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sur 1541 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Micromégas est un de ces gentils petits contes philosophiques, brefs et plaisants, relevés d'une fine pointe de piment d'Espelette, cette fameuse tendance à tirer à boulets rouges sur " le monde " parisien et ses travers, comme Voltaire savait si bien nous les concocter, cuits à point, posés sur une élégante assiette, à déguster en guise d'hors-d'oeuvre, avant des plats plus consistants.

On y trouve, comme à chaque fois, une allusion sous chaque mot, comme autant de messages codés, destinés à dire sans dire, n'est-ce pas, pour éviter censure et sanctions. Sans que ce jeu de dupe trompât probablement qui que ce fût, car les contemporains devaient très exactement savoir à qui s'adressait tel ou tel trait, lancé dans les cieux, sous des airs anodins, mais qui, bien entendu, ne l'étaient absolument pas.

De nos jours, il est vrai, toutes ces allusions ne sont plus forcément décryptables, car les destinataires ont disparu, en laissant bien souvent moins de traces que les attaques dont ils firent les frais.

Voltaire, en lorgnant très fort du côté de Jonathan Swift et de son Gulliver, notamment ses deux premiers voyages, à Lilliput et à Brobdingnag, nous invite à prendre du recul sur notre condition et tout ce qu'elle a de relatif. En effet, notre intelligence, notre taille, notre adaptation, etc., tout peut apparaître comme éminemment relatif.

C'est, tout bien considéré, une vision extrêmement naturaliste de la vie, où l'auteur nous invite à respecter tous les êtres vivants (humains ou autres), aussi divers ou insignifiants puissent-ils nous apparaître, depuis notre point de vue personnel, car tous ils ont leur harmonie, leur cohérence ou leur raison d'exister propres.

En somme, pour Voltaire, on est toujours le géant ou le microbe de quelqu'un d'autre. Micromégas, incommensurable géant, représentant de l'immense géante Sirius, voyageur et explorateur intersidéral, s'arrête en route sur la très grosse Jupiter, où il sympathise avec un très grand Jupitérien, mais qui, comparé au Sirien, semble rien moins qu'un nain.

Les deux braves géants, le bien grand et l'immense, s'arrêtent en chemin sur le minuscule globule que constitue pour eux notre planète Terre. Ils y apportent un regard extérieur et neuf, exempt de toute notion d'intérêt et de bas calculs. Micromégas y combat les préjugés du Jupitérien et manifeste une grande tolérance, doublée d'une volonté de compréhension de chaque système de la nature.

Des considérations sur les différences, les motivations des êtres, grands ou dérisoires, se font jour. Outre Swift, déjà mentionné, Voltaire nous y expose clairement sa filiation de pensée avec le philosophe anglais Locke, que l'on peut probablement considérer comme le véritable initiateur des Lumières.

Finalement, dans cette sorte de réponse de Normand que nous fait Voltaire, je lis une franche invitation à la tolérance, au respect de la différence, sans égard à la condition sociale ou à l'aspect extérieur, voire également, à un respect général de toutes les formes de vie de la nature, qu'il nous faut, selon l'auteur, nous efforcer de comprendre et non de juger ou de comparer avec nous même ou avec quiconque.

Le terrain se prépare doucement, calmement, pour la grande révolution darwinienne d'un siècle plus tard, peut-être plus encore que pour la Révolution française, au travers de ce petit conte, dont le caractère ne me semble toutefois pas hautement séditieux. Mais enfin, gardez à l'esprit que, comme toujours mes gars, ce micro avis, sur Jupiter, sur Sirius ou ici bas, ne signifie certainement pas grand chose.
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Au siècle des lumières, Voltaire n'hésite pas à donner dans le fantastique avec son géant Micromégas qui, dans un voyage interplanétaire, arrive sur terre en pleine mer Baltique, minuscule pour lui, et y cueille en quelque sorte un bateau, rien moins que celui de l'astronome Maupertuis, sur le retour d'une expédition qui l'avait amené à démontrer la platitude des pôles.

A partir de là et de cette rencontre fortuite, Voltaire embraye sur de savoureuses réflexions philosophiques, relativisant les vanités humaines, leurs certitudes, à partir desquelles Voltaire dénonce avec beaucoup d'humour bien des convictions des « sachants » de son époque.

