CHAPITRE PREMIER.
O’Shea était dans un état de violente surexcitation. Il en avait été ainsi toute la nuit. Il arpentait le talus herbeux, marmottant d’inintelligibles paroles, faisant de grands gestes destinés à un invisible auditoire, et gloussant de rire de ses mystérieuses plaisanteries. À l’aube, il s’était jeté sur le petit Lipski, qui, en dépit des instructions, avait osé allumer une cigarette, et l’avait rossé avec une sauvage brutalité, tandis que les deux autres hommes n’osaient intervenir.
Joe Connor était couché sur le sol, mâchonnant un brin d’herbe et suivant d’un regard sombre l’inquiétante silhouette.
Marks, assis auprès de lui en « tailleur », regardait aussi, un sourire de mépris retroussant ses lèvres.
« Complètement dingo, dit Joe Connor à voix basse. S’il réussit son coup sans nous faire fourrer en prison pour le reste de nos jours, nous aurons de la veine. » (p4)
(La terreur)
Ses pensées s’évadaient en tous sens, quoiqu’il s’efforçât inconsciemment, les yeux sur le verset, de les concentrer sur un point unique. Une moitié de son cerveau poursuivait la mortelle route de l’introspection ; l’autre, à contre cœur, jouait avec les mots fixés au mur. Il ne lisait que ceux écrits en majuscules :
« Voici… L’Agneau… Dieu… Efface… Péchés… Monde… » (p123)
(L'homme de la nuit)
Heureusement, je suis un peu sourd. Je n’entends jamais ni orgue, ni cris. Tout ce que j’entends distinctement, c’est le gong pour les repas. (p33)
(La terreur)
Une certaine camaraderie existait entre le voleur et le chasseur de voleurs comme elle existe de coutume entre la police et les criminels. (p23)
(La terreur)
« Folie », mon cher, ne signifie pas « imbécillité ». (p4)
(La terreur)