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EAN : 9782378340810
218 pages
Stéphane Marsan (16/05/2018)
4.08/5   13 notes
Résumé :
À la mort de sa mère, menacé par un père violent qui lui reproche son manque de virilité, Ellis trouve refuge chez une femme généreuse, qui a déjà pris sous son aile un autre garçon : Michael. Ils étaient amis, les voilà frères, et surtout inséparables. Alors qu’ils deviennent des hommes, l’attirance qu’ils éprouvent l’un pour l’autre se précise. Ils quittent Bristol et font un grand pas vers le soleil pour passer des vacances dans le Midi, là où la lumière et la vi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Tous les soleils d'hier brûlent en nous, telle une flamme en notre coeur, et dont notre corps serait à la fois le garde-fou et le soufflet. Qu'ils soient attisés, qu'ils s'amenuisent, qu'ils s'embrasent, ravagent tout en nous, ou qu'ils nous réchauffent, nous réconfortent, ces soleils perdurent.

Je ne sais pas si cela vous est déjà arrivé, mais à moi, oui. J'ai été bouleversée. Non pas simplement bouleversée, j'ai été transportée, submergée, électrisée, hypnotisée et happée par ce roman.

Tous les soleils d'hier, c'est simplement l'histoire de la vie, de l'amour, de l'enfance, de la recherche et la conquête de soi. Les regrets aussi, et le temps qui passe.

« Courir dans les tournesols… marcher dans les champs de blé »
Dora Judd est enceinte, mariée, pas vraiment heureuse dans sa vie ; son mari et elle vivent modestement dans leur petite maison, et, un soir, elle se rend avec une amie à la tombola du quartier. de nombreux lots sont en vente, du whisky, une reproduction et d'autres babioles inutiles. Absente, soucieuse, elle se laisse porter par l'ambiance allègre de l'évènement. La soirée se déroule tranquillement, quand tout à coup, on l'appelle. Oui, c'est elle ! « Mrs Judd ! Vous remportez un prix ! – Prends le whisky ! » lui hurle son mari. Et les hommes de hurler « le whisky ! le whisky ! le whisky ! ». Premier acte de rébellion, elle choisit la peinture. Une reproduction des Tournesols de van Gogh qu'elle accrochera dans son salon, première fenêtre sur l'infini de possibilités qui s'offrent désormais à elle. Première fenêtre sur une liberté promise…

« Retrouver les parasols… et le goût des nuits d'été »
Une décennie plus tard, Ellis rencontre Michael. Les deux comparses se lient d'amitié au premier regard. Ellis est le fils de Dora et Len ; Michael, lui, se retrouve chez Mabel, la commerçante du quartier, qu'il ne connaît pas, sa mère est partie de la maison et il se retrouve à présent à vivre avec cette femme, « qu'il va devoir apprivoiser comme s'apprivoisent des chiens qui se reniflent avant de pouvoir s'accepter ». Très vite, Michael voit en Dora la mère qu'il n'a jamais eue, une femme admirable, une mère, douce, protectrice, poétique, élégante, et Ellis l'accepte. Tacitement, un lien indéfinissable croît entre ces trois êtres, bercés par la chaleur des tournesols dans leur morne quotidien. Dora devient la muse de Michael, avant de disparaitre, emportée par la maladie. Délaissé par son père, intimement chassé de chez lui par cette odeur de parfum qui n'est pas celle de de sa mère, Ellis trouve refuge chez Mabel. Avec Michael.
Sera-ce ce même élan artistique, cette même soif d'absolu, d'amour et de liberté qui tissera la toile d'une attirance innommée ? Peut-être… Les adolescents se retrouvent dans la chambre, les nuits, à s'adonner au plaisir de la chair, entièrement, irrévocablement, aveuglément. Passionnément.
Si l'un sait que ses sentiments sont purs et ne les réfute pas, l'autre n'en parle pas. Pas ici. Ils grandissent, pourtant, l'un dans l'ombre de l'autre, se trouvent des filles, sortent avec elles, mais irrémédiablement au coucher du soleil, leurs deux corps s'unissent encore. Toujours.
Mais pas ici. Alors, les adolescents, à l'aube de leur fougue, transportés par l'espoir des rêves se rendent pour une semaine en France. Ils s'y aiment. Librement. Sauvagement.
Pour Michael, l'ivresse est totale. Enfin ! Enfin il peut aimer, sans soucis, sans réfléchir, sans peur ! Mais Ellis ? Au lendemain de l'amour, après le désir, son assouvissement, c'est la gêne et la honte qui émergent.
Dans le train du retour, Michael contemple par la fenêtre les paysages dont ils rêvaient, promesses de jours meilleurs et d'avenir non contrarié, d'amour à profusion. Car que devrait être la vie sinon la pure et simple liberté d'être soi ?

