AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,94

sur 1825 notes
Je n'ai pas lu le Robinson de Defoe mais je devine que Tournier à voulu en donner une version plus philosophique dans laquelle le naufragé se retrouve, non seulement aux prises avec la nature, mais également et surtout avec lui-même.

Robinson cherche d'abord à s'approprier l'île en la maîtrisant par la mise en place d'une dose massive de rationalité.
En homme civilisé, il est sûr que pour continuer à se sentir en vie, il doit agencer, construire, cultiver, coloniser; qu'il doit ordonner ses journées, installer des rituels.
Insidieusement, pourtant, naît en lui la sensation de l'inutilité de son oeuvre face à sa solitude, et l'irrésistible attirance vers une autre forme de survie.
L'envie d'arrêter le temps, qui signifie aussi vivre intensément de l'intérieur, s'impose de plus en plus souvent à ses sens.
Dans ces moments-là, il "devient" son île.
Il vibre en elle, allant jusqu'à la féconder.
Mais il sent bien le danger de mort qu'il y aurait à se laisser fondre ainsi, alors, il s'accroche à son oeuvre.
Vendredi tombe à point nommé pour le replonger dans son délire de civilisation en lui donnant l'occasion d'exercer son pouvoir sur quelqu'un.
Dans un premier temps, il en fait son esclave mais le bonhomme l'intrigue et, de l'agacement, il passe à l'observation.
Car, bien sûr, vendredi n'est attaché à rien de matériel.
Il pressent alors son erreur qui se verra confirmée par l'explosion accidentelle de son domaine et l'obligation de se conformer aux principes de survie indigènes.

Une merveilleuse réflexion sur la nature humaine servie par une belle plume. Michel Tournier passe allègrement du discours philosophique à la description sensuelle et poétique d'une nature sauvage.
Je n'ai mis que quatre étoiles car, dans son log-book, Robinson a parfois des raisonnements que j'ai du mal à suivre...
Cela n'enlève rien au plaisir que j'ai eu de cette lecture.
Commenter  J’apprécie          172
Le temps, la civilisation, le rapport à autrui, voilà les thèmes abordés par ce grand classique de la littérature française du XXème siècle.
Un roman écrit comme une réflexion philosophique, sur l'homme, sur la solitude, sur autrui. Mais aussi, il pousse à réfléchir sur l'existence, sur le but et le sens de celle-ci.

Reprenant le thème du roman de Defoe (Robinson Crusoe), Michel Tournier nous conte l'évolution de cet homme seul sur une île déserte. de la désolation à l'espoir, de la solitude à la vie à deux, de la construction ordonnée à l'élementaire le lecteur évolue au rythme des différents passages.

Comme souvent avec Tournier, tout est dans le symbole, et dès les premières pages, il annonce de façon codée ce qu'il va advenir. le capitaine du bateau, à travers des cartes tirées, raconte à Robinson sa vie future. Mais on n'y prend garde et la succession des événements et des états nous entraîne dans cette vie de solitude. Car Robinson n'est pas sur surhomme et il doit faire face à la satisfaction des besoins, qu'ils soient primaires (se nourrir, se protéger), sexuels ou sociaux (organiser, édicter des lois, des cérémoniaux, mesurer le temps ...) et une relation se noue entre l'île et son hôte. L'île devient le personnage central.

Puis vient la rencontre avec l'Autre ! Tout l'édifice soigneusement élaboré par Robinson pour ne pas sombrer dans la folie va s'effondrer. Et si Vendredi était porteur d'une nouvelle vision de l'existence ?

Très bien écrit, avec une richesse de vocabulaire étonnante de précision et de diversité, ce roman est essentiel.