C'est le style inimitable De Voltaire qui donne toute sa richesse à ce conte philosophique qui ne manque pas d'originalité. La confrontation de l'immense et du minuscule prend toute sa dimension si l'on peut dire dans cette dénonciation voltairienne des maux de des contemporains, enfermés dans des certitudes et des comportements de censeurs dès que des contradicteurs les menacent.

Micromégas, c'est souvent une lecture scolaire qu'il ne faut pas manquer de reprendre plus tard car elle reste d'une acuité parfaite au XXIe siècle, celui de l'extinction des lumières.
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Roman philosophique de SF ou fantasy ( SF ou fantasy ?aidez-moi, je n'y connais rien ! ).
Micromégas, un géant de 30 km de haut, vient de l'étoile Sirius.
En surfant sur les comètes, il arrive sur Saturne où il se fait un pote qui est un nain par rapport à lui. Tous deux marchent sur l'anneau de Saturne puis bondissent par hasard sur la Terre, arrivent avec force d'éclaboussures dans une grande flaque d'eau : la mer Baltique.
C'est alors qu'ils découvrent un minuscule engin, c'est un bateau, et avec une loupe, observent des vermisseaux, des atomes qui s'agitent. Micromégas cueille délicatement le bateau, et, grâce à un cornet, entend que les atomes se parlent : il s'agit en fait du retour de l'expédition 1737 en Laponie de l'astronome Maupertuis, qui vient de prouver que les pôles sont aplatis. Une discussion scientifique et philosophique s'engage entre Micromégas et les savants. Celui-ci ne comprend pas qu'on puisse se battre pour un tas de boue : en effet, à son échelle, la Crimée par exemple, pour laquelle des vies humaines sont sacrifiées, n'est qu'un tas de boue !
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Voltaire fera des vers en éloge à Maupertuis.
J'aime ce conte, car il démontre bien la relativité des choses. Et, comme d'habitude, Voltaire le pacifiste, condamne les guerres, et surtout leurs décideurs.
Cela me fait penser au roman de Céline "Voyage au bout de la nuit" , où, dans la première partie, l'auteur montre "la chair à canons" sacrifiée dans le nord de la France, tandis que les planqués, les chefs, les soi-disant "élites" font la fête à Paris.
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Un court conte philosophique qui raconte le voyage fabuleux de deux personnages extraordinaires (des extraterrestres). Ce voyage est pour Voltaire une occasion de ridiculiser l'orgueil fat des Hommes qui se croient les maîtres de l'Univers et pour démontrer cette notion de relativité des choses. Un conte fort aimable où la fameuse ironie voltairienne est au rendez-vous.
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Un petit bijou très synthétique et néanmoins très riche.

Dans ce miniconte, Voltaire veut avant tout parler d'une expédition : celle de Maupertuis, vers les pôles afin d'effectuer des mesures de méridien qui prouveraient de manière éclatante la formidable puissance de la théorie de la gravitation d'Isaac Newton. En effet, la théorie prévoit que le globe terrestre n'est pas parfaitement sphérique mais aplati sur les pôles. L'aventure sera un succès et la théorie aussi.
Je savais l'intérêt De Voltaire pour les sciences mais le niveau de connaissances qu'il distille ici m'a laissé pantois. A l'époque c'est un grand fan de Maupertuis (il finira par se brouiller avec lui à Berlin, jaloux de l'intérêt que lui portera Frédéric II de Prusse).

L'auteur enveloppe son sujet dans un écrin de récit à la Jonathan Swift, mais avec une perspective inversée – c'est l'Étranger qui vient porter son regard sur l'Humain, à la mode de Montesquieu dans Les Lettres Persanes.
Micromégas est donc un habitant d'une planète de l'étoile Sirius qui voyage beaucoup. En chemin il atteint Saturne où les habitants sont « très petits » à son échelle. Micromégas et un Saturnien partent ensemble vers la minuscule Terre où tout est de dimension minuscule. le Saturnien (appelé « le nain ») marche dans la Méditerranée de l'eau jusqu'à mi-jambe alors que l'Être de Sirius mouille à peine son talon. Il leur faut un « microscope » pour repérer les baleines. En cherchant ils finissent par tomber sur le navire de… Maupertuis.

