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3,88

sur 406 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Quand un juge ultra-médiatisé, ex-patron du pôle anti-terroriste, décide d'abandonner les tribunaux, les essais littéraires et les plateaux télés pour s'essayer au roman grand public, je me dis ouille ouille ouille, on l'a perdu. Et de m'arracher sauvagement les cheveux : encore un qui s'éparpille, s'en est fini de sa crédibilité, moi qui l'aimais bien il a tout brisé entre nous. Et de m'emballer : Trévidic t'es foutu, Babélio est dans la rue. Puis je retrouve la raison : tiens, si je lisais le bouquin plutôt que douter et critiquer le bonhomme? Pas idiot ça. Puis la calvitie ne m'ira pas de toute façon.

Et... Quand un juge ultra-médiatisé, ex-patron du pôle anti-terroriste, se sert de la fiction à des fins de vulgarisation et de sensibilisation sur un sujet aussi sensible que le fanatisme religieux et l'endoctrinement, je m'incline alors bien bas et réimplante mes cheveux.

Marc Trévidic se révèle un excellent conteur. Et rien n'échappe à son regard expert. En situant son roman sur plus d'une dizaine d'années dans la Tunisie de Ben Ali jusqu'à sa chute, il confirme adroitement que la menace des fondamentalistes fanatiques plane de longue date, les loups étant tapis dans l'ombre prêts à bondir à la première occasion, et soutenus par une effarante logistique. Ce roman est notamment un bon prétexte pour pointer de la plume l'incroyable et impitoyable organisation de ces extrémistes. A travers le personnage d'Issam, frère d'Ahlam, fragilisé par la mort de sa mère et tiraillé entre une famille pourtant aimante et bienveillante, un avenir prometteur loin des turpitudes tunisiennes, et des "amis" salafistes, Trévidic décortique patiemment la lente radicalisation des plus fragiles et l'impact sur leurs proches.
Et il excelle sur ces passages. Fort de son expérience de terrain, il met en exergue les techniques d'enrôlement des filières djihadistes, le djihad médiatique et ses montages vidéos visant une propagande de masse, la manipulation par le discours et l'image.

En parallèle, le roman appuie sur les faibles recours des proches, spectateurs impuissants et otages de la métamorphose de leur fils, frère, ami, de leur Tunisie toute entière. Se résigner, fuir ou lutter. Les armes (bien dérisoires mais ô combien symboliques) d'Ahlam et Paul : l'amour, la peinture, la musique. le climat bienveillant du début se dégrade au fil des pages pour faire place à un âpre combat entre le monde de l'art et la menace extrémiste.

Out donc le jargon juridico-politico-magistratico-toutrukenco. le style est propre, soigné, l'écriture appliquée, quelques touches de poésie pimentent le récit et une quiétude colorée se dégage finalement des décors tunisiens en opposition à une violence latente.

Plutôt réussi donc. Et zut. Je me suis arrachée les cheveux pour rien. Aucune matière à râler, mea maxima culpa, la crédibilité de monsieur le juge est sauve.
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Je ne connaissais pas Marc TREVIDIC. Je le découvre à travers ce roman qui parle d'art, de musique, de beauté, d'amour.

Mais également et surtout, de la montée de l'islamisme en Tunisie, et de l'embrigadement des jeunes. Des dégâts que cela cause au sein d'une famille unie, dont chacun des membres sera impacté.

Une très belle description de la recherche de la perfection de la peinture et de la musique, une histoire d'amour un peu trop idyllique à mon goût, à la « Barbara Cartland », mais toutefois, la façon dont un jeune, Issam, éduqué dans une famille non religieuse, éprise de liberté, se laisse embrigadé par un de ses amis, et endoctriné par un « gourou », simplement parce qu'il est influençable et fragile.

J'ai beaucoup apprécié la relation qui se noue entre Paul et Farhat, et sa famille, et la description de la prise en main d'Issam par des islamistes. Je mettrai un bémol sur les amours de Paul. Marc TRÉVIDIC a notamment voulu mettre l'accent sur le fait que l'art, l'éducation et l'amour seront toujours présents pour s'opposer à toute dictature quelle qu'elle soit et malgré tout.
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Dans la sérénité d'une île tunisienne où le peintre Paul Arezzo s'installe pour retrouver l'inspiration, s'épanouit une amitié solide avec la famille de Farhat le pêcheur. Les enfants deviennent vite une source de créativité pour l'artiste qui désire faire éclore leurs talents respectifs en dessin et musique.

Mais dans ces printemps arabes qui bousculent les dictatures, l'illusion de démocratie va vite se fissurer. Il va falloir compter avec la montée de l'intégrisme et l'intolérance. Sur une dizaine d'années de changement politique, les destins de Paul et de ses amis vont en être radicalement changés.