Lien : http://animallecteur.canalbl..
Commenter  J’apprécie          170
Il s'agit d'une version de "Robinson Crusoé" pour adultes, avec un Robinson et un Vendredi qui ont des pulsions sexuelles. Un peu déroutant, mais livre bien rédigé et qui ne manque pas d'intérêt.
Lien : http://araucaria.20six.fr/
Commenter  J’apprécie          161
Je n'ai jamais lu le Robinson Crusoé de Daniel Defoe et j'ignore donc si ce livre représente effectivement, comme on le dit, l'une des oeuvres littéraires servant de justification lénitive du colonialisme occidental, plus spécifiquement britannique.
Par contre, durant une certaine période de mon enfance où j'étais contraint de passer fréquemment de longues heures dans la salle d'attente d'un cabinet médical pour subir un pénible traitement, ma mère me distrayait en me lisant Vendredi ou la vie sauvage, l'adaptation pour enfants que Michel Tournier fit de ce roman-ci. le traitement médical cessa avant que mère et fils n'arrivions à la fin de l'histoire. Si je n'eus pas envie de poursuivre ma lecture alors, ni de me rapprocher du roman original à l'âge adulte, c'est sans doute pour deux raisons : ne pas vouloir raviver le souvenir des piqûres et autres angoisses ; ne pas creuser l'idée tout aussi marquante et abominable des « souilles des pécaris », image et lexème à jamais gravés dans ma mémoire, qui représentaient l'antithèse toujours dangereusement tentante – régressive, narcotique et psychotique, conceptualiserais-je beaucoup plus tard – de la saine et ingénieuse persévérance dans le labeur qui, seule, allait sauver Robinson de ses démons, d'une nature hostile, et le rendrait enfin digne d'instruire Vendredi tout en se liant d'amitié avec lui.
Était-ce là le message principal de la version pour enfants ? Ou peut-être celui que maman, non sans une certaine intuition prémonitoire, souhaitait transmettre à son petit garçon ? Ou bien, plus innocemment, était-ce l'idée retenue, « fortuitement », faute de ne pas avoir été associée ou remplacée par le déroulement ultérieur de la trame, et notamment par son épilogue ?
En tout cas, dans ma lecture d'aujourd'hui de Vendredi ou Les limbes du Pacifique, au bout de presque un demi siècle, je n'ai pu encore me libérer de cette interrogation autour des « souilles », ni sans doute du contexte de la filiation (ni peut-être du contexte médical, ni peut-être du danger de « se laisser aller »...). de cet ouvrage philosophiquement touffu et éminemment polysémique, que la modernité a rendu introspectif, psychanalytique et attentif à la dignité et à la valeur de l'Autre, il est possible de faire une grande variété de lectures, dont celle de Gilles Deleuze, faisant autorité, constitue la postface de cette édition du livre. Plusieurs analystes ont mis en exergue la problématique de la sexualité et celle de la perversion. Pour ma part, j'ai cru trouver, tout au long du roman, la question fondamentale suivante : l'exercice de la conscience – toujours en tension avec la tentation de la fuir, de l'obnubiler, de l'« altérer » de façon halluciné (comme sous l'effet des psychotropes) – est-il possible dans « un monde sans autrui » (Deleuze) ? Et accessoirement, dans quelle mesure la persistance de l'exercice de la conscience permet-elle néanmoins de transformer sa personnalité en profondeur : de Robinson en voie de déshumanisation à Robinson L organisateur de Speranza lié au monde tellurique à Robinson (après l'explosion) enfin détaché de son ancienne humanité pour se relier au monde aérien et solaire ? Il me semble que la nature accessoire (et subordonnée) de cette seconde question par rapport à la première est clarifiée par la chute du roman : sans Vendredi, et avant d'avoir découvert la présence de Jeudi, la métamorphose de Robinson, pourtant avérée, est néanmoins vaine, car l'exercice de la conscience s'avère hasardeux et la tentation régressive-tellurique-autodestructrice le guette...
Si cette interprétation est infondée, soyez indulgent et pensez : Voilà ce qu'un quinquagénaire fait d'un quasi traumatisme infantile !
Commenter  J’apprécie          150
"Tournez votre livre à l'envers, et soyez dans l'infini", écrivait Victor Hugo.
C'est ce qui pourrait bien vous arriver à la lecture de ce "Vendredi ou les Limbes du Pacifique", de Michel Tournier, tant ce remaniement du livre de Defoé ouvre des pistes à la réflexion.

"Robinson Crusoé" était le roman du père, du travail, de la Providence, et de la rédemption ; "Vendredi ou les Limbes du Pacifique" est le livre de l'altérité, du rire, du sexe et du temps. C'est rapidement un autre héros qui prend forme sous la plume de Tournier, un homme dont le réflexe est de tuer le premier être vivant qu'il croise cette île. Ce Robinson-là renonce au temps des hommes, il ne sauve Vendredi que parce qu'il manque son tir, car il vaut mieux s'allier aux bourreaux qu'à leurs victimes. Quant au compagnon qui le rejoint, exit l'indigène soumis qui voulait regagner son village accompagné de son sauveur pour "apprendre sauvages hommes être hommes bons, hommes sages, hommes apprivoisés". Cet "Indien mâtiné de nègre", est roublard, chapardeur, et réprime difficilement son hilarité lorsque Robinson lui illustre la puissance de Dieu.

