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EAN : 9782916329260
128 pages
Editions Cénomane (22/10/2009)
3.75/5   20 notes
Résumé :
« Nous naissons tous au même âge, n'est-ce pas, pourquoi ne pourrions-nous pas tous mourir au même âge ? » Comment réduire les « coûts d'entretien » des vieux, des malades incurables, des handicapés mentaux et autres membres improductifs de notre société ? Voici le thème d'un bien curieux colloque au cours duquel médecins, politiciens, économistes et théologiens cherchent à « planifier de façon responsable l'avenir de millions de gens » autrement dit planifier notre... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Publié en Suède en 1978, ce livre propose une réflexion sur un sujet encore tabou : la gestion de la mort. Événement inévitable après la naissance, la mort fait donc partie de l'existence, mais elle y échappe une fois surgie. Elle apparaît comme étant en dehors de la vie et en dehors de nous, et par conséquent, ça revient au hasard de l'imposer.

Ce rapport passif avec la mort nous semble intemporel et toute tentative de contrôle est perçue comme un acte d'impiété, fût-ce au nom de Dieu ou des droits naturels. A ceci s'ajoute le traumatisme hitlérien qui, en Europe, inhibe d'emblée le débat sur ce sujet : ''Si Hitler est parvenu à un résultat quelconque, c'est bien à rendre ce genre d'idées impossible en Occident dans un futur envisageable. Mais on peut se demander s'il est normal que le simple nom de Hitler bloque également des formes douces et humaines de sélection pouvant s'avérer nécessaires pour pour sauver une nation de la ruine. Dans ce cas, il nous aurait vraiment vaincus, en fin de compte."
On peut être frappé par la cruauté et le cynisme en lisant ces phrases, car des mots comme "sélection", "nécessité" et "sauver" ont souvent été exploités dans des discours alarmistes et manipulateurs. Mais peut-on assurer une vie digne pour tout le monde? Et au cas où on n'y parviendrait pas, rendre possible une mort digne ne serait-il pas un acte de responsabilité sociale? Peut-on toujours éviter le conditionnement socio-économique qui applique un regard utilitariste sur la vie humaine? Traiter l'individu comme un moyen au lieu d'une fin en soi revient à lui enlever l'humanité. Mais quel est encore le sens de la vie dans un monde marqué par un transfert de sacralité de la vie elle-même vers la production et la spéculation financière? Est-ce que l'homme peut encore garder son humanité dans un monde où on applique déjà une sélection, mais d'ordre capitalisto-darwinien?

Sous la forme des discours prononcés lors d'une conférence, le livre aborde des sujets comme le rapport entre la manipulation et le sursaut de conscience. l'éthique individuelle et la nécessité collective, le droit et le pouvoir, le catholicisme et le luthéranisme. L'auteur ne cache pas son parti pris qui devient encore plus évident au sujet du recyclage du corps humain, présenté avec un cynisme qui tourne vers le grotesque.
Malgré la richesse réflexive que ces dialogues ont déclenchée, on reste un peu sur sa faim, car le livre est très court. Mais on ne peut pas espérer épuiser un sujet pareil et on ne devrait même pas le souhaiter. Un tel dénouement serait plutôt inquiétant.
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Euthanasie programmée
La mort moderne, un roman-essai écrit en 1978 et traduit par Philippe Bouquet, traite de l'instauration par un gouvernement d'une mort programmée à 75 ans (pour commencer) « Nous naissons tous au même âge, n'est-ce pas, pourquoi ne pourrions-nous pas alors aussi tous mourir au même âge ? ». Autant vous dire que moi qui travaille pour les séniors, la longévité et le bien-vieillir, on est loin très, loin de ces idées dans ce texte de Carl-Henning Wijkmark.

Sur 2 jours, nous suivons un colloque secret réunissant politiques, scientifiques et économistes suédois réfléchissant aux moyens de pallier la crise économique qui touche le pays. Leur réflexion est simple et terrifiante, toute personne considérée comme une charge, inutile et improductive dans la société ne doit plus exister. Cette réflexion s'applique aux personnes âgées, mais également aux enfants handicapés qui seront assistés toute leur vie. Mais la Suède n'étant pas une dictature, cette proposition de loi devra faire l'objet d'une adhésion des citoyens en leur démontrant qu'ils agiront pour le bien collectif… Édifiant !

