AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Teknophage tome 1 sur 1

Bryan Talbot (Illustrateur)Al Davison (Illustrateur)
EAN : 9781629912776
232 pages
NBM Publishing (15/09/2015)
5/5   2 notes
Résumé :
The Teknophage, a 65 million year old reptile, holds the keys to the universe. An immensely powerful being, Henry Phage has spent his lifetime as a conqueror, using his immense psychic powers and his ability to manipulate wormholes in order to take over planets across galaxies and feed upon the suffering of the denizens within, effectively making himself a god. From The Phage Building, located on the planet Kahlighoul, The Teknophage plots and plans the expansion of... >Voir plus
Que lire après Teknophage, tome 1Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Cette série développe une histoire sur la base des personnages et d'un environnement imaginés par Neil Gaiman. Ce tome comprend le numéro spécial "Wheel of worlds", ainsi que les épisodes 1 à 10 de la série Teknophage, initialement parus en 1995/1996. Ces épisodes constituent 2 histoires.

-
- Wheel of worlds - Il s'agit d'un épisode composite introduisant les concepts de Neil Gaiman, avec un chapitre consacré à Lady Justice, un autre à Mr.Hero, un au Teknophage, un à Adam Cain, et un à la roue des mondes, chacun par une équipe créative différente.

Ce chapitre permet de comprendre qui est Henry Phage (surnommé Teknophage), de quoi il se nourrit, et comment il peut passer d'une dimension à une autre. le lecteur découvre une version de Londres sur Albion, plus particulièrement le quartier appelé Red Chapel. Il découvre des personnages sortant de l'ordinaire, du robot version steampunk, à ce gros lézard anthropomorphe, en passant par une mystérieuse jeune femme avec un bandeau sur les yeux. Les dessins sont de qualité professionnelle, avec une approche de type réaliste, plus ou moins détaillée en fonction de l'artiste. 3 ou 4 étoiles pour une présentation de concepts pas folichonne, et pas assez substantielle pour comprendre ce dont il retourne.

-
- Épisodes 1 à 6 (scénario de Rick Veitch, dessins de Bryan Talbot, encrage et mise en couleurs d'Angus McKie, avec l'aide de John Coulthart pour l'encrage de l'épisode 6) - Rob Nichols est un homme d'affaires employé par un certain Beaumont. Il laisse sa femme dans leur maison, et s'en va pour conclure le rachat d'une ferme dont il jure de conserver la fonction première (tout en sachant qu'il n'en fera rien). La propriétaire lui raconte une histoire bizarre d'enlèvement de sa fille Claudia Cassady, capturée par des individus en armure, provenant d'une autre dimension.

À peine l'affaire conclue, Rob Nichols est à son tour enlevé par ces mêmes individus en armure, et emmené sur la planète Kalighoul, dans un immeuble sur chenilles dont tous les habitants travaillent pour Henry Phage, dans une forme d'esclavagisme sadique et pernicieux. Par un concours de circonstances, il se retrouve marié à Claudia Cassady. Il va tout faire pour gravir les échelons dans cette hiérarchie à la mortalité élevée, pendant qu'elle est réquisitionnée par Henry Phage lui-même pour prendre en note ses mémoires.

En 1995, quelques responsables éditoriaux décident qu'il serait rentable de créer une branche comics, de conserver les droits de propriété intellectuelle des personnages, et de confier la création ex nihilo de ces nouvelles séries à une seule et même tête pensante : Neil Gaiman. Pour écrire la série Teknophage, ils recrutent un vieux briscard en la personne de Rick Veitch, ayant fait ses armes dans le magazine Epic Illustrated, et s'étant illustré par une série non conventionnelle The One et par sa collaboration avec Alan Moore sur la série Swamp Thing.

Rick Veitch attaque franco, avec les pratiques dictatoriales d'Henry Phage, les individus réduit à l'obéissance volontaire par un système vicieux, le nombre élevé de morts du fait d'une technologie dangereuse de type steampunk, et des décisions arbitraires du teknophage indifférent au coût en vies humaines. le lecteur suit l'ascension de Rob Nichols dans les différentes strates, en partant de tâches manuelles, pour progresser laborieusement dans les niveaux administratifs des petits chefs. Il suit également le comportement d'Henry Phage vis-à-vis de Claudia Cassidy, en même temps qu'il découvre une partie de son histoire personnelle au fur et à mesure qu'il dicte ses mémoires. Il constate aussi que cet individu a disposé de plusieurs siècles pour développer une organisation dans laquelle les individus cherchent plus à se nuire entre eux pour gravir un ou deux échelons qu'à nuire à leur dictateur.

L'intrigue contient une dimension de science-fiction de type steampunk mais aussi de type voyage dans l'espace, des éléments horrifiques (la manière dont les individus sont récalcitrants sont mis à mort), un regard cynique sur l'organisation du travail, un humour servi bien noir et acerbe comme cet ersatz de café qui rend ceux qui en boivent dépendants. Pour ces épisodes, Bryan Talbot (collaborateur épisodique de Neil Gaiman sur la série Sandman, auteur complet de Luther Arkwright ou Grandville) s'avère l'artiste de la situation. Il sait représenter les murs de briques des quartiers défavorisés en évoquant l'Angleterre industrielle. Les vêtements ont ce petit côté fin du dix-neuvième siècle et miséreux pour la populace, très chic pour Henry Phage et sa secrétaire. Il sait rendre l'animalité reptilienne du teknophage repoussante.