Choisissant d'autres procédés de narration que Daniel Defoé, Michel Tournier offre une place à l'Autre. "Autrui, pièce maîtresse de mon univers...", comprend très vite le naufragé. Autrui indispensable, mais Autrui perturbateur, destructeur de notre ordre établi, Autrui "initiateur irresponsable", qui va mettre une sacrée pagaille dans le monde réglé de Robinson.

Michel Tournier, philosophe de formation, nous amène par ce roman remarquable, Grand Prix de l'Académie Française 1967, à une large réflexion sur la place et la nécessité de l'autre dans notre univers , idée habilement prolongée par la postface de Gilles Deleuze extraite de sa Logique du Sens (Editions de Minuit, 1969, qui fait aussi la part belle à Lewis Caroll).

L'altérité, pis-aller dans un monde hostile, comme le suggère Deleuze ? « un roman peut certes contenir une thèse, mais il importe que ce soit le lecteur, non l'écrivain, qui l'y ait mise », répond Tournier. Choisissez la votre.

Un livre étonnant qui ne laisse aucune place à l'ennui. A emmener... sur une île déserte ! où il faudra être au moins deux pour être heureux .
Commenter  J’apprécie          150
Roman de Michel Tournier. Lettre T de mon Challenge ABC 2010.

Le récit s'ouvre sur le naufrage de la Virginie: Robinson Crusoé est sur la plage de l'île qu'il nommera Speranza. D'abord porté par le désir de fuir cette île perdue, il s'acharne à construire un radeau qui n'a de salut que l'idée. Robinson est hanté par "la peur de perdre l'esprit" (p. 23), terrifié par la solitude et le risque de perdre son humanité. le temps se disloque, les phases de désespoir se succèdent. Il tire de l'épave du bateau des reliques de civilisation qu'il organise pour recréer un monde humain dans un univers purement naturel. Dans un log-book, il consigne ses réflexions solitaires et ses souvenirs. Sans cesse, il lutte contre l'attrait d'une vie fangeuse, dénuée de règles et de respect pour sa personne. Pour combattre les élans de désespoir qui l'étreignent, Robinson rationalise son existence sur l'île: il dénombre, il dessine, il cultive, il thésaurise, il applique à sa solitude le carcan de la vie en société. "Ma victoire, c'est l'ordre moral que je dois imposer à Speranza contre son ordre naturel qui n'est que l'autre nom du désordre absolu." (p. 50) Robinson s'instaure Gouverneur de l'île, Juge, Pasteur, Général, etc. poussant à l'extrême la folie organisatrice de sa solitude.

Mais son rapport avec Speranza évolue à mesure qu'il la découvre. L'île devient compagne et femme. Robinson s'aventure dans une exploration philosophique, psychologique et ésotérique des lieux. Robinson développe un désir tellurique et végétal et il féconde, de façon quasi mythologique, la terre de Speranza, donnant naissance à des mandragores fabuleuses. Lié indéfectiblement à l'île, il la célèbre en lui dédiant le Cantique des Cantiques. L'osmose avec Speranza est miraculeuse et se fonde sur un transfert d'humanité et de nature.

L'univers parfaitement réglé de Robinson est bouleversé quand, en voulant le tuer, il sauve un Indien Araucan destiné à un sacrifice humain. Maintenant accompagné de Vendredi, "un Indien mâtiné de nègre" (p. 148), Robinson croit pouvoir créer une véritable société, fondée sur un rapport de maître à esclave. Mais si Vendredi est reconnaissant et dévoué, il reste inexorablement libre et ne se plie pas au carcan civilisé de l'île administrée. Une catastrophe rend les deux hommes à l'état naturel. Désormais, c'est Vendredi qui enseigne. Robinson découvre un nouvel état d'existence immédiate, libéré de l'humanité policée, vers une existence vouée à la nature, à la libido, au soleil et au vent, "un chemin vers ces limbes intemporelles et peuplées d'innocents où il s'était élevé par étape" (p. 251)

Michel Tournier propose une variation autour du Robinson Crusoé de Daniel Defoe. Ce naufragé d'un nouveau genre, après s'être laissé aller à la nostalgie et à la déréliction, retrace les étapes de la civilisation et les impose à l'île jusqu'à un paroxysme outrancier et grostesque que Vendredi fera voler en éclats. Vendredi n'est plus le bon sauvage qu'il faut éduquer. En détruisant l'ordre économique et moral imposé par Robinson à Speranza, il est devenu le sage qui guide l'homme vers une nouvelle réalité.

