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4,1

sur 1307 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
J'ai adoré ce roman, il m'a fait rire de nombreuses fois malgré la dureté du propos. J'ai aimé le mystérieux personnage japonisant de Hel, les critiques acerbes sur les habitants des différentes nations, les analyses politiques et la découverte du pays basque. Aventure, espionnage, enquête policière, spiritualité, sexe, fait réels tout y est pour passer un bon moment. Et pour une fois pas de langue de bois, ce qui est totalement jubilatoire. Les personnages secondaires sont tout aussi intéressants et certains m'ont fait penser à la série de mon enfance « Les mystères de l'ouest ».

J'ai un peu moins aimé les pages sur la spéléologie que j'ai trouvé un peu longues. Écrit en 1979 et terriblement d'actualité, je vous le conseille.
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James Bond revu par Tarantino voilà ce qu'évoque ce roman d'aventure au meilleur sens du terme :des méchants très méchants ,des rapprochements surprenants ( Japon et Pays basque) , une narration savante et de remarquables ruptures de rythme en font un excellent moment de lecture , sans oublier un héros fascinant et des personnages secondaires bien campés .
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Pas facile de parler de Shibumi, ce roman protéiforme, qui se présente comme un roman d'espionnage mais l'intrigue qui met en scène la Mother Company, sorte de société secrète dont le but avoué est de maintenir les tensions entre les grandes puissances internationales , n'est qu'un prétexte pour faire les portrait d'un être assez extraordinaire, Nicholaï Hel.

Si les longues pages consacrées à l'étude des grottes basques m'ont laissée de marbre, voire agacée , moi qui ne savait même pas ce qu'était une résurgence (lacune corrigée, merci Trevanian), et qui ai beaucoup de mal à visualiser de telles descriptions, ce roman reste tout de même remarquable, tant le personnage est fascinant. Son éducation et le bagage génétique hérité d'une mère elle aussi hors norme qui a choisi le père comme on choisit un étalon.

« De dix ans plus jeune qu'elle, il était très beau et très sportif. Cavalier émérite et escrimeur de premier plan, il lui servait d'élément décoratif, et la seule allusion qu'elle fit en public à leur intimité fut de le décrire comme un « spécimen propre à la reproduction ». »

, en font un être exceptionnel, d'une grande intelligence et des facultés émotionnelles et sensorielles étonnantes. Même s'il perd ce pouvoir au moment où il en aurait le plus besoin, il possède une aptitude spontanée à l'éveil, cette sorte de communion avec l'universel qu'il convoque à l'envi.

Trevanian réussit à créer une belle empathie avec Nicholaï, mais d'autres personnages tirent bien leur épingle du jeu. Ainsi, le Cagot, responsable d'une grande partie de l'humour distillé au fil des pages. Il est d'ailleurs étonnant de trouver au sein d'un roman américain une telle connaissance du pays basque, et du caractère bien trempé de ses autochtones. Ce serait presque le pays des rêves, comparé aux USA, contrée pour laquelle l'auteur ne mâche pas ses mots :

 
« L'Amérique a été peuplée par la lie de l'Europe. Ceci étant, nous devons les considérer comme innocents. Innocents comme la vipère, le chacal. Dangereux et perfides mais non coupables. Tu les méprises en tant que race. Mais ce n'est pas une race. Pas même une civilisation. Seulement un ragoût culturel, des détritus et des restes du banquet européen. Au mieux, une technologie à apparence humaine. Pour éthique, ils ont des règles. La quantité chez eux fait office de qualité. Honneur et déshonneur se nomment "gagner" et « perdre ». »

Et le shibumi dans tout ça? Si difficile à définir, un équilibre entre le désir et la possession,



« shibumi implique l'idée du raffinement le plus subtil sous les apparences les plus banales. […] Shibumi est compréhension plus que connaissance. Silence éloquent. Dans le comportement, c'est la modestie sans pruderie. Dans le domaine de l'art… c'est la simplicité harmonieuse, la concision intelligente. En philosophie… c'est le contentement spirituel, non passif ; c'est exister sans l'angoisse de devenir. Et dans la personnalité de l'homme, c'est… comment dire ? L'autorité sans la domination?

