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Dans Confession, Tolstoï se livre entièrement. C'est peut-être son livre le plus honnête, le plus profond. C'est dans ce livre là qu'il est vrai, fragile et puissant. Il se regarde, se caractérise sans se juger, se juge sans se haïr. C'est une prise de conscience incroyable. Il regarde l'absurde comme un Kafka plus tard le regardera. Il le regarde bien en face, il le sent, le ressent, le touche avec son esprit et même son corps. Il s'effondre:

« Ou bien, pensant à la gloire que mes ouvrages me procureront, je me disais:
- C'est bien: tu seras plus célèbre que Gogol, Pouchkine, Shakespeare, Molière et que tous les auteurs du monde... Et après?…
Et je ne pouvais rien et rien répondre.
Ces questions n'attendent pas: il faut y répondre tout de suite; si on ne répond pas, on ne peut pas vivre.
Et il n'y a pas de réponse ».

Sa détresse est immense. Il ressent un immense sentiment d'inutilité, de décalage d'avec le monde. Nous sommes quelques écrivains privilégiés à débattre de petits sujets pathétiques, à parler de coeur, de passions, de grandeur et de courage mais sans en avoir beaucoup:

« Or, ayant douté de la vérité de cette religion littéraire, je commençai à observer plus attentivement ses prêtres, et je me convainquis que presque tous étaient des hommes immoraux et, pour la plupart, des hommes mauvais, insignifiants, d'un caractère beaucoup plus bas que celui des hommes que j'avais rencontré dans ma vie militaire et débauchée ».
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Dans Confession, Tolstoï se livre entièrement. C'est peut-être son livre le plus honnête, le plus profond. C'est dans ce livre là qu'il est vrai, fragile et puissant. Il se regarde, se caractérise sans se juger, se juge sans se haïr. C'est une prise de conscience incroyable. Il regarde l'absurde comme un Kafka plus tard le regardera. Il le regarde bien en face, il le sent, le ressent, le touche avec son esprit et même son corps. Il s'effondre:
« Ou bien, pensant à la gloire que mes ouvrages me procureront, je me disais:
- C'est bien: tu seras plus célèbre que Gogol, Pouchkine, Shakespeare, Molière et que tous les auteurs du monde... Et après?…
Et je ne pouvais rien et rien répondre.
Ces questions n'attendent pas: il faut y répondre tout de suite; si on ne répond pas, on ne peut pas vivre.
Et il n'y a pas de réponse ».
Sa détresse est immense. Il ressent un immense sentiment d'inutilité, de décalage d'avec le monde. Nous sommes quelques écrivains privilégiés à débattre de petits sujets pathétiques, à parler de coeur, de passions, de grandeur et de courage mais sans en avoir beaucoup:
« Or, ayant douté de la vérité de cette religion littéraire, je commençai à observer plus attentivement ses prêtres, et je me convainquis que presque tous étaient des hommes immoraux et, pour la plupart, des hommes mauvais, insignifiants, d'un caractère beaucoup plus bas que celui des hommes que j'avais rencontré dans ma vie militaire et débauchée ».
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Confession de Léon Tolstoï

Graal tolstoïen

Confession, texte de 120 pages écrit en 1879, censuré, circulant dès 1882 sous le manteau en pages polycopiées, est un vrai pavé dans la mare. Il paraîtra à Genève en 1884 sous le titre Confession du comte L.N. Tolstoï. Sorte d'autobiographie introspective où il livre sa lassitude d'écrire en des termes destructeurs. Il y voit de la vanité, alors qu'ici-bas, le peuple, au demeurant misérable, vit dans une forme de simplicité divine auquel il aspire sans pouvoir l'atteindre. C'est son problème, enfin son raisonnement le pousse à exprimer les choses ainsi. Ce n'est donc pas un livre de souvenirs vu son essence métaphysique même s'il tourne un regard sur sa vie passée. Il n'est pas loin du doute existentiel qui envahit Lévine dans Anna Karénine quelques années plus tôt, son alter égo. En Russie, ce livre interdit créera d'importants remous : Tolstoï est alors le grand écrivain incontesté de la terre russe. Tourgueniev et Dostoïevski qui ont universalisé la littérature russe avec lui sont morts. Il n'est pas en grande forme, crise morale s'entend ; des problèmes naissent dans son couple. Ses écrits sont désormais religieux et didactiques : il se radicalise. Il vit désormais une partie de l'année à Moscou pour l'éducation des enfants, va participer au recensement de la ville , choisira les quartiers les plus pourris pour mieux s'imprégner de la misère, dont la fameuse Khitrovka : c'est pas mal pour un riche comte tout auréolé de succès littéraires planétaires !..

