AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782842775476
255 pages
Editions du Chêne (21/03/2007)
4.83/5   3 notes
Résumé :
Ce livre retrace, sur deux modes, l'histoire du régime soviétique stalinien, de la fin des années 1920 à la mort de Staline en 1953. Un texte de Nicolas Werth, directeur de recherche au CNRS et spécialiste de l'Union soviétique, restitue les temps forts de cette période les années 1930, vers le socialisme et la modernité, mais aussi celles de la " Grande Terreur ", des déportations et procès, puis l'épreuve de la " Grande Guerre patriotique ", et enfin la sortie de ... >Voir plus
Que lire après Les années StalineVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Cet ouvrage de 250 pages comporte de nombreuses planches photographiques d'époque (en noir et blanc) souvent commentées, ainsi que des explications riches et claires sur l'histoire de l'Union soviétique au cours des trente années qui ont précédé la mort de Staline, en mars 1953.

Alors que Léon Trotski (1879-1940) souhaitait une "révolution mondiale", Staline (1878-1953) préconisait "le socialisme dans un seul pays". Après la mort de Lénine (1870-1924), Staline prit progressivement le pouvoir, qu'il conserva jusqu'à sa mort.

1921 : NEP

La relative libéralisation économique mise en place sous Lénine à partir de 1921 avec la Nouvelle Economie Politique (NEP) fut suivie de la collectivisation forcée de l'ensemble des outils de production agricole.
La "dékoulakisation" décidée par Staline donna notamment lieu à la déportation de 2 millions de paysans sur les seules années 1929 et 1930, sans compter ceux envoyés en camps de travail. En 1932, les grains destinés aux semences furent confisquées par les "charrois rouges" (photo de propagande page 36). Pour vaincre la résistance des paysans réfractaires à donner leurs biens, Staline les affamât, provoquant la mort de 6 millions d'Ukrainiens. La création des kholkozes rétablissait une forme de servage en Union Soviétique.
Ce sont les campagnes qui devaient fournir les ressources nécessaires au pays pour rattraper son retard industriel. Cela fut particulièrement vrai pour la main d'oeuvre.

1935 : la propagande soviétique inventa le stakhanovisme

L'ouvrier "modèle" Alekseï Stakhanov (1906-1977), fut l'archétype de l'homme ordinaire devenu un "homme nouveau" pour, et par, le socialisme. le 30 août 1935, lui et trois de ses camarades auraient extrait 102 tonnes de charbon en moins de 6 heures, alors que la norme de production était de 7 tonnes. Stakhanov devint Directeur de la mine de Karaganda en 1941 et 1942 (cette ville a donné son nom à une chanson de Thiéfaine : https://www.youtube.com › watch). La glorification des meilleurs travailleurs, aussi éphémère fut-elle, donnait lieu à des avantages matériels, notamment en matière d'alimentation. Page 98, une photographie montre Alekseï Stakhanov poussant la voiture que vient de lui offrir Staline en 1936 (Stakhanov ne sait pas la conduire).

Même si Staline décidait seul, le Parti Communiste jouait un rôle central dans la vie sociale du pays. le Parti était une organisation d'encadrement minoritaire et élitiste. Y appartenir permettait de bénéficier d'avantages matériels importants, notamment en matière de logement et nourriture. Pour y accéder, il convenait notamment de ne pas avoir d'"ennemi du peuple" (de "classe") parmi ses ancêtres proches… En 1937, le PCUS ne comptait que 2 millions de membres (sur une population de 170 millions). Les conditions d'accès au Parti s'assouplirent cependant pendant la Grande Guerre Patriotique : 5,7 millions de personnes y adhéraient en mai 1945.
Les masses populaires se retrouvaient dans d'autres organisations (syndicats - à adhésion obligatoire mais sans pouvoir revendicatif – et associations dédiées à la promotion de valeurs défendues par le pouvoir - sport, culture, défense de la patrie,…).

1937 et 1938 : la Grande Terreur
800 000 "ennemis du peuple" furent exécutés au cours de seules années 1937 et 1938, pas seulement des opposants aux bolcheviques, mais aussi des compagnons de la première heure de la révolution. Pour Staline, il s'agissait de supprimer et dissuader toute concurrence à son propre pouvoir. le recours aux travaux forcés et à la déportation participait au maintien du régime de terreur, en fournissant une main d'oeuvre abondante et peu coûteuse, et en répartissant la population sur des territoires hostiles mais riches en matières premières. le Goulag reçut plus de personnes pour leur mauvaise appartenance sociale (ethnie, classe sociale) que de véritables opposants politiques.
De 1930 à 1953, plus de 20 millions de personnes furent envoyées au Goulag, pour des durées variables. 2 millions de personnes y moururent, tandis que beaucoup d'autres restèrent reléguées en Sibérie à l'issue de leur peine de travaux forcés. La "théorie du sabotage" permettait au pouvoir d'éliminer toute personne considérée comme plus utile en camp, ainsi que d'expliquer à la population pourquoi les promesses faites par le régime en matière de conditions de vie n'étaient pas tenues.

