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EAN : 9782283028643
352 pages
Buchet-Chastel (12/03/2015)
3.5/5   10 notes
Résumé :
Lima, années 80. Alors que l'Etat et la guérilla du Sentier Lumineux se livrent une guerre sans merci, Elsa, une jeune militante communiste, est soumise aux viols et à la torture des militaires. Parmi eux, Bioy, jeune caporal tétanisé par ce déchaînement de violence.
Lima, années 2000. Bioy est désormais à la tête d'un des gangs les plus violents de la ville, au service des cartels de la drogue et du crime organisé. Ses anciens collègues de l'armée sont en pr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Bioy est un roman sud américain (Pérou) et c'est également le premier roman traduit en français de Diego Trelles Paz. J'y reviendrai dans cette critique, mais on doit saluer (et donc nommer) le traducteur français pour son excellent travail: Monsieur Julien Berrée.
Je dois reconnaitre que je n'ai pas l'habitude de lire des livres de cette partie de la planète. C'était donc une découverte pour moi.

La lecture de la 4ème de couverture - "Récit à la chronologie chaotique" - m'a inquiété. Je suis vieux jeu j'aime bien les choses assez carrées. de plus, l'intrigue semble guère réjouissante... Violence, vengeance, banalisation du mal... J'y suis allé un peu à reculons je l'avoue.

Mais après les premières pages, je fus rassuré. J'ai rencontré une belle écriture, subtile qui m'a donné réellement envie de lire le roman. C'est le point fort pour moi de ce roman noir, très noir même. Ce roman est très violent, très dur, très cru et explicite (souvent à la limite du supportable). Il est souvent dérangeant à la lecture, mais grâce à la plume de Diego Trellez Paz (et aussi au beau travail du traducteur français), la lecture reste plaisante. En plus, le traducteur nous éclaire souvent en nous expliquant en bas de page la signification de certaines expressions.

Et pourtant, comme je le disais plus haut, la chronologie est vraiment chaotique. On a vraiment du mal à s'y retrouver, pire à ne pas se perdre ni confondre les personnages tout au long des 4 parties du roman. On passe allègrement du présent au passé (la première partie), des mémoires d'un policier infiltré (le macarra Humberto dans la deuxième partie) au blog (la 3e partie vraiment en décalage avec le reste) "Les gens sont moches". Enfin de l'écriture cinématographique au compte-rendu d'une déposition policière (la 4e partie).

Ce roman est un véritable puzzle où tout finit par s'imbriquer et s'éclaircir (et encore je ne suis pas sur d'avoir tout réellement compris...) dans les dernières pages.
Avec un fil rouge néanmoins: Marcos et Bioy.

Grâce à tous ces différents artifices, aux mots et aux expressions utilisés par l'auteur, je n'ai jamais été tenté d'abandonner. On est témoin de l'horreur - viols, tortures, massacres - mais la beauté du texte (comme les longues descriptions par exemple) évite d'être vraiment au coeur de l'horreur. Cela rend le roman "plus doux, plus accessible, plus tolérable" bien souvent ...

En conclusion, ce n'était pas gagné d'avance, mais je ne regrette pas d'avoir lu Bioy. C'est un roman coup de poing, très noir, difficile à lire mais à l'écriture subtile qui nous permet de découvrir le Pérou des années 80.
Je lirai les prochains livres de cet auteur, c'est une certitude

4/5
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Je l'ai dit mardi dernier avec mon premier billet de présentation du Festival : la littérature sud américaine sera à l'honneur pendant les 3 jours du festival "Quais du Polar" qui commence ce vendredi, et c'est donc l'occasion de se familiariser avec des auteurs que je connais mal, notamment la littérature péruvienne.

Et si je connais mal la littérature péruvienne, que dire de l'histoire du Pérou que j'ai appréhendé à travers ce Bioy de Diego Trelles Paz , un romancier d'une quarantaine d'année qui revient avec ce premier roman traduit en français sur les pages les plus sombres de l'histoire de ce petit pays d'Amérique du Sud avec une guerre civile qui a ravagé le pays dans les années quatre-vingt, pleine de tortures et de massacres en toute impunité
Le livre ne se contente pas de revisiter ce passé, puisqu'il prolongea cette tragédie sanglante jusqu'au début du 21e siècle et en montrant les conséquences de cette terrible page que d'aucuns ont pensé à jamais tournée.