Le mieux pour traduire l'état d'esprit de l'écrivain qui prévaut à la conception de cet ouvrage est encore d'en citer quelques extraits :
"Notre véritable raisonnement intime était que nous voulions recevoir le plus d'argent et le plus de louanges possible. Pour atteindre ce but, nous ne savions rien faire d'autre que d'écrire des bouquins et des journaux. Et c'est ce que nous faisions. (..) Bien que, pendant tous ces derniers quinze ans, j'aie considéré le fait d'écrire comme une baliverne, je n'en ai pas moins continué à le faire. J'avais goûté à la tentation de l'écriture, à la tentation d'une énorme récompense financière et d'un concert d'applaudissements pour un travail dérisoire, et je m'y adonnais comme à un moyen d'améliorer ma situation matérielle et d'étouffer en moi toute question sur le sens de ma vie et de la vie en général."

C'est une oeuvre bouleversante, une autocritique sans concession de sa vie à laquelle on n'est pas habitué avec l'auteur russe. La mysticité l'emporte, alors qu'elle était jusque là sous jacente, elle devient prééminente, à livre ouvert, son interrogation sur la foi, son rapport à Dieu est à son paroxysme.. La nouveauté est vraiment qu'il cesse là de tourner autour du mystère de la vie, voire de son incompréhension pour tenter résolument une explication rationnelle ("Tantôt je vérifiais dans mon esprit tous les arguments de Kant et de Schopenhauer sur l'impossibilité de prouver l'existence de Dieu, tantôt je me mettais à les réfuter..")

Livre majeur quand on prétend à la connaissance de l'écrivain et de son oeuvre. Nous sommes là à un confluent de la pensée tolstoïenne dont on a trop dit qu'il y avait crise, je pense plutôt à la personnalité de quelqu'un de tourmenté qu'il est sans forcément oser trop le dire déjà depuis la Matinée d'un seigneur par exemple. Comme si à chaque grand moment de son existence, il se heurte dans sa quête d'absolu à une dimension supérieure en en concevant toute la vanité de ses efforts, mais tout se passe désormais en majuscules. Curieux paradoxe d'un homme qui semble aux abois alors qu'il est quelque part un maître du monde. Luba Jurgenson, brillante analyste littéraire, parle de "celui où le moi se construit face à Dieu et où le Dieu de Tolstoï se construit face au moi".

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Une oeuvre bouleversante. Des écrits autobiographiques d'une grande force spirituelle, le chant d'une âme seule face à l'obsession de la mort.
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Si les oeuvres littéraires monumentales de Tolstoï nous livrent toute l'étendue de son génie, ce petit essai, intitulé "Ma confession" nous révèle les tumultes de l'âme de l'écrivain à l'approche de ses 50 ans. Ce livre est le récit d'une véritable crise existentielle et religieuse que va traverser l'auteur après avoir atteint le succès et toute la renommée méritée.

Tolstoï confesse avoir délaissé la religion de son enfance au profit d'une nouvelle religion en vogue dans les milieux aristocratiques et dans les salons littéraires, celle du progrès et du libéralisme. Une idéologie qui lui permettra de vivre d'orgueil et de vanité et se morfondre dans tous les plaisirs terrestres. Seulement le doute l'assaille, le nihilisme le guette, la question du sens et la quête de la Vérité va jeter son âme dans un abime terrible dont la seule issue valable serait le suicide.

