Dans ce poème de près de 200 pages, Walcott met en vers une biographie fictionnée du peintre
Camille Pissarro, né comme lui aux Caraïbes, puis parti vivre à Paris. Il prend prétexte de cette parenté régionale pour explorer sa propre idée de l'exil, sa nostalgie du pays natal : "Il peint en dialecte, comme un habitant des îles dans une France nouvelle ; quand ploient ses peupliers agités, on perçoit un accent dans leur feuillage."
À cette biographie se mêle bizarrement le voyage sentimental de Walcott lui-même, sur les traces d'un chien entraperçu dans un tableau italien (et qu'il ira chercher dans les musées européens).
On sent une volonté de jeter un pont entre la peinture européenne et les paysages caraïbes, entre les deux cultures et les histoires parallèles. Cela fait sans doute écho à l'origine métissée de Walcott, dont le père britannique est mort avant sa naissance.
C'est très bien écrit, indéniablement, c'est très beau. Mais rien ne m'a émue dans cette poésie, qui exige beaucoup de références artistiques et m'apparait de ce fait quelque peu... élitiste ?
Traduit par
Marie-Claude Peugeot. Les quelques vers lus en ligne dans l'anglais original me font regretter l'absence de rimes, hélas presqu'inévitable en traduction.
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