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sur 382 notes
Comment un roman peut-il mettre L Histoire en valeur ? Mieux, comment un roman peut-il révéler des faits gravissimes ignorés totalement ou partiellement ? Ceci, Didier van Cauwelaert l'a réussi dans "La femme de nos vies".
C'est à Hadamar, « charmante bourgade du Limburg, en Allemagne », que David Rosfeld, le narrateur, retrouve la première femme qu'il a aimée : Ilsa Schaffner : « C'est l'amour de ma vie. L'amour fondateur, la sensualité, l'intelligence, le courage, le don de soi jusqu'à l'abnégation – tout le pouvoir créateur d'une femme… » Si notre homme est très âgé, Ilsa est centenaire et lui a sauvé la vie en 1941, au même endroit où il retrouve Marianne le Bret, avocate à Morlaix, petite-fille d'Ilsa.
Rapidement, nous replongeons dans L Histoire, à l'époque où David s'appelait Jürgen Bolt, était un autiste léger et travaillait dans la ferme de ses parents. Après un événement que nous laisserons découvrir au lecteur, il se retrouve interné dans l'hôpital psychiatrique d'Hadamar, lieu réel des dernières heures des « pionniers de la solution finale. »
Tentant de réhabiliter Ilsa auprès de sa petite-fille, le narrateur maintient page après page un intérêt maximum, un désir d'en savoir plus. S'appuyant sur l'histoire vraie d'Ida Tacke, chimiste surnommée « la Marie Curie allemande », Didier van Cauwelaert rappelle ces découvertes qui auraient pu changer le cours de l'Histoire puisque Ida Tacke avait émis, dès 1934, l'hypothèse de la fission nucléaire.
C'est à Hadamar que les Nazis ont expérimenté les douches à gaz, euthanasiant 12 000 patients en quelques semaines sur un total de 70 000 victimes pour toute l'Allemagne. Ainsi, « la solution finale » était au point et allait être utilisée dans les camps d'extermination.
Avec beaucoup de patience et de tendresse pour son auditrice, David remonte le cours de l'Histoire. À 20 ans, Ilsa était « nazie mais nationale-socialiste, pas fasciste. » Oberleutnant dans la Wehrmacht, elle dirigeait une école de petits génies pourtant catalogués comme débiles et destinés à être éliminés. Pourtant, malgré sa déportation à Mauthausen, elle est accusée de crimes de guerre après les témoignages du colonel Grübblick et du maréchal Göring.
Au fil des pages, nous rencontrons aussi Hitler, « un sadique caractériel, paranoïaque et versatile… un touche-à-tout absolument inculte… ». Puis le récit, toujours mené sous la forme d'un monologue très vivant ne négligeant pas les petits problèmes de la vie quotidienne, nous emmène aux États-Unis où David Rosfeld a été envoyé en mission. Si la rencontre avec Albert Einstein est un peu rocambolesque, elle permet d'expliquer comment David a pu se faire une place enviée au sein des chercheurs américains. C'est l'occasion, pour l'auteur, de souligner l'attitude de John Edgar Hoover qui voit des agents soviétiques partout !
"La femme de nos vies" est un roman passionnant, instructif, qui se lit d'une traite.
Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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Comme un long monologue d'un vieux Monsieur qui raconte sa vie et de celle qui a eu un immense poids sur son destin.
On fait une incursion dans la 2ème guerre mondiale et le monde de la physique.
J'ai vraiment beaucoup aimé et j'ai eu parfois de la peine à le lâcher.
C'est le 4ème titre que j'apprécie de cet auteur.
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En janvier 1941 Jürgen Bolt, jeune paysan autiste léger, dénoncé par ses parents est interné à l'hôpital psychiatrique d' Hadamar. Son voisin de lit est David Rosfeld, un garçon juif surdoué dont la mère, célèbre scientifique a été assassinée.
La veille de l'euthanasie de ces jeunes enfants différents par les nazis, Jürgen et David échangent leur identité.

" Je refuse d'être le meilleur dans une société sans âme qui tue ceux qu'elle juge inférieurs."

Ilsa Schaffner récupère des enfants surdoués pour les projets scientifiques du Reich. Elle avait repéré David et elle emmènera donc Jürgen. Dans le château d'Helm en Bavière, elle gère une école de surdoués avec son ami Gert qui lui, dresse des chiens pour l'armée nazie. Hitler est très intéressé par les progrès des animaux et attend des enfants qu'ils mettent au point la bombe atomique, chose possible avec les archives de Yael Rosfeld.
Soixante dix ans plus tard, David alias Jürgen est au chevet d'Ilsa et il y croise Marianne le Bret, sa petite-fille. Elle souhaite arrêter l'acharnement thérapeutique sur sa grand-mère qui pour elle, n'est qu'un bourreau nazi.
Dans une longue conversation indirecte, David tente de réhabiliter la mémoire de celle qui lui a sauvé la vie, " la femme qui a fait ma vie.". Et cette empathie constructive, cette intelligence du coeur qui caractérisent Jürgen m'ont totalement convaincue. Car dans ce récit avec Marianne, Jürgen est à la fois passionnant, fripon, curieux, philosophe. Jürgen communique sa sensibilité lorsqu'il sauve un veau de l'abattoir, sa passion devant la belle Ilsa, son admiration pour l'intelligence et la bonté de David, son impulsivité quand il assène un coup de poing à Hoover qui insulte la mémoire d'Einstein, sa curiosité lorsqu'il se mêle de la vie intime de Marianne.
Certes l'histoire est intéressante avec le projet et le destin d'Ilsa, la rencontre avec Einstein, mais c'est surtout cette façon de raconter qui m'a ravie avec un double objectif pour le narrateur, celui de réhabiliter Ilsa Schaffner et de redonner à Marianne le bonheur et la douceur de vivre.
Lien : http://surlaroutedejostein.w..
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Les puristes diront que mêler fiction et événements réels c'est travestir l'histoire, la circonscrire à une simple fantaisie, en oublier la réelle teneur et je ne sais quoi encore. Quoi que pensent ces fanatiques du "pour de vrai", on ne peut nier que Didier van Cauwelaert réussit cette mixture avec brio. La fiction permet même de rappeler certaines données qui sont peu connues ou en grande partie oubliées.
Mais l'auteur ne s'est pas contenté d'écrire un "roman historique" parmi tant d'autres, il réussit surtout l'exploit de tenir en haleine son lecteur de la 1ère à la 294ème et dernière page de ce livre alors que le texte n'est lui même que le long monologue de la narration rétrospective des événements. le procédé littéraire a beau être vieux comme le monde ou presque, il est tout simplement efficace. On est emporté et nos yeux fiévreux ne peuvent se détourner des petits signes noirs qui se détachent des pages livides. le style épuré permet aussi de maintenir cette tension permanente chez le lecteur et teinte aussi d'humour le récit.

