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La cite brouillardeuse encore Parme le pauvre juvara encore le commissaire Soneri, encore Angela.‘' le commissaire ouvrit la fenêtre et reçu au visage un souffle de
vache.'' ce n est plus la campagne de Montelupo ni sa pension, pas de la via Saffi de l'écureuil. Ce n'est plus la brume, c est la chaleur.
Tu es dans une de ces journées où tu vois tout en noir
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Ce roman sonne comme la fin des illusions pour notre cher commissaire Soneri .
Un regard rempli d'amertume de découvrir sa ville de Parme qui change en mal : les usines de sa jeunesse qui ferment , des restaurants qui partent en fumée , des entreprises qui changent de mains et qui n' atterrissent sans doute pas dans les plus nobles . L'affairisme est partout . le respect a disparu. On a même volé l'accordéon de Gondo , sorte de clochard musicien très apprécié des habitants , lui qui égayait de ses refrains joyeux le centre ville historique. Peut-être a-t-il été le témoin accidentel d'agissements liés au meurtre de ce commerçant . Un certain Galluzzo qui tenait une boutique de vêtements.
Un meurtre qui va embarquer le commissaire et son équipe dans une enquête aux multiples ramifications. Heureusement il sait qu'il peut compter sur sa fidèle amie avocate , Angela , qui l'aidera à garder son sang froid malgré la chaleur étouffante de ce mois d'août .

Fidèle à son style si particulier , où la contemplation favorise souvent la réflexion, Valerio Varesi, nous entraîne dans la moiteur d'une affaire hors norme qui ne va laisser aucun répit à notre célèbre commissaire. Il est ici un peu dépassé par les événements et par les contraintes fixées par sa hiérarchie .
On découvre une ville où de nombreux commerçants vivent à crédit, opportunité que ne laisserait passer aucun usurier digne de ce nom . Mais derrière les façades , des acteurs encore moins scrupuleux et plus retors jouent en coulisse .
L'auteur semble s'offrir l'opportunité de cette intrigue pour mettre en avant une critique à peine voilée d'une société avilie par l'argent où certains notables parmesans se sont faits corrompre par par la pieuvre mafieuse qui utilisent certaines entreprises de la ville comme lessiveuses géantes faisant fi des employés qui pourraient se retrouver sur le carreau à cause de leurs manigances .

Soneri , lui , de son côté, tente de surnager de ces visqueuses affaires où son humanisme et sa joie de vivre vont vite laisser place à un désenchantement le plus total .La vie de flic est ainsi faite : de petites victoires et de grands désabusements.
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Est-ce dû au fait que je viens de lire ce livre alors que nous sommes en pleine canicule ? Quoi qu'il en soit, j'ai bien eu l'impression d'être dans Parme écrasée de chaleur, guettant nuages et coups de tonnerre, dans l'attente d'une libération… Et, en effet, le côté poisseux, moite, m'a paru particulièrement bien décrit.

Je n'ai pas eu l'occasion de lire le récit des enquêtes précédentes du commissaire Soneri. Il s'agissait donc d'une découverte. du coup, je ne sais pas si les autres sont aussi sombres, aussi désabusés, mais en tout cas celui-ci est vraiment marqué du sceau d'une noirceur désespérée. Qui se marque jusque dans la fin du livre, alors que l'enquête est close bien que nous sachions, le commissaire Soneri en premier, le juge également et nous avec, que les véritables coupables non seulement ne sont pas en prison, mais, au contraire, sortent encore renforcés de l'affaire. Et même l'accordéoniste ne retrouvera pas son instrument, sorte de symbole ultime du renoncement. Les bons ne gagnent pas toujours à la fin !

Soneri est un personnage assez curieux. On ne peut pas dire, en tout cas dans cet opus, qu'il soit réellement attachant. Il donne surtout l'impression d'être dévoré de colère contre cette société qui lui échappe, qu'il ne comprend plus. Idéaliste, humaniste, mais aussi un peu passéiste, il se sent totalement débordé par les événements. Son côté le plus sympathique, c'est son goût pour la nourriture et en particulier celle qui est servi au Milord, son repère favori, loin des fantaisies culinaires branchées du Nabucco. Seule Angela semble parvenir à l'apaiser, mais il n'est pas facile à vivre…

En essayant de ne pas spoiler, on découvre aussi, dans ce livre, une sorte d'aristocratie de la délinquance en col blanc, installée, qui se fait dépasser par de nouveaux acteurs, plus durs, plus brutaux, plus déterminés. Ces derniers viennent conquérir des « parts de marché », dans tous les trafics, sans états d'âme, quitte à évincer des héritiers qui manquent de mordant et n'aspirent qu'à se vautrer dans un confort matériel – et parfois artificiel -. Cette peinture de notre société n'est guère réjouissante !

