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4,02

sur 4691 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Livre couronné par le Goncourt des Lycéens en 2019 et par le Prix Interallié 2019. Il était disponible à la bibliothèque. J'avais découvert l'auteur avec le roman : « La décision », alors je n'ai pas hésité un seconde.
Whoufff !!! Quel coup encore…

Jean et Claire Farel forment un couple de pouvoir. Lui est un journaliste politique très célèbre proche des hautes sphères de l'Etat. Elle est une essayiste féministe engagée. Leur fils, Alexandre, est un étudiant brillant à Stanford aux États-Unis.
Lui doit être décoré de la Légion d'honneur par le Président de la République, elle va devoir débattre à propos d'évènements passés à Cologne et dont elle a écrit un article.

Une accusation de viol vient fracasser cette parfaite réussite sociale.

Ce roman se déroule en trois parties.

Il nous présente dans un premier temps les protagonistes en campant leur caractère par forcément attachant. Ainsi, la fatuité du Père, ses certitudes assenées nous le rendent antipathique. La Mère, plus fragile, est plutôt attachante. le fils, n'est pas à priori sympathique. Légèrement imbu de sa personne, il est asocial.

Dans la seconde partie, on suit le drame, les investigations et les premiers dégâts causés par l'agression. Les caractères des deux personnages impliqués sont décrits avec beaucoup de finesse. L'ambiance pesante lors du dépôt de plainte met en évidence les fragilités de la jeune fille et les interrogatoires tendus pendant la garde à vue soulignent désarroi du garçon.

Enfin, l'auteur nous amène au procès que nous suivons de bout en bout. La tension est perceptible lors des interrogatoires tant de la Présidente de la Cour que des avocats des deux parties. Enfin, si la plaidoirie de la Partie Civile est d'un féminisme absolu, celle de la Défense est d'une grande modération appelant à éviter les caricatures et les excès. Néanmoins, elles sont poignantes.

Je ne voudrais pas être à la place des jurés…

Un livre dont le sujet concernant les violences faites aux femmes ne peut que nous interpeller.

A lire absolument !
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Jean Farel, célèbre journaliste politique, influent dans les médias, carnassier avec ses adversaires, qui à soixante-dix ans reste au dessus du panier. Il faut dire qu'il se donne du mal, il ne vit que pour son métier, soigne sa présentation physique, et fait du sport. Sa femme Claire, est essayiste et est connue pour ses engagements féministes. Leur fils, Alexandre, brillant élève, et briguant bientôt des études aux Etats-Unis à Sanford.
Un événement important va faire vaciller cette famille, bien sous tout rapport comme on dit dans les familles bien nées. Alexandre va être accusé de viol sur une jeune fille, Mila Wizman.
C'est un roman puissant, haletant, un véritable page-turner. le sexe et ses tentations sont au coeur de ce roman mais pas que...le féminisme, le rapport hommes/femmes, la religion, l'éducation, et bien sûr la machine judiciaire qui se met en marche. Ce roman porte bien son titre..
Le personnage de Jean Farel m'a fait pensé à un mélange de deux personnes populaires, bien connus des téléspectateurs Michel Drucker pour sa longévité télévisuelle et Jean-Jacques Bourdin pour son côté journaliste politique frondeur et intimidant.
Un grand roman, bien construit, qui tient en haleine du début à la fin. Très bien écrit, je l'ai dévoré, j'avoue...un véritable coup de coeur.

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Un roman "dérangeant" et percutant qui fait partie de la liste des Goncourisables..
Le livre est inspiré par l'affaire de l'étudiant de Stanford, prestigieuse université américaine, accusé il y a quelques années d'avoir abusé d'une étudiante.
Ce livre, à l'heure où le mouvement Metoo bat son plein, est révélateur des failles de la société française et des points de fracture dans les relations hommes/femmes.

Une histoire qui commence banalement, dans une famille plutôt favorisée et faisant partie de l'élite:
Jean Farel, journaliste de renom, mari De Claire, essayiste féministe, voit son monde s'écrouler quand son fils Alexandre, 23 ans, brillant étudiant de Stanford, est accusé de viol.
Et la victime qui porte plainte n'est pas n'importe qui: il s'agit de la fille du nouveau compagnon de sa femme, issue d'un milieu juif très religieux. Un milieu dont elle risque d'être bannie dans un tel cas.

