Citations sur Dieu, le temps, les hommes et les anges (103)
Le temps des animaux est toujours le présent.
Mais aux environs de la quarantaine survient un clivage. À force de manifester sa puissance, la jeunesse se fatigue. Une nuit, un matin, l’homme franchit la ligne de démarcation, atteint son sommet, esquisse le premier pas de la descente.
Le verger a deux temps qui alternent d'une année sur l'autre : le temps des pommiers et celui des poiriers. En mars, quand le sol se réchauffe, le verger frémit, étreint le corps de la terre de ses souterraines pattes griffues, les arbres la sucent comme des chiots, leurs troncs palpitent de sève.
Dans les années de pommiers, les arbres absorbent les eaux acides de rivières souterraines - dotées du pouvoir de changement et de mouvement. Ces eaux recèlent une vertu germinative, suscitent la pression, l'expansion.
Il en va tout autrement dans les années poiriers. Le temps des poiriers, c'est celui du prélèvement dans le monde minéral de sucs doux, celui de leur mariage lent et tendre avec les rayons du soleil dans le corps des feuilles. Les arbres s'arrêtent dans leur croissance et se délectent de la douceur d'être. Sans mouvement, sans expansion. Le verger paraît alors immuable.
Qui suis-Je ? se demande Dieu. Dieu ou un homme ? Peut-être l’un et l’autre à la fois ? Peut-être aucun des deux ? Ai-Je crée les hommes ou les hommes M’ont-ils crée ?
Qui suis-je ? se demande Dieu. Dieu ou homme ? Peut-être l’un et l’autre à la fois ? Peut-être aucun des deux ? Ai-je créé les hommes ou les hommes M’ont-ils crée ?
L’homme le tente et Il s’approche furtivement du lit des amants pour y retrouver l’amour. Il s’approche à la dérobée du lit des vieillards et Il y trouve la fuite du temps. Il s’approche à pas de loup du lit des agonisants et Il y trouve la mort.
Imaginer, c'est en somme créer, jeter un pont entre la matière et l'esprit. Surtout quand on pratique cet exercice aussi souvent qu'intensivement. L'image se transforme alors en gouttelette de matière et s'intègre aux courants de la vie. Parfois, en cours de route, elle se déforme quelque peu. En sommes, tous les désirs humains se réalisent, s'ils sont suffisamment intenses, mais pas toujours de la manière qu'on s'était imaginée.
Au centre d’Antan, Dieu a dressé une colline qu’envahissent chaque été des nuées d’hannetons. C’est pourquoi les gens l’ont appelée la montagne aux hannetons. Car Dieu s’occupe de créer, et l’homme d’inventer des noms.
Quand elle circulait dans le verger, Misia songeait avec amertume qu’il n’y avait pas moyen de faire durer la floraison des arbres, que les pétales tomberaient irrémédiablement par terre, les feuilles bruniraient avec le temps et chuteraient à leur tour. Penser que l’année suivante tout recommencerait ne la consolait en rien car elle savait bien que ce n’était pas vrai. L’année suivante, les arbres seraient plus vieux, plus grands ; leurs branches, plus épaisses ; l’herbe, différente ; ce ne seraient plus les mêmes fruits. Cette branche fleurie ne serait plus jamais la même. « Cette lessive-ci ne se répétera jamais, se disait-elle. Et moi-même, je ne serai plus jamais celle que je suis aujourd’hui. »
— ,Silence, bonne femme ! On veut dormir !
— Dormez donc, dormez jusqu’à la mort ! cria la Glaneuse en tournant le tète de ce côté. Qu’est-ce qui vous a pris de naître, si c’était pour dormir ?
Le mycélium n'est ni végétal ni animal. Il ne sait pas puiser de force dans le soleil, car sa nature est étrangère au soleil. Il n'est pas attiré par ce qui est chaud et vivant, car sa nature n'est ni chaude ni vivante. Le mycélium assure son existence en suçant ce qui meurt et se décompose. Le mycélium est la vie de la mort.