C'est étouffant – et pas uniquement d'un point de vue strictement climatique -, c'est sombre, c'est efficace. Il ne s'agit pas d'un policier pour amateur de thrillers échevelés ou de page turner survitaminés, mais il y a une profondeur dans ce livre qui ravira les amateurs !
Lien : https://ogrimoire.com/2020/0..
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Troisième lecture du Prix meilleur polar Points 2021

La Parme du commissaire Soneri, héros récurrent de Valério Varési, est en ébullition. Subissant de plein fouet la canicule, tout le monde scrute le ciel, espérant le tonnerre, les éclairs et les gouttes de pluie grosses comme des galets. C'est dans cette poêle à frire urbaine que l'on retrouve un commerçant battu à mort.

J'ai commencé les polars de Varesi par le dernier, Or, encens et cendres. Je lis son oeuvre à rebours depuis. C'est étrange. Je constate que Soneri est ici plus énervé, moins mélancolique, à vrai dire moins sympathique. Portant sa révolte en bandoulière, il est peu attentif aux autres. Il faut dire que sa chère ville de Parme est mise à l'encan, vendue peu à peu à des malfrats 2.0, la fameuse délinquance en col blanc.

Les mains vides posent surtout un constat : notre époque sent les égouts et nous sommes dorénavant résignés. Ce polar baigne dans une nostalgie un brin crispante. En ce sens que les générations précédentes savaient se soulever, s'opposer... Celles qui ont soutenu Mussolini et ne l'ont lâché qu'à la toute fin, par exemple ? Chaque génération est perdante par rapport à la précédente et ce fameux « c'était mieux avant » pourra bientôt nous faire regretter le temps des cavernes, à souhaiter la foudre pour alimenter le feu du foyer.

Et pourtant, Varesi touche ici à l'universel. Débusquant une nouvelle prédation à l'oeuvre dans sa ville, il prend conscience de la fin d'une ère, des usages d'antan. Une nouvelle criminalité est en place, alimentant copieusement tous les râteliers. Ce beau monde se croise dans des réceptions où l'on mange debout et nos marges de manoeuvres démocratiques, éthiques, se restreignent inexorablement.

Cette enquête de Soneri ne répond pas aux canons de l'investigation du qui, quand, pourquoi usuels. Ce livre, au symbolisme appuyé (cet orage qui se dérobe, métaphore de la purge qui ne viendra pas), ressort de la déambulation en une ville de Parme au charme décati et certain.

Portées par une plume imagée, engagée, terriblement italienne (belle traduction de Florence Rigollet), Les mains vides déposent un polar atmosphérique, désabusé et amer dans les nôtres.
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Voici donc le deuxième polar que je lis dans le cadre du Jury du Meilleur Polar Points. Je ne connaissais pas l'auteur et je n'avais pas d'attente particulière.
Le polar me laisse de marbre. Je l'ai lu sans grande passion ni pour l'enquête, ni pour les personnages, peut-être trop nombreux...

Malgré tout, je l'ai lu assez rapidement, les chapitres sont courts et il y a peu de pages.
Certains termes me semblent surannés, je ne sais pas si le problème vient de la traduction ou de l'écriture de l'auteur (traduction italienne) .

Je n'arrive pas à m'attacher à Soneri et je passe complètement à côté de l'intrigue. Bref, je ne suis pas convaincue...
Lien : https://livresquement-djusti..
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″Il savait qu'il vivait les derniers moments d'une ville en voie d'extinction, où lui et tant d'autres avaient vécu pendant des années en s'appropriant les rues et les cafés. ″

Rien ne va vraiment plus dans le monde de Sonéri, et en particulier à Parme où en prime la chaleur accable la ville et les hommes. Cela commence déjà par le vol de l'accordéon du brave Gondo, figure locale qui gagnait sa vie sur les marches du théâtre. Puis bientôt, on découvrira le corps d'un commerçant du centre-ville. Soneri, commissaire de son état, mène l'enquête. Soneri découvre une face bien sombre d'une société en pleine mutation. Soneri semble comme déconnecté, comme un étranger dans sa ville qui brutalement semble avoir changé de visage. Et c'est davantage cela, plutôt que la résolution de l'enquête, qui va intéresser notre commissaire. Comment en est-on arrivé là ?