On n'a pas été juge anti-terroriste pour ne pas utiliser une connaissance pointue des mouvances islamistes, de leurs actions sur le terrain et de leurs mécanismes d'embrigadement. Pour son premier roman, Marc Trevidic nous met dans l'actualité récente de la Tunisie, au plus près des populations, nous la rendant plus prégnante, plus cruellement intrusive.

On n'évite pas quelques poncifs et une histoire d'amour prévisible pour tenter la carte humaniste dans un décor de plus en plus gris. La théorisation artistique est également un peu obscure, entre palette de couleurs et sons.
La description du salafisme reste la partie la plus passionnante, bien que l'endoctrinement soit très vite insupportable à lire. Mais le but est atteint pour en dénoncer l'obscurantisme.

Entre ses diverses composantes, la narration se développe néanmoins avec aisance, avec de beaux personnages, des moments de grâce poétique et dans un engrenage impitoyable où le statut de la femme est réduit à néant.

Un livre inégal mais aux belles qualités documentaires.
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Fort, bien construit et prenant de part son histoire et de part son écriture. Une belle réussite de premier roman. J'ai particulièrement aimé le côté artistique (musique et peinture), plus que le côté islamiste que décidément je n'arriverai jamais à comprendre. L'engrenage y est bien décrit. Complicité artistique entre un frère et une soeur, dévoilée par le nouveau voisin, grand peintre. Jusqu'au jour où le fanatisme religieux fait son entrée...
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Pour son premier roman, le célèbre juge Marc Trévidic, qui a quitté l'antiterrorisme en 2015, nous amène en Tunisie, sur l'archipel de Kerkennah. Un peintre français réputé mondialement, y débarque en 2000 pour soigner un chagrin d'amour et n'en partira plus.
Il rencontre le pêcheur Farhat et initie à l'art ses deux enfants : Issam qui pratique la peinture en virtuose et Ahlam, sa petite soeur (« les rêves », en arabe) qui excelle au piano.
L'auteur est connu pour ses essais sur le terrorisme. Et pour ce premier roman, il traite de l'intégrisme en Tunisie mais aussi de l'art de la musique et de la peinture
C'est avant tout une belle histoire d'amour, pour un artiste envers son art, pour un pays, pour les sensations qu'il en ressent. Et aussi envers une jeune tunisienne très idéaliste.
Marc Trévidic s'appuie sur sa connaissance précise des mécanismes d'embrigadement : son récit de l'évolution d'Issam et de ses amis, leur foi fanatique, leurs états d'âme parfois, leurs projets effroyables n'en est que plus glaçant.
Une grande part est liée à la conversion des jeunes à la cause du djihad. La façon dont ils sont recrutés, embrigadés, manipulés.
J'ai bien aimé ce roman très actuel qui nous déroule, avec force connaissances de l'auteur, tous les événements qui se sont passés ces dernières années en Tunisie, avec la révolution de jasmin et la chute de Ben Ali. Mais aussi l'éclatement d'une famille tunisienne, le basculement du fils vers l'intégrisme et le désarroi de sa famille.
Pour un premier roman c'est une réussite.
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Pour fuir une déception sentimentale, Paul Arezzo, un peintre renommé, quitte la France et rejoint les côtes ensoleillées de la Tunisie, notamment de Kerkennah. Il recherche de nouvelles inspirations et fait la connaissance de Farhat, un pêcheur, et de sa famille. Il noue une solide amitié avec celui-ci et les années passant, Paul initie les enfants de Farhat à l'art : la musique pour sa fille Ahlam et la peinture pour son fils Issam. Paul a un grand projet pour eux, réunir la peinture et la musique dans une même oeuvre. Mais avec la chute de Ben Ali, le fanatisme s'installe en Tunisie et Issam se laisse convaincre. Il abandonne ce qu'il aimait et sa famille et rejoint un groupe d'extrémistes qui veulent punir ceux qui ne pensent pas comme eux. Ahlam elle, est de plus en plus engagée dans la défense des libertés, mettant même en danger sa vie. Son chemin va croiser celui de son frère totalement métamorphosé…

