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4,02

sur 3322 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Fred Vargas, on l'adore ou on la déteste, c'est selon, mais force est de constater qu'elle est aujourd'hui devenue bien plus qu'une simple auteure de polars : elle est une auteure tout court, qui impose son style, qui suscite la dévotion et l'attente fébrile de ses fans à chaque annonce d'une nouvelle publication, qui est un sous-genre à elle toute seule.
Dès les premiers romans, elle met en place son univers personnel et fantasmé, habité par une galerie de personnages invariablement loufoques et horripilants, mais profondément attachants, évoluant avec une absence de rationalité revendiquée au sein d'enquêtes policières dont le réalisme n'a jamais été le critère prédominant.
Avec cette manière de faire, Fred Vargas prend des risques et entraîne ses lecteurs – presque malgré eux – dans des aventures littéraires au-delà du réel, plus fantasques que fantastiques, dont on accepte volontiers les codes, ce qui confirme un véritable et atypique talent d'écrivain. L'armée furieuse, neuvième enquête du commissaire Jean-Baptiste Adamsberg n'échappe pas à cette règle.
On retrouve les habituels comparses de la série (Camille exceptée, mais Zerk, le fils de Jean-Baptiste et de Camille, a désormais pris la relève), Adamsberg, Danglard, Retancourt, Veyrenc… très à l'aise et installés dans leur rôle. le commissaire Adamsberg, plus pelleteur de nuages que jamais, mène deux enquêtes à la fois, qui finiront bien entendu par se rejoindre, la première à Paris, la seconde dans le Calvados. Dans les deux cas, il suit ses étranges intuitions et entraîne dans son sillage ses fidèles équipiers, qui lui font une confiance aveugle même, de façon étonnante, lorsqu'il s'agit d'emprunter des sentiers en dehors de toute légalité.
On retrouve les excentricités du commissaire et sa faculté d'observer les détails les plus insignifiants, pour y déceler les incohérences que lui seul peut interpréter, et qui à coup sûr le mèneront à l'identification du coupable.
On retrouve les détails qui tuent, totalement inutiles mais ô combien représentatifs et indispensables au style Vargas : le couple de rats amoureux, les vaches normandes immobiles dans le paysage, le pigeon neurasthénique… le bestiaire improbable de Fred Vargas impose sa présence obsédante et facétieuse dans l'univers des humains, qui ne sont pas en reste.
Car on y trouve également, comme à chaque fois, de nouveaux et invraisemblables personnages, un capitaine de gendarmerie descendant d'un maréchal d'Empire, un comte s'habillant comme un ouvrier agricole, une étrange fratrie de laissés-pour-compte aux pouvoirs quasi surnaturels, rappelant presque Cristal qui songe de Theodore Sturgeon : Lina, qui a révélé par ses visions le retour de l'Armée furieuse, et dont le charme insolite « irradie » littéralement en direction d'Adamsberg, son frère dévoreur d'insectes, son autre frère prononçant les mots à l'envers…
On y retrouve, bien sûr, les légendes ancestrales auxquelles tout le monde semble croire, après les loups-garous et les vampires des récits précédents, voici les spectres moyenâgeux de l'Armée furieuse du Seigneur Hellequin qui apparaissent dans les rêves du « passeur » et désignent de leurs doigts vengeurs leurs prochaines victimes.
Mais il y a plus.
Parallèlement à son aventure normande, Adamsberg enquête sur l'assassinat d'un notable parisien, brûlé vif dans sa voiture. On soupçonne Momo-mèche-courte, un petit délinquant de banlieue, pyromane à ses heures perdues, qui parvient à prendre la fuite dans des circonstances rocambolesques. Comment ne pas penser à l'assassinat d'Aldo Moro (retrouvé mort dans une automobile) ? Comment de pas établir un parallèle entre l'affaire Momo-mèche-courte et l'affaire Cesare Battisti ? Dans les deux cas, un désigné coupable en cavale, au passé accablant, fuyant la police « officielle », le premier ardemment défendu par Jean-Baptiste Adamsberg, le second ardemment défendu par Fred Vargas, qui signe dans le Monde le 13 novembre 2004 un article intitulé : « Et si Battisti était vraiment innocent ? »
Pour revenir au roman, résumons-nous et disons simplement que Vargas continue de faire du Vargas. Avec un risque, car les lecteurs les plus aguerris au style Vargas parviendront mieux, après plusieurs romans, à identifier les codes et décrypter les ressorts cachés de l'intrigue, et les plus perspicaces devineront donc assez rapidement qui sera le coupable. En ce qui me concerne, en appliquant la fameuse devise de Sherlock Holmes citée dans le signe des quatre (« Lorsque vous avez éliminé l'impossible, ce qui reste, si improbable soit-il, est nécessairement la vérité »), et en délaissant les perches un peu grossièrement tendues, je ne me suis pas trompé.
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« C'est dans les interstices presque immobiles d'une enquête que se logent parfois les perles les plus rares. Comme les petits coquillages se glissent dans les fissures des rochers, loin de la houle de la haute mer. En tout cas, c'était là que lui les trouvait ».