Ouvrir un ouvrage de Valerio Varesi, c'est d'abord s'enfoncer dans une ambiance, une atmosphère. C'est accepter de prendre le temps d'aller, de humer l'air du temps et de poser un regard nostalgique sur ce qui fût, et de s'interroger sur le vers quoi on va. Soneri se fait assez sombre, et résigné sur les nouveaux démons d'un monde qu'il ne reconnait plus.

Dans une vie de lectrice, il faut quelques valeurs sures, des amis que l'on retrouve à intervalle régulier ; Soneri est de ceux-là ! Et cela rassure de les savoir à portée de main pour passer en leurs compagnie de délicieux moments de lecture !

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« Les mains vides » est le quatrième volume des enquêtes du commissaire Soneri, désormais bien connu des lecteurs français. Valerio Varesi continue avec maestria à arpenter les rues de Parme, les bas-fonds et l'histoire tourmentée.
La chaleur humide et gluante du mois d'août à Parme reflète la situation du commissaire Soneri, aux prises avec une affaire poisseuse. Francesco Galluzzo, un marchand du centre, a été battu à mort dans sa maison par des agresseurs inconnus. le vol semble un motif évident, mais les premières investigations pointent plutôt vers une » leçon » qui s'est mal terminée. D'autres recherches conduisent le commissaire à un usurier connu, Gerlanda, à qui la victime devait de l'argent. Mais la vérité a mille visages, et Soneri trébuche bientôt sur une piste qui sent la cocaïne. Peu à peu, le policier réalise que la mort de Galluzzo ne représente qu'un détail, un détail presque insignifiant dans une image plus grande où la vraie victime est la ville elle-même. Un nouveau type de criminels, déguisés en sociétés financières et immobilières irréprochables, a remplacé la vieille garde, composée de gars comme Gerlanda, tout juste bon, désormais, pour la retraite. Avec amertume, Soneri ne peut que constater que sa chère ville de Parme s'est perdue : elle a remplacé Dieu par Mammon, idole toute-puissante qui ne vit que pour l'instant présent, et ne refuse pas quelques sacrifices… humains ?
Quel bonheur de suivre le Commissaire Soneri dans les rue de Parme. On calque nos pas sur les siens et on découvre le seul Parme connu des Parmesans.
Des brumes des précédents opus on passe à la canicule qui s'abat en même temps que Parme a un sursaut de réveil.
Avec le Commissaire Soneri les enquêtes ne sont pas que de banales enquêtes policières comme on en lit ici ou là, non, c'est beaucoup plus que ça ! C'est une atmosphère, avant tout, un état d'esprit, une ambiance, des constats sur notre société. Et puis quel bon vivant qui sait apprécier les bons petits plats et les vins raffinés, un personnage vraiment.
Et toujours l'éternelle lutte du pot de terre contre le pot de fer !
C'est truculent, poétique et attachant. Et alors les « via Garibaldi », « borgo del Parmigianino », « Borgo della Posta » et autres « via Farini » et « Borgo Antini » chantent tellement bien à nos oreilles qu'on aurait presque envie de visiter Parme.
Un véritable régal !!
Lien : https://collectifpolar.com/
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Aux innocents…

« Les mains vides » est la quatrième enquête du Commissaire Soneri, personnage récurrent de Valerio Varsi, après « le fleuve des brumes », « La pension de la via Saffi » et « Les ombres de Montelupo ». Cette histoire peut se lire séparément des autres, sans les avoir lues, mais 1/ vous auriez tort de vous en priver si ce n'est pas déjà fait et 2/ il vous manquerait quelques éléments de contexte sur les personnages (qui ne nuirait en rien au récit proposé ici).

Dans la chaleur moite et étouffante de l'été parmesan, Soneri enquête sur la mort de Galluzo, fripier, marchand de vêtement, retrouvé mort chez lui. Il semble avoir succombé à une séance de menaces ayant mal tournée perpétrée par les hommes de main d'un usurier de Palerme, Gerlanda.

Comme souvent, les faits sont parfois trompeurs. Ils ne se limitent en tout cas pas à la simplicité que leur présentation laisse entrevoir.

