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EAN : 9782848410210
80 pages
Editions Tanibis (15/06/2012)
3.7/5   10 notes
Résumé :
Lucas Varela propose une version trash du conte de Collodi. Son "Paolo Pinocchio" est un vandale qui se vautre dans l’excès.
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Ce Pinocchio là est un sale individu, accumulant tous les défauts de la terre. le conte de Collodi est totalement détourné, le pays des jouets est devenu l'enfer, on s'éloigne de Collodi pour Dante, Virgile, Bosch, avec d'autres clins d'oeils réjouissants, Ingres, Casanova… Et comme dans le Pinocchio de Winshluss, on est aussi dans le détournement scabreux, trash, irrespectueux, violent, porno, vulgaire et drôlissime. le graphisme est en ligne claire rétro aux couleurs intenses, l'imagination est débridée, s'inspirant aussi bien de Jerôme Bosch que de Winsor McCay, le mélange est détonnant. C'est une bande dessinée bien déjantée, et ça, c'est bon.
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En préambule, disons que c'est une bonne idée de traiter de l'enfer en bande-dessinée (une idée dont les planches de Louise Asherson dans "Zébra" autour de la "Divine comédie" ne sont pas éloignées, voire la BD expérimentale de David Roche sur la "Vie des Cavernes", qui pourrait être sous-titrée: "Une Saison en Enfer").

L'enfer est, en effet, une fiction extrêmement tenace, pour ainsi dire liée à l'âme ou la conscience humaine. Ceux qui ne veulent rien entendre de l'enfer, le plus souvent, ne font que le fuir pour se précipiter dans une formule alternative, ignorant à quel point cette fiction peut revêtir des formes artistiques différentes ; parfois un seul objet d'art suffit à la représenter symboliquement, tel le vase de Pandore. Il n'y a donc pas de conscience éthique ou morale chez un individu, sans conception de l'enfer liée à cette conviction.

Une personne prétendument dépourvue de conscience éthique ou de sens moral -par exemple un tueur en série, le type auquel on prête généralement ce type de caractère-, cette personne est sans doute persuadée que l'enfer n'est qu'une extension du domaine de la lutte à laquelle se livrent les puissants entre eux, au détriment des faibles, ici et maintenant. Dans ce cas le paradis se réduit à de rares moments de jouissance exclusive. le jouisseur, seul, en détient la clef.

Prendre Pinocchio comme personnage principal de pérégrinations au sein de l'enfer et ses différents lieux d'aisance, est également judicieux de la part du dessinateur argentin Lucas Varela (du magazine "Fierro"). La version originale de "Pinocchio" est précisément un conte pédagogique et moral, dont le but est donc d'inculquer la peur de l'enfer. Il y a une tendance aujourd'hui, dans le domaine des contes pédagogiques, à publier des contes "politiquement corrects", adaptés aux péchés modernes, dont on peut dire qu'ils sont dans la droite ligne du "Pinocchio", déjà en son temps, oeuvre d'éducation nationale. La force de "Pinocchio" est d'être générique, et donc recevable dans une variété de cultures ou de religions plus grande (Les contes retranscrits par Perrault, ou ceux d'Esope, sont beaucoup plus équivoques, et remettent parfois en cause la piété familiale ou nationale.)

Le Pinocchio de Lucas Varela se joue de l'enfer. Disons que, comme tous les ouvrages humoristiques, il a pour effet de remettre en cause le discours éthique ou politique nécessairement binaire; de mettre un bâton dans la mécanique de la fiction, dont le discours moral et politique se nourrit au contraire (On comprend que les anarchistes puissent user de l'humour comme d'une arme beaucoup plus efficace que le terrorisme.)

Les allusions dans "Paolo Pinocchio" à d'autres oeuvres inspirées par l'enfer sont nombreuses. Dans la culture italienne où Varela puise, elles ne manquent pas. Elles viennent tantôt de la mythologie romaine, tantôt du christianisme opposé (qui associe Rome à Satan); parfois de telles conceptions se conjuguent bizarrement, comme dans la "Divine comédie". Varela fait ainsi du clergé catholique, à l'instar de Dante et Boccace, un grand pourvoyeur de l'enfer. Une prêtresse de Diane confie à Pinocchio: "L'enfer n'est qu'un état de l'âme." Elle rejoint ainsi la psychanalyse moderne, et Varela s'amuse de la comparaison entre l'appendice nasal érectile de Pinocchio et l'organe viril, objet spécial de l'attention de toutes les doctrines morales à travers les âges (La capote anglaise n'est pas si éloignée du voile islamique qu'on le croit, tous deux instruments conçus pour protéger la société des débordements masculins.)