Jean et Claire, qui se débattent chacun dans une double vie, vont tout faire pour sortir leur fils de ce mauvais pas.
La machine judiciaire se met en place et le procès va intervenir six mois après l'affaire Weinstein.

Claire, la maman, connaît par ailleurs un moment difficile car elle a osé réclamé la sanction des migrants accusés d'agression sexuelles lors de la Saint Sylvestre à Cologne, ce qui lui a valu d'être taxée d'"islamophobe".

Le procès va se dérouler dans un climat difficile, en raison des répercussions médiatiques, d'autant plus fortes que le père de l'accusé est un journaliste très connu.

La deuxième partie du livre concerne le procès, extrêmement bien rendu, Karine Tuil utilisant à merveille sa formation de juriste et l'immersion qu'elle a réalisée pendant longtemps dans les sessions d'assises. de même elle a utilisé des interrogatoires de victimes et d'avocats.

Y a-t-il eu vraiment viol? La victime était-elle en état de marquer son refus? Quel a été l'effet de la prise de stupéfiants chez l'accusé? La victime a-t-elle pris des risques en suivant l'accusé dans un endroit peu recommandable? Etait-elle dans un état de sidération qui aurait annihilé ses possibilités de réaction? A-t-elle marqué suffisamment clairement son refus?

Voilà des questions, souvent humiliantes, auxquelles sont confrontées les victimes de viol.
Il s'agit ici de raconter le viol à travers la mécanique judiciaire.
La victime et l'accusé vont voir leur vie intime étalée, pour les besoins du procès.
Leur vie ne sera plus jamais la même.
Les dialogues sont ici issues de situations réelles, comme le souligne l'auteure.
A travers ce livre, c'est aussi le procès d'une société qui est fait: société de l'évaluation permanente, tyrannie des réseaux sociaux où chacun dans la sphère médiatique doit rencontrer l'adhésion du maximum de personnes, injonction à donner son avis sur tout, sans prise de distance ni réflexion.

C'est un livre aussi sur la condition féminine, du harcèlement que subissent de nombreuses femmes, surtout dans certains milieux.
Refuser, oui c'est possible, mais comme le rappelle l'un des personnages du livre, quelle va être l'incidence sur sa carrière, son développement personnel...
Les paroles de la grande avocate féministe Gièle Halimi reviennent en mémoire: "Il faut changer cette machine culturelle, cette machine et la matière qu'elle broie et distribue, qui fabrique des têtes où le viol n'est pas perçu comme un crime.."

Se pose aussi la question de la méprise éventuelle sur les attentes de l'autre dans une relation.. grave question...

Montée du communautarisme, errements du féminisme qui ne défend plus comme il faudrait les femmes, confusion des esprits, impact des réseaux sociaux, relations hommes/femmes dégradées, c'est toute l'évolution d'une société occidentale qui apparaît..

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L'inconvénient lorsque l'on est un lecteur retraité-petit-budget, c'est qu'on ne peut pas s'autoriser la lecture de tous les bons livres qui sortent au moment où ils sortent.
L'avantage - puisqu'une grande partie de nos vies est consacrée à compenser nos manques -, c'est, en ce qui me concerne, de pouvoir lire un peu de nouveau, davantage de moins nouveau, et beaucoup d'ouvrages multigenres et "a-temporels".
C'est aussi lorsqu'on a affaire à un roman "sociétal" comme - Les choses humaines -, l'effet "radioscopie", comme aurait dit Jacques Chancel, et le bénéfice comparatif qu'offre le recul du temps.