On entre alors dans une phase quelque peu philosophique où Voltaire égratigne à peu près tout le monde, gouvernants, guerriers, religieux et même savants. Il y a un petit côté chansonnier. Mais il est moins gentil avec les premiers qu'avec les derniers. Les deux étrangers font office de caisse de résonance par la surprise que les comportements humains provoquent chez eux.
Il en ressort qu'il est préférable de faire office de relativisme dans notre appréhension d'un monde qui offre une diversité telle qu'un point point de vue tranché ne pourra jamais le saisir dans son ensemble

Je trouve la fin un peu trop rapide, voire abrupte. Voltaire n'a pas pris le temps de mettre par écrit le départ de Micromégas ni du nain, ni ne leur a permis d'exprimer leur opinion sur les gens minuscules à la vie éphémère de cette boulette de terre et d'eau. Dommage.
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« Notre existence est un point, notre durée un instant, notre globe un atome. »

En voyage à travers l'immensité de l'Univers, Micromégas, extraterrestre d'une taille absolument phénoménale, rencontre sur Saturne un individu beaucoup plus petit, autant physiquement que spirituellement. Les deux voyageurs de l'espace vont débarquer sur Terre et apprendre à communiquer avec les atomes qui peuplent cette planète...

Je n'en dis pas plus, Micromégas étant un conte de SF philosophique très court, il est facile de dévoiler par mégarde l'intégralité de l'intrigue... Quoi qu'il en soit, moi qui était rebuté par la plupart des classiques, force est de constater que je me suis bien régalé avec ce livre De Voltaire. En effet, je l'ai trouvé d'une modernité absolument remarquable. Seules les références historiques vieillissent un peu, car le message derrière tout ça n'a pas pris une ride. Avec beaucoup d'humour, Voltaire nous invite à prendre conscience de notre place dans L Univers, place absolument insignifiante à l'échelle de celui-ci. Qui sommes-nous pour prétendre comprendre le monde qui nous entoure ?

En revanche, l'individu qui a copié le texte du livre dans l'édition numérique (la mienne en tout cas), est très agaçant avec toutes ses annotations. Toutes les pages, un mot est doté d'une phrase entre crochets qui nous informe que dans telle édition, il était écrit tel mot à la place de tel mot, mais que l'édition en question n'est peut-être pas l'originale, blablabla. Cela vaut-il la peine d'interrompre incessamment le récit ? Est-il plus compliqué d'écrire toutes ces précisions en fin de page ou de chapitre ? Je ne pense pas... Mais je chipote !

Bref, Micromégas a pour moi été une belle surprise. J'admire Voltaire pour ses réflexions visionnaires, et je pense que nos chemins se recroiseront prochainement, peut-être avec Candide ou Zadig, ou même un texte moins célèbre.

Bonnes lectures ! :)
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Trois contes philosophiques,deux motifs:le philosophe dans le monde et le bonheur par la philosophie.Voltaire en ces trois oeuvres maitresses allie la critique incisive et les fantaisies d'un imaginaire deconcertant.Ce conte philosophique prend la forme d'un voyage interplanetaire plutôt cocasse ou l'on apprend a relativiser les connaissances prétendues exactes des hommes;il nous invite a prendre conscience de l'imperfection humaine,et de l'omnipresence du mal sur la terre
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Un petit conte philosophique signé par le maître du genre @Voltaire, moins abouti que @Candide certes mais les thèmes chers à l'auteur sont abordés avec finesse et humour comme d'habitude  :

- Réflexion sur la place de l'homme dans le monde et son insatisfaction à se contenter de sa condition ayant toujours l'ambition de vouloir plus.

«  j'ai vu des mortels fort au-dessous de nous ; j'en ai vu de fort supérieurs ; mais je n'en ai vu aucuns qui n'aient plus de désirs que de vrais besoins, et plus de besoins que de satisfaction.  »

-Critique acerbe de la guerre, de la religion, de la censure mais aussi relativité à la notion de petit et grand  : nous sommes toujours les petits de quelqu'un.

