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4,02

sur 4691 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
De consentement il est encore question dans cet ouvrage de Karine Tuil. Je dis encore parce que je venais de terminer celui de Vanessa Springora qui porte ce titre. Sans le présager je suis resté dans le même registre. Où l'on se rend compte que la notion de consentement peut aussi porter à caution.

Mais de manipulation point dans Les choses humaines, puisque le crime, que d'aucun voudrait bien requalifier en délit, se produit lors de la rencontre fortuite de deux parcours de vie. Une soirée entre convives dérape. Un bizutage imbécile, comme souvent, et deux vies qui basculent. Ce que le père de l'accusé appellera fort maladroitement « vingt minutes d'action ». Ce que l'avocat de la plaignante requalifiera en « vingt minutes pour saccager une vie ». Y'a-t-il eu viol ou relation consentie ?

Notre société moderne a tendance à niveler la gravité des actes. L'inconséquence prévaut désormais. Les violences physique et sexuelle sont en libre-service sur tous les supports médiatiques, officiels ou sous le manteau. Dans le monde virtuel qui s'impose désormais les esprits s'accoutument à ce que violenter soit anodin. le danger est dans le franchissement de cette frontière immatérielle qui ouvre sur la réalité, en particulier lorsqu'il est favorisé par le recours aux psychotropes. Aussi lorsque dans une soirée où alcool et drogues prennent possession des esprits, se « taper une nana » et rapporter sa culotte en forme de trophée, ce n'est jamais qu'une forfanterie. de toute façon elles savent où elles mettent les pieds.

Pour l'agresseur, elle n'a pas dit non, ne s'est pas enfuie. Elle a donc consenti. Pour la victime c'est l'envers du décor. le choc psychologique a étouffé ses cris et paralysé ses membres.

Dans un système qui privilégie trop souvent la recherche du solvable au détriment du coupable, faudra-t-il désormais se retrouver sur le banc des accusés dans une salle d'audience pour réaliser la portée des actes ?

Je me suis retrouvé dans la salle d'audience pris dans les joutes oratoires superbement transcrites entre partie civile et défense. La restitution est étonnante de réalisme immersif. Karine Tuil veut que la dimension humaine en matière de justice conserve ses prérogatives et ne rien céder ni à la mécanique judiciaire aveugle d'une société sur codifiée, ni au lynchage orchestré par les lâches qui déversent leur fiel sous couvert d'anonymat sur les réseaux sociaux. Elle veut rendre à la conscience humaine son droit régalien de peser le bien et le mal. Pour la victime comme pour l'accusé. Il s'agit de réattribuer des conséquences aux actes en un juste équilibre des responsabilités et ne pas se plier à la loi des intérêts.

Cet ouvrage m'a passionné de bout en bout. Il est remarquablement bien construit, documenté, et écrit. Résolument moderne. L'exposition médiatique conditionnent les comportements. La justice se rend sur les réseaux sociaux où la présomption d'innocence n'existe pas. L'épilogue est logique sans être prévisible. L'épilogue de l'épilogue est plus surprenant. Moins engageant. Mais surement inéluctable.

Je découvre cette autrice qui vient de publier son nouvel opus : La décision. Je sais déjà que je m'y intéresserai. Il y est encore question de la justice des hommes. Une justice que Karine Tuil ne veut décidément pas voir mise en algorithmes. La justice doit rester affaire de conscience humaine et penser à la vie après le jugement.
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Apparences.

Les Farel font partie de l'élite. Jean est un journaliste politique célèbre, quand Claire, sa femme, est une féministe médiatique. Leur fils Alexandre est étudiant à Stanford. Une plainte pour viol va enrayer cette mécanique.

C'est un excellent roman. Les quatre premiers chapitres nous présentent les personnages avec une plume acerbe et sans concession. Tout semble aller pour le mieux dans le meilleur des mondes. En apparence. Chacun présente une vie satisfaisante, mais dans les faits chacun a ses failles et ses fragilités.

Le roman est magnifiquement construit. Tout n'est que nuances de gris. Tel personnage détestable s'avérera être un modèle de dévotion a un autre moment, quand un autre montrera un comportement ambivalent alors qu'il semblait à plaindre.