À sa sortie, ce roman a fait scandale et pour cause, la Seconde Guerre mondiale n'était pas très loin, et on ne peut que faire le parallèle avec la solution finale mise au point par les nazis. J'attendais beaucoup de ce texte, et même si j'y ai trouvé des réflexions intéressantes et un raisonnement qui fait certes froid dans le dos mais qui part certains côtés se tient (oui c'est horrible), je suis restée complètement spectatrice. Une dystopie qui n'en est pas une, ni dans la forme et ni dans les propos malheureusement.
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Publié en Suède en 1978 au prix d'un scandale retentissant dans le milieu, ce texte poursuit l'idée folle d'une euthanasie de principe des vieux qui atteindraient le jeune âge de 75 ans et ce, comme seule solution pour sauver l'économie du pays.
Je manquais forcément de connaissance sur le système suédois pour saisir les subtilités des discours qui s'affrontent dans ce roman qui prend la forme de discours à une conférence. du coup, sans nuance… ils semblent enfoncer des portes maintes fois ouvertes et cette dystopie (qui, le Covid entre nous l'aura montré, n'en est pas forcément une…) ne m'a pas conduite à pousser ma réflexion sur le sujet. Dommage.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Ce qu'il a d'incongru dans la joie de vivre et dans la mort telles qu'elles existaient à Pompéi, c'est autre chose. Ce qu'on y ignorait, c'était la manie du progrès, le productivisme. Ce désir de substitut matériel au sentiment statique de sécurité qu'apportait la religion, il est typique d'un monde dans lequel le PTEH est à l'oeuvre. Mais tout aussi typique - faut-il ajouter - et sans équivalent dans une société non technologique où régnait l'esclavage, est cette pression incessante venue d'en bas visant à une plus juste répartition des richesses de la société industrielle. C'est le rôle de préposé à la justice matérielle qui justifie aux yeux des masses des bureaucraties sans cesse plus importantes. Ceux que l'on qualifie de défavorisés acceptent volontiers cette tutelle à la seule condition qu'elle leur permette d'avoir leur part du gâteau. Mais, dans une situation de crise telle que nous en connaissons actuellement, ceux qui sont favorisés cherchent eux aussi refuge sous le parapluie de la bureaucratie. C'est sans doute bon pour la discipline collective, mais cela exige un contrôle et une prise en mains permanents des individus, y compris pendant leurs loisirs. Et, pour finir, ce contrôle devient l'énergie qui fait marcher la machine sociale. Toute existence individuelle poussée à bout et toute combustion spontanée à la mode de Pompéi conduiraient très vite à un déficit de moyens et à la ruine générale.
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N'ayez pas peur, je n'ai pas oublié Hitler, nous ne projetons pas l'extermination des personnes âgées, des handicapés ou des autres bouches inutiles. Et, si je l'avais oublié, les vieux me le rappelleraient, car ils étaient jeunes, alors. Si Hitler est parvenu à un résultat quelconque, c'est bien à rendre ce genre d'idées impossible en Occident dans un futur envisageable. Mais on peut se demander s'il est normal que le simple nom de Hitler bloque également des formes douces et humaines de sélection pouvant s'avérer nécessaires pour sauver une nation de la ruine. Dans ce cas, il nous aurait vraiment vaincus, en fin de compte.
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Seule une société fondée sur le droit naturel peut se préserver de cela. Les procès de Nuremberg étaient, à l'origine, une tentative tout à fait digne d'éloges en vue de placer ces principes au centre de la morale politique. Ce tribunal était, en tant qu'institution, une sorte de frère jumeau de l'ONU mais, au bout d'un ou deux ans, on y a mis un terme. Par opportunisme: on voulait pouvoir réarmer
Allemagne. Mais aussi parce que les alliés ne pouvaient pas être eux-mêmes à la hauteur des normes qu'ils avaient édictées. La guerre du Vietnam l'a bien prouvé et le tribunal Russell s'est alors efforcé de ressusciter l'idée de Nuremberg. Le droit naturel constitue donc toujours à notre époque une sorte d'Internationale et je pense que la PTEH ne doit pas l'oublier.
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Tu as vécu ta vie, tu as fait ce que tu avais à faire, nous espérons que tu en es satisfait. Nous te sommes en tout cas reconnaissants. Et si, de ton côté, tu désires remercier la société de ce qu'elle t'a procuré, tu sais ce qu'il te reste à faire. Comment, non ? Mais si. C'est ça. C'est comme de s'endormir paisiblement après une longue journée de tra-vail. Appelle le ministère des Affaires sociales et demande le service des personnes âgées.
Nous t'attendons, tu es le bienvenu. Ne tarde pas trop.
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Mais il se trouve que l'économie estime que nous sommes allés trop loin dans l'autre sens, nous qui mourons à quatre-vingts ans. Or, il semble bien que les hommes de Pompéi vivaient intensément, avant de mourir, alors que notre problème est de mourir sans avoir pu vivre. On nous permet simplement d'exister. Tout d'abord en tant que facteurs de production. Puis on nous tolère, pour ainsi dire, quand nous sommes vieux - pour l'instant tout du moins.
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