Roman sociétal donc.
La genèse de ce livre, comme le raconte Karine Tuil, son évènement déclencheur, c'est en 2015 aux États-Unis "L'affaire de Stanford", dans laquelle une jeune femme accuse un étudiant de Stanford de l'avoir agressée sexuellement derrière une benne à ordures au cours d'une soirée festive.
En 2016 se tient le procès qui voit "l'agresseur", reconnu coupable des faits, condamné à six mois de prison dont trois mois fermes.S'ensuit un tollé, féminin dans sa grande majorité, les femmes reprochant un verdict inique car trop clément pour le coupable et ne rendant pas justice à la victime, à son traumatisme et à sa vie brisée.
Karine Tuil, marquée par cette affaire, décide de travailler sur le sujet et d'en faire la matière d'un roman.
Son angle d'approche choisi étant de donner la parole à l'homme, à celui qui est soupçonné d'avoir commis l'agression, elle va s'emparer du sujet, le rendre réaliste, crédible en fréquentant pendant deux ans le Palais de Justice, en assistant à des procès pour viol aux assises de Paris, en ayant accès à de nombreux documents ( PV d'audition(s) et PV de police...), et ce faisant, maîtriser toute la mécanique judiciaire qui va du dépôt de plainte jusqu'au procès.
Au passage, c'est la partie du livre la plus tonique, la plus intense, la plus haletante, la plus touchante ; deux années de formation plus que payante !
Entretemps le réel s'invite dans le roman à travers " l'affaire Weinstein ", la révolution #metoo, la parole qui se libère avec les conséquences dont nous avons toutes et tous été les témoins.
Karine Tuil se sert donc de tous ces évènements, de tous ces bouleversements sociétaux pour réfléchir sur les femmes, leur condition en cette deuxième décennie du vingt-et-unième siècle.

L'histoire, c'est celle de " la comédie humaine " version années 2000, qui met en scène un couple de pouvoir : Jean et Claire Farel.
Lui, c'est une espèce de " PPDA" qui se serait élevé à la force du poignet, un autodidacte forçat du travail. Devenu un grand journaliste, il anime une matinale à la radio, une émission politique à la télé, quand il ne présente pas un Journal.
Il a soixante-dix ans, a peur de vieillir et fait donc tout pour " rester jeune ".
Célèbre depuis quarante ans, il s'accroche à son miroir aux alouettes, prêt à lui sacrifier tout le reste.
Elle, a un peu moins de trente ans que lui. C'est une essayiste reconnue pour ses engagements féministes.
Moins sur le devant de la scène que lui, ils forment un couple " people ", pourrait-on dire.
Ils ont un fils de vingt-et-un ans, Alexandre, brillant étudiant à Stanford Californie.
En apparence, " une famille formidable ".
En réalité, une entente et un bonheur de façade.
Jean a une double vie depuis vingt ans avec Françoise, une journaliste de son âge, à laquelle il promet régulièrement le mariage...et qu'il aime en dépit de ses nombreuses incartades ; un jeu de la célébrité auquel il se prête comme à celui des autographes ou des selfies...sans plus...
Claire de son côté est follement amoureuse d'Adam, professeur de français de son âge dans une école juive, marié et père de deux filles.
D'ailleurs, Claire et Jean sont séparés depuis un an.
Jean vit dans un de ses appartements.
Claire habite un appartement modeste avec Adam, séparé de sa femme exilée aux USA avec sa fille cadette ; l'aînée Mila cohabitant avec son père et sa presque belle-mère.
Jean et Claire vont une dernière fois donner à ce que fut leur couple l'occasion d'une ultime représentation par l'entremise d'une réception à l'Élysée au cours de laquelle le grand journaliste est fait, par le Président en personne, grand officier de la Légion d'honneur.
Alexandre est présent à la cérémonie, cérémonie qu'il quitte pour se rendre chez sa mère où se trouvent Claire et Mila.
Alexandre s'ennuie et prétexte une soirée d'étudiants pour leur fausser compagnie.
Claire pousse Mila à accompagner son fils.
Mila accepte sans réelle envie et se retrouve au milieu de jeunes gens qui lui sont étrangers.
L'un des jeunes étudiants propose un jeu : séduire une jeune femme que le hasard a désignée et pour preuve de sa réussite, il devra ramener la petite culotte de la demoiselle en guise de trophée.
Celle que le hasard a désignée pour Alexandre n'est autre que Mila...
Une coupe de champagne, un joint, une promenade et le lendemain Mila accuse Alexandre de l'avoir violée dans un local à poubelles.
Dès lors, pour chacun des protagonistes commence une longue descente aux enfers, un chemin de croix pavé des plus mauvaises intentions.