Jean-Baptiste Adamsberg, le commissaire préféré de Fred Vargas, a encore frappé. C'est en Normandie qu'il nous emmène, cette fois, à Ordebec, un village perdu, où un certain sentier, le chemin De Bonneval, draine des fantômes malveillants. Et des morts, il y en a à la pelle. le tout agrémenté d'histoires de familles, d'héritiers, de relations filiales, y compris à Paris (car plusieurs histoires sont mêlées, même celle d'un pigeon dont on a lié les pattes).

C'est avec grand plaisir que j'ai lu ce polar spécial, moi qui n'en lis habituellement pas. La méthode du commissaire est très spéciale, elle fonctionne à coups d'intuitions et de sensations, d'idées incongrues qui fusent de manière tout à fait fortuite. Son équipe de choc l'accompagne, et son fils aussi, dont il a fait la connaissance deux mois avant (je suis incapable de vous en dire plus, je ne connais pas ce commissaire personnellement, n'ayant lu que peu de polars de Fred Vargas).

Tout cela est raconté avec beaucoup d'humour, de feintes, de jeux de mots, d'érudition bien placée, et de surnaturel...explicable.
Oui, c'est agréable, mais à certains moments, je me disais qu'elle en faisait un peu trop, Fred.
N'empêche, je me demande comment je réagirais devant ce type de commissaire, « en vrai ». D'abord, il faudrait que je le rencontre, sur un rocher peut-être ?
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Depuis le temps que j'attendais un nouveau Fred Vargas, je n'ai pas eu la patience d'attendre sa sortie en poche. Ce que je fais souvent pour les polars. Et je ne suis pas déçue. C'est du très bon Vargas.
On retrouve dans ce roman le duo Adamsberg-Danglard, l'équipe du commissaire que l'on connait bien maintenant - une équipe de bras cassés, à première vue, où chacun a un don particulier, un 6e sens et une haute idée de l'esprit d'équipe – et une écriture intelligente et fine qui sert à merveille un récit aux couleurs moyenâgeuses, poétique et noir à la fois.
Fred Vargas n'a pas son pareil pour peindre des personnages hors du commun, ruraux, un peu rustres et si attachants pourtant. Si ce roman était un tableau, on verrait les personnages de Boch se promener sur les chemins de campagne de Courbet.
Dans une ambiance envoutante de superstition et de légendes, une série de petites anecdotes qui n'ont pas l'air d'avoir de lien entre elles, vont préoccuper le commissaire Adamsberg. Elles vont pourtant tisser la trame de l'intrigue. Et puis, il y a ces morts, inexpliquées, sans témoin, et qui terrorisent tout un village.
Et la magie opère. On se laisse prendre par la main, on éprouve de la tendresse pour l'un, on s'émeut avec l'autre, on suspecte un troisième… L'improbable devient probable, on entre dans son monde avec délectation et on s'y sent bien. Rien de sordide ou de glauque, rien d'outrancier, mais des personnages aux fêlures vraies, extravagants mais réels et un univers onirique qu'on a tôt fait d'adopter.
Un excellent moment de pur plaisir.
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Lorsque j'ai lu le 1er tome des aventures de JB Adamsberg, je n'ai été conquise ni par l'enquête ni par le personnage. Mais j'ai adoré l'écriture ! Fred Vargas sait manier les mots, les faire chanter, les tourner et les retourner dans tous les sens. Je suis charmée.
Puis les tomes s'enchainant, l'auteure a su faire évoluer son personnage principal, en ajouter d'autres qui sont vraiment attachants, et travailler ses enquêtes jusqu'à en faire de petits bijoux ciselés.
Bref, j'ai encore passé un excellent moment de lecture et j'ai retrouvé avec plaisir Violette, toujours égale à elle même. Une déesse, comme dit Adamsberg. Et j'espère que Hellebaud rejoindra le chat dans ces belles aventures.
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Un polar d'humour et de superstitions françaises.

