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3,5

sur 308 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
"L'Amérique, l'Amérique, je veux l'avoir et je l'aurai..."

En adaptant en 1970 le tube de Christie "Yellow River", Joe Dassin a recouru pratiquement au même stratagème que Tanguy Viel avec "La disparition de Jim Sullivan". Tous les deux ont pris un thème très américain, pour le traiter d'une façon très française.
Et tout comme pour Joe Dassin l'Amérique est la terre de toutes les promesses, pour Tanguy Viel c'est un pays d'où sort la plupart des romans lus dans le monde entier, ce qui est, convenez-en, le rêve de tout écrivain.
Le but de Tanguy Viel est donc écrire un roman "typiquement américain" avec tous ses ingrédients, clichés et poncifs, mais son livre n'est pas juste une parodie. Il y a aussi de ça, car on le lit en souriant, mais c'est surtout une étude de ce qui est nécessaire pour fabriquer un "bon" roman américain susceptible de plaire. Ce qui nous met à mi-chemin entre une parodie et un hommage. Mais c'est avant tout un chouette exercice de style : quelque chose qu'on ne trouve que rarement dans un "vrai" roman américain. Peut-être que les auteurs américains se prennent trop au sérieux pour cela, qui sait...?

Quel est donc le brûlant secret du roman américain et de son succès international ? de ses traductions en toutes les langues imaginables, et de ces quatrièmes de couverture alléchants qui nous avertissent qu'on tient entre nos mains "une oeuvre dont la portée universelle dépasse les frontières", ce qui est, malheureusement, rarement le cas avec la production française ?
Ha ! Dans le style : "cela devrait se passer quelque part aux alentours de Detroit", et "un nom comme Dwayne Koster pourrait convenir à mon personnage", Viel construit peu à peu son récit en recourant au conditionnel et au futur. C'est donc davantage une genèse de roman, mais l'histoire de Dwayne en ressort comme sur un palimpseste, et elle a bien un début et une fin. Et même quelques prémices, car dans un bon roman américain, un petit saut dans l'histoire familiale est de mise, comme vous l'aviez certainement remarqué pendant vos lectures américaines...

Alors, jouons le jeu : on va d'abord deviner l'âge et le métier de Dwayne, puis sa situation familiale, et vous aurez un bonbon pour chaque bonne réponse !
Je vois déjà les mains se lever... Oui, ceux qui ont opté pour un quinqua divorcé qui enseigne la littérature à la fac ont trois bonbons d'un coup ! Ceux qui osent timidement avancer que sa spécialité pourrait être Herman Melville vont probablement garder le paquet, mais ce n'est pas fini...
Bien sûr que Dwayne aura une maîtresse (un bonbon pour avoir deviné où ils se sont rencontrés), et sa femme aura un amant. Elémentaire, mon cher Tanguy ! Cet amant, qui ça pourrait bien être ? Si, à tout hasard, l'idée d'un collègue prétentieux de la fac vous effleure l'esprit, il va doucement falloir dégrafer votre pantalon, car tous ces bonbons ne peuvent pas rester sans séquelle.
Comment régler la situation et donner une petite leçon à son rival, sans s'empêtrer dans une histoire politico-mafieuse qui ne présage rien de bon ? La question reste rhétorique, car j'ai pitié de votre ligne et de votre dentition. Mais si vous êtes amateurs du roman américain, une chose basique de ce genre ne devrait pas... bref !

Mais que Jim Sullivan vient-il faire dans tout ça ? C'est le chanteur préféré de Dwayne, voilà ! Il est de bon ton de rajouter un personnage "réel" dans la fiction américaine, et Jim, qui a mystérieusement disparu en 1975 dans le désert du Nouveau-Mexique, au bord l'autoroute de Santa Rosa, est tout simplement idéal pour que Viel puisse finir son histoire de la façon dont il la finit.

"There is a highway
telling me to go where I can
Such a long way
I don't even know where I'm..."