Je me rappelle avoir lu l'oeuvre de Defoe avec émerveillement et incrédulité, fascinée par cet homme têtu et intègre qui n'abandonne pas son humanité. Mais l'oeuvre de Tournier est autrement plus bouleversante. Ce Robinson est bien plus humain que son prédécesseur: il avoue et vit sa folie, il fait l'expérience des limites de la raison et de la réalité. En se fondant dans la grotte et en fécondant la combe rose, il explore une sexualité nouvelle: seul avec l'île, il n'est pas solitaire, sa perversité végétale est créatrice et l'aide à se détacher des aléas de l'état humain. Assuré d'une descendance, aussi mythologique soit elle, il n'a plus à craindre de disparaître ou de ne jamais quitter Speranza. Sa troisième période d'existence sur l'île, après le désespoir et la rationalisation maladive, est d'une poésie sans égale: entièrement tourné vers le soleil et le vent, Robinson devient un élément tellurique, parfaitement intégré dans la vie sauvage de Speranza.

Voilà un des textes les plus puissants que j'ai lus. La variation de Michel Tournier sur le thème de la robinsonnade est une réussite. Les accents poétiques et philosophiques du texte sont beaux et offrent de quoi méditer. Voilà un livre que je recommande et la postface de Gilles Deleuze est passionnante!
Commenter  J’apprécie          150
Encore une énigme qui restera en l'état.
Mon cadet étudie au collège Vendredi ou la vie sauvage, la version pour pinpins. Les remugles de mon propre passage au collège me reviennent alors en technicolor, odorama, dolby foutraque. Il me souvient que ma professeure de sixième nous avait fait étudier Vendredi ou les limbes du Pacifique, la version originale, sans les aménagements pour petites oreilles. Est-ce une simple bourde? Était-elle gourde? Inconséquente ? Ou était-elle déterminée à nous jetter dans le grand bain? Vicieuse va. Amie. Merci Madame.
Je n'avais vraiment pas tout compris à cette première lecture (quelques passages scabreux bien hors de portée), mais j'étais intrigué. Définitivement. On sentait bien qu'il y avait quelque chose derrière. Premier avant-goût de début d'expérience de l'hallucination. Merci Madame de nous avoir posés au pied de la colline, en nous invitant à aller voir derrière.
L'année suivante, en cinquième, un gentil barbu nous a initiés au latin (merci), et nous a fait étudier des textes français de notre âge (voilà, voilà, voilà). Pour moi c'était un peu trop tard. Peu importe le loup, l'herbe est plus verte dans la montagne, bêêêêê.
du livre lui-même, que dire? Il ouvre toutes les portes, les fenêtres, les hublots, les impostes. Dommage pour Defoe, mais Tournier - nain juché sur les épaules d'un géant, comme dirait l'ami Fulbert - voit plus loin.
Alors merci encore, Madame ma professeure de français de sixième, de m'avoir jeté dans le grand bain. L'eau tiède c'est bien, mais c'est tout de même tiède. Respectons les jeunes, arrêtons de les prendre pour des nouilles. Disney au poteau. Mauvaise farce. Joie.
Commenter  J’apprécie          144
Je découvre l'oeuvre de Michel Tournier en n'ayant jamais lu l'original ou une autre de ses versions. C'est donc avec une connaissance très sommaire du récit de Defoe que j'ai abordé ce roman : Robinson Crusoé échoue sur une île déserte puis arrive un homme indigène qu'il appelle Vendredi. Je ne peux donc pas comparer ce roman à un autre mais juste me contenter de mon ressenti lors de ma lecture.

Autant le dire tout de suite, j'ai été séduite par le récit de Michel Tournier (même si j'ai attendu avec impatience l'arrivée de Vendredi !). Avec cette réécriture de la célèbre histoire de Robinson Crusoé, il nous propose un voyage intérieur à la découverte de notre nature. Il interroge notre humanité dans notre rapport à l'autre, à la solitude, au temps qui passe, à la sexualité, à la terre.