Les apparences peuvent être trompeuses. L'un de nos personnages en fera l'amère expérience. Comment savoir où se situe le consentement? Est-ce que ne pas dire non à une relation sexuelle vaut consentement ? A l'inverse faut-il demander le consentement pour le moindre point de détail ? N'y a t-il pas un risque d'aseptiser les relations humaines ?

Le bonheur et la sincérité sont bien dérisoires face à l'importance démesurée du prestige et du paraître. Les relations ne servent que l'intérêt des uns et des autres.

En somme, un excellent roman qui questionne la question des apparences.
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Jean Farel est un célèbre journaliste et chroniqueur politique. Il est présent sur les ondes et le petit écran depuis plusieurs décennies. Les personnalités politiques préfèrent le savoir de leur côté plutôt qu'hostile. Etre présent sur son plateau est en effet un gage de visibilité, mais mieux vaut ne pas s'y prendre de « coups de griffe »… Ce Jean Farel vieillissant est encore talentueux. Il est prêt à beaucoup de compromissions et de coups bas pour sauvegarder son image et sa place.*
Claire Farel, l'épouse de Jean, est une essayiste connue et engagée sur des combats féministes.
Leur fils Alexandre est un étudiant brillant. Son esprit de compétition lui permet aussi de finir des trails difficiles en des temps très honorables.

Mais cette famille n'est pas si exemplaire qu'elle le montre. Jean Farel entretient une liaison extra-conjugale, Claire a fini par l'imiter et s'apprête à le quitter, tandis que le compétiteur Alexandre se remet doucement d'un pétage de plombs.
Un grave évènement fera tomber les masques, avec des effets ravageurs pour chacun d'eux, et bien sûr des dégâts collatéraux…

Les rapports de domination, en particulier entre hommes et femmes, constituent la thématique centrale de ce roman.
On ne peut pas lui reprocher de coller autant à l'actualité par simple opportunisme tant le propos est fouillé. La description de l'appareil judiciaire est parfaite, et les personnages sont remarquablement bien présentés, avec leurs forces et leurs faiblesses et la mise en évidence de leurs propres contradictions.
L'écriture est en outre claire, précise et agréable.

En résumé, il s'agit d'un excellent roman qui invite à réfléchir.

___

* hors sujet : Jean Farel a beaucoup des défauts du speaker PPDA mais l'auteure ne lui fait cependant pas donner de fausse interview (Castro), ni publier sous son nom des livres écrits par d'autres payés à cet effet. Rappelons qu'il y a quelques années, le monsieur fut accusé de plagiat d'une oeuvre ancienne peu connue et oubliée, hormis d'une personne qui avait su retrouver une phrase recopiée mot pour mot dans cet ancien livre… Parfois des nègres littéraires se vengent d'indélicatesses de leur commanditaire en faisant savoir qu'un extrait du livre qu'il ont écrit pour lui a été recopié d'un autre (extrait qu'il y avaient placé à l'insu de leur client et prétendu auteur).
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Harcèlement et agression sexuels ont le vent en poupe, et constituent une grande source d'inspiration garante de succès dans une société en proie à une véritable crise sexuelle. Néanmoins, Karine Tuil, à travers son récit, ne prend pas parti, ne juge pas, et décrit admirablement la complexité de conclure sur la réalité d'un non-consentement, face aux dires respectifs d'une prétendue victime et d'un prétendu coupable. Surtout, au fil de ce procès, se dévoile une violence bien plus profonde, bien plus intime, qui force le lecteur, comme les jurés sans doute, à s'interroger sur qui sont les vrais coupables.

Un roman captivant, très bien écrit, très psychologique, qui a largement mérité les prix reçus !
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Trois parties comme trois actes.
La première partie « campe » les acteurs du drame : Claire, une brillante essayiste féministe, son époux Jean, journaliste politique vedette mais vieillissant de la télévision, dont elle vit séparée, Adam son nouveau compagnon, et Alexandre, le fils de Claire et Jean, promis à un brillant avenir. Cette première partie porte de titre de « diffraction », « phénomène physique qui se manifeste par une modification de la trajectoire des ondes lorsqu'elles rencontrent un obstacle ». Les tout premiers mots du roman sont un indice pour le lecteur, quand à la nature de ce choc : « la déflagration extrême, la combustion définitive, c'était le sexe ».
La deuxième partie est donc celle du choc, du drame, « le territoire de la violence », et la troisième, intitulée « rapports humains », celle de la résolution.