J'aime bien découvrir les légendes et les superstitions d'autrefois, même si elles sont parfois sanglantes et peuvent avoir des conséquences néfastes pour des personnes innocentes. Aujourd'hui, on qualifie ces histoires de « fantastiques », on les classe, comme les contes, dans un genre littéraire mineur, mais ces légendes ont longtemps eu une valeur de croyances religieuses et ont ainsi joué un rôle important dans la vie des gens. Je trouve fascinante la complexité et la richesse de cet imaginaire traditionnel et j'ai bien apprécié que le commissaire Adamsberg croise la route de la Mesnie Hellequin.

J'aime aussi l'humour de Vargas. Elle crée des personnages loufoques, tellement improbables, et les place dans des situations pour le moins incongrues, comme pour ce pigeon blessé par un voyou qui est adopté par l'équipe de policiers. On confiera même à l'expertise scientifique la corde qui liait les pattes du pauvre volatile. (Pour ma part, je crois qu'on ne doit pas faire souffrir inutilement les animaux, mais dans un tel cas, l'euthanasie m'aurait semblé tout à fait appropriée, surtout compte tenu de l'ampleur des dégâts causés par ces détestables oiseaux.)

Un bon polar et une agréable lecture si on accepte de laisser une grande place à l'imaginaire et au farfelu.
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Une vieille dame étouffée à la mie de pain, un vieillard richissime calciné dans sa Mercédès, un petit voyou flambeur de voitures coupable idéal, un pigeon torturé, une paysanne normande montée à Paris pour voir Adamsberg… Ce dernier qui vient tout juste d'être père d'un fils de 28 ans, a fort à faire. Surtout que le voilà aux prises avec une armée furieuse venue d'un autre temps et d'autres lieux pour annoncer des morts…celles-là bien réelles.

Et le voilà reparti en Normandie, où le soleil d'été s'est fait caniculaire, et le calva bienvenu pour affronter avec son équipe une enquête à hauts risques qui va révéler bien des secrets et non-dits entre fermes et manoirs au pays des pommiers, des chasseurs de sangliers et des vaches immobiles…

Encore une fois Fred nous régale, pas seulement de calvados, de poularde et de fruits de mer, mais de ces savoureux dialogues dont elle a le secret, de ses personnages tous un peu déjantés, et de ses connaissances…encyclopédiques. Un délice.
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Si j'ai lu la plupart des livres de Fred Vargas, ce n'est pas pour ses intrigues tortueuses (que j'apprécie bien sûr mais qui hélas ne me restent pas longtemps en mémoire), mais bien pour l'originalité des personnages que l'on y retrouve régulièrement, notamment ici le commissaire Adamsberg et son équipée fantastique : Danglard, Veyrenc, Retancourt, etc.
J'adore me plonger dans l'ambiance si particulière qu'elle sait créer où loufoqueries, bourdes professionnelles meublent le quotidien non dénué de poésie d'un commissariat , ce qui fait le charme des ses polars à la française.