Le texte réactive de grands leitmotiv littéraires et peut donc sembler parfois tomber dans une certaine facilité mais n'est ce pas le cas d'une foule de récits ? Pour ma part je trouve que cette mémoire littéraire est aussi une des forces du roman.

Je ne vous dévoile rien de l'intrigue sciemment car pour moi il est essentiel d'en savoir le moins possible en ouvrant ce livre.

Tout ce que je peux vous dire c'est que: "Celui qui dit "Je préfère la chance au talent." avait un regard pénétrant sur la vie. Les gens n'osent pas admettre combien leur vie dépendent de la chance. Ça fait peur de penser que tant de choses échappe à notre contrôle." (Chris Wilton à Nola Rice dans Match Point)
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Je ne connaissais pas cet auteur. Quelle rencontre!!
J'ai été conquise par cette histoire d'identité, de transmissions, d'apparence, de jugements... plein de thèmes sont ici évoqués.
Je me suis vraiment régalée aussi sur la manière de raconter cette histoire : un dialogue avec une seule voix...
Belle découverte
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L'histoire est assez prenante.
On est très vite embarqué par le personnage qui raconte l'histoire de cette femme pendant la guerre.
Un roman facile à lire là encore, qui mêle histoire et romance sur fond de déportation. le sujet aurait pu être lourd, il s'avère traité sous un angle différent qui le rend agréable à lire malgré les atrocités de la guerre.
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Un jeune allemand, considéré comme attardé mental, échappe à son destin cruel et devient le bras droit de Einstein.

En général, j'apprécie les livre de van Cauwelaert, mais j'ai aussi tendance à fuir comme la peste les livres qui parlent du nazisme. Et pourtant, malgré quelques passages plus durs, il y a un courant positif dans ce livre qui m'a permis d'aller jusqu'au bout de l'histoire et d'apprécier ce livre.
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C'est vrai que j'ai dévoré ce livre car il est amusant et parce que l'écriture parfois commerciale de DVC nous invite à tourner les pages le plus vite possible – mais c'est aussi son défaut, et je ne retiendrai pas grand-chose de ce livre dans quelques semaines.

Je lis que c'est une histoire vraie, je suis sceptique.

« L'empathie constructive, c'est l'une des seules qualités que je possède, mais c'est probablement la plus rare et la plus efficace. (…) L'empathie constructive qui, en quelques années, aura fait d'un garçon de ferme un docteur en physique nucléaire. Si vous êtes regardé comme un crétin, vous le resterez. Si l'on vous prête de l'intelligence, vous la rendrez au centuple. »

Toute une historie basée sur du vent, sur le faux-semblant, et c'est vrai ? Toujours aussi sceptique. Mais peut-être que racontée autrement j'y aurais cru.

En tout état de cause, c'est du DVC classique, et j'attends avec impatience que la suite de ‘Jules' soit disponible en bibliothèque ou paraisse en Poche – c'est que je ne vais quand même pas trop dépenser, hein !
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Je serai incapable de mettre en mots ce que m'a fait vivre cette oeuvre. Je me contenterai seulement de dire ceci : ÉMOUVANT. PERCUTANT. MAGNIFIQUE.
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Voilà un beau livre.
Beau par son écriture, oh oui, par les thèmes abordés, par l'histoire où on ne sait plus très bien où commence la fiction, par ses incroyables personnages, surtout féminins.

La façon de raconter est spéciale aussi, une sorte de dialogue à une seule voix, mais toujours très vivant et même drôle.

Et ce livre m'a renvoyée vers des lectures récentes ; il évoque le programme Aktion T4, ce projet (et pas resté à l'état de projet malheureusement) d'eugénisme mené par le Reich, en l'occurrence l'extermination des gens différents, malades j'en avais lu le thème dans l'insomnie des étoiles de Marc Dugain. Et plus paradoxalement, la conclusion des recherches rejoint la théorie de l'information d'Aurélien Bellanger. Y aurait-il des modes en littérature?

Le texte recèle aussi beaucoup de profondeur, un regard aimant sur la nature humaine, une bienveillance appréciable qui émerge de l'horreur.

C'est à lire sans hésiter, mais attention, une fois commencé, ce livre ne se quitte plus.
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