Des détracteurs ont reproché à Karine Tuil son sens de la caricature, le manque de profondeur de ses personnages. Je ne suis pas d'accord. Je trouve au contraire que Les choses humaines est un roman intelligent, profond, juste.
Juste, car dans la vie, les choses sont rarement blanches ou noires. Les êtres humains que nous sommes ont des qualités et des défauts, des forces et des failles. le « déterminisme social » nous façonne malgré nous, et les cartes ne sont pas les mêmes pour tous.
Juste aussi, car l'auteure ne prend pas position. Elle expose les faits, et laisse au lecteur le soin de juger. Viol, ou rapport brutal ? Accord tacite ou refus muet ? Consentement suivi de regrets ? Ni blanc ni noir, on est dans la fameuse « zone grise », dans laquelle chacun a sa vérité.
Le message est celui qu'une trajectoire individuelle ne saurait être prise dans le tourbillon d'opprobre collective et d'emballement médiatique autour du mouvement #MeToo.

Ce roman m'a donné envie de découvrir les autres écrits de Karine Tuil, et d'aller voir l'adaptation au cinéma de Les choses humaines.
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Dans les choses humaines, Karine Tuil décrit une société malade, elle fait l'autopsie de la notion de consentement.
Le viol est un thème contemporain, mené ici avec réflexion.
On réfléchit sur notre époque, nos interactions sociales, un monde politiquement correct mais socialement abject, où l'on constate que la culture ne sauve pas de la monstruosité.
Je recommande la lecture de ce roman tristement actuel.
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Ce roman a obtenu deux Prix Littéraire en 2019 : le Prix Interallié et le Prix Goncourt des Lycéens. Lu à l'automne dernier pendant le confinement, il était temps que je vous le présente sur ce blog...
Jean Farel a 70 ans ; c'est un célèbre journaliste politique français, habitué à signer des autographes et au succès de son émission qui remporte tous les suffrages. Egoïste et narcissique, il se soucie peu de ceux qui l'entourent que ce soit en famille ou au travail.
Sa femme, Claire de 27 ans sa cadette, est essayiste. C'est une féministe convaincue qui se bat pour faire passer ses idées.
Ils ont eu un fils, Alexandre, qui fait de brillantes études outre-Atlantique mais ne se relève pas d'une séparation. Fragile, il a déjà fait une tentative de suicide et ses parents sont inquiets pour lui.
Jean et Claire Farel ont des difficultés dans leur couple. Claire en a assez de son mari volage qui mène une double vie et ne peut pas s'empêcher de draguer toutes les jeunes femmes de la production. de plus, il ne pense qu'à son travail et au risque qu'il prend tous les jours, s'il vieillit, de voir son émission être retirée de la programmation.
Un jour, Claire rencontre Adam. Il enseigne dans une école juive où elle a été invitée à participer à un débat avec les élèves. Il la séduit aussitôt. Il est juif, il en a assez de la vie étriquée que lui impose sa religion, il se rebelle et décide de quitter sa femme pour vivre avec Claire. La plus jeune fille d'Adam, Mila vient vivre avec eux, car elle se querelle avec sa mère sans cesse.
Un soir où Alexandre, exceptionnellement de retour en France, s'apprête à sortir avec des amis, Claire le persuade d'emmener Mila avec lui pour faire connaissance. le lendemain matin la jeune fille porte plainte pour viol contre lui.
Le couple formé par Adam et Claire explose, tandis que le monde doré des Farel s'écroule.

Mon avis
Depuis l'année dernière, j'hésitais beaucoup à lire ce roman, pourtant j'aime en principe toujours le choix des Lycéens. le sujet ne m'inspirait pas. Mais comme je n'avais jamais lu de romans de Karine Tuil, j'ai pensé que c'était une bonne occasion de découvrir son écriture.
Je l'avoue, j'ai été agréablement surprise par la manière avec laquelle l'auteur traite ce sujet délicat. Elle nous livre une analyse fine, précise et tout à fait intéressante des différents personnages, de leurs psychologies, des traumatismes de leur enfance qui expliquent mais n'excusent pas bien entendu, leurs attitudes d'aujourd'hui. Elle donne de nombreux détails de ce qu'ils font ou pensent, détails qui permettent au lecteur de les imaginer dans le contexte de leur vie quotidienne. C'est très journalistique finalement.