En fait, on se fiche de l'enquête, un peu comme Soneri, un peu comme Valerio Varesi. Son commissaire a beau tout faire pour la mener à bein, ce qui intéresse notre auteur, ce n'est pas tant ici de résoudre un crime que d'aborder deux thématiques omniprésentes. L'une n'étant qu'un prolongement de la première.

Il y a tout d'abord la mutation profonde qui s'opère sur la ville de Parme. Elle est à cee point prégnante que policiers comme suspects la ressentent et le disent. le commissaire l'avoue explicitement en analysant le fait que « les raisonnements de Gerlanda exprimaient ce que lui-même avait saisi de la ville : un abandon passif et une accoutumance qui la rendaient méconnaissable », avant d'ajouter que « la seule conclusion à laquelle je suis arrivé, c'est que cette ville ressemble de plus en plus à un corps affaibli, prêt à attraper n'importe quelle maladie ». le jugee qui travaille avec Soneri sur l'affaire renchérit aussi : « les équilibres de cette ville sont en train de changer, et d'après moi, cette affaire va nous dire comment ».

On voit bien que l'intérêt n'est pas de trouver le coupable mais de comprendre ce qui s'opère sur la ville. Soneri et le juge sentent bin se changement arriver, comme s'il était annoncé par la chappe de plomb qui étouffe la ville et qui finira tôt ou tard par faire éclater un orage qui lavera la ville de la chaleur. Comme cette affaire balaiera les équilibres existant : la pègre est amenée à changer de visage et l'usurier, symbole du monde qui va devoir disparaitre et laisser la place à de nouvelles méthodes, à de nouveau visages, est appelé à perdre ses prérogatives et ses territoires.

Il y a ensuite la résignation qui sous-tend toutes les tentatives de révolte qui agitent la ville. Elles devraient accompagner la mutation mais elles sont toutes vaines. En arrière-plan de l'histoire principale, la ville est agitée de soubresauts revendicatifs ouvriers et de révolte de la jeunesse. Mais elles sont toutes vouées à l'échec comme pour mieux montrer la fin d'une certaine forme de lutte contre le système.

La moiteur qui stagne au-dessus de Parme fonctionne comme un couvercle sur une cocotte : elle étouffe les êtres, les velléités, les révoltes et opère comme un voile oppressant sur ceux qui représentent l'ancien système, qu'il soit du côté de la loi ou de l'autre côté. Soneri et Galluzo, l'usurier, sont deux faces d'une même pièce qui est amenée à ne plus avoir cours. Galluzo le résume dans cette phrase : « l'argent est la nouvelle idole unique et totalitaire. Il ne nous reste plus que deux possibilités : soit en profiter, soit tenter de s'y opposer. Moi, j'ai choisi la première et vous, la seconde. le seul point sur lequel on se retrouve, c'est le mépris qu'on peut ressentir pour ce monde-là ». Pour autant, ce monde-là verra bien son avènement : Galluzo disparaîtra, Soneri résoudra son affaire (avant tout pour que le lecteur ne soit pas frustré) mais n'arrêtera personne et surtout pas le train du changement en marche et, symbole des symboles, le vieil accordéoniste à qui on a volé son instrument ne le récupérera pas et ne trouvera, dans le nouvel instrument qui lui est offert, aucun nouveau repère…

Ces mains vides sont celles des êtres impuissants face aux mutations extrêmes d'une ville résignée, pataude, étouffée, celles des innocents sacrifiés sur l'hôtel de la modernité.

