C'est une confession.
La confession d'un homme qui ne se confesse plus depuis longtemps.
La confession d'un vieil homme qui a ruminé 60 ans une adolescence abimée, détruite.
La confession d'un jeune homme, puis d'un homme qui toute sa vie a essayé d'oublier de quoi il a été victime.
La confession d'un homme qui, bien que victime, se sent coupable, coupable de passivité, coupable d'obéissance, coupable peut être de lâcheté.
C'est la confession d'une haine viscérale pour des hommes, qui, bien à l'abri sous leur soutane, assenant morale et leçons aux enfants que des parents confiants leur ont livrés, satisfont des besoins contraires au devoir auquel ils ont décidé, choisi de s'astreindre et qui les oblige.
Nul besoin de s'étendre sur les dégâts incommensurables, irréversibles provoqués par les abus subis.
Ainsi il a mené sa vie et pourtant il a été empêché, toute sa vie…
Il cherche à présent, se torture, nous interpelle. C'est auprès de nous qu'il a besoin de se confesser et le lecteur est bien malheureux à le lire. Car pour mener sa vie cahin-caha il a voulu oublier, ne plus se souvenir. Et il y est parvenu. Bien des événements lui échappent aujourd'hui, enfouis au plus profond de sa mémoire. Il a beau, maintenant qu'il s'est décidé à parler, chercher, fouiller, ce qui lui revient c'est la sidération, la panique, l'effroi, le dégout et la haine fermement ancrés dans ses tripes.
La plume hachée, heurtée, et belle néanmoins, transpire sa colère.
Un témoignage bouleversant.
Merci à Babelio pour cette Masse critique, aux Editions Esperluette et à M. Turine pour cette lecture éprouvante mais nécessaire.
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Un petit coup de torchon de spiritualité bien ordonnée et hop, les voilà soulagés et aptes à repartir à l'assaut de leurs aventures illicites. Il ne s'agit pas de cette tartufferie, ni d'une commedia dell'arte, il est question d'un crime, comme tout viol ou tentative de viol. D'un crime dont les curés, du bas de la hiérarchie jusqu'au sommet, c'est à dire le Vatican, se grandiraient en le reconnaissant comme tel dans toute son ampleur, son infamie et sa fornication animale, sans tourner autour de l'encens ni du calice ni du ciboire, et non pas en susurrant quelques suppliques d'indulgences d'une voix sirupeuse et adoucissante.