Beaucoup ont dit que l'auteur avait surfé sur la vague et qu'elle avait voulu traiter de ce sujet d'actualité suite aux mouvements féministes, #MeToo et autres. C'est possible, mais ce livre n'est en rien un soutien ni une dénonciation de ces mouvements. Les seuls excès mis en avant sont ceux des réseaux sociaux qui dans le roman, comme dans la vie, s'emparent bien évidemment aussitôt de l'affaire.

Je trouve que le début du roman qui dresse le tableau familial est bien construit puisque le lecteur fait connaissance avec chacun des protagonistes, certes un peu rapidement et de manière un peu caricaturale, mais c'est une étape incontournable pour comprendre leurs envies, leurs déceptions, leur façon de concevoir la vie et le travail. Je ne connaissais pas ce milieu mais je n'ai rien appris dont je ne me doute déjà et cela est tout à fait intéressant.
La partie la plus aboutie reste cependant celle du déroulement du procès, la mise en place des plaidoiries, et toutes les réflexions autour de la notion de viol, de consentement, de cette fameuse "zone grise" (je n'aime pas ce terme mais il explique bien que le ressenti des deux personnes peut être différent, que l'un pense que la jeune fille est consentante, alors que c'est sa peur qui la paralyse et l'empêche de se défendre). Où est la limite selon le point du vue de la jeune femme et du jeune homme ?

Ce roman est un portrait sans concession de notre société, de la violence faite aux femmes, des gens de pouvoirs qui pensent sortir toujours gagnants de toutes les situations et une véritable réflexion autour de la sexualité d'aujourd'hui. L'auteur dit s'être largement inspirée d'un fait divers de 2015 dans lequel un étudiant de Stanford, venant d'un milieu aisé, sportif, "bien sous tous rapports", avait été accusé de viol par une jeune fille...déroutant toutes ses connaissances et sa famille.

Encore une fois les lycéens ne se sont pas trompés. Ils ont montré leur capacité à devenir des adultes responsables, à s'engager en votant pour ce roman à lutter contre la violence faite aux femmes.
Je suis persuadée que ce livre continuera à provoquer des débats passionnés et des réflexions intéressantes sur le ressenti de chacun. Car l'auteur a ce talent : à aucun moment, elle ne porte de jugement ni ne prend partie et elle laisse donc le lecteur seul devant son ressenti, écouter les plaidoiries des deux parties et se faire son propre avis. La toute fin est pour moi surprenante et sans espoir ce que je trouve dommage pour les jeunes qui auront à lire ce livre un jour.

