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Comment ai-je pu attendre aussi longtemps avant de lire Tsvetaïeva ? Ce recueil m'a secoué, ébranlé et émerveillé...
Quelle force dans ces vers, qu'il m'a fallu parfois lire et relire tant je voulais en ressentir le souffle...
Une mention d'autre part pour la préface, les notes et la postface qui m'ont aidé à découvrir la vie de Marina Tsvétaïeva.
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Les mots qui s'imposent à l'issue de la lecture de ce recueil ne peuvent être que sous forme d'exclamation : que d'ardeur ! que de fougue !
C'est la meilleure façon de rendre compte de l'écriture déstructurée et enflammée de cette poétesse.

Toutefois il y a une différence assez nette entre les poèmes réunis dans les deux "parties". Dans le ciel brûle (la "1ère partie"), les sentiments sont exaltés et où un immense souffle de vie se dégage des vers.
A l'inverse, dans la seconde "partie" , "Tentative de jalousie", les poèmes qui sont écrits une dizaine d'années après le ciel brûle, le lecteur voit clairement plus d'angoisse qu'avant. Il n'y a plus ce qui s'apparentait à l'insouciance des premiers "émois". Ici, ils ont place au tourment d'une femme adulte toujours aussi passionnée et frustrée par le réel qui s'impose de plus en plus brutalement dans sa vie.
Il y a aussi plusieurs références bibliques. Peut-être attendait-elle de voir un signe divin qui lui aurait annoncé la délivrance d'une vie qui 'étouffait ? Il faut dire que le durcissement politique qui suit la révolution d'octobre (les fameuses années 1930) n'est sans doute pas étrangère à cette angoisse et cette recherche effrénée d'un messie. On voit aussi que la nature qui l'entoure (que ce soit en Vendée, en Allemagne ou en Russie) se fait l'écho de tous ses tourments, enfonçant Marina Tsvétaïeva un peu plus profondément dans un cycle manico-dépressif. Sans être psy, c'est bien la sensation que donnent ces vers déstructurés, extrêmement syncopés , avec de brusques accélérations suivis parfois de grandes chutes. Que peut-on y voir, si ce n'est l'instabilité de la passion elle-même ?

Pour ma curiosité intellectuelle, je suis ravie d'avoir lu cette prose blessée, vociférante, saturée et excessive (pour gloser les termes de Zéno Bianu). Mais j'aime quand même davantage la poétique d'Anna Akhmatova.
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Il est des poètes qui se lisent vite. Tsvétaïéva court. Elle se jette sur les mots. Elle les découpe et les dévore. Ils se revêtent de la peau de l'amant qu'on a à peine eu le temps de caresser. La passion triture le langage, elle le déchire, elle le plie, elle le hache de mille tirets qui sont autant de saccades, de décharges électriques, d'amours infinis qui se saucissonnent dans la glue du quotidien. On n'a pas eu le temps de se retourner que le livre est déjà fini, passé en coup de vent, reçu comme un gifle.
Lien : http://www.lie-tes-ratures.c..
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Le ciel brûle (4 étoiles) : une très belle découverte. L'univers très sombre de cette poétesse m'a beaucoup plu dans ce recueil. La nuit y semble omniprésente, de même que les ténèbres, la mort et la guerre, dans certains poèmes. La poétesse est comme les enfants du premier poème : elle est effrayée, mais affronte sa peur et sait bien plus de choses que les adultes du jour monotone. Un univers assez particulier et très séduisant.