Comme dans beaucoup d'histoires de ce genre, Karine Tuil plante d'abord son décor, expose ses personnages avant de les faire basculer dans le drame.
L'exposition est réussie tant sur la forme que sur le fond.
J'avoue avoir cherché qui pouvait être derrière chacun d'entre eux... à commencer par Jean, naturellement.
L'histoire se déroulant, j'ai fini par me dire qu'en fait il y avait certes des inspiratrices ou des inspirateurs derrière les uns et les autres, mais qu'en définitive leur rôle consistait à porter les masques de ceux qui font vivre cette comédie humaine dans laquelle nous sommes entraînés.
Le procès ou plutôt la séquence qui va de la garde à vue jusqu'au procès, est comme je l'ai dit précédemment une réussite exemplaire.
Pas de décors en carton-pâte, de la chair, du vivant, du " vécu " ou du parfaitement maîtrisé.
L'opposition, la confrontation, le narratif de Mila, jeune fille vulnérable, portant le traumatisme de ces élèves de l'école juive Ozar Hatorah, victimes de l'attentat terroriste perpétré le 19 mars 2012 par Mohammed Merah... " c'était un calme assourdissant, un calme qui hurlait ", Mila qui n'a pas pu se reconstruire quand ses parents ont quitté la France pour Israël...Israël qui n'a pas su les accueillir... Mila qui après leur retour en France a mal vécu la séparation de ses parents, l'éclatement de sa famille, l'installation de sa mère aux États-Unis, cette mère qui se cloître de plus en plus dans le religieux. Mila perdue qui est venue habiter chez son père et la mère de celui qui...
Le narratif d'Alexandre, fils de l'élite bourgeoise, enfant aimant mais mal aimé par une femme ne sachant pas ou n'étant pas prête ou faite pour ce rôle, par un père porteur d'une violence héréditaire, léguée par une mère polytoxicomane et prostituée... assassinée par un mari délinquant davantage présent au parloir que chez lui. Aimant mais mal aimé, Alexandre vit la pesanteur de l'enfance et la solitude affective. Puis Alexandre devenu étudiant convoité par les chasseurs de têtes, ces débusqueurs de talents, Alexandre chouchou de ces dames sur les réseaux sociaux, mais Alexandre qui a fait une tentative d'autolyse pour cause de "dé-pression ", Alexandre qui ne s'est pas remis d'une histoire d'amour passionnel, Alexandre qui est persuadé de ne pas s'être bien comporté, d'avoir blessé Mila... pas de l'avoir violée...
Leurs narratifs qui se font face, ce face à face irrésolu est " tripal ".

Ce drame ou ces drames brillamment restitués par Karine Tuil nous offrent une radioscopie balzacienne sans complaisance sur l'état de notre société.
Certes il y a la force toxique (?) des réseaux sociaux, des médias face auxquels la justice peut être fragilisée, détournée, influencée.
Il y a les hommes, les hommes de pouvoir et les autres.
Et puis il y a les femmes.
Une des grandes réussites de l'auteur, c'est de les avoir fait vivre, fait dire à travers la jeune Mila, à travers Claire la femme mûre et à travers Françoise la femme vieillissante et malade...un trio, un panel de choix.

Un drame de la comédie humaine dans lequel les humains ( y est recensé l'essentiel de ce qui les anime ) jouent parfaitement la comédie.