La lecture de certains passages peut se révéler assez difficile mais quelle récompense à la fin ! J'ai été subjuguée par la beauté des deux derniers chapitres tant sur le fond que sur la forme. Ils nous offrent le regard solaire, quasi divin, que pose Robinson sur notre nature humaine, notre condition d'homme et notre comportement en société. Cette lecture est une ode à la nature dans ce qu'elle a de plus pure, une invitation à la contempler et à modifier le rapport que nous pouvons entretenir avec elle ; mais aussi une invitation à réfléchir sur nous-même et le sens de notre vie. Un roman plus que jamais d'actualité !
Commenter  J’apprécie          130
Tout le monde connaît l'histoire de Robinson Crusoé de Dufoe, celui-ci est un personnage qui reste très occidental avec le souhait et le devoir de coloniser la nature inhospitalière.
Le robinson de Tournier est bien différent du précédent, il s'ajuste au fur et à mesure à la nature. Michel Tournier fait renaître son Robinson à la vie dans une nouvelle humanité, il finit par se dépouiller de ses anciens attributs moraux et physiques, de ses anciennes croyances, il s'opère en lui une métamorphose et il ne fait plus qu'un avec le soleil, l'air, la mer et la terre.
Il tente bien au début d'organiser son temps comme il l'organisait auparavant et lorsqu'il sauve d'une mort certaine, sans le vouloir son compagnon qu'il nommera Vendredi ; à lui aussi il lui imposera ses idées mais là encore les valeurs s'inversent.
La couverture de mon livre représente un bocal avec un poisson rouge et en arrière plan nous voyons une île qui n'est pas celle de Robinson mais qui pourrait très bien représenter Spéranza (l'île de l'espérance).
Le poisson dans le bocal est seul et semble être prisonnier comme Robinson peut l'être au début du récit, enfermé dans son propre monde.
Le poisson va briser le verre de son bocal pour rejoindre la mer, robinson lui aussi comme le poisson rouge va peu à peu briser ses chaînes pour renaître et être en harmonie avec la nature.
L'allégorie du poisson rouge dans son bocal crée une similitude avec robinson, elle s'empare de notre imaginaire et déclenche le rêve à partir d'un monde concret dans lequel évolue Robinson sans déformer le réel mais en s'en emparant pour lui donner un nouveau visage ou un nouveau souffle de vie
C'est un livre qu'on aime lire ou que l'on a envie de relire.
Commenter  J’apprécie          122
"C'était cela, autrui : un possible qui s'acharne à passer pour réel."
Le possible c'est l'autrui, l'autre. Sans autre n' y aurait il pas de possible ?
Soi, sans les autres serait ce donc l'impossible, l'inexistence ?
Atteindrait on là comme le suggère Gilles Deleuze dans sa postface, la perversion ?
Vendredi ou les limbes du Pacifique, ou les métamorphoses de Robinson.
Robinson rejeté par les eaux sur une île sans humanité va trouver pourtant sur elle, en elle, et par elle, sa propre humanité.
Michel Tournier nous décrit sa vision de l'évolution paradigmatique de Robinson.
L'espace, les éléments, l'intemporalité, la sexualité, les croyances, le travail, les pouvoirs, le dialogue incessant entre intériorité et extériorité, sont quelques uns des questionnements majeurs de Robinson. Des forces telluriques aux forces cosmiques , Robinson remontera des limbes pour atteindre le zénith de la perfection humaine.
C'est effectivement grâce à Vendredi qu'il y parviendra.
Son propre possible ne peut émerger et se construire sans la connaissance et la reconnaissance de l'autrui. Vendredi, le saint redéfini, passera le relais à Jeudi, l'enfant Jupiter.
Un très beau récit de l'ascension humaine.
Astrid SHRIQUI GARAIN
Commenter  J’apprécie          120




Lecteurs (6608) Voir plus



Quiz Voir plus

vendredi ou la vie sauvage

qui est le personnage principal

vendredi
robinsson
dimanche
samedi

4 questions
409 lecteurs ont répondu
Thème : Vendredi ou La Vie sauvage de Michel TournierCréer un quiz sur ce livre

{* *}