La profondeur du personnage, le contraste entre le respect pour les valeurs orientales et la piètre opinion des « cow-boys d'importation, tout cela posé sur l'écrin d'une région française à forte personnalité constitue un mélange saisissant, et rend ce roman assez inoubliable.


Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Nicholaï Hel ? Ne serait-ce pas plutôt Hell avec deux L, vu le curriculum vitae du bonhomme ? Deux ailes qui seraient d'ailleurs bien utiles à certains pour échapper à ce diable de Hel. Car le repos éternel vous guette lorsqu'un tel assassin de renommée internationale est collé à vos basques (je suis à la fois fier et honteux de ce dernier jeu de mots, lié, pour ceux qui ne le savent pas, à la Région dans laquelle se déroule une partie de l'histoire…).

« Shibumi » est un drôle de roman, déroutant dans sa construction et dans ses sautes de tension. On pourrait ainsi en conclure que je ne l'ai pas apprécié. Erreur ! Cette histoire atypique, inclassable, s'avère en effet marquante. Pour son énigmatique personnage principal, mais également pour les protagonistes secondaires (le Cagot, Hana,…). Pour la férocité de sa charge envers les Etats-Unis (Trevanian semble désireux de régler ses comptes). Pour ce mélange de cynisme et d'ironie qui caractérise l'écriture. Pour ce récit si subtilement influencé par la culture japonaise. Et puis aussi parce que c'est publié chez Gallmeister, ce qui est donc nécessairement un gage de qualité ! « Shibumi », ma première lecture de 2019 : l'année commence bien !
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Trevanian réussit une prouesse : nous faire aimer un tueur, nous le rendre sympathique et vierge de toutes opprobres. Comment y parvient-il ? En le dotant d'une philosophie de la vie, inspirée de la tradition orientale : le shibumi.
Le shibumi « implique l'idée du raffinement le plus subtil sous les apparences les plus banales. (…) shibumi est compréhension plus que connaissance. Silence éloquent. Dans le comportement, c'est la modestie sans pruderie. Dans le domaine de l'art, où le shibumi prend la forme de sabi, c'est la simplicité harmonieuse, la concision intelligente. En philosophie, où shibumi devient wabi, c'est le contentement spirituel, non passif ; c'est exister sans l'angoisse de devenir. Et dans la personnalité de l'homme, c'est… comment dire ? L'autorité sans la domination ? Quelque chose comme cela ».
Hel (on appréciera le nom de famille), le héros, ne tue pas sans raison mais toutes les raisons sont bonnes pour tuer un terroriste, quel qu'il soit. On le suit donc depuis sa jeunesse jusqu'au dénouement final, riche en émotions. J'ai particulièrement aimé sa jeunesse japonaise, un peu moins ses aventures spéléologiques. Ce qui rend ce roman irrésistible, c'est l'opposition fascinante entre une organisation globale, froide et cynique et la personnalité d'un homme qui perpétue le crime avec élégance et réflexion. On peut seulement reprocher à l'auteur ses considérations plus ou moins caricaturales sur les diverses nations représentées et certains passages un peu clichés dans l'amour et la violence qui ne feraient pas rougir un bon vieux SAS de gare. Un roman qui ne se lâche pas, avec suffisamment de « marqueurs de mémoire » (le héros, le shibumi, le pays basque, les personnages) pour ne pas disparaître de votre mémoire au bout de quelques jours.
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Vacances en pays basque: rapide inventaire de ma bibliothèque... deux livres seulement pour concourir au titre de régional de l'etape, « Ramuncho » et « Shibumi ». Bon, Loti me fait bailler d'avance, vacances, j'oublie tout, allons-y pour Trevanian.
Bonne pioche. Qu'au milieu de considérations sur la philosophie orientale, l'emprise américaine et la diplomatie au Moyen-Orient surgisse une phrase telle que « Mais pourquoi ces billets de train pour Pau? » m'enchante absolument.