« Les chevaux qui caracolent… les souvenirs, les démêlés »
Elle s'appelle Annie. Ellis l'a rencontrée alors qu'il livrait chez elle un sapin la veille de Noël. Elle l'a eu. C'est aussi simple que cela. Il n'y a rien à expliquer, il n'y a pas à dire, elle est belle, elle inspire l'amour. Il n'y a plus qu'une place à céder. L'un chasse l'autre… et l'autre part, il fond comme neige au soleil, il devient poussière, il disparaît. Annie et Ellis se marient, Michael les accompagne, et puis s'échappe.
Il s'en va retrouver les tournesols. le Sud de la France. Pour vivre, pour oublier, pour s'échapper de son quotidien, de ses douleurs, de ses amours déchues, ces hommes qu'il a rencontrés, et qui l'ont éprouvé. Il se ressource, au soleil, au doux son des cigales, entouré du jaune des tournesols, c'est son soleil à lui, il fait revivre ce qu'il a de plus profond, son amour pour Dora, son amour pour Ellis, son seul et grand amour…

« Et les pastilles de menthol… le goût de la liberté… »
Sur la photo, Michael est entouré d'Ellis et de Dora, comme si la force, la subsistance, n'existait que par sa présence à lui, et lui seul. La photo est vieille, cela fait bien longtemps qu'Ellis ne l'a pas regardée… Que reste-t-il de tout cet amour, de cette folie, de cette insouciance ? Où tout cela est-il passé à présent ? Dites-le-moi ! Faites-moi comprendre… Quand a-t-il été trop tard ? Quand la machine s'est-elle emballée et à quel moment tout s'est envolé ?

Tous les soleils d'hier un jour s'éteignent, s'éloignent, jusqu'à devenir un lointain souvenir que l'on peine à contempler, telle une étoile filante qui se meurt dans l'immensité du ciel… Un mirage, une chimère… Une absence qui fait mal, mais une douleur que l'on apprivoise… L'espoir d'un Et si ? … qui se meurt en Pourquoi ? …

(Paroles de Marc Lavoine – Les Tournesols)
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L'histoire est celle d'un tableau, ou presque. Oui, un tableau de peinture bien célèbre, puisqu'il s'agit de Les Tournesols de van Gogh. de ce cadre jailliront les souvenirs jadis de deux hommes: Ellis et Michael. Leur rencontre se fait dans les années 60, quand l'adolescence rimait avec insouciance. À travers leur passion pour l'art. Ellis souhaite en vivre, mais son père ne veut pas en entendre parler. Sa rencontre avec Michael, chante tout en lui et sans son quotidien. Une amitié inégalable se forge entre les deux jusqu'à fleurir en histoire d'amour. Hélas, Ellis n'a pas le courage de s'accepter et préfère se laisser porter par sa complicité avec Annie, la jeune femme que les deux garçons rencontrent. Seize ans plus tard, après le décès de son épouse, Ellis n'a plus rien pour lui à part ses morceaux de bonheur passé, ses regrets et son premier amour.

Dans ce récit, deux thèmes cohabitent ensemble pour nous livrer une lecture mélancolique mais forte : L'art et l'humain. Ils donnent alors naissance à des conversations profondes entre Ellis et sa mère, où le passé prend le rôle de narrateur. Les personnages sont écrits avec délicatesse. La narration se permet des voyages dans le temps entre les années 60 et 90, où Michael et Ellis prennent chacun la parole. À travers leurs souvenirs, on sent que l'auteure a voulu les traiter à part égale, ne donnant jamais la sensation que l'un est mis plus en avant que l'autre. À la lecture, on finit par assimiler l'amitié à l'amour qui finissent par ne former qu'une seule identité. Car ici, on découvre que la frontière entre les deux est floue, presque insondable tant l'intensité des sentiments font que les deux se mélangent. Annie, joue un rôle important puisque c'est son arrivée qui bouleverse les deux hommes et leur lien. Pourtant, entre les trois l'amitié brille de manière incroyable.