Lien : https://www.bulledemanou.com..
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Alexandre Farel, le fils d'une essaiste de renom et d'un présentateur TV chouchou des français, est inculpé pour le viol d'une jeune femme lors d'une soirée...
Comme souvent dans ces sombres faits, va se poser la question d'un éventuel consentement de la victime, ces riches mâles assoiffés de pouvoir étant prêts à tout pour dénigrer leur victime et ainsi faire accepter leurs actes odieux...
Un livre dans l'air du temps.
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Le livre démarre lentement...on se demande où l'auteur veut nous transporter, dans un monde d'argent, de pouvoir, de communication, dans celui de ces hommes et femmes qui nagent en eaux plus ou moins troubles dans le monde des médias, qui flirtent avec le pouvoir. Bref un monde qui m'est étranger et que je n'affectionne pas particulièrement. Loin de là !
Il faut toutefois reconnaître que Karine Tuil, sait captiver son lecteur quand elle décrit ses personnages, leurs personnalités et psychologies complexes, et le monde dans lequel ils évoluent. Elle prend le temps de le faire, de tracer leurs relations, le passé et les ambitions de chacun.
Certains d'eux sont presque des personnages de notre actualité sur lesquels on pourrait coller une image ou un nom.
Claire, jeune femme brillante, a fait connaissance avec Jean Farel, célèbre journaliste de télévision, qui occupe l'antenne du dimanche soir depuis des lustres. Elle a 27 ans de moins que lui, et, malgré les aventures et coucheries qu'on lui porte, malgré ses deux divorces précédents, elle l'épouse.
On les retrouve une vingtaines d'années plus tard, ils ont eu un fils, Alexandre, jeune homme brillant, étudiant dans une université américaine. Aujourd'hui, le couple est séparé. Jean continue ses coucheries...les femmes s'offrent à lui, et Claire vit une autre vie...un autre amour.
A l'occasion de vacances, Alexandre retrouve sa mère, son ami, et la Mila fille de celui-ci.
Tous deux partent dans une soirée étudiante...
Qui dit étudiant, dit bizutage....ce genre de jeu débile qui n'amuse que ceux qui l'organisent...
Jean et Mila couchent ensemble...peut-on dire font l'amour?
Début d'une autre histoire, le roman prend alors une toute autre intensité. Cette scène d'amour entre étudiants à l'occasion de ces soirées d'alcool et de drogue à volonté devient le tournant du livre.
Scène d'amour acceptée ou agression sexuelle et viol-bizutage?
Alexandre et Mila ont une vision toute différente de ces quelques instants presque sordides...une vision qui se terminera à la barre d'un tribunal.
L'auteure nous confronte aux questions du bien et du mal, de la pression sociale que vivent les jeunes qui connaissent le succès ou de ceux plus modestes qui se cherchent encore, de jeunes issus de milieux différents qui n'ont pas reçu les mêmes éducations, qui n'ont pas les mêmes valeurs.
Elle aborde les difficiles questions du bien et du mal, en démontant la mécanique du viol. Elle nous montre qu'une vie toute tracée peut basculer en quelques instants, être saccagée et brisée...que des choix de vie peuvent être anéantis à jamais, par des broutilles pour l'un qui n'en sont pas pour les autres.
Elle nous fait vivre un procès passionnant et documenté
#Metoo, est passé par là, la liberté sexuelle aussi..le sujet est d'actualité...le livre ne peut laisser indifférent..Il pose de vraies questions.

Lien : https://mesbelleslectures.co..
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Les Farel sont un couple de pouvoir : lui, présentateur d'une émission politique, star vieillissante des plateaux TV, incapable de lâcher la rampe. Elle, intellectuelle féministe qui connaît un certain succès en tant qu'essayiste.
Et leur fils unique, brillant étudiant à Stanford, né avec une cuillère en or dans la bouche mais non exempt de fêlures liées à son enfance.

Karine Tuil nous livre le portrait d'une famille privilégiée autant que dysfonctionnelle. Finalement presque banale dans sa démesure. Jusqu'au point de rupture : une plainte pour viol qui fait voler en éclat le fragile vernis des apparences.

J'ai trouvé ce livre remuant. Il m'a poussée dans mes retranchements. Karine Tuil est assez factuelle dans son écriture. Elle ne prend pas réellement partie, j'ai trouvé cela un peu déstabilisant. de surcroît, elle ne place pas la victime au centre de son histoire. Face à un acte aussi odieux, après avoir évoqué MeToo et la libération de la parole des femmes, on aurait pensé que l'auteure qu'elle choisirait un autre camp.
Or elle ne le fait pas. Elle laisse le lecteur face à lui-même et à ses propres interprétations.
J'ai trouvé ce parti pris intéressant. Il met le lecteur face à ses certitudes, et le laisse questionner seul son propre rapport au consentement et à ce que l'on appelle la zone grise.

Cette situation est troublante (et surtout désagréable) en tant que lectrice. Il n'est pas confortable de voir les choses selon le point de vue du violeur, cela n'est pas naturel et surtout cela laisse la possibilité de « comprendre » (ou pas) et finalement de « trouver des excuses » (ou pas) à une agression pour laquelle on n'a aucune envie de trouver une quelconque circonstance atténuante.
Bref, position très dérangeante pour ma part.

Au final, ce livre n'est pas « moral », même la fin ne l'est pas, on frôle le cynisme. Pour autant, fallait-il s'attendre à autre chose ? Je rappelle le titre : les choses humaines

J'aime les livres qui questionnent mes certitudes, me bousculent et m'obligent à lutter contre moi-même. Celui-ci en fait partie clairement.
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