On retrouve tout cela dans "L'armée furieuse" où cette macabre cavalcade, tout droit sortie d'une légende médiévale scandinave, et dirigée par le Seigneur Hellequin, vient saisir parmi les vivants actuels, ceux qui n'ont pas la conscience tranquille. Lina, jeune femme normande a eu la vision de cette armée et a distingué trois des quatre hommes qu'elle emportait, ce qui signifie leur mort violente prochaine. Quand Herbier, la première victime désignée disparait mystérieusement, la mère de Lina, ne faisant pas confiance à la gendarmerie locale, fait appel à Adamsberg pour stopper l'hécatombe.

J'ai beaucoup aimé l'intrigue policière tournant autour de cette légende, qui pour moi suffisait amplement à remplir un bouquin sans se disperser dans d'autres histoires (Momo-mèche-courte, le tortionnaire du pigeon, la fille à la gerbille, la femme étouffée à la mie de pain,...). Pour ceux qui connaissent Fred Vargas, mener plusieurs enquêtes de front, c'est fournir pour chacune d'elles une multitude de détails infimes et de rebondissements ultimes, d'où une impression finale d' un menu beaucoup trop copieux pour en apprécier toutes les saveurs.
Rassurez-vous, l'indigestion a tout de même été évitée et pour cette aventure "Made in Normandie" de notre commissaire si décalé, j'accorde un 17/20.
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Le commissaire Adamsberg enquête sur une affaire qui va le mener en Normandie, là ou sévit l'armée furieuse, celle que personne ne veut croiser et qui emporte tout sur son passage.

Un pelleteux de nuages toujours dans la lune, une famille déjantée que tout accuse, une jolie fille qui donne faim, un gendarme psycho rigide fier de son arbre généalogique, Vargas réussit à nous dépeindre encore une fois une galerie de portraits hauts en couleurs. A ces personnages s'ajoute une bonne dose de mysticisme, voire de fantastique, et de mystère moyenâgeux dans les brumes normandes. le décor est planté.

L'enquête policière reste somme toute assez classique , on devine rapidement qui est le méchant de l'histoire. Mais comme toujours quand on lit Vargas, on s'attache à davantage à l'ambiance et à l'atmosphère qui se dégage du roman plutôt qu'à l'action proprement dite.
Un très bon cru.
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Une nouvelle fois, Fred Vargas signe un polar hors norme, mélant digressions, enquêtes, bizarrerie, croyances etc. Et une nouvelle fois, ça marche tout d'abord parce que on retrouve notre cher Adamsberg et ces acolytes Danglard, Veyrenc ou Retencourt. On croyait les avoir oubliés mais non on les retrouve avec le même plaisir, ils n'ont pas changé d'un iota.
Et puis,Vargas n'a pas son pareil pour brosser une galerie de personnages aussi improbables que touchants, et malgré leurs félures, leurs secrets, elle aime c'est petites gens. de fausses pistes en rebondissements, Vargas ballade ses fans à la frontière du réel et des croyances, et seul un Adamsberg décalé et poétique peut dénouer les noeuds de l'intrigue. le seul regret que l'on a, à la fin du roman , c'est qu'il va falloir attendre un certain temps pour retrouver Adamsberg et sa bande.
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Fred Vargas entraîne Adamsberg et son équipe d'abord à Paris, suite au décès dans sa voiture incendiée du patron d'un grand groupe industriel, où tout semble accuser Momo mèche courte, un petit voyou de banlieue. Adamsberg, tellement peu convaincu de sa culpabilité organise son évasion du commissariat et sa planque, avec l'aide de son fils Zerk. Adamsberg se rend en Normandie pour enquêter sur une série de meurtres annoncés par une jeune femme ayant aperçu l'armée furieuse, une horde de fantômes moyennageux, entraînant quatre habitants du village d'Ordebec.
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