est d'ailleurs horrible à voir, et même si je savais que les Indiens n'avaient pas eu la vie facile, je n'imaginais pas que les Américains avaient été aussi durs avec eux, j'ai ouvert les yeux. Alexis et Gustave changent d'avis, ils remarquent que les Indiens ne sont pas méchants, et qu'il y a bien des “Blancs” qui vivent avec eux sans se faire tuer ou je ne sais quoi de terrible.

Je n'ai pas lu l'oeuvre originale mais je compte bien le faire. Mais cette bande dessinée reste complète, même s'il y a bien évidemment des passages sous silence. Il y a certaines planches sans aucune parole, il faut seulement admirer le paysage, et j'ai adoré cela, puisqu'on se plonge réellement dans l'univers : les deux héros ont le souffle coupé face aux paysages très beaux, et pas encore détruits.
Les dessins sont sublimes, il y a des jeux de couleur. La nuit, le bleu, le noir, règnent. Au coucher du soleil, ou lorsqu'il y a le feu, le brun, l'orangé, le saumon parfois, prennent place. Pour montrer la méchanceté, la tristesse, il y a le gris bleuté et le noir. Pour les paysages, en forêt, un sublime vert. J'ai tout simplement adoré tourner les pages, et être surprise.

J'ai aussi beaucoup aimé qu'il y ait des extraits de l'oeuvre original, comme légendes, avec des croquis à la fin de la bande dessinée. Même les croquis m'ont fasciné à vrai dire.