Un thriller au pays basque qui joue les guides touristiques, je n'aurais pu trouver mieux. de quoi éprouver un fort sentiment de supériorité sur le reste de la famille, et pérorer sur la porte des cagots en visitant l'église de la Bastide-Clairence.
Oui mais quid de l'ouvrage susdit en dehors du sud-ouest de la France ?
Euh... ben c'est un bon thriller, les scènes d'action sont impeccables, l'enfance du héros est dépaysante à souhait , le héros en quête du shibumi exotiquement romantique et tout irait dans le meilleur des mondes si le héros, justement, ne causait pas.
Mais il cause, hélas, révélant non un surhomme mais un beauf qui explique à son invitée qu'il a vu sa petite culotte (métonymie euphémistique) et qu'elle devrait changer de short.
Donc en guise de met fin et subtil on repassera.
Mais comme lecture assaisonnée de grains de sable, à contempler des surfers qui se la pètent dans les vagues de l'Atlantique, pas de doute, c'est un must.
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La catégorie polar est presque anecdotique pour ce bouquin où l'on parle de spéléologie, du pays basque et de philosophie orientale. J'ai découvert le concept de shibumi. Quelques invraisemblances psychologiques bien sûr, mais on se laisse très bien entraîner par les personnages, le héros est renversant et très attirant (d'un point de vue féminin tout au moins), et je l'ai lu d'une traite avec beaucoup de plaisir.
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Shibumi : état de ce qui est discrètement, subtilement beau.
Nicholaï Hel, né en Chine d'une mère russe, doté d'une grande intelligence, parlant cinq langues, est élevé dans la culture japonaise par Ishigawa, un colonel de l'armée et père de substitution et part étudier le jeu de go auprès d'Otake, un maître japonais. Hel a été ensuite un tueur à gages mais il n'en ai pas question ici car il a pris sa retraite dans un château du pays basque dans les Pyrénées françaises. Malheureusement, la Mother Company, diligentée par les compagnies pétrolières, est après lui alors que la jeune activiste Hannah Stern s'est réfugiée dans sa demeure..
Shibumi est un roman d'espionnage mais pas que. C'est aussi et surtout un vrai roman de littérature sous des atours de roman de gare. de l'action, des coups de feu, des morts mais aussi de l‘humour, l'auteur s'en prenant aux Américains, mais les Français ne sont pas en reste, aux femmes et au genre humain en général. Les passages au Japon font partis des plus émouvants et des plus dramatiques de ce roman hors normes.
Lien : http://puchkinalit.tumblr.com/
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Voilà un roman difficilement classable et absolument stupéfiant, vraisemblablement à l'image de son auteur.

De Trevanian en effet, on sait peu de choses. de son vrai nom Rodney William Withaker (identité dévoilée en 1983 mais qui n'a été confirmée qu'en 1998!), il est américain et après un passage en Corée, est devenu professeur d'arts dramatiques avant de vivre reclus avec sa famille au fin fond du pays basque, puis de mourir, on se sait pas exactement quand, quelque part en Angleterre.

Lorsque, dans un (très rare) entretien accordé en 1998, par fax (!), un journaliste lui demande pourquoi Trevanian tient à tout prix à son anonymat, il répond:

"Je préfère la dignité à la richesse".

Cette phrase résume presque à elle seule son quatrième roman, publié en 1979: Shibumi et son protagoniste, Nicholaïl Hel personnage absolument fascinant.

Apatride, Nikko grandi dans le multiculturalisme. Légèrement autiste, il se passionne pour le jeu de go et la philosophie du shibumi: une acception de la simplicité comme un art, une source de paix et de dignité qui le place au dessus du commun des mortels, lesquels ne lui inspirent globalement que beaucoup d'indifférence et parfois un dangereux mépris.