Apparemment légère, cette variation sur le conte de Pinocchio facilite la compréhension de déterminations sociales le plus souvent inconscientes, et d'un symbolisme culturel plus profond que les étiquettes religieuses ou partisanes antagonistes peuvent laisser penser. Ces oppositions correspondent en réalité à des méthodes opposées pour accéder au bonheur. La multiplication des points de vue éthiques ou identitaires finit par incliner chacun à penser que l'enfer, c'est l'autre, dans la mesure où il constitue un obstacle sur la voie du bonheur. La crise économique représente une menace de nature infernale pour beaucoup; une menace qui trouve sa principale force dans la conviction que la société de consommation est un paradis (si tel était le cas, nul n'y ferait un usage abusif de l'alcool ou de la drogue, dont la jouissance paisible dissuade). L'état de panique ou de terreur provoquée par l'enfer et ses multiples représentations, joue donc un rôle social décisif de maintien de l'ordre public, en tous temps et en tous lieux.

Pour faire valoir encore l'actualité de cette BD, je fais observer que nos députés ne sont autres que des "élus". Et que la destination de nos grands hommes et femmes est toujours le "Panthéon" ; enfin qu'il est réservé au peuple un rôle de figuration, guère éloigné de celui attribué à Jupiter dans certaine religion antique.
Lien : http://fanzine.hautetfort.co..
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C'est une bd cruelle, ou l'on suit la vie de pinochio, qui est un homme de bois pour le moins vil et garni de défauts. Cela lui vaut plusieurs fois d'être condamné à mort, envoyer en enfer et torturé. Mais l'une des qualités de Pinochio, c'est de ne pas s'apitoyer sur son sort et de s'en sortir coûte que coûte. Quitte à frauder à la distribution des âmes pures, à manipuler les démons et les suppliciés, à profiter des choses impies de la vie et à finir de nouveau pendu.
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Comme celui de de Winschluss, Pinocchio est détourné pour les besoins de la cause humoristique ! D'ailleurs la comparaison entre ces deux albums ne s'arrête pas là : une proximité à un ensemble d'auteurs américains (Daniel Clowes, Robert Crumb, Will Eisner d'une certaine manière) et l'humour corrosif.
Le principe est de détourner le mythe du gentil pantin pour une créature lubrique qui passe son temps à essayer de s'échapper de l'enfer...
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critiques presse (5)
BDGest
16 août 2012
Politiquement incorrect à souhait, Paolo Pinocchio est une réussite du genre. À lire.
Lire la critique sur le site : BDGest
BoDoi
24 juillet 2012
Les histoires n’ont ni queue, ni tête, ni morale, mais possèdent un humour caustique tout à fait réjouissant, fait de vulgarité pour rire, de situations absurdes et de détournement d’univers picturaux classiques (Bosch, Ingres…) bien vus.
Lire la critique sur le site : BoDoi
ActuaBD
12 juillet 2012
L’Argentin Lucas Varella, qui a déjà collaboré avec le scénariste Carlos Trillo, signe ici un premier ouvrage solo graphiquement impeccable.
Lire la critique sur le site : ActuaBD
Sceneario
20 juin 2012
Le dessin est vraiment très sympathique et même si le personnage continue encore et encore d’être odieux, […] on finit par s’y attacher… Allez comprendre !
Lire la critique sur le site : Sceneario
Culturebox
18 juin 2012
Si vous aimez toujours qu'on vous raconte des histoires mais que, par la force des choses, vous avez grandi, rejoignez Paolo Pinocchio dans ces aventures déjantées ! Le dessin est aux petits oignons, les couleurs sont bien flashy et l'humour est d'un noir irrésistible !
Lire la critique sur le site : Culturebox

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