Incontestablement la renaissance de la nouvelle est passée par les veillées de la tour pointue !
La renaissance de la nouvelle est une collection de la Nrf qui a été dirigée entre 1932 et 1939 par
Paul Morand, et les veillées de la tour pointue est un de ses titres où
Pierre Véry, en 1937, est venu distiller quelques petits grains de sa fantaisie dans une littérature policière qui parfois se fait plus noire qu'elle ne l'est vraiment.
Mais, surtout, cher lecteur et ami, gardons-lui bien le secret !
Car
Pierre Véry est un romancier d'aventures favorisé par la bonne fortune.
Ayant découvert par un heureux hasard purement littéraire un souterrain dans les sous-sols de la police judiciaire, il parvint jusqu'à la souricière, jusqu'au sommet de la tour pointue.
Une table, une chaise et sept dossiers ...
Que le hasard fait bien les choses !
Crimes, escroqueries, énigmes et cambriolages ...
Voilà matière à nouvelles dont un romancier malicieux et plein de talent aurait bien pu s'emparer.
Quelle aubaine que ces archives ultra-secrètes de la police !
Léon PetitQuartier a égaré une tartelette qui avait été empoisonnée pour soulager Véga, un chien perclus de souffrance ...
Alerte ! Monsieur Léon, alerte !
La tartelette s'est volatilisée et un ouvrier italien vient de s'effondrer, la mort semble frapper partout autour de Léon ...
Simonet que l'on surnomme Manque-un-Tome, lui, est un spécialiste du vol de livres rares.
Il a repéré la collection d'un certain Urbin, qui chaque après-midi, sauf le dimanche , trottait vers le Quartier Latin et en revenait invariablement dans un fiacre dont le cocher avait un air de ressemblance avec
Paul Verlaine.
Or un soir, Urbin est assassiné à coups de marteau sur le crâne ...
En tout ce recueil contient une dizaine de nouvelles très originales et inattendues.
Pierre Véry prétend ne les avoir que recopiées à la lueur de la lune au sommet de la tour pointue.
Quoiqu'il en soit, même si on ne doit le croire que pour la dernière fois, on peut lui faire confiance.
Il y aura au moins saupoudré les mots de quelques sels épicés d'humour, d'un peu de cynisme et de beaucoup de mystère.
Il y a d'ailleurs inventé un nouveau genre, dédié à
Gaston Leroux, le problème du local ouvert.
Le mystère de la chambre verte est strictement l'inverse de celui de la chambre jaune !
Mme de Rouvres, rue des Sablons à
Paris, vit seule.
Elle est agressée, bâillonnée et ligotée sur un tabouret.
Elle est proprement délestée de son argenterie, d'une pendulette, de deux chandeliers d'argent et des trois-mille francs que contenait son petit coffre-fort.
Mais l'individu masqué n'a pas pénétré dans la chambre verte.
Et les bijoux de Mme Rouvres sont restés dans le tiroir de sa table de chevet.
Le voilà bien le problème du local ouvert où personne ne veut se donner la peine d'entrer !
C'est ça qui vous chiffonne !
Il vous en faut peu !
Et puis, pour terminer, ou presque terminer,
Pierre Véry nous offre quelques lignes d'une anticipation policière, un cours d'instruction criminelle.
Nous sommes en 2500, dans un lycée de France ...
Ce livre est un petit bijou, du plaisir à l'état pur.
De retournements de situation en rebondissements inattendus, le talent de
Pierre Véry s'y amuse avec les mots, les personnages et les situations.
Mais surtout, cher lecteur et ami, gardons-lui bien le secret.
Songez donc : si l'on savait ! ...