Bryan Talbot arrive à donner une apparence visuelle aux éléments les plus immondes et les plus repoussants sortis de l'esprit dérangé de Rick Veitch. Il y a par exemple cet individu englouti par Henry Phage qu'il met plusieurs jours à digérer, comme un serpent. Il l'a gobé, avalé, mais la tête de ce monsieur reste coincée dans la gorge de Phage, et il peut encore parler, pour des dessins mettant mal à l'aise. Il y a aussi le regard halluciné des employés de bureau sous haute dose de café, privés de sommeil depuis plusieurs jours. Comme Veitch, Talbot sait intégrer un humour bien noir et sadique : l'incroyable rangée de médailles sur un uniforme, ou les chenilles massives du building, hérissées de pointe.

Le lecteur est bien conscient de la conception artificielle de la série, et de la volonté des initiateurs de capitaliser sur la renommée de Neil Gaiman. Toutefois ils ont mis les petits plats dans les grands en embauchant de véritables créateurs. Derrière la farce macabre, le lecteur comprend que les auteurs dressent le portrait d'un capitalisme sans âme, d'une grande noirceur, où chacun essaye de grappiller des miettes, met toute son énergie à essayer d'avoir la place de l'autre, alors que toute l'énergie qu'ils dépensent ne fait que profiter (ou enrichir) l'individu placé au sommet, ici Henry Phage. Rick Veitch et Bryan Talbot s'approprie le concept de Neil Gaiman pour une métaphore virulente du système capitaliste. 5 étoiles.

-
- Épisodes 7 à 10 (scénario de Paul Jenkins, dessins et encrage d'al Davison, mise en couleurs d'Ian McKie) - Ce récit se déroule à bord de l'immeuble itinérant du Teknoophage. Plusieurs individus ont décidé de l'infiltrer afin de délivrer un vieil homme saint détenu dans la geôle la plus enfouie dans le bâtiment. Pendant ce temps, Henry Phage rend visite à cet individu, puis il continue de dicter ses mémoires à Claudia Cassady, en particulier comment il a donné un petit coup de pouce à l'évolution de la race humaine.

Après avoir raconté la première histoire du Teknophage, Rick Veitch et Bryan Talbot cèdent la place à une autre équipe créative. Les dessins d'al Davison sont d'un extérieur un peu moins suintant que ceux de Talbot, et légèrement moins détaillées. Ils conservent toutefois assez de noirceur pour rendre compte de la cruauté du Teknophage, et pour faire apparaître les émotions sur les visages des employés poussés dans leur dernier retranchement par un management inflexible et impitoyable. En outre, ce nouvel artiste respecte les caractéristiques visuelles établies par Talbot dans le premier récit.

De son côté, Paul Jenkins change de cible. Il raconte donc cette infiltration, ainsi que le rôle d'Henry Phage dans le jardin d'Éden, et l'histoire personnelle de ce mystérieux prisonnier. Il a concocté une intrigue consistante avec un bon niveau de divertissement. Cette fois-ci, l'histoire ne constitue pas une métaphore du système d'oppression capitaliste, mais une interrogation sur la spiritualité. Jenkins ne se borne pas à dénoncer les méfaits de la religion, il parle de spiritualité, d'espoir, sans s'attacher à un dogme en particulier. L'épisode au jardin d'Éden n'est pas une attaque contre les trois religions du Livre, mais une métaphore sur la perte de l'innocence. de la même manière, il se tient soigneusement à l'écart de toute figure christique, ce qui lui évite de se prendre les pieds dans les poncifs habituels. le lecteur découvre d'autres dispositifs organisationnels qui assurent à Henry Phage de rester en haut de la pyramide. Il observe comment la foi peut résister face à une telle oppression.

Après la charge viscérale de Ric Veitch et Bryan Tablot, ce deuxième récit apparaît un degré plus fade. Les dessins sont moins graisseux, et l'intrigue est un tout petit peu moins ambitieuse. Pour autant, les 2 créateurs sont très compétents et cette histoire sur le potentiel de la spiritualité opposée au pragmatisme d'Henry Phage (celui de la chaîne alimentaire, les forts dévorant les faibles) s'avère également bien noire. 4 étoiles par rapport au premier récit, 5 étoiles par rapport au tout-venant de la production mensuelle des comics.
Commenter  J’apprécie          20


Videos de Neil Gaiman (40) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Neil Gaiman
Dead Boy Detectives | Bande-annonce officielle VF | Netflix France
autres livres classés : steampunkVoir plus


Lecteurs (2) Voir plus



Quiz Voir plus

Les livres de Neil Gaiman

Coraline découvre un autre monde qui semble plus agréable que la réalité. Mais pour y rester, il faut...

offrir son âme à une sorcière
manger une araignée vivante
se coudre des boutons à la place des yeux
oublier son passé
chanter du karaoké

10 questions
112 lecteurs ont répondu
Thème : Neil GaimanCréer un quiz sur ce livre

{* *}