23 août 1939 : von Ribbentrop, et Molotov signaient le Pacte germano soviétique

22 juin 1941 : le Reich lançait l'opération Barbarossa

La Grande Guerre Patriotique commençait mal pour l'Union Soviétique : l'avancée des troupes allemandes sur le territoire russe fut importante et rapide.
Staline avait commis de graves erreurs :
- les purges de 1937 et 1938 avaient désorganisées l'armée russe (éliminant notamment : 3 des 5 maréchaux, 13 des 15 généraux, 8 des 9 amiraux, …),
- Staline préparait le pays à une guerre offensive, non à une guerre défensive (affichant la théorie selon laquelle en cas d'offensive extérieure, le prolétariat du pays agresseur prendrait le parti de la paix),
- Staline n'écouta pas les informations qui lui remontaient, selon lesquelles l'Allemagne se préparait à entrer en guerre contre l'URSS (plusieurs heures s'écoulèrent même entre le début de l'offensive allemande et l'arrivée des premières consignes du pouvoir russe sur le front).
La seconde guerre mondiale fut remportée par les alliés, avec une contribution énorme de l'Union Soviétique : 10 millions de militaires soviétiques tués, et 11 millions de civils (700 000 morts de faim lors du siège de Léningrad) !
La défaite du Reich fut possible grâce à :
- l'évacuation vers l'est d'outils de productions présents sur des territoires occupés par les Allemands et la conversion de ces outils vers l'effort de guerre - en photo page 176 : des batteries lance-roquettes Katioucha plus connues sous le nom d' "orgues de Staline" [la poésie s'invite parfois dans le vocabulaire de guerre ; en 1914, les français eurent droit aux retombées de "la Grosse Bertha", un obusier allemand capable d'expédier à 9 km des obus de 800 kg, nommé avec le prénom de Bertha Krupp héritière d'une usine en 1902].
- la mobilisation des travailleurs (notamment des femmes et des jeunes) pour cet effort de guerre,
- le soutien financier et matériel des alliés anglais et américains,
- l'ouverture d'un second front avec les débarquements alliés à l'ouest de l'Europe.
La barbarie nazie sur les territoires envahis (les slaves étant considérés par les nazis comme des "sous-hommes") empêcha une partie de populations de considérer les allemands comme des libérateurs de l'oppression communiste, même si le général russe Andreï Vlassov (1900-1946) rallia des troupes russes aux allemands avec son « appel de Smolensk » en septembre 1942.

9 mai 1945 : le Jour de la Victoire (avec la signature à Berlin de la capitulation sans condition de l'Allemagne nazie).
L'ouvrage ne cache pas les exactions commises par les troupes russes à l'occasion de la reconquête (exécutions sommaires, viols,…), ni le soin tatillon avec lequel les autorités russe le cachèrent. La photo en double pages 120 et 121 l'illustre très sobrement : elle représente des soldats soviétiques hissant le drapeau rouge sur les toits du Reichtag allemand le 2 mai 1945, l'un des soldats porte une montre à chaque poignet et cette version originale avait été censurée avant diffusion pour cacher de détail très partiellement révélateur.
Les années d'après- guerre furent d'abord marquées par une famine en 1946.
Ce furent aussi des années de durcissement idéologique et de reprise en main du contrôle sur la population. le culte de la personnalité à l'égard de Staline - présenté comme l'artisan de la victoire - fut porté à son apogée, et l'institution du Goulag fonctionna au maximum. L'idéologie devait aussi soumettre les disciplines scientifiques à ses desiderata. Ainsi, de nombreux biologistes et généticiens furent arrêtés pour laisser place aux théories foireuses - mais "prolétariennes", contrairement à la "théorie bourgeoise de l'hérédité" - de Trofim Lyssenko (1898-1976).


Staline gouvernait seul ; il était paranoïaque ; et se maintenait au pouvoir par la terreur. En janvier 1953, un "complot des assassins en blouse blanche" était porté à la connaissance de la population : un "grand complot juif international" qui aurait cherché à éliminer les dirigeants soviétique, dont Staline lui-même.

6 mars 1953 : Radio Moscou annonçait la mort de Staline

Certains historiens estiment que le "complot des assassins en blouse blanche" présageait d'une nouvelle opération de déportations de masse en Union soviétique, des juifs vers le Birobidjan, à laquelle la mort de Staline aurait mis fin.
Dès la mort de Staline, des prisonniers du Goulag étaient libérés.
Il fallut attendre le XXième Congrès du PCUS en février 1956 et le célèbre Rapport Krouchtchev (1874-1971) pour que le régime soviétique admette une partie des crimes de Staline.

Un excellent ouvrage, que je recommande aux scolaires qui étudient cette période de l'histoire.
Commenter  J’apprécie          130


Videos de Nicolas Werth (10) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Nicolas Werth
L'historien Nicolas Werth est un grand spécialiste de la Russie et président de l'association Mémorial-France, attaché culturel près l'ambassade de France à Moscou durant la perestroïka avant d'intégrer le CNRS, est l'auteur d'une vingtaine d'ouvrages importants sur le système soviétique et les crimes staliniens. Il a de surcroît édité les carnets de guerre de son père, le journaliste britannique Alexander Werth, né en 1901 à Saint-Pétersbourg, correspondant à Moscou pour la BBC et le Sunday Times entre 1941 et 1948. Dans ce premier épisode d'une série vidéo en cinq volets, Nicolas Werth retrace l'origine sociale et la jeunesse de son père, le futur journaliste vedette du « Manchester Guardian » : Alexander Werth, né à Saint-Pétersbourg en 1901, mort à Paris en 1969.
L'épisode est à voir en intégralité ici https://www.mediapart.fr/journal/international/090822/de-saint-petersbourg-sous-le-tsar-la-france-occupee#at_medium=custom7&at_campaign=1050
Abonnez-vous à Mediapart : https://www.mediapart.fr/abonnement#at_medium=custom7&at_campaign=1050 Abonnez-vous à la chaîne YouTube de Mediapart : https://www.youtube.com/user/mediapart
+ Lire la suite
autres livres classés : déportationVoir plus


Lecteurs (9) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3202 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}