En bref, une BD très belle, criante de vérité, qui peut faire ouvrir les yeux. Il n'y a pas de sang alors je pense que les enfants peuvent y jeter un coup d'oeil, et les parents pourraient leur expliquer ce qu'il s'est passé, un peu d'Histoire ne fait pas de mal, et puis, les morales sont belles, puisqu'on nous fait comprendre que la haine est quelque chose d'idiot. C'est une bande dessinée que j'ai un peu pris au hasard, mais je n'en suis pas déçue, et je vous la recommande.
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Les voyages forment la jeunesse. Alexis de Tocqueville (qui deviendra plus tard le célèbre philosophe que l'on connaît) et son ami Gustave de Beaumont partent de New York avec la ferme intention d'aller à la rencontre des indiens d'Amérique, ces premiers habitants du continent dont ils ont tant entendu parler. Mais leur voyage vers l'Ouest n'est pas tout à fait celui qu'ils espéraient : partout la civilisation les accompagne, et les seuls indiens qu'ils croisent sont des ivrognes miséreux.
Au fil de ce périple en direction de la frontière de la civilisation à la recherche d'une nature vierge de l'influence occidentale, Alexis et Gustave vont se constituer les témoins de la construction de l'Amérique, et par là même de la disparition concomitante de tout un monde sauvage et naturel.
Ce récit de voyage inspiré de l'oeuvre de Tocqueville "Quinze jours dans le désert", suit les pérégrinations de deux jeunes hommes idéalistes confrontés à toutes les sortes de (més)aventures et découvertes que la traversée de presque tout un continent peut leur apporter. On chemine avec eux dans des décors sans cesse renouvelés, on croise des galeries complètes de personnages, on apprivoise petit à petit l'idée de la colonisation... le tout avec un regard empreint de philosophie, qui essaie d'aller au-delà du préjugé pour comprendre le monde.
La narration de l'histoire, mélangeant action directe et "voix off" du narrateur ménage aussi bien des scènes d'action que des instants de contemplation méditative, propices à la découverte du Nouveau Monde. La mise en page et les cadrages s'adaptent ainsi au souffle du récit, allant de la double page sans texte à la planche dense et structurée. La lecture est toujours agréable, portée par un dessin très coloré, qui sait allier les avantages de la ligne claire pour les personnages à une mise en couleur complexe et artistique, qui réussit à donner vie à la nature et aux paysages. La précision et la vivacité de certains arrière-plans et de certaines cases sont presque cinématographiques.
Dans la lignée du bel opus "Sur les ailes du monde, Audubon" (de Jérémie Royer), qui nous présentait les États-Unis par le prisme de l'obsession d'un naturaliste, "Tocqueville, vers un nouveau monde" nous fait découvrir ce même pays (à peu près à la même époque) par le regard d'un philosophe humaniste. On est loin, très loin des westerns bourrés d'action et de poncifs qui ont raconté en long, en large et en travers la conquête de l'Ouest. Et, oserais-je dire, ça fait du bien.
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critiques presse (7)
BulledEncre
02 septembre 2016
Une adaptation bien ficelée de l’envers de la conquête de l’Ouest.
Lire la critique sur le site : BulledEncre
BoDoi
18 juillet 2016
Appliqué mais scolaire, il y manque du souffle et un regard original.
Lire la critique sur le site : BoDoi
Auracan
06 juin 2016
Un ambitieux premier album. Et le résultat est impressionnant.
Lire la critique sur le site : Auracan
BDGest
03 juin 2016
Les férus d'Histoire américaine devraient parfaitement se retrouver dans cette séduisante relecture d'un classique du genre.
Lire la critique sur le site : BDGest
Sceneario
23 mai 2016
Je ne peux que vous conseiller de partir en voyage aux côtés d’Alexis de Tocqueville, vous en reviendrez avec des sentiments contradictoires et avec l’envie d’admirer de nouveaux ces superbes contrées sauvages.
Lire la critique sur le site : Sceneario
BDZoom
18 mai 2016
On connait Tocqueville comme philosophe (...) mais savait-on que sur place il avait véritablement joué les aventuriers ? C’est ce que nous fait découvrir cet album qui adapte « Quinze jours dans le désert » de Tocqueville himself !
Lire la critique sur le site : BDZoom
Bedeo
18 mai 2016
L’occasion de voir le monde à travers un jeune aristocrate se défaisant de ses illusions, un regard critique bienvenu et finalement bienveillant. Et c’est bien là toute la force de cet ouvrage : son humanisme et sa philosophie.
Lire la critique sur le site : Bedeo
Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
- Voilà une belle carabine !
- Les Anglais la lui ont donnée sans doute pour s'en servir contre nous [les Américains] à la prochaine guerre. C'est ainsi que les Indiens attirent sur eux tous les malheurs qui les accablent. [...]
- Est-ce qu'ils s'en servent bien ?
- Il n'y a pas de tireurs comme les Indiens. Ils ne sont jamais plus heureux que dans les pays d'où nous n'avons pas encore fait fuir le gibier... Mais les gros animaux nous sentent à plus de trois cent milles et en se retirant ils créent devant nous un désert où les Indiens ne peuvent plus vivre s'ils ne cultivent pas la terre...
(p. 40)
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[ New York, 1831 ]
- J'ai hâte de voir à quoi ressemblent ces fameux Indiens... Crois-tu qu'ils sont comme dans les récits qu'on a pu lire ?
- Je l'espère... Imagine, des hommes nus et sauvages, des corps forgés par la forêt, la chasse et la guerre... De vrais loups !
- Ha ha... En tout cas, j'ai la ferme intention de faire quelques croquis de ces sauvages !
(p. 4-5)
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En lutte perpétuelle contre la forêt, l'émigrant des Etats-Unis arrache à la vie sauvage tout ce qu'il peut lui ôter, la dépouillant chaque jour de quelques-uns de ses attributs. Il transporte pièce par pièce dans le désert ses lois, ses habitudes, ses usages et, s'il le peut, jusqu'aux moindres recherches de sa civilisation avancée.
(p. 82)
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Les déserts deviennent des villages, les villages deviennent des villes. Témoin journalier de ces merveilles, l'américain ne voit dans tout cela rien qui l'étonne. Cette incroyable destruction lui paraît la marche habituelle des choses. Il s'y accoutume comme à l'ordre immuable de la nature.
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L'idée de cette grandeur naturelle et sauvage qui va finir, se mêle aux superbes images que la marche triomphante de la civilisation fait naître. On se sent fier d'être homme et l'on éprouve en même temps je ne sais quel amer regret du pouvoir que l'on nous a accordé sur la Nature.
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