Il n'est pas étonnant que @Voltaire soit encore autant lu aujourd'hui alors que tant d'autres auteurs du XVIII soient passés aux oubliettes, en effet, ses réflexions philosophiques sont universelles et intemporelles et surtout et avant tout très agréables à lire.

Challenge solidaire
Challenge Multi-défis
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Un texte pas comme les autres, choisi pour son originalité par rapport à son époque.
Une critique de la société sous couvert de science-fiction... avec les connaissances acquises au XVIIIième siècle, cela va sans dire.
J'ai été charmée par l'approche surréaliste de la société vue par deux individus venant d'ailleurs, un de Sirius et l'autre de Saturne, qui abordent la situation « vue d'en haut ». Ceci leur permet de pouvoir atteindre un point de vue général plutôt que particulier.
« Il me prend envie de faire trois pas, et d'écraser de trois coups de pied toute cette fourmilière d'assassins ridicules. »
Mais la vision globale ne serait pas la meilleure en ce qui nous concerne pauvres humains. Et à ce sujet, les choses n'ont pas changé depuis plus de 200 ans !
« D'ailleurs, ce n'est pas eux qu'il faut punir, ce sont ces barbares sédentaires qui du fond de leur cabinet ordonnent, dans le temps de leur digestion, le massacre d'un million d'hommes, et qui ensuite en font remercier Dieu solennellement. »
Cette étude se porte donc sur nous, les habitants de la planète Terre, avec toutes nos inconsistances, nos errances et nos différences... Toujours prêts à recevoir ou entendre une solution, mais pas toujours aptes à la percevoir.
Dans le cadre du Multi Défi 2017, je propose ce récit pour l'item 2. Un classique du XVIIIième siècle.
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Foucault disait que les plus à mêmes d'analyser notre civilisation seraient des extraterrestres - quoique, finalement, il avouait que le fait qu'ils ne connaissent pas nos "us et coutumes" puisse être un problème des plus conséquents -, certainement, en disant cela, avait-il dans un coin de la tête ce conte de Voltaire, Micromégas.


Car c'est réellement l'histoire d'extraterrestres qui descendent sur la terre, le ton est posé dès les premières phrases : ils ont des dimensions physiques tellement immenses qu'elles nous en deviennent presque inintelligibles, ce qui m'a beaucoup fait penser à Rabelais et son Gargantua, dont Voltaire, tout lettré qu'il était, ne devait pas ignorer l'existence. Ce qu'il est intéressant de se demander, c'est d'où vient la pertinence de ce conte ? Comment, dans le grand esprit qu'avait Voltaire, cette idée a-t-elle pu germer ?
Nous en revenons toujours à ce qui est systématiquement constitutif de ses contes "philosophiques" - ceux qui auront lu ma chronique sur Zadig comprendront pourquoi je rechigne à lier ces deux mots -, l'envie de faire prendre conscience de leurs tares à ceux qui le liront. Et quoi de mieux, à ces fins, que des êtres pour qui nous sommes inconnus ? Des êtres qui porteront, de fait, sur notre existence, un regard vierge de toute opinion préétablie, un regard issu du chaos, un regard sincère.
Voltaire met donc en scène une rencontre entre les hommes que nous sommes et les extraterrestres qu'ils sont, et c'est peu dire dire que, comme toujours, il nous prouve son génie de la langue, son génie stylistique - permettez-moi le néologisme : son génie "subtilistique". de grands savants et philosophes confrontent ainsi leur pensée à ces inconnus, et c'est avec délice que l'on découvre comment l'auteur met en scène ces savants et philosophes - j'ai beaucoup apprécié lorsque, dans la panique de la rencontre des différentes natures, lesdits philosophes ne trouvent rien ne mieux à faire que de former un système.


Un récit court - à peine 30 pages, ce me semble - mais pas inintéressant pour autant, au contraire, le format est idéal et Voltaire s'en arrange à merveille. A lire, sans attendre un chef-d'oeuvre non plus, ma note prend évidemment en compte la brièveté du format et n'est pas à mettre en relation avec un pavé de plusieurs centaines de pages que j'aurais jugé digne du même nombre d'étoiles.
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