... chantait (vraiment) Jim, avant d'être probablement enlevé par les extraterrestres, et c'est aussi le sentiment global que me laisse le livre.
C'est amusant et Tanguy Viel réussit son exercice avec brio, mais quelque part on se demande à quoi tout cela a servi. Je ne saurais dire... mais une chose est certaine ! Si les extraterrestres ont enlevé Jim afin de posséder un spécimen pour étudier tous les clichés et poncifs de la country music, ils n'ont pas raté leur coup !
3/5. C'est drôlement bien écrit, ça vaut quand-même une lecture, mais ce n'est pas "une oeuvre dont la portée internationale dépasse les frontières".
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C'est vrai que cela ressemble à une tarte à la crème mais quand même, il y a comme un air de famille entre certains auteurs des Editions de Minuit (Echenoz, Oster, Viel ...), fait de minimalisme, d'humour subtil, de mélancolie sourde, de concision ironique. Tanguy Viel, par exemple, se permet une jolie mise en abyme dans La disparition de Jim Sullivan, nous conviant à la fabrication d'un éventuel roman, un making of, en profitant pour s'interroger avec la malice qu'on lui connait sur les ingrédients à ne pas oublier pour composer un ouvrage typiquement américain, chose peu aisée pour qui se revendique auteur on ne peut plus français. Cette gageure, Viel la tient sans forcer son talent sur 150 pages, prenant le lecteur à témoin, tout en déroulant son intrigue, certes classique et modérément passionnante, avec une nonchalance élégante. C'est évidemment drôle, cultivé et un brin flottant comme des épis de blé dans les grandes plaines américaines. Il y a une atmosphère à la Key Largo dans ce faux vrai roman, une réflexion sur l'art de la fiction et la cuisine que chaque écrivain mitonne dans un coin de sa tête.
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En matière culturelle nous avons parfois l'impression que les américains savent faire ce que nous ne savons pas pour fasciner les foules. Dès qu'une oeuvre a du succès aux Etats-Unis, elle se répand sur la surface du globe en connaissant le même succès. Des films, des séries, vus par des millions de téléspectateurs, des romans qui deviennent des best-sellers partout dans le monde. de ces romans se dégagent souvent un charme particulier, si je vous dis « roman américain », vous allez penser grands espaces, gigantisme des villes, banlieues résidentielles aux pelouses bien entretenues, grande université, long voyage en voiture…

Fort de ce constat, notre Tanguy Viel national, grand admirateur de littérature américaine, veut lui aussi tenter sa chance et écrire son roman américain. Au lieu de nous raconter simplement ce qu'il advint de Dwayne Koster, professeur de littérature à l'université d'Ann Arbour, divorcé, et de la sombre histoire de trafic d'antiquités irakiennes dans laquelle il s'embarque. Tanguy Viel met ici en scène sa démarche d'écrivain, ses choix, ce côté work in progress donne tout son charme au roman.
Lien : http://bene31.canalblog.com/..
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Après la critique enthousiaste d'un libraire entendue dans "La Grande Librairie", je me suis dépêchée de trouver "La disparition de Jim Sullivan".

Ma déception est à la hauteur de l'attente gourmande que j'en avais.

J'avais été appâtée par le thème du livre, Tanguy Viel, l'auteur, se mettant en tête d'écrire ... loin de la cathédrale de Chartres ... un vrai roman "américain".

Un roman américain avec :

- des personnages américains : Dwayne Koster, Susan Fraser, Alex Dennis, Lee Matthews, Milly Hartway, des vrais noms de là-bas qui sentent bon le drapeau étoilé et le barbecue T bone entre voisins,

- dans une ville américaine : Detroit, son université, son motel, sa cafétéria, son video club,

- sur une musique américaine : un rock de Jim Sullivan sans aucun doute,

- avec une psychologie et préoccupations américaines,

son lot d'affreux, sans foi ni morale, des désillusions, de l'argent, du sexe évidemment ...

Un roman américain avec tous les ressorts et les mécanismes des ouvrages d'outre Atlantique.

Tanguy Viel - qui, sans nul doute, en a beaucoup lus - ne manque ni d'esprit ni d'humour et sa façon de narrer comment il aurait pu écrire son roman américain m'a souvent fait sourire (davantage dans les premiers chapitres).

Pour autant, il ne s'agit bien que de cela sur cent cinquante pages : une mise en abyme.

Tanguy Viel ne cesse d'écrire ce qu'il aurait pu écrire s'il l'avait vraiment écrit à l'américaine son roman américain.

Il y avait, là, de quoi faire une nouvelle enlevée ... mais un roman, je ne pense pas ... du reste, il s'essouffle vite et le décryptage moqueur des ficelles du roman américain - soulignées en permanence (comme si nous ne les connaissions pas) - a dû mal à tenir la longue distance.

J'ai regretté, in fine, que Tanguy Viel ne l'ait vraiment pas écrit à l'américaine son roman !

Je pense que je me serais davantage amusée s'il avait opté - avec panache - pour le pastiche et avait, ainsi, laissé son lecteur en retrouver seul les ficelles, sans être tenu de bout en bout par la main, et s'en amuser.

Et quelle ironie si ce roman était devenu un best seller international !

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On dirait qu'on écrirait un roman américain...



" C'est la première scène de mon livre, un type arrêté dans une voiture blanche, moteur coupé dans le froid de l'hiver, où se dessinent doucement les attributs de sa vie : une bouteille de whisky sur le siège passager, des cigarettes en pagaille dans le cendrier plein, différents magazines sur la banquette arrière (une revue de pêche bien sûr, une de base-ball bien sûr), dans le coffre un exemplaire de Walden et puis une crosse de hockey."



Humour et parodie, pastiche, variation sur le livre dans le livre, voila la patte (la plume) de Tanguy Viel.



