Je remercie tout d'abord le blog Book-en-stock et les éditions Mnemos pour cette découverte.
Je dois dire que cela a été une lecture fantasy comme je n'en ai pas eu depuis longtemps. Je me suis retrouvée dans ce roman comme dans mes séries fantasy préférée: la trilogie des joyeux ou la Belgariade du couple
Eddings par exemple. J'y retrouve d'ailleurs des similitudes sur certains personnages comme Moineau qui me fait penser à Talen l'un de mes préférés de par son rôle de petit voleur rusé, agile et intelligent.
J'y ai aussi retrouvé des éléments de base et presque obligatoires pour ce genre de récit.
Deux factions en opposition.
Des "héros" ici plutôt hérauts formant une équipe pour chaque faction.
Des personnages au caractère complexe et surtout aux compétences diverses.
Des paysages magnifiques et dépaysants, des royaumes divers et variés de race, couleur de peau et croyance, des complots sournois et perfides mais surtout des héros au coeur pur et empli de bon sentiment.
Oui j'ai trouvé dans
la Geste du sixième royaume un grand moment de fantasy.
Mais l'originalité principale de ce roman est dans le fait que la lutte ici n'est pas simplement entre le Bien et le Mal, entre les Ombres ou la Lumière mais bien entre deux Aspects distincts de la Vie. Pas de vrais « méchants », ni de vrais « gentils », mais des personnages fragiles et forts à la fois au passé torturé ou tortueux que la destinée à positionner dans l'un des camps.
En fait, nous allons suivre l'affrontement quasi-séculaire de deux entités au travers de leurs "pions".
D'un côté, le Père, il est le protecteur des rêveurs, des peuples mystérieux et des amoureux de la nature. Il règne sur des concepts comme la primitivité, les monstres, l'inconnu, la sauvagerie et les mauvais rêves. Ses peuplades forment ce que nous appellerions habituellement les peuples féeriques : dryades, dragons, sylphides, elfes, nains, garous et autres surnaturels. Son royaume : le sixième royaume, la Grande Forêt.
En face il y a L'Autre. Il est ce qui ressemble le plus au concept de Nature maîtrisée, de progrès, de changement, de réalité. Ses peuples sont les Hommes et leurs besoins de conquête, d'expansion et de développement. Nulle magie ici, les découvertes sont du fait de l'homme, armes, machines, artisanat...
Dans chaque camp, six personnages distincts et semblables à la fois: la Fille et ses cinq hérauts (Le Danseur, le Prophète, la Dame, La Bête et le Soldat).
Chacun possède un Don, un pouvoir particulier qui fait d'eux ces Hérauts et est sensé les aider dans leur mission. Chacun devra faire face à son avenir mais aussi à son passé pour réaliser les souhaits de son entité. Ce sera un combat de chaque instant contre l'ennemi et parfois contre soi-même. Car certaines notions comme l'honneur ou la survie ne sont pas de prime abord attribuée au bon Aspect. Comme on peut le découvrir au travers des mots de l'auteur, l'honneur et les obligations morales sont des concepts relevant du progrès et de l'évolution des moeurs. Alors que la survie du plus fort est un concept de la Nature sauvage.
Adrien Tomas nous emporte alors dans un scénario à la fois épique et très actuel. Les scènes de bataille sont magistrales, les scènes d'émotion touchent le lecteur mais ce qui m'a surtout transportée ce sont les messages qu'il nous envoie.
La dualité Nature sauvage/Nature maîtrisée est un message très actuel. Mais je l'avoue il ne m'a pas sauté aux yeux de suite. Cependant une fois que j'ai dessillé ceux-ci j'ai pu appréhender la complexité du roman, sa trame profonde et le talent de l'auteur pour nous ouvrir les yeux sur nos erreurs actuelles au travers d'un récit de fantasy.
Ma lecture est alors devenue toujours plus intense et c'est avec une gourmandise accrue que j'ai dévoré les pages.
La conclusion générale quoiqu'attendue a su pourtant me surprendre par son message d'espoir en l'humanité qui semble habiter l'auteur. Mais je l'avoue l'épilogue m'a complètement surprise et j'ai adoré cette chute.
De plus la présence au cours du roman de parties annexes ont su nous ouvrir les yeux sur des éléments extérieurs ou surtout antérieurs afin de nous permettre ensuite d'appréhender plus facilement certains événements primordiaux. J'aurais même tendance à conseiller au lecteur de lire la toute dernière annexe afin de comprendre la complexité des royaumes et des peuples que nous allons suivre tout au long du récit. Elle permet une vision d'ensemble et donne un aperçu du climat social et politique des royaumes.
C'est donc à la fois un coup de coeur et une grosse claque dans la figure que je viens de recevoir. IL va rester ainsi longtemps dans mes pensées pour ce qu'il laisse de marques et de messages. C'est donc un merveilleux roman que je vous conseille de lire pour le plaisir et pourquoi pas une deuxième fois pour changer le monde ;)