Française, prof, et ''accessoirement'' petite amie d'un super-héros

Je suis une fan inconditionnelle de la plume d'Aurélie Venem depuis qu'elle m'a fait la joie de me proposer son premier tome de Samantha Watkins à chroniquer, il y a de cela quelques années. C'est une série que j'adore et que j'ai dévoré autant par écrit que dans sa version audio magnifiquement lue par Ludmila Ruoso. Un double coup de coeur donc.
Ce qui fait que lorsque j'ai su que son super-camembert était enfin prêt pour la lecture, j'étais enthousiaste et impatiente. Bon j'avoue aussi un peu stressée car après Samantha je mettais la barre haute.
Impatiente aussi car je l'avoue si je ne connaissais pas déjà sa plume j'aurais été plus mitigée de la découvrir en n'ayant pour seul repère que cette couverture. Personnellement, même si une fois ma lecture finie je dois bien considérer qu'elle représente bien son roman, je n'en suis vraiment pas fan.
Une fois passé ce petit bémol, j'ai pu me plonger que dis-je m'immerger dans le roman et découvrir que ce qui avait rendu sa lecture addictive avec Samantha était toujours présent. Aurelie a une plume caustique, tout en étant légère et pleine d'humour. Ses personnages sont des péquins lambdas comme vous et moi à qui il va arriver l'improbable.
Après la rencontre de Samantha Watkins avec un vampire dans une ruelle sordide, nous allons ici observer les conséquences totalement irréalistes du croisement d'une paire d'escarpins avec une frite.
Cela vous paraît idiot? Ou totalement déjanté ? Oui ça l'est comme la suite des événements qui pourtant vont vous faire frémir d'émotions, de frayeur et aussi vous bidonner comme des tordus devant votre liseuse.
Adeline est prof de lettres dans un lycée professionnel d'une grande agglomération normande. On vit au travers elle les aléas des cours, des pauses café et des montées d'hormones pré pubères de ses élèves. On rencontre aussi ses collègues, particulièrement Marianne, la prof de maths qui terrorise les élèves et certains professeurs par son caractère thermonucléaire mais qui bizarrement adore Adeline, qui le lui rend bien. Un passé dramatique commun les a réunies et leur complicité est devenue quasi fraternelle. Cela amène ainsi des vannes et des piques comme seuls savent le faire les fratries en pointant du doigt les faiblesses gentiment sans blesser l'autre.
On va aussi découvrir que la Normandie n'a rien à envier à Chicago du temps de la prohibition pour la criminalité et les politiciens véreux. le maire actuel, Theodore Vincel, n'est autre que le dirigeant en sous-main d'un organisme mafieux appelé le Comité. Exactions en tout genre sont à son actif et la probité est devenue chose rare dans les rangs des notables de Fort-Benedict.
Mais, depuis un an, les choses tendent à changer. Doucement, petit à petit, une résistance s'organise, faible mais présente. Car un espoir est apparu aux Bénédictins en voyant se dresser face au tyran un Justicier. Droit, courageux et en possession de pouvoir particulier, il amène un peu de lumière dans cette zone sombre qu'est devenu la région bénédictine.
Adeline fait partie de ceux qui le soutiennent car pour des raisons personnelles elle déteste le maire et ce qu'il représente. Pourtant ce soir-là, celui où tout va basculer ce n'est pas avec le danger qu'elle est sensée avoir rendez-vous mais avec l'amour. Marianne, désespérée de la voir seule lui a organisé un rendez-vous. Et tout va aller de mal en pis jusqu'à cette rencontre impromptue avec une frite.
Ô la frite ne se rendra compte de rien sur le moment. Mais à vrai dire Adeline non plus.
Il faudra pas mal d'autres catastrophes, qu'Adeline semble attirer, pour que nous suivions parfaitement le cheminement de pensée loufoque de l'auteure.
Rajoutons à cela la copine cerbère des Enfers, Marianne, qui n'a pas sa langue dans sa poche et qui vous crucifierait d'un regard et vous commencez à apercevoir un quotidien plus qu'intéressante.
Car oui ce roman parle d'un super héros et comme le dit le titre on sait déjà qu'Adeline finira sa petite amie mais la manière dont l'auteure nous fait vivre tout cela est frais, décalé et totalement imprévisible.
Nous ne suivons pas le Justicier dans ses nuits aventureuses mais plutôt l'inquiétude de sa belle qui l'attend à la maison. Nous les voyons partager des secrets sans savoir comment nous les aurions acceptés personnellement et surtout comment ensuite continuer d'aller bosser chaque matin normalement.
Derrière chaque grand homme se cache une femme pourrait être un bon résumé de ce récit. Car c'est justement depuis l'ombre que nous suivons les aventures du héros. Fans de Marvel, avez-vous déjà imaginé la vie de votre héros favori une fois la dernière page de son aventure en cours terminée? Son retour au quotidien?
Ici vous allez tout savoir sur ce qui se passe dans les coulisses d'une vie de super-héros. Vous allez aussi partager leurs espoirs, leurs doutes et leurs peurs.
Même si ce n'est pas le coup de coeur immédiat que j'avais ressenti pour Sam, j'ai été transportée dans cette histoire parce qu'Adeline a un grand coeur, qu'elle nous parle de son métier avec passion. On ressent une forte affection à les voir Marianne et elle, ainsi que leurs collègues lutter à leur manière face à la criminalité. En essayant d'ouvrir les yeux de leurs élèves, de leur créer un avenir hors de Fort-Benedict et loin de ce système corrompu, elles ouvrent à leur manière dans le sens du Justicier.
Je me suis régalée à lire ce quotidien mêlé de crimes, de suspens et de coups de gueules. J'ai adoré ces personnages hauts en couleur, malhabiles parfois dans leur choix mais jamais malhonnêtes. Et puis surtout la plume d'Aurelie Venem vaut à elle seule d'être découverte car elle sait créer des ambiances en tous genres qui vous feraient hurler de frustration en plein bus ou au contraire vous esclaffer de rire tout seul.
En bref je me suis régalée avec les aventures d'Adeline, prof, et petite-amie de super-camembert. Alors et vous ? quand allez-vous la rencontrer ?

Je découvre cette auteure avec ce titre qui m'a amusée. Ce n'est pas du Victor Hugo certes, mais c'est une lecture plutôt agréable où l'auteure prend le contre-pied des blockbusters habituels. Elle raconte l'histoire du point de vue de la petite amie et on est plus immergée dans son quotidien de prof de lettres-histoire en Lycée professionnel que dans les exploits du Justicier. Si la découverte du milieu professionnel d'Adeline n'est pas inintéressante - après tout elle enseigne à des élèves dont la formation est décriée et quelque part elle leur rend leurs lettres de noblesse -, la romance est plus que classique: complexes, coup de foudre, sexe GENIAAAAAL. La partie héroïque est aussi très convenue, et c'est parfaitement assumé par l'auteure : un super-méchant, une population terrorisée, une rédemption possible et un héros mythique. Là où on s'éloigne un peu des poncifs est le "happy" end: une fois le méchant vaincu - j'espère ne choquer personne par ce spoiler- le héros m... dans les grandes largeurs à l'égard de sa belle.
L'ensemble est plaisant à lire, mais il manque un je-ne-sais-quoi, un souffle pour entrer dans l'histoire. C'est bien dommage.