Un livre très prenant, d'une grande qualité de pensée et d'écriture.
Un livre où les failles sont à rechercher, le cas échéant, uniquement du côté du lecteur...
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Voilà un roman mené d'une main de maître, divisé en 2 grandes périodes, absolument captivantes. Une première partie présente les différents protagonistes : Jean Farel, journaliste politique reconnu, sa femme Claire, essayiste et féministe convaincue et leur fils Alexandre, étudiant à Stanford. Leur portrait est dressé habilement : ambitions, renoncements, petits arrangements avec la réalité, failles sont dévoilés par petites touches, rendant chacun terriblement vivant. La seconde partie est dédiée au procès (très réaliste) d'un des personnages accusé de viol. Là encore, la psychologie des différents personnages est très fouillée, très humaine. Chacun est présenté dans sa globalité, avec ses contradictions sans que Karine Tuil ne porte de jugement. Et c'est absolument passionnant ! La langue est riche, il y a un vrai souffle. C'est un roman très actuel, brillant et abouti, à lire assurément !
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C'est un vrai bonheur de retrouver la capacité de Karine Tuil à mêler divers éléments de l'actualité récente à des trajectoires singulières, l'acuité et la subtilité avec lesquelles elle évoque les relations humaines, qu'elles soient amoureuses, familiales ou sociales, et les contradictions dans lesquelles nous nous débattons tous peu ou prou, ainsi que la qualité et la fluidité de son écriture ; la partie judiciaire du roman, qui m'a tout particulièrement intéressé, témoigne de la rigueur de son travail de préparation, tant elle sait mettre en exergue la dramaturgie propre au procès d'assises, sans pour autant s'affranchir de ses contraintes procédurales ; j'espère que ce roman rencontrera le succès populaire qu'il mérite, tant cet auteur a le souci d'écrire pour le plus grand nombre, sans rien sacrifier de l'exigence littéraire.
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Un viol.
Un fait divers qu'on aurait pu suivre sur une chaîne d'info. Avec des débats houleux sur les plateaux télé pour nous expliquer comment analyser le fond. Avec des invectives assénées sur les réseaux sociaux par ceux qui souhaitent devenir "the" influenceur des troupes.
Un fait divers pour lequel on aurait fini par avoir une opinion tranchée/lissée sur le pourquoi du comment et sur ce que la justice devrait faire, en toute logique.

Karine Tuil, que je lis pour la première fois, a la bonne idée de remettre de la nuance dans le traitement délicat qu'on devrait avoir de ce genre d'informations. Il n'échappera à personne que pour faire entendre un message "nuanceur" sur un sujet si grave, il faut de la finesse et de l'intelligence. Je crois pouvoir dire que Karine Tuil a les qualités requises en ramenant tout simplement le drame à l'échelle de l'intime puisqu'on est au coeur de la famille du mis en examen. Procédé qui atténue la radicalité de façon plus efficace que d'entendre un avocat expliquer en quelques minutes dans un micro qu'il ne faut pas confondre émotion et justice.

Je ne sais pas si les prix littéraires influencent les troupes pour le choix de leurs lectures, mais si c'est le cas, je suis plus que contente que ce roman ait eu le Goncourt des lycéens.
Parce que c'est actuel et raisonné.
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Jean et Claire Farel forment un couple parfait, aux carrières bien construites, au quotidien sans surprise, à l'avenir prometteur. Jean est journaliste politique. Il a de l'ancienneté dans le métier. Ses preuves ne sont plus à faire. C'est un proche du Président. Claire est franco-américaine. Après de brillantes études, elle est devenue essayiste et féministe. le couple vit à Paris avec leur fils, Alexandre.

Alexandre a vingt ans. Il est promis à un brillant avenir. Il excelle dans tous les domaines. Grâce à cela, il peut étudier en Californie, dans la prestigieuse université de Stanford. Son futur, il l'imagine à la tête d'une grande entreprise américaine. Alexandre ne doute pas de ses compétences, de sa chance. Il est ambitieux et sûr de lui.

Les Farel sont sans histoires et représentent la réussite sous toutes ses formes.

Mais une ombre se profile. Une plainte pour viol met à néant cet avenir si bien préparé. C'est alors l'engrenage judiciaire et médiatique d'une famille que rien ne pouvait atteindre.
C'est le temps des interrogations, des remises en questions, et surtout de l'importance des relations humaines.

"Les choses humaines" est lauréat du Prix Goncourt des lycéens 2019. C'est une lecture qui ne m'a pas laissé indifférente, un roman qui m'a beaucoup questionné. A partir d'une affaire de viol, Karine Tuil interroge le lecteur sur les rapports humains et leurs impacts.

Ce livre se trouvait dans ma pile à lire depuis un certain temps. Je ne trouvais pas le moment de me plonger dans cet univers judiciaire que je connais bien. Mais ces derniers jours, des circonstances personnelles m'ont poussées vers cette lecture que j'ai pioché dans ma bibliothèque, et aussitôt ouvert, aussitôt lu. Quelle plume ! J'ai été happée dès les premières lignes.

L'histoire est basée sur un fait divers qui s'est passé à l'Université de Stanford en 2016, et qui a fait scandale. Les faits en eux-mêmes sont simples : une famille parfaite, la bonne "caste" de la société parisienne, une plainte pour viol, une descente en enfer. Puis arrive la médiatisation, la garde à vue, les confrontations, l'exposition de sa vie privée en public, même dans les moments les plus intimes, les plaidoiries, et le procès.