La plume de Winman est fluide et simple sans être schématisée. Au contraire puisqu'il n'y a pas de distinction entre les phrases narrées et les dialogues. Si on départ on est surpris, on finit par adhérer. Cela ne dérange pas du tout à la compréhension du récit. L'apport de sa vision des liens entre les gens et la passion qui fait voler les principes en éclats donne une lecture unique et profonde. Amour, amitié, identité sexuelle, regrets, tragédie, premier amour, souvenirs… tant de mots que l'auteure prend le temps de sublimer en écrivant un récit intime. Winman se permet des descriptions nous faisant entrer dans le récit sans que l'on ne veuille en ressortir. Certains passages semblent comme murmurer à notre coeur. C'est déroutant et impressionnant à la fois.

Concernant le choix de traduction de titre (Thin Man en VO), on comprend dès la fin du bouquin pourquoi ce titre et pas un autre. Personnellement, j'y vois même trois significations : la première fait écho aux bonheurs passés présent dans ce bouquin. La seconde peut veut venir du fait que « tournesol » trouve son origine dans l'italien “girasol” voulant simplement dire “qui tourne avec le soleil« . La fleur en elle-même rappelle un soleil avec son centre foncé comme pour représenter le noyau ardent de notre soleil, et les pétales pour les rayons. Et puis, il y a aussi le parallèle entre le tableau de van Gogh. Enfin, bref tout ça pour dire que c'est vraiment très bien trouvé.

En conclusion, en moins de 200 pages, Tous les soleils d'hier réussi à nous toucher de manière profonde et sincère. Sarah Winman décrit avec brio la dimension des liens entre les personnes sans jamais sonner faux. Une lecture courte mais vibrante où les protagonistes prennent forme sous nos yeux peu à peu telle la fresque éblouissante d'un artiste.


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Petite incursion dans la littérature dite « blanche » avec ce roman paru dans le tout nouveau label Stéphane Marsan Editeur.
Ce n'est donc pas un polar, ni un thriller, ni même un roman noir. Et pourtant ! Ce roman a tout d'une tragédie.
Ellie est un homme dépressif, retraité de la carrosserie automobile, qui peine à se remettre du décès d'Annie, son épouse. Alors, il se rappelle sa rencontre avec elle, leur mariage, mais aussi son « autre » vie, avant et pendant son mariage avec Annie.
A quinze ans, Ellie fait la connaissance de Michael. Entre les deux adolescents va naitre une amitié qui ira plus loin encore. Mais Ellie est dans le déni et épousera Annie, Michael, lui, ne reniera jamais son gout pour les garçons et son amour pour Ellie.
Dans ce roman, vous ferez donc connaissance avec ces deux garçons et partagerez leurs questions, leurs peurs, leurs souffrances aussi.
Ce roman est une histoire d'amours (oui, avec un « s »), d'amitié. Il nous raconte les regrets, la mélancolie mais surtout il nous explique les frontières si minces entre amour et amitié, et que l'amour est le même, quel qu'il soit.
Le style est un peu déconcertant au début car on saute d'une époque à une autre sans repère, plusieurs parties mais aucun chapitre, et les dialogues sont dans le corps du texte, sans signes distinctifs. Mais l'écriture est tellement lisse qu'au bout de quelques pages, on ne s'en aperçoit même plus.
C'est une belle histoire avec une construction originale, incursion réussie !

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Le roman Tous les soleils d'hier si poétique, fait du bruit. Entre le chant des cigales, le bruit d'un coeur qui se brise comme une hirondelle qui tombe ... Les inséparables Ellis et Michael amis d'enfance arrive Annie...Tout cela fait du bruit en nous. le premier amour trop grand, si grand qu'il ne laisse plus de place à un autre grand amour. Et puis la solitude. Une belle histoire mélancolique dans une prose poétique et bouleversante dès la page 108...L'enfance et toute la tendresse de Dora la maman d'Ellis fleur bleue, mais plus amoureuse des tournesols de Vincent. Comme un leitmotiv, une madeleine de Proust les tournesols de van Gogh font jaillir tous les souvenirs tous les jaunes, tous les soleils au fil des pages pour plus nous toucher dans cette magnifique et délicate histoire d'amour qui m'a un peu fait penser à Elio et Oliver de #callmebyyourname que j'ai adoré. #sarahwinman réussît un magistral roman qu'on a envie de lire, et de relire pour la beauté et l'élégance de certaines phrases. #alire #ocapitainemoncapitaine #whitman #booklovers #book #stephanemarsanedition
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