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3,83

sur 2314 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
J'ai été complètement bluffé par ce roman, par le procédé de narration complexe, qui fait entrer le lecteur dans la conscience des personnages, ce qui rend admirablement les cheminements de pensées.
L'histoire se déroule à Londres, sur une journée, et suit Mrs. Dalloway, qui prépare la réception qu'elle organise pour le soir même. Mais tous les personnages entrant en résonance avec la vie de Mrs. Dalloway durant cette journée font aussi l'objet d'une attention toute particulière ; le lecteur entre, pour ainsi dire, dans la conscience de tous ces personnages si différents. Big Ben est un des piliers de la narration, qui grâce à ses coups, donne la progression de la journée, et du roman.
Incroyablement intéressant, agréable à lire, émouvant et parfois drôle, le roman explore l'intériorité de ces personnages.
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Merveilleux roman dont l'écriture nous entraîne dans la mécanique implacable d'une journée telle qu'elle est vécue par chacun des personnages. Les aiguilles de Big Ben scandent la marche du temps pendant que les fourmis humaines accomplissent à l'aveugle leur minuscule chemin de douleur et d'humanité.
Mrs Dalloway doit donner une fête le soir même dans sa confortable demeure londonienne. Elle est à la fois joyeuse et anxieuse. Elle aime recevoir, elle a des talents de société, elle oeuvre pour la carrière politique de son mari. Mais qu'est-ce qui sépare réellement son existence de la futilité, de l'inutilité voire de la douleur existentielle ? S'est-elle laissé prendre au piège des apparences au risque de perdre sa personnalité profonde ?
Son ancien soupirant, fonctionnaire aux Indes, fait un bref séjour en Angleterre. Il rend visite à Clarissa. Il ne peut s'empêcher de comparer la femme d'aujourd'hui, pour lui uniquement préoccupée de mondanités, épouse exemplaire et mère attentionnée, à la jeune fille d'autrefois, dont il comprenait le moindre changement d'humeur, la plus petite réticence. Il a perdu la Clarissa qu'il aimait et il a la fatuité de refuser celle qu'elle est devenue en se disant que si elle l'avait épousé, elle aurait donné une autre dimension à son existence. Il ne comprend pas que la