Toujours, la poésie des romans de
Fred Vargas a su me toucher et m'atteindre dans ce qu'elle a, et ce que j'ai, de plus intime. Toujours, elle a su révéler en moi la grâce en toute chose, de la plus insignifiante à la plus essentielle. Toujours, j'ai vu la beauté de ma langue dans ses récits et su apprécier cette alchimie entre chaque mots, chaque phrase.
Elle prend son temps
Fred Vargas, elle écrit à son rythme. Ses romans ne sont pas crées dans la précipitation, non. Chacun d'entre eux est préparé avec soin et amour. Amour de ses personnages, de la parole qui leur est donnée, de leur moindre geste.
Avec minutie, elle invente et réinvente sans cesse. Ses personnages prennent corps sous ses doigts, ils sont authentiques et terriens.
Adamsberg fait partie de ces hommes-papier qui prennent incontestablement une dimension réelle dès lors que l'on s'imprègne de ses errements et de ses faiblesses. La brume qui l'entoure est épaisse mais si intense est sa lumière, qu'elle transperce chaque nuage opaque pour laisser apercevoir son aura lumineuse.
«
Quand sort la recluse » est peut-être l'enquête la plus émotionnellement difficile de la série, la plus personnelle aussi, presque la plus terrible. Parce qu'Adamsberg est atteint dans son intime, que ses fragilités, et celles de son équipe, sont plus persistantes et que c'est précisément l'intégrité de cette dernière qu'il tente de protéger comme sa famille.
La famille justement. Ou le manque de famille et les dégâts inhérents à l'absence. Elle est au centre du récit, comme pourrait l'être une araignée au centre de sa toile. Elle attend patiemment sa proie, fragilisant l'âme et l'avalant toute entière après l'avoir recouverte de ses fils de soie.
La famille que l'on subit ou celle que l'on se crée. Celle qu'on aime parfois par obligation et convention ou bien celle du coeur qui prend la place du choix. Celle qui mériterait d'être reniée mais aussi celle pour laquelle le sacrifice s'impose. La famille sur laquelle repose les fondations d'une vie, celles de ces personnages si vrais dans leurs imperfections et si beaux dans leurs erreurs.
Toujours, les romans de
Fred Vargas ont inspiré ma plume et fait oublier, l'espace d'un instant, la laideur pour ne mettre en exergue que l'harmonie et l'éclat. Toujours j'ai attendu ses romans avec frénésie et empressement pour me retrouver accablée de devoir attendre encore le suivant. Mais l'envoûtement est là, le charme opère. Toujours.
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