Eprouvant une mélancolie et un désespoir frisant la dépression sévère, Tolstoï cheminera douloureusement dans la quête de Dieu, persuadé que seule la foi donne la possibilité de vivre. C'est là que la fameuse transition que certains connaisseurs de la vie de Tolstoï va s'opérer. Basculant dans une radicalité ascétique, Tolstoï retrouvera goût à la vie auprès du peuple russe, ce peuple travailleur pour lequel il a toujours eu beaucoup d'admiration. Il délaissera les mondanités et l'oisiveté de son milieu d'origine, responsables selon lui de l'éteinte de sa foi d'antan et de la perte de son envie de vivre. Si l'Homme désespère c'est que sa vie est mauvaise. La vie de plaisir et de luxe est fondamentalement stupide et mauvaise. L'Homme doit nécessairement de se soumettre à un Sacré qui le dépasse et lui échappe et admettre avec humilité que sa raison ne peut le délivrer ni le mener vers la Vérité du coeur.

Tolstoï dessinera alors sa propre foi dans une tentative de s'unir à Dieu. Ses moments de croyance sont ses seuls moments de joie. "Vis en cherchant Dieu, et alors il n y aura pas de vie sans Dieu." Sa foi sera intiment liée au réel et rejettera les dogmes et les rites de l'Eglise orthodoxe Russe et des autres, ce qui vaudra une longue censure à cette confession. Tolstoï prêche surtout le message épuré des Evangiles fondé sur l'amour et le pardon.

Bref, "Ma confession", c'est une centaine de pages qui condensent tout le malheur et la complexité de la condition humaine.

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A cinquante ans environ, Tolstoï passe par une grande crise existentielle et religieuse qui le ramène, non pas à l'église orthodoxe, mais au message du Christ. Il expose avec sincérité ses souffrances dans sa recherche qui a un côté 'Ecclésiaste' par moments.
Lien : https://enlisantenvoyageant...
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La perfection n'est pas de ce monde, toutefois Tolstoï la tutoie à mes yeux avec ce bouquin sublime, magistral, éthéré de toute beauté littéraire.
Si vous avez lu l'Alchimiste de Paulo Coelho, Ma confession en est le père, la mère. En effet, là où à mes yeux ce bouquin s'élève dans les hauteurs de mes Classiques littéraires, c'est le côté personnel autobiographique de cet oeuvre. Je ne suis pas grande fan des essai, d'un livre où l'auteur ne fait que débiter des idées parfois pointus, me laissant sur le carreaux, ou alors je l'avoue je trouve qu'il y a chez certain une envie de vanité à assouvir via cette exercice qui me déplaît. Là que nenni, j'avais l'impression d'avoir un grand père ou autre qui me partageait son histoire pour apaiser mon âme tourmentée et incertaine dans ce futur trop vaste, trop oppressant ou la prévenir des futures tourmentes existentielles. Si vous désirez avoir des réponses claires, passez votre chemin, ce livre n'en apporte pas de direct. Par son expérience de la dépression (joliment exécutée, pas du tout dans le morbide), Tolstoï espère que le lecteur trouvera plus vite sa voie que lui qui a peiné durant plusieurs années. Ces questions existentielles on y passe tous à différents moments, à différents âges, ce livre m'a été salvateur qu'il m'a insufflé un regain d'espoir en l'avenir en ces temps maudits. Un livre peut changer la vie d'autrui, car le livre est une part de l'homme ou la femme qui l'a écrit. Merci Tolstoï pour votre sagesse toute en humilité et en humanité. Vous avez contribué à redorer des esprits sombres, comme le mien l'était.
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ma confession

Tolstoï traverse une grande crise existentielle aux alentours de ses 50 ans.
Ce livre est sa confession, son cheminement philosophique, à travers des chemins sinueux, il est désespérément en quête d'une réponse car pour lui à ce moment-là sa seule vérité est la mort...

À rebours il analyse sa vie.
Une simple petite question le pousse au suicide : Que sortira-t-il de ce que je fais aujourd'hui de ce que je ferai demain, que résultera-t-il de toute ma vie ?

Pour illustrer le mal qui le possède, il nous confie se sentir comme un malade ayant de petits symptômes ressentant de la douleur çà et là puis avec le temps la souffrance augmente elle devient insupportable.
Ce qu'il prenait pour une simple indisposition devient ce qui a le plus d'importance au monde.

Cette autobiographie poignante porte clairement les germes de son extraordinaire nouvelle "la mort d'Ivan Illitch".

Un très beau récit qui nous fait nous interroger.
Comment devons-nous vivre pour vivre le mieux possible ?

















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