De larges vignettes libres ou enserrées, partagent les planches à la calligraphie savamment irrégulière. D'un superbe dessin charbonneux transparait une fragilité exacerbée, une sensibilité affleurante que le quartier du Bas-Chamiers met en exergue. La magnifique couverture bicolore rehaussée d'un rouge vaporeux par
Louise Collet, renvoi tel un clin d'oeil, aux dessins de Lolmede, ancien pensionnaire du lieu.
Entre mélancolie et nostalgie d'un passé revolu,
Vincent Vanoli y dépeint une douce misère sociale matinée de bonheurs simples. Nostalgie d'une période ouvrière révolue, d'une présence américaine que l'on imagine jadis opulente, d'un habitat autrefois plus dense avec des barres HLM maintenant disparus. Lové dans un méandre de l'Isle, aussi préservé qu'isolé par sa situation géographique pourtant proche de Périgueux, Chamiers cultive ses racines ouvrières.
Les rails de chemin de fer qui enserrent le quartier comme les immenses ateliers de réparation SNCF signent encore maintenant cette appartenance sociale. Les petits jardins ouvriers s'immiscent au milieu de pavillons coquets maintenant décatis, retranchés derrière des clôtures plus ou moins hautes. Chacun semble s'être retiré dans son cocon familial. L'auteur y décrit ses difficultés à rencontrer des habitants soustraits des espaces communs. Les rares rencontres décrivent des habitants attachants.
L'économie sociale et solidaire s'épanouie dans cet environnement économiquement appauvrit.
Cette résidence d'artiste, « Vagabondage 932 », a accouché d'un superbe témoignage doux amer. Un instant de vie comme en apesanteur