J'ai lu ce roman sur les conseils d'une amie babeliote que je remercie. Elle avait adoré ce livre et le sujet m'intéressait.
J'ai bien aimé cette lecture que j'ai trouvée enrichissante, instructive et dépaysante. J'ai appris des choses que je ne connaissais pas sur la Tunisie et sa face sombre alors que je voyais ce pays comme un état pleinement démocratique. Je regrette juste que l'auteur n'ait pas inséré un court topo de la situation de ce pays à l'époque où il situe son roman, ç'aurait été une bonne idée et cela aurait évité d'aller chercher des infos sur Wikipédia.
J'ai néanmoins trouvé quelques longueurs dans ce roman, notamment quand il est question d'islamisme ou d'Art.
L'intrigue en elle-même est prenante, on s'attache aux personnages, même aux plus sombres.
Je verrais bien une suite à ce roman, je ne sais pas si elle existe ou si elle est prévue, je vais chercher cela.
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Paul Arezzo, célèbre peintre français en panne d'inspiration, débarque sur la petite ile de Kerkennah, en Tunisie, pour se ressourcer et oublier une déception amoureuse. Là, il est totalement séduit par la beauté du paysage, par la chaleur des habitants, par la douceur de vivre en bord de mer. Il s'attache rapidement à Farhat le pêcheur, qui l'emmène avec lui sur sa felouque pêcher quelques bouteilles de rosé pour savourer ensemble les instants magiques et la beauté d'un coucher de soleil. Il est séduit par Issam et Ahlam , les enfants de Farhat et Nora, qui s'avèrent vite prodigieusement doués pour , la musique et la peinture, arts que Paul vénère car pratiqués jadis par ses propres parents. Il va alors passer de longues années à côtoyer cette famille et à inculquer la beauté au frère et à la soeur, en leur apprenant chaque jour la pratique des arts, toujours dans la fraternité et la douceur de vivre.
Nous sommes dans les années 2000, le pays gouverné par le clan Ben Ali, connait des périodes difficiles mais dans un calme relatif, les étrangers sont acceptés, y compris dans les provinces les plus isolées, la vie se passe en relative bonne intelligence. C'est sans compter sur la montée de l'Islamisme des années 2010,impulsés par la révolution de jasmin et le printemps arabe. La révolte commencée par le peuple dans la douceur sera vite reprise par les factions rivales de En Nahda ou d'al Qaida.
Tout l'art de Marc Trévidic tient dans sa façon de progresser dans une trame romanesque en nous expliquant peu à peu, avec une véracité qui n'est jamais ni dogmatique ni intransigeante, les différences, les éléments qui font que des jeunes vont passer au fondamentalisme, être tentés par le Jihad, ou endoctrinés par la pensée salafiste. Comment un peuple entier peut-il basculer dans l'intégrisme, ou être forcé à le faire, pas par choix mais pour survivre ? Comment les femmes passent d'un statut d' « égale d'un homme » à « son complément » ? Comment les interprétations d'une même sourate ou d'un hadit peuvent être diamétralement opposées, mais sont toujours un argument pour combattre, pour forcer, pour imposer ou interdire ? Comment une fratrie peut s'égarer et se séparer jusqu'au point de non-retour, comment un peuple peut se retourner ? La trame de ce roman est réaliste et explicite. L'équilibre est aujourd'hui encore très instable en Tunisie, et l'on comprend peut être un peu mieux la subtilité du changement, la profondeur des doutes de la jeunesse, ses recherches incessantes de vérité. Et si Dieu avait raison ? Mais, et si ceux qui parlent en son nom avaient tort ? Et là forcement je pense au Pari de Blaise Pascal
Difficile de lâcher ce roman, pour cette histoire d'amour fraternel et intemporel entre des hommes, des femmes, une famille, un pays, et pour tout ce qu'il nous apporte pour nous éclairer sans être péremptoire sur un pays en pleine évolution et dans lequel l'Histoire est en marche. Un coup de coeur, malgré peut-être quelques longueurs dans certaines descriptions. Je pense en particulier à quelques pages sur la peinture et la musique, l'auteur se voulait sans doute plus poète que pédagogue pour faire passer son message, mais qu'importe, j'ai aimé !
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" il expliquait que l'art devait combattre le fanatisme, que c'était la lutte de la lumière contre l'obscurantisme" cette citation résume à elle seule parfaitement ce roman, reflet d'une réalité actuelle, liée de tout temps à l'histoire de l'humanité. Ce thème est traité avec sensibilité et ingéniosité.
Marc Trévidic nous entraine vers une autre quête, celle de l'unicité de l'art. Cet aspect du roman, qui en a rebuté plus d'un, m'a personnellement intriguée. Elle est menée telle la recherche métaphysique, spirituelle et à présent quantique, de l'unité dans le tout démontrant que tout est relié et interconnecté. de plus, elle n'est pas sans rappeler que "l'unicité d'Allah" est un des piliers de la religion musulmane.
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Deux thèmes majeurs dans ce roman qui se passe en Tunisie du juge antiterroriste (désormais vice président du TGI de Lille) :
- l'art ou comment associer les 3 arts suivants : poésie, musique et peinture (intéressant !)
- comment alors qu'ils ont reçu la même éducation avec un accès très large à la culture, deux enfants vont suivre deux voies opposées : l'un des deux se radicalisant à l'extrême dans la religion. le roman explique cette radicalisation, décrit chaque étape de cet endoctrinement.
Roman doublement intéressant, bien écrit. Un bon moment de lecture.
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Un roman bien écrit et bien documenté, très agréable à lire. le thème de la radicalisation est très intéressant et très bien traité, l'auteur connait son sujet. J'ai aussi bien aimé la description de Kerkennah dont j'ai beaucoup entendu parler mais n'ai encore jamais visité. Les passages sur l'art et l'intrigue amoureuse sont plus banaux et moins convaincants mais l'ensemble est plutôt réussi.
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