Lien : https://garoupe.wordpress.co..
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« Jamais il ne s'était senti à ce point les mains vides ». Les Mains Vides, étrange ce titre. Il fait penser à l'opération Mani Pulite, en français Mains Propres, celle qui fit croire, un instant, que l'Italie pouvait s'affranchir de ses mafias. Souvenons-nous de ce qu'écrivait Enzo Biagi :
« Tout a commencé en février 92, lorsque, armé d'un mandat d'arrestation, une voiture au gyrophare bleu s'arrêtait au Pio Albergo Trivulzio et en emmenait son président, Mario Chiesa, homme du Parti Socialiste Italien voué à l'ambition de devenir maire de Milan. Ils le prirent tandis qu'il empochait une enveloppe de sept millions de lires, la moitié de son dû, du propriétaire d'une petite entreprise de nettoyage, qui comme d'autres entrepreneurs, devait verser sa commission, 10 % de l'appel d'offre qui, dans ce cas, se montait à 140 millions de lires. »
Enzo Biagi écrivait aussi : « J'ai toujours rêvé de devenir journaliste… J'imaginais que c'était un vengeur capable de réparer les torts et les injustices.»
Si je commence par « Mains propres » et Enzo Biagi, c'est pour vous dire que le commissaire Soneri est un peu à la police parmesane ce qu'Enzo Biagi était au journalisme, un rêveur idéaliste, un redresseur de torts, un rempart contre la barbarie. La mort d'un commerçant du centre-ville, vraisemblablement battu à mort, va le conduire à une enquête darwinienne où le suspect principal, celui que tout désigne comme le principal prédateur de la cité, est en passe d'être dévoré à son tour.
J'ai beaucoup aimé la description de l'atmosphère de Parme au mois d'août, écrasée sous la canicule. Valerio Varesi a le talent de vous faire transpirer, suffoquer avec ses personnages et regretter la fraîcheur d'une cave.
Et l'intrigue ? L'enquête, me direz-vous ? Parce que dans un policier, l'enquête, les suspects, les coupables, les rebondissements, ça compte, non ? Pas d'énigme à la Agatha. On demeure dans un certain classicisme wallenderien de bon aloi (lente progression de l'enquête nourrie par les assistants, relations compliquées avec l'autorité judiciaire et la presse), mais les adeptes des coups de théâtre et des rebondissements terminaux resteront sur leur faim. L'intérêt de ce roman réside dans son atmosphère sociologique et financière dominée par la description d'une société pourrissant à petit feu dans l'apathie et l'inertie générale.
Si vous aimez les policiers réalistes, sans complaisance, ce commissaire nostalgique, qui lutte sans se raconter d'histoires, vous plaira comme il m'a plu. Vous finirez peut-être Les Mains Vides mais avec la conscience tranquille de celui qui a lutté de son mieux, dans un Parme désenchanté, bien loin de celui De Stendhal et de l'idée que s'en faisait Proust.
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Une chaleur caniculaire s'abat sur Parme, reflet parfait de l'enquête poisseuse aux mille visages que va mener l'inspecteur Soneri sur le meurtre d'un commerçant, Galuzzo. La mort de ce dernier n'est en fait un détail presque insignifiant d'un projet plus vaste dans lequel la principale victime est la ville de Parme elle-même.

Très nettement, ce qui intéresse Valerio Varesi dans cette enquête, ce n'est pas de définir qui a tué, mais plutôt pourquoi, de s'interroger sur les causes du mal.

J'ai beaucoup apprécié le personnage de l'inspecteur, un double de l'auteur, attachant, ancré à de saines valeurs, profondément humaniste. Il va découvrir les coupables mais surtout les mécanismes qui l'empêchent de révéler la vérité.

Si on retrouve bien les codes du polar Les Mains vides contourne le genre en s'inscrivant dans le roman noir social, voire moralisateur faisant le constat des changements néfastes à l'oeuvre dans nos sociétés. A mesure que l'enquête avance, le roman est traversé d'un pessimisme croissant, d'une amertume, d'une mélancolie profonde en mettant en scène un nouveau type de crime, déguisé en sociétés financières et immobilières aux montages imparables, remplaçant la vieille garde de la pègre classique. le basculement de Parme vers la perdition devient une métaphore de la déroute de l'Italie actuelle, un corps affaibli prêt à s'attraper n'importe quelle maladie. Les truculents dialogues entre l'inspecteur et Gerlanda le vieux mafieux usurier sont exemplaires à ce titre.

« Ne vous faites pas avoir par les gens respectables : les industriels, les entrepreneurs, les banquiers, les avocats ... Ils utilisent tous les mêmes méthodes, ils possèdent tous une sauvagerie sans limites, sinon, ils ne seraient pas là où ils sont. Les affaires te font régresser au stade primitif, là où la raison sert uniquement à organiser la violence. Ou bien à se garantir des complices en politique, grâce à l'argent qui ouvre toutes les portes. le reste, les rites de notre prétendue démocratie ne sont que de la dramaturgie, rien d'autre que du théâtre. »

Tout est juste dans ce polar désenchanté qui pénètre tel un soc dans la réalité contemporaine. J'ai cependant trouvé que la litanie moralisatrice dénonçant le néo-libéralisme voyou assez répétitive, elle aurait pu être allégée sans pour autant perdre en force d'indignation.
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