Le roman commence par la traque subie par un lapon dénommé Aslak en 1693. Celui-ci a juste le temps de cacher un objet avant d'être fait prisonnier et brûlé vif.
Des décennies après, en l'an 2000, le lecteur se retrouve en Laponie, le jour précis où le soleil réapparaît à l'horizon quelques instants, mettant fin à la nuit polaire. Klemet Nango, appartenant à la police des rennes, une police transfrontalière chargée de surveiller le respect des règles de cohabitation entre les éleveurs de troupeaux, attend cet instant où il va enfin redevenir un homme (puisqu'il pourra voir son ombre).
Mais dans la petite ville de Kautokeino, capitale de la Laponie centrale, deux événements vont venir perturber la quiétude de ces instants précieux...
Un mystérieux tambour traditionnel saami, utilisé par les chamans, est volé en pleine nuit dans son emballage d'expédition, en plein coeur du Musée de la ville, alors qu'il devait être exposé quelques jours plus tard.
C'est Henry Mons, un français ayant participé à une expédition en 1939, en compagnie de
Paul-Emile Victor, qui en a fait don à la ville.
Le lendemain, un éleveur de Rennes, Mattis Labba, fils et petit-fils de chaman, est retrouvé mort assassiné près de son gumpi (c'est l'habitation en bois des éleveurs de rennes). Ses deux oreilles ont été tranchées post-mortem et son scooter a été brûlé.
Chargé de l'enquête, Klemet Nango et Nina Nansen, sa nouvelle coéquipière, toute nouvelle dans le métier, vont devoir s'atteler à la tâche et aller interroger tous les éleveurs. Ils ne tarderont pas à découvrir les nombreux confits sous-jacents qui perdurent entre eux, parfois depuis plusieurs générations...
Que s'est-il passé en 1939 au cours de l'expédition de
Paul-Emile Victor ?
Pourquoi, l'un des guides a-t-il donné le tambour à Henry Mons avant de disparaître ?
Ce tambour traditionnel contient-il un message ?
Que vient faire ici Racagnal, ce géologue français qui s'intéresse d'un peu trop près aux toutes jeunes filles ?
Quel rôle joue le mystérieux Aslak dans toute cette affaire ?
L'auteur réussit parfaitement à nous plonger dans l'ambiance arctique.
Pour moi qui aie eu la chance de connaître le Grand Nord canadien en été, lorsque j'étais étudiante, cela a été l'occasion de revivre de façon étrange, ce sentiment puissant et indescriptible de ne faire qu'un avec la nature, sentiment que j'avais ressenti alors devant les paysages sauvages et magnifiques, tout en marchant dans la toundra.
Je n'ai eu aucun mal à imaginer les rennes en train de brouter du lichen au milieu des grandes étendues désertiques, ni les tenues bariolés des lapons en route vers leurs familles, bien installés sur leur scooter des neiges ou tout simplement au chaud dans leurs petites maisons...en train de boire du café.
Dans ce pays où les saamis luttent pour maintenir leurs traditions ancestrales, pris en conflit entre la modernité et leur culture, la vie quotidienne n'a rien d'un long fleuve tranquille et la mort guette à chaque instant : le froid intense, la panne de scooter, les animaux sauvages, le blizzard peuvent en un instant faire basculer une vie.
L'auteur dresse le portrait précis de toute une panoplie de personnages...
C'est avec succès que l'auteur, journaliste, correspondant à Stockholm du journal le Monde et du Point, se risque à l'écriture d'un roman ethnologique très bien documenté.
C'est un roman très prenant qui plonge le lecteur dans les traditions ancestrales des lapons sur fond de tambours chamaniques, de joïks (ces chants traditionnels chantés "a cappella" qui délivrent un message) et de légendes.
Un roman à lire absolument !
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