"En ce moment même où je te parle, mon cher disciple, tu as du mal à admettre que des hommes inférieurs, aussi peu nombreux fussent-ils, puissent réellement te vaincre. Mais nous sommes à l'âge de l'homme médiocre. Il est triste, incolore, ennuyeux - mais inévitablement victorieux. L'amibe survit au tigre parce qu'elle se divise et persiste dans son immortelle monotonie. Les masses sont les derniers tyrans"

Nikko est comme un jedi qui ne maîtrise pas la Force, ses failles le remuent, et en feront le plus grand tueur à gage de son époque, mais un tueur philosophe, moins intéressé par l'argent que par le fait d'appuyer où ça fait mal, et de ramener à plus de mesure ceux qui se sentiraient un peu trop invulnérables.

Prenant pour prétexte une ultime mission de Nicholaï, pourtant retraité perdu au fond du pays basque, Trevanian livre une des charges politiques et sociales les plus violentes du système américain et capitaliste que j'ai pu lire depuis longtemps et dont la pertinence contemporaine, plus de 40 ans après son écriture, donne un peu le vertige.

"Car dans le monde futur, un monde de marchands et de techniciens, les impulsions primaires du bâtard seront les impulsions dominantes. L'occident est l'avenir Nikko. Un avenir sinistre et impersonnel, un avenir de technologie et d'automatisme, c'est vrai, mais l'avenir malgré tout. Et tu devras y vivre, mon fils."

Sauf que le futur, c'est maintenant...

Shibumi, c'est le choc des civilisations, mais en roman, l'affrontement entre une amérique conquérante et exubérante et un Japon tourné vers le Soi et la recherche de l'excellence.

Le roman d'ailleurs, est construit en plusieurs manches comme une partie de jeu de go, lequel consiste à encercler les pions adverses (pour résumer en 4 mots)...

Roman visionnaire d'espionnage, à la limite de la parodie, roman initiatique et philosophique, roman historique politique, thriller spéléologique (intrigant hein?) Shibumi passionne et se lit sans compter les pages, dont le nombre peut effrayer de prime abord.

L'écriture est fluide, vive, en dépit de quelques longueurs, notamment lorsqu'il s'agit de décrire les (trop) nombreuses grottes basques.

L'ensemble forme un récit tout à fait captivant, teinté de mystère, de lucidité et d'un humour grinçant, tellement frais tant l'auteur a oublié les pincettes, et du coup, il faut le dire, absolument irrésistible :

"Il ne trouvait pas non plus particulièrement amusante l'allusion enjouée du Président, considérant l'utilisation des agents de la CIA par la Mother Company comme sa contribution à l'obligation d'employer des handicapés mentaux"

"C'était le type de fille qui recherche partout "l'opportunité", qui prend son manque de jugement critique pour de l'absence de préjugés; qui s'inquiète de la faim dans le tiers-monde, mais traîne dans un campus universitaire en compagnie d'un gros chien bourré de vitamines, symbole de son amour pour les êtres vivants"

Sincèrement, il serait vraiment, vraiment dommage de vous priver d'une telle lecture!


Lien : https://chatpitres.blogspot...
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Un polar qui défie les lois du genre. Alors que l'auteur s'aventure à mélanger des aspects très technologiques avec d'autres très ancestraux voire philosophiques, alors que les cultures est et ouest s'entrechoquent, le fil narratif reste cohérent. Il est même parfaitement lisible pour le lecteur de 2018 quand bien même le roman date de 1979.
Le rythme, lui aussi, peut dérouter avec de longs passages qui frisent la contemplation mais qui reprennent les codes - et la lenteur - du jeu de GO.
Bref, ce livre ne ressemble à aucun autre et peut se déguster avec un bon thé vert.
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