S'il y a eu un scandale qui a entaché le règne de Louis XIV, fait frémir Versailles et fait couler beaucoup d'encre, c'est bien celui de L'Affaire des Poisons. A une époque où les mariages d'argent se faisaient lier à vie des époux désaccordés, où les maîtresses du Roi se jalousaient et tremblaient à l'idée d'être déchues, où les superstitions faisaient la fortune des charlatans, où l'ésotérisme, les messes noires et autres cérémonies étaient le remède aux obstacles, rien d'étonnant que cette affaire ait occupé le devant de la scène royale et politique entre 1679 et 1682.
Trois ans d'enquêtes, d'interrogatoires, de condamnations, d'exécutions à mort, aux galères et à l'exil. Trois années d'investigations menées par Nicolas de la Reynie, premier lieutenant général de Paris, père de la police judiciaire. Rigoureux, tenace, désireux d'assainir Paris, de ses brigands et de sa crasse, la carrière de cet homme austère a été marquée par cette affaire, bien qu'il ait tenu ce rôle pendant trente ans.
D'investigations en investigations, les personnes incriminées, tout d'abord fausses sorcières, devineresses en tout genre, ont fait place aux femmes du beau monde, aux maîtresses du Roi, dont la fameuse Athėnaïs de Montespan.
Coincé entre les rivaux Colbert et Louvois, Nicolas de la Reynie s'est ensuite buté contre le secret et le silence exigés à mots couverts par le Roi lui-même, tant celui-ci était ébranlé par les révélations de plus en plus déstabilisantes qui se faisaient jour et par un sentimentalisme aveugle envers ses amours passées.
Holly Tucker, historienne américaine, nous fait vivre cette affaire de façon précise, documentée et jamais ennuyeuse. Cela se lit d'une traite et c'est passionnant.
Merci à la Masse critique de Babelio et aux Éditions Omblage (toujours impeccable) de m'avoir offert cet ouvrage maintenant bien en place dans ma bibliothèque.