Les Etats-Unis d'Amérique nous étonnent, et parfois nous font peur.
Plus que jamais, Américains et Européens ont besoin de bien se connaître pour bien se comprendre. L'histoire est à cet égard une des clés de la connaissance. Ainsi les grandes vagues d'immigration en provenance d'Europe, ou le processus de formation des petites communautés rurales nous en disent plus sur les Etats-Unis d'aujourd'hui que tous les envoyés spéciaux et toutes les études sociologiques.
Ce gros livre (700 pages) nous propose nombre de clés pour comprendre la société américaine.
Son auteur, Bertrand van Ruymbeke (né en 1962) est un universitaire confirmé, titulaire de la chaire d'Histoire et de civilisation américaine à l'Université Paris VIII. le champ de ce livre couvre, en termes chronologiques, la période qui va de la découverte de l'Amérique par Colomb (1492) à la Révolution des 13 Colonies (1776). Géographiquement, l'étude concerne les 13 colonies, futurs Etats-Unis, et non les territoires français (Québec, Antilles, un temps la Louisiane) ou espagnols (Mexique, Caraïbes) .
Ce qui frappe d'abord, c'est l'audace des milliers d'Anglais, Ecossais, Irlandais, Néerlandais, Allemands, Français (pour la plupart Huguenots) qui, à leurs frais, traversent l'Atlantique sur de fragiles bateaux, et se retrouvent sur des territoires inconnus et dangereux ; avec les Amerindiens, ils vont échanger, notamment des virus mutuellement périlleux.
Après un XVIème siècle d'hésitations et d'échecs, les colons vont affluer aux XVIIème et XVIIIème siècles, notamment sur la longue Baie de la Cheasapeake, puis plus au sud (actuelles Carolines) et au nord (New York, Nouvelle Angleterre). La prospérité économique va venir, d'abord dans les pêcheries, puis sur les cultures, de subsistance et de spéculation, et dans l'artisanat.
Une population de qualité va rallier l'Amérique, en fuyant les persécutions religieuses européennes (révocation française de l'Edit de Nantes, querelles protestantes en Grande Bretagne, mouvements quakers). Cette population va construire, sur les bases juridiques anglaises, des institutions locales de type démocratique, apparemment très adaptées à l'économie et à la société.
Reste cependant l'énorme problème de la traite des Noirs africains : les cultures tropicales (canne à sucre, riz, tabac) amènent les planteurs à demander de plus en plus d'esclaves ; personne, semble t'il, ne remet en cause la légitimité de l'esclavage. Un lourd conflit est à l'oeuvre, qui tuera au XIXème siècle plus de 600.000 jeunes américains (guerre de Sécession). A ce jour, les poisons du racisme continuent de sévir (mais les Etats Unis ne sont pas seuls dans cette situation).
Tout au long du XVIIIème siècle, la tutelle exercée à grande distance par Londres sera de plus en plus mal supportée : un des grands sujets de querelles sera celui de l'application, ou non, du vieux principe européen et anglais selon lequel tout impôt doit être consenti par une assemblée représentative. Londres ne réussira pas à imposer une augmentation des droits de douane, et ce que l'auteur qualifie d'une « série de maladresses » aboutira en 1776 à la guerre d'indépendance .
Prendre ce livre est un véritable investissement, mais, si vous vous intéressez à l'Amérique, vous en serez récompensés.
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