Lao Tzu : Tao Te Ching

Je serai éternellement reconnaissant à Lao Tseu de m'avoir fait découvrir Ursula le Guin.

J'espère par cette phrase avoir rendu un petit hommage à l'impertinence du Tao Te King. Je pense qu'une spiritualité avec laquelle on ne peut pas rigoler de temps en temps, comme avec de bons amis, n'est pas bonne à grand chose. Et dans le taoïsme j'ai trouvé un ami, un ami qui me donne aussi parfois des coups de pied, à moi qui n'ai jamais compris grand chose à la spiritualité, et qui me console en me disant que c'est seulement le jour où je croirai avoir enfin compris que je pourrai dire avec certitude que je n'ai rien compris.

Le Tao Te King, son discours subversif à tous les niveaux, son absence de dogme, son humour et ses paradoxes dynamiques qu'on reconnaît tout partout, m'ont séduit, m'aident à structurer quelques bribes de savoir, à affronter le monde... et m'ont amené à découvrir l'oeuvre de Mme le Guin. Elle-même en a hérité de son père, il l'a suivi toute sa vie, et inspiré toute son oeuvre. le présent livre est sa version du Tao Te King, en anglais.

Cet ouvrage, déjà obscur en chinois, a fait l'objet de très nombreuses traductions, qui se contredisent parfois. Ursula le Guin ne lit pas le chinois. Elle explique sa démarche dans la postface, comment elle a produit son livre à partir d'une translittération du chinois vers l'anglais, et des nombreuses versions disponibles. Elle a essayé de rendre un version accessible, qui exprime la poésie du texte, sans ésotérisme.

Les chapitres sont parfois suivis de courte notes, qui sont souvent lapidaire (et savoureuses), comme ce "So much for capitalism". Je ne suis pas dupe : c'est le Tao Te King vu par Ursula le Guin, comme j'ai découvert le Taoïsme vu par Marc Halévy, ou par Winnie l'Ourson. C'est comme ça que voyagent les idées.