Les lecteurs de Babelio, qui ont déjà entré ici leurs critiques, parmi lesquels de nombreux "fans" de l'inspecteur Adamsberg, ont souvent fait part de leur déception. Trop long, pas assez intéressant. Il faut dire que
Fred Vargas nous avait habitués à du "haut de gamme". Alors, une petite baisse, et nous voilà mécontents.
Lors de l'achat, voir que le livre comporte 500 pages a été pour moi un point positif :
Fred Vargas nous offre en général des romans d'atmosphère, beaucoup plus que de simples romans policiers. Alors ces 500 pages me promettaient un long plaisir de lecture.
Pourquoi cela n'a-t-il pas aussi bien fonctionné que d'habitude ? D'abord parce que le titre, la photo de couverture et la quatrième de couverture nous promettent une enquête en plein coeur du pays breton et de ses mystères, et que ça n'est pas le cas ; le dolmen sur lequel Adamsberg s'étend trois fois, je crois, pour mieux laisser venir à lui ses intuitions, est le seul élément "breton" de l'enquête. Première déception, grande déception pour moi. Il y aurait eu de quoi faire, pourtant, dans ce pays de légendes. Bien sûr, l'un des personnages descend
De Châteaubriand, et lui ressemble comme deux gouttes d'eau. Mais la jeunesse de son ancêtre au château de Combourg est rapidement évoquée, sans plus. (Merci à Babelio de ne pas mettre ici un d majuscule devant
Chateaubriand. Ne pas laisser l'"intelligence" artificielle faire n'importe quoi, elle semble méconnaître la grammaire, et refuse la correction).
L'affaire semble pourtant bien partie, le tueur de Louviec est habile et insaisissable, et un duo de choc se met en place, Adamsberg et Mathieu. Et puis, il y a l'auberge magnifique de Johan. Les policiers y sont reçus à toute heure, y font des repas plantureux qui nous sont décrits, des petites crêpes fourrées, des sandwichs prodigieux, un gratin de brocolis à la sauce roquefort et aux fines herbes, accompagné de côtes de boeuf, entre autres délices. J'ai pensé à Dickens, aux pâtés des pique-niques également plantureux de son héros Pickwick.
Et puis arrive la deuxième, et principale raison, pour moi en tout cas, de ce qui n'a pas fonctionné dans cette enquête : alors que nous sommes intéressés par la traque du criminel, la nuit dans des ruelles anciennes, et que nous logeons à l'auberge, de nouveaux faits indépendants des premiers crimes apparaissent ; le problème, c'est que si Adamsberg ne sait pas encore qu'ils n'ont pas de lien avec la première enquête, le lecteur, lui, le sait. Car
Fred Vargas le lui a expliqué. Il va donc lire des pages et des pages décrivant une recherche qu'il est le seul à savoir parallèle. C'est ce que je n'ai pas apprécié dans le livre. Un début intéressant, puis le gros du roman sans intérêt particulier, une histoire de malfrats qui gêne la véritable enquête, et finalement la découverte du coupable des crimes du début en toutes dernières pages.
C'est mon ressenti, j'espère moi aussi que
Fred Vargas nous fera vivre de nouvelles aventures mieux structurées, comme elle sait merveilleusement le faire. Je ne suis pas complètement déçue : je vais essayer la recette du gratin de Johan.