Un type, dans le Michigan, planque dans sa voiture devant le domicile de son ex-femme, Susan (aux yeux noirs !! je ne savais pas Tanguy Viel porté sur la botanique !), en écoutant les ballades forcément tristes de Jim Sullivan, disparu en plein désert, peut-être enlevé par des OVNI..



L'auteur revisite les "clichés" du roman américain : le prof de fac, spécialisé en littérature (Moby Dick), qui joue au poker avec ses voisins, a une jolie femme qui le trompe (avec un autre prof), rencontre une serveuse qui tourne des films X (et est accessoirement son étudiante)...



Et je me suis un peu ennuyée !



j'ai beaucoup aimé le regard distancié que pose l'auteur sur les romans américains, mais j'ai eu l'impression que Tanguy Viel, malgré tout l'humour et le second degré dont il est capable, s'écoutait écrire...



Un peu comme quand on était enfant et qu'on disait " On ferait comme si..." avec nos poupées.

Ça ne m'a pas déplu mais ça n'a pas fonctionné non plus ! Dommage !
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Je suis perplexe. le procédé est intéressant et l'écriture est belle. Mais ce que je viens de lire n'est pas un roman américain mais les réflexions de Tanguy Viel sur ce que serait le roman américain qu'il écrirait. Alors je n'ai pas bien compris s'il critique le roman américain, descriptif, stéréotypé, avec l'éternel héros looser, alcoolique. Ou s'il critique le roman français, égocentrique, maniéré. Ou s'il critique le lectorat français trop sensible aux sirènes du roman "international" comme il l'appelle. Bref, je me répète, mais je suis perplexe... (avril 2013)
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C'est un peu dérangeant de ne pas être à l'unisson. Je ne peux pas affirmer que je n'ai pas aimé ce livre, non. Alors l'ai-je aimé ? oui un petit peu. Petit comme l'épaisseur du livre. Impression mitigée oscillant entre reconnaissance d'un talent certain pour le pastiche, le second degré, la parodie et énervement devant une vaine entreprise qui m'a semblé un jeu gratuit pour esbaudir la critique : "Regardez comme je maîtrise les codes et les poncifs du Grand roman" américain ; il ne tiendrai qu'à ma volonté de vous pondre mille pages comme Thomas Pynchon. J'ai peur d'être injuste (eh oui le privilège de l'âge) mais j'ai plus vu dans " La disparition de Jim Sullivan" un exercice de style obligé, un peu comme on demande aux musiciens qui concourent pour le Prix de Rome de composer une fugue "comme" JS Bach. Mais sans que ce soit du Bach.
Car tous les amoureux de littérature américaine les connaissent bien les poncifs du genre comme tous les amoureux (ou non !) de littérature contemporaine française connaissent les incontournables à mettre s'ils veulent écrire un "roman français" d'aujourd'hui. Et je ne vous parle pas des poncifs si l'envie vous prend d'écrire un "grand roman" russe !
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Le nouveau roman de Tanguy Viel a été la surprise de mes dernières lectures. Un roman qui impressionne par son originalité et sa narration. L'auteur arrive à construire son récit et nous faire plonger dans l'intrigue; tout en intervenant et en expliquant sa démarche: écrire un roman avec les codes de la littérature américaine.
Un livre rempli d'humour qui vous fera passer un chouette bon moment.
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c'est une sorte de roman sur le roman, une espèce de mise en abyme, un acte de réflexion sur l'histoire qui pourrait s'écrire.Elle se déroulerait aux E-U, et il serait question des déboires sentimentaux et professionnels du héros, Dwayne Koster, habitant Détroit. Sa femme le tromperait et lui aussi, de là le dérèglement de sa vie : malaise, errance, trafic de drogue pour finir comme son idole, Jim Sullivan, perdu dans le désert du Nouveau-Mexique.
Mais l'intérêt du livre n'est pas dans le récit, plutôt dans le projet du narrateur : décortiquer ce qui fait une oeuvre de portée internationale, le "Roman américain" avec ses grands espaces, ses lieux improbables, sa serveuse de restaurant aux banquettes en skaï, son confort matériel à l'américaine, son trafic de drogue international, ses grosses berlines. Bref, on reprend tous ces clichés, on les met à distance et on regarde ce que le narrateur peut en faire, le tout au conditionnel car le roman n'est pas là, il est en creux, résumé.On est dans les rouages de la machine, c'est à la fois passionnant mais frustrant car on comprend bien que le narrateur aurait pu réussir ce "grand roman à portée internationale", mais ce n'est pas ce qu'il cherche , ce qu'il veut ( ce qu'il peut faire ? ). la petite musique de Tanguy Viel est là cependant et les personnages, malgré tout, ont de l'épaisseur.
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Le "roman américain" d'un narrateur si pressé d'en finir qu'il évoque plutôt qu'il ne raconte, dans un dispositif assez original, son histoire pleine de bruit, d'adultère, de motel, de trafic et d'Irak, de fureur et... d'Amérique.
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