Tentative de jalousie (2 étoiles) : j'ai beaucoup moins aimé ce recueil-ci. Les grands thèmes, comme la guerre et la mort, sont toujours présents, mais le style est très différent. Autant que j'ai pu en juger à partir de la traduction, il m'a semblé qu'elle jouait des sonorités dans certains poèmes ou cherchait dans d'autres à créer une ambiance, à partir d'images, en utilisant des mots isolés, sans former de phrases cohérentes et complètes. Cette manière d'écrire me plaît moins et me rend son oeuvre plus hermétique que le ciel brûle.
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Figure tragique de la littérature russe,
Marina Tsvetaeva est au même niveau que ses illustres contemporains Anna Akhmatova, Osip Mandelstam et Boris Pasternak.
Elle publie à ses frais son premier recueil de poésie lyrique intimiste en 1910 sous le titre Album du soir, qui suscite des réactions positives de la part de plusieurs poètes éminents, qui en font la critique.
Elle publie son deuxième recueil en 1912 et une compilation de ses deux premiers recueils en 1913.
Ces deux publications marquent ses premières années dans la poésie.
Suivra sa période de maturité qui a été assombrie par un fiasco amoureux et un accouchement dans la vie de Tsvetaeva, et des turbulences sociales dans l'ancienne Russie qui ont eu un impact sur sa famille.
Malgré de graves difficultés, Tsvetaeva a écrit de plus en plus pendant les années de la guerre civile russe de 1917 à 1922.
Sa fille Irina est morte de malnutrition à l'âge de 3 ans en 1920, une tragédie qui a déclenché une série de poèmes qui sont sortis les années suivantes.
Typique de Tsvetaeva à cette époque, la création de journaux lyriques suivait de près les événements de sa vie dans l'ordre chronologique.
Ayant immigrée en Europe, Tsvetaeva a continué à écrire de la poésie mais s'est progressivement tournée vers l'écriture d'essais littéraires et de mémoires en prose.
L'abondante correspondance qu'elle a entretenue avec de grands poètes tels que Boris Pasternak et Rainer Marie Rilke est une autre forme créative majeure pour elle.
Pendant son séjour à Paris, le mari de Tsvetaeva, Sergei Efron, s'est impliqué dans une organisation eurasienne qui encourageait le retour des émigrants russes en URSS. Efron, après avoir été impliqué dans un complot visant à tuer l'agent soviétique transfuge Ignace Reiss, s'est d'abord enfui en Espagne puis en URSS. Tsvetaeva a suivi son mari en Union soviétique avec sa famille, où Efron a été exécuté comme espion et sa fille Ariadna condamnée à une longue peine de prison dans le goulag de Staline pour la même accusation.
Après avoir été évacuée de Moscou à Yelabuga avec son fils Mur, Tsvetaeva s'est pendue le 31 août 1941.
Lien : http://holophernes.over-blog..
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Ébloui par le spectacle du Lucernaire « Et ma cendre sera plus chaude que leur vie » (autant par l'interprète, Clara Ponsot, que par les carnets de l'auteur), j'ai lu dans la collection Poésie Gallimard cette anthologie qui contient des poèmes de 1912 à 1939. En 1912 — elle a 24 ans — Marina produit des images convenues de fleurs, d'enfants, d'oiseaux, de lunes et de lèvres, et projette déjà une vision de soi altière, héroïque ou martyre : « Sur moi se referment les vagues/De mon superbe malheur » (1916, p 57). Elle place sa vocation de poète au-dessus de tout : « La vie, la mort – depuis longtemps j'en use/Entre guillemets, comme de noeuds vides » (1927, p 189). Son renoncement hautain n'est pas abattu dans les profonds malheurs qu'elle traverse jusqu'à sa mort, dans la solitude, le deuil, la barbarie de la guerre et du totalitarisme : « Même ma langue maternelle/Aux sons lactés — je m'en défie. /Il m'est indifférent en quelle/Langue être incomprise et de qui ! » (1934, p 197). Et deux ans avant sa mort, en 1939 : « Refus d'être. de suivre. /Asile des non-gens : /Je refuse d'y vivre. /Avec les loups régents/Des rues — hurler : refuse. /Quant aux requins des plaines — /Non ! — Glisser : je refuse – le long des dos en chaîne » (p 201).
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Que dire de ce recueil sinon qu'il évoque tour à tour passions qui embrasent leurs auteurs et tristesses qui saisissent le lecteur, incapable de se libérer de la violence et de la profondeur des vers de Marina Tsvetaieva.

Un recueil impressionnant par la force de ses lignes et les émotions qui en naissent et qui happent tout au fil des pages.
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La violence de Tsvétaïéva dans toute sa splendeur...

Recueil recomposé en français en 1986-87, à partir de poèmes écrits entre 1910 et 1939, qui nous offre un bel échantillonnage des vers de la poétesse russe, incarnation s'il en est de la rébellion tous azimuts et de l' "inadaptation sociale", avec en prime une excellente postface de la traductrice Ève Malleret, de taille quasi-monographique (60 pages).

"Il partit sans être vu, / Emportant le mot le plus précieux. / Mais personne n'entendit / Ton dernier appel."
"Non, ce n'est pas une tombe, / Je ne surgirai pas, menaçante. / J'ai trop aimé moi-même / Rire quand il ne faut pas."
"La guerre, la guerre ! - Encens et icônes - / Les éperons jacassent, / Mais je n'ai rien à faire ni du tsar / Ni des querelles des peuples. / Comme sur une corde fêlée / Je danse - petit danseur. / Je suis l'ombre d'une ombre. Je suis lunaire / de deux sombres lunes."
"Témoin muet / Des tempêtes vivantes -/ Couchée dans l'ornière, / Je lorgne / Les ombres. / Tant que / Vers l'azur / Ne m'emportera pas / Sur le cheval rouge - / Mon Génie !"
"Fulgurant trajet / Réservé : sans frein ! / de mon rêve j'ai / Sauté dans le tien."

Malgré l'obstacle toujours difficile de la traduction en poésie, on y ressent avec force la violence du vers scandé de Tsvétaïéva, caractéristique qu'elle ne partageait guère à l'époque qu'avec Maïakovski... On songe aussi à sa récente postérité, poussée à l'ultime, dans les excellents "Slogans" de Maria Soudaïéva (Antoine Volodine).
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Marina Tsvétaïeva est une étoile qui a brillé trop peu de temps. Exilée après la Révolution de 1917 pour suivre son mari, partisan des Blancs, elle n'a retrouvé la Russie que pour plus de souffrances, avant d'être finalement réhabilité en 1955. C'est une plume qui a plongé dans le sang et la douleur, dans l'errance, l'opposition politique et bien sûr l'amour.
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Ce recueil de poèmes évoque l'amour,la mort, l'exil...Les thèmes ne sont pas toujours des plus joyeux mais sont très touchants. J'ai beaucoup aimé découvrir la poésie de cette poétesse russe.
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