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EAN : 9782760942561
112 pages
Leméac jeunesse (08/02/2022)
3.25/5   2 notes
Résumé :
Il y a deux choses que Madeleine adore : ses cours de ballet et le trampoline de son amie. Des joies toutes simples, bien loin de la soif de performance qui anime son père. Pour lui, ce qui compte vraiment, cʹest dʹêtre le meilleur dans toutes les sphères de sa vie, et cela vaut aussi pour sa femme et sa fille.
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Incontournable Février 2022


Avec ce roman de 2022, Frédérick Wolfe reprend le thème de l'abus d'un adulte sur un enfant, mais cette fois, il s'agit d'un père exerçant une pression psychologique sur sa fille avec des attentes trop lourdes motivées par de hauts standards de performance, ce qui entre dans la maltraitance psychologique.


Madeleine vient d'avoir onze ans et elle danse le ballet classique. Si cette danse, elle l'aime et elle lui procure beaucoup de plaisir, ce n'est cependant pas la seule chose qu'elle sache apprécier. Néanmoins, son père, Olivier Toussaint, est ce genre d'homme qui ne vise rien de moins que le sommet de la pyramide et il tend a s'attendre des autres d'avoir eux aussi de hautes attentes. Alors, pour sa fille, son "Étoile", il augmente progressivement la pression: aménager un petit coin barre-et-miroir dans sa chambre, puis demander à son professeur de ballet plus de rigueur et d'attention sur sa fille. Puisque cette prof ne semble pas en faire assez, il désinscrit Madeleine de son cours - qu'elle adore - pour lui trouver une professeur privée très rigoureuse, en vue de faire les auditions pour l'École Nationale de Ballet , à Toronto, ce qui implique donc aussi d'y déménager. Une famille de la connaissance de son père peut même l'héberger et il lui faudra apprendre l'anglais. Pour la jeune Mado, la vie devient de plus en plus morose, marquée par un travail exigeant sur le ballet, les chicanes de plus en plus fréquentes entre ses parents et de forts sentiments de culpabilité, d'ambivalence et de recherche d'approbation. Mado veut que son père soit fier d'elle et devenir la jeune femme qu'il souhaite la voir devenir, mais le temps passant, plus il est évident que la perceptive de vivre loin de sa famille et de voir le ballet devenir plus un poids qu'une passion gérèrent un état d'anxiété très important chez elle. Un état qui interpellent tous les adultes autours d'elle, sauf son père. Saura-t-elle dire tout ce qui pèse sur sa conscience et son coeur?


J'observe cette histoire avec la conscience que ce genre de chose est malheureusement très rependu, tout particulièrement à notre époque où la quête de performance est à tous les niveaux des sphères sociales: sociale, conjugale, scolaire, professionnelle, financier, physique, esthétique, etc. Jamais n'aura-t-on vu une course aussi effrénée pour surpasser tous les autres. Plusieurs parents projettent leurs attentes élevées sur leurs enfants, souvent avec de bonnes intentions. Hélas, n'étant ni des machines, ni des dieux, ni même des adultes, les enfants et les ados se retrouvent plus souvent qu'autrement aux prises avec des troubles anxieux, une estime et confiance de soi fragiles et peinent à atteindre cette voute céleste tant espérée des parents ( et de la société aussi). Dans l'esprit de certains parents, pour s'accomplir dans la vie, pas le choix: Il FAUT être le/la meilleur. Et pour ça, tous les moyens sont bons.


Donc, c'est dans cette optique que se situe l'histoire ici. Au début, on sent que le papa souhaite surtout voir sa fille atteindre un plein potentiel dans cette discipline sportive qui lui tient si à coeur. Rapidement, néanmoins, c'est une spirale de pression, d'attentes et d'objectifs qui font basculer l'harmonie familiale. Cette spirale de performance s'accompagne d'un évident comportement passif-agressif, qui est tour-à-tour cajoleur, motivateur et confiant à colérique, punitif et verbalement dévalorisant. La jeune Mado est poussée à être "une fille de onze ans" selon les standards de son père, ce qui exclut sa peluche préférée, les pleurs, la tendresse maternelle et plus généralement toute forme de défaitisme. "Penser en vainqueur", diront-on. On peut voir l'état d'anxiété de Mado prendre forme, en maux de ventre, en crises d'angoisse, en insomnie et en craintes infondées qui s'invitent dans ses pensées. On appelle ça des "pensées intrusives". Pour un/e enfant, tous ces éléments ne sont absolument pas sains et normaux.


En parallèle, on observe l'érosion du couple de ses parents et elle en prend le blâme, comme on l'observe souvent chez les enfants de couples en instance de divorce. Mado croit être le sujet de leur discorde, ce qui est en partie vraie: La mère de Madeleine ne cautionne pas les comportements de son conjoint, qui pousse trop sa fille. Mais comme elle le dit elle-même, les enfants ne sont pas responsables de la relation des parents en elle-même.


En somme, on observe une jeune fille joyeuse et aimant la danse devenir une jeune fille terrifiée, mal dans sa peau et épuisée. On sent que le coeur n'y est plus en ballet, le sourire est de façade, la mécanique de son corps est bien huilée mais impersonnelle. C'est triste et ce l'est d'autant plus que le ballet classique étant un Art et un sport: ce ne devrait jamais être une obligation, mais bien une passion. J'ai d'ailleurs été agréablement surprise par les juges de l'école de Ballet de Toronto quand ils ont abordé en ce sens, vers la fin.


On a une fin en clair-obscure: claire parce que Mado se sent libérée et retrouve une part de son insouciance heureuse que devrait avoir tous les enfants, mais obscure parce qu'il semble que l'unité de sa famille ne retrouvera pas de sitôt sa solidité.


Je salue le personnage de la maman, Nadège, qui a su mettre le hola! quand il l'a fallut, plutôt que d'accepter la situation. Ça ne semble pas simple de gérer un conjoint(e) ambitieux et exigeant.


Le roman est articulé simplement, au "je", avec somme toute le niveau de vocabulaire des 11 ans, sans pour autant tomber dans le "mauvais français". On retrouvera plusieurs formulations et termes en français québecois, surtout dans les dialogues ( à l'oral), mais rien de méchant. Il n'y a pas de chapitres à proprement parler.


Un bon petit livre qui fait réfléchir sur un sujet très actuel et très répandu, assez réaliste et psychologiquement crédible. Il va vraiment falloir ouvrir davantage le dialogue sur la scène sociale pour dénoncer cette forme d'abus, car oui, le chantage émotif et la pression de performance excessive, sont de la maltraitance psychologique. C'est donc une forme de violence parentale. Passez le mot!


Pour un lectorat du premier cycle secondaire, 13 ans+.
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Encore une fois, la collection jeunesse de Leméac surprend. Son public n'est pas toujours clair, pas toujours défini, et ce récit-ci me semble plus parler à la fin du primaire qu'au secondaire, quoique la finale est quant à elle plus mature.

Je trouve d'abord que Toucher les étoiles vise les plus jeunes parce que la voix de la narratrice est encore ronde de naïveté et que les émotions sont abordées clairement, sans double niveau. Cela ne veut bien sûr absolument pas dire qu'il n'y a pas de style entre les pages.
Lien : http://sophielit.ca/critique..
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