Un roman très noir (pas vraiment un polar d'ailleurs), finaliste du prestigieux prix Rómulo Gallegos en 2013, un peu coup de poing à l'estomac, tant il est très violent.

Il faut dire qu'il nous met parfois mal à l'aise et nous perd parfois dans une intrigue complexe à base de vengeance (la chronologie est complètement dispersée, il n'est pas évident de recoller les morceaux du puzzle) mais parvient tout de même à éclairer les occidentaux sur cette part méconnue de l'histoire sans verser dans le scolaire et le manichéisme.
Bref, un roman salutaire et instructif !
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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C'est la première fois que je lis un roman noir sud-américain, et je dois dire que Bioy ne m'a pas laissé indifférente. L'intrigue est somme tout assez classique - un jeune homme qui veut venger sa mère - mais le traitement en est vraiment original : descriptions cinématographiques, pages de blog, journal intime, confession, énumérations, témoignages ou propos décousus d'une femme ayant perdu l'esprit sont autant de moyens de rendre compte, avec plus ou moins de distanciation, d'une histoire qui se met en place par à-coups, depuis les horreurs perpétrées en 1986 jusqu'au dramatique final de 2008.
La lecture de ce roman n'est pas facile. Je le reconnais, j'ai eu beaucoup de mal. Mais cela en valait la peine. Après un premier tiers de roman extrêmement dur, aux descriptions insoutenables - au point que je me suis demandée si j'arriverai à le lire jusqu'au bout - le ton s'est "adouci", c'est-à-dire qu'il est resté dans les limites du supportable, du moins en ce qui me concerne. Massacres, torture, viols collectifs, rien ne nous est épargné ; le Pérou nous est présenté comme un pays gangréné par la violence et la corruption, où drogue et alcool sont omniprésents et où l'on sent bien que les traumatismes du passé sont loin d'être réglés.
Le récit est complexe, le ton employé difficile à suivre, mais les émotions sont là, bien présentes tout au long de la lecture. J'ai ressenti un grand malaise en lisant Bioy, face à ce déchaînement de violence physique et morale, mais j'ai également ressenti de la beauté dans le texte, à l'image de la citation suivante :
« Car c'est alors que tu entends ce nom sur ses lèvres, ce triste nom qui te désarme et te paralyse et te restitue l'innocence et la peur, ces quatre lettres qui ouvrent les portes closes de ta sombre mémoire et te font suffoquer de chagrin - pour cette femme enterrée, pour ce jeune homme enterré, pour ce pays enterré à côté de ses morts, pays de cadavres, montagnes de cadavres nus sous terre, cadavres oubliés, cadavres décomposés, cadavres nauséabonds, putrides, dans un état pitoyable, cadavres sans deuil, cadavres sans Dieu, cadavres perdus dans les limbes éternels des fosses communes, les uns sur les autres comme des troupeaux pestilentiels, cadavres vivants, cadavres amnésiques, cadavres errants, qui ne savent pas qu'ils sont morts [...] ».
Bioy est le premier roman traduit en français de Diego Trelles Paz. Je serai curieuse de découvrir le reste de son oeuvre, si jamais elle venait à être traduite...
Lien : http://andree-la-papivore.bl..
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Bioy, le roman noir, très noir du latino-américain Diego Trelles Paz, est un sacré choc, il éveille les consciences aux années terribles vécues par le Pérou dans les années 80. le décor de ce roman, ce sont les combats du sentier lumineux contre l'état en place, la violence, puis la contre plongée dans les ripostes sanglantes des militaires au pouvoir, et en parallèle, vingt ans plus tard, toujours la violence, celle des caïds de la cocaïne, des voyous sans peur mais souvent drogués et alcoolisés au dernier degré, des durs qui n'hésitent ni à violer ni à tuer. C'est l'histoire tragique de Marcos, un jeune homme particulièrement étrange qui veut venger sa mère, c'est celle de Macarra, un policer infiltré qui transpire la peur et qui devient peut être pire que les truands qu'il surveille, c'est surtout celle de Bioy, ancien militaire dont on comprend vite qu'il est passé depuis longtemps de l'autre côté du miroir, du côté de la cruauté brute et sans faille.
L'écriture est étonnante car elle fait appel à tous les genres, récit, roman noir, blog, descriptions cinématographiques, dépositions à la police. J'ai eu l'impression que les descriptions scénographiques étaient d'ailleurs faites à des moments où le récit seul serait insoutenable, l'éloignement que provoquent ces descriptions d'une scène vue à travers la caméra rend les violences à peine supportables.
L'auteur parle de toutes les périodes avec une très relative alternance, mais sans réelle chronologie, même si certains chapitres s'ouvrent sur des dates précises, heureusement pour le lecteur. Sur la première partie, j'avoue on s'y perd un peu, mais le puzzle se met en place petit à petit, les personnages se révèlent, les intrications prennent forme, les buts avoués ou inavoués se confirment, les vengeances se précisent. Voyeur passif et contraint de toute cette violence, j'ai découvert l'histoire d'une révolte dont j'avais vaguement entendu parler, en particulier à propos du sentier lumineux. Mais il me semble que l'auteur montre surtout que les implications et les conséquences dans la vie et dans le futur de ceux qui ont été touchés, qu'ils aient été complices ou victimes, va bien au-delà de l'imaginable. Un roman difficile, mais que je ne regrette certainement pas d'avoir lu, bien au contraire.