"C'est un lourd prix à payer, vingt ans de sa vie pour vingt minutes d'action."

Le plus intéressant dans cette lecture est le questionnement et le message de l'autrice.

"Qui est à l'abri de se retrouver un jour piégé dans un redoutable engrenage ?". Personne. Une famille de pouvoir, de l'argent, du sexe, de la manipulation et pourtant, la justice rattrape tout le monde. Abordant le féminisme, les relations volages, l'argent et les relations de pouvoir, ce livre est absolument prenant.

Et puis, il y a cette question qui revient sans cesse, celle des parents de l'accusé, celle qui interroge sur la culpabilité, la conviction, l'amour, face au regard et au jugement de tous à l'ère du #Metoo, des groupes féministes et de la violence des réseaux sociaux.

Ce livre est une pépite. C'est actuel, c'est fort et instructif. A mettre entre toutes les mains !
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Jean Farel est un célèbre journaliste politique, parti de rien, qui anime une émission de télévision depuis 30 ans et s'y accroche, il va recevoir la Légion d'honneur des mains du Président de la République.
Sa femme Claire, beaucoup plus jeune que lui, est une essayiste féministe reconnue. Ils sont en train de se séparer et elle a une liaison avec un professeur de français juif orthodoxe, tandis que Jean de son côté a une maîtresse depuis des années ainsi que de nombreuses aventures.
Leur fils Alexandre est un brillant étudiant qui a fait Polytechnique et Stanford, mais qui a également des problèmes affectifs puisqu'il a tenté de se suicider. Ses parents sont fiers de lui, mais ne s'en occupent pas beaucoup.
Leur monde va s'écrouler quand Alexandre est accusé de viol par la fille du nouveau compagnon de sa mère.

Les choses humaines est un roman passionnant que j'ai lu quasiment d'une traite et qui figurera parmi mes lectures marquantes de l'année.
On nage en pleine actualité, avec une description du monde des médias et de la politique sans concessions.
Les personnages, bien qu'un peu stéréotypés, sont parfaitement décrits et font forcément penser à des personnages réels tant ce livre nous plonge dans l'actualité. Après les avoir présentés, l'auteur les place face à leurs contradictions avec le drame qui les frappe.
De ce point de vue, le roman est très bien construit et très efficace.
La partie consacrée au procès est également excellente, avec des plaidoiries bien écrites et une analyse très fine du système judiciaire d'une part, et de la question du consentement d'autre part.
On pourrait faire la fine bouche en disant que ce roman tombe un peu dans la facilité en surfant sur l'actualité, mais pour moi Karine Tuil a évité cet écueil en traitant son sujet avec une grande intelligence.
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Voilà un titre bien choisi: en refermant le livre je n'ai pu qu'apprécier , humain, oui, qu'importent les études, le degré de "civilisation" si j'ose dire, les instincts dits humains prennent souvent le dessus face à la raison.
Alexandre est un jeune homme issu d'une famille célèbre, divorcée,(son père, roi de la télé-politique), à l'aise dans ses études, dans sa vie, promis à un bel avenir; lors d'un passage à Paris , invité à une soirée par des amis , il y emmène la fille de l'ami de sa mère, pas plus heureux l'un que l'autre à cette idée, et à la suite d'une imbécillité de bizutage formulée par l'un des leaders , leur vie va basculer, Cela se termine en cour d'assises.Voilà le mot viol jugé.Comment, pourquoi?la vie de la victime et de son assaillant, tous deux si jeunes va être exposée aux yeux de tous avec des répercussions évidemment sur les parents, mais ça c'est une autre histoire...
Le questionnement de K.Tuil sur ce sujet si brûlant est plein de tact, elle laisse la question des responsabilités ouverte, l'écriture est agréable, claire et fluide comme d'habitude.Avec le roman de M.Pingeot "se taire"qui traite plus d'un autre aspect du même sujet, il me semble que les argumentations présentées par ces deux auteurs suffisent avec intelligence à présenter ce Mal qui a donné lieu sur les réseaux sociaux à un déversoir cathartique de peu de réflexion et à beaucoup d'amalgames, même si cela a pu contribuer à faire changer certains comportements machistes insupportables.
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