Lien : https://domiclire.wordpress...
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Pérou, années 1980. Elsa, jeune communiste est arrêtée et torturée par un groupe de militaires. 20 ans plus tard, Elsa est internée en psychiatrie, l'un des militaires est à la tête d'un gang et les autres se font assassiner.

Bioy est l'un de ces romans qu'il faut ouvrir en en sachant le moins possible, puis se laisser emporter par l'histoire. Il raconte un monde d'hommes (les rares femmes de l'intrigue ne peuvent que subir), une histoire extrêmement sombre et violente. L'auteur n'a pas opté pour une narration linéaire : ses chapitres alternent les époques, les formes d'écriture, les narrateurs… brossant en filigrane un tableau impitoyable du Pérou actuel. Les personnages restent d'ailleurs volontairement superficiels.

Pour autant, l'auteur ne sombre pas dans le cliché : son texte est réaliste, parfois difficilement soutenable, mais extrêmement bien écrit.

Un roman péruvien très noir, qui n'hésite pas à malmener son lecteur.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Car c'est alors que tu entends ce nom sur ses lèvres, ce triste nom qui te désarme et te paralyse et te restitue l'innocence et la peur, ces quatre lettres qui ouvrent les portes closes de ta sombre mémoire et te font suffoquer de chagrin - pour cette femme enterrée, pour ce jeune homme enterré, pour ce pays enterré à côté de ses morts, pays de cadavres, montagnes de cadavres nus sous terre, cadavres oubliés, cadavres décomposés, cadavres nauséabonds, putrides, dans un état pitoyable, cadavres sans deuil, cadavres sans Dieu, cadavres perdus dans les limbes éternels des fosses communes, les uns sur les autres comme des troupeaux pestilentiels, cadavres vivants, cadavres amnésiques, cadavres errants, qui ne savent pas qu'ils sont morts [...]
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L'écrivain véritable est un être moribond et pessimiste, il pense être visionnaire car il sait que naitre, c'est se condamner à vivre. Sa mission dans la vie est maléfique. Il est le plus méprisable de tous les êtres humains parce qu'il lutte de façon placide contre l'aveuglement joyeux des hommes. Il devrait mourir très vite.
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Le réel, si tu y aspires
Ne s'appréhende pas, il s'imagine.
Le réel ne se laisse pas saisir, il se suit.
Il y a pour cela le rêve et le mot.
Méfie-toi de son raccourci!
Méfie-toi de sa distance!
Méfie-toi de son danger!
Méfie-toi de sa cabane!
Martin Adan - Ecrit à l'aveuglette
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Rien n’a de réalité propre, tout est délire, chimère : le vent qui souffle, la pluie qui tombe, l’homme qui pense.
(p. 198)
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Comment craindre la mort quand rien n’est plus terrible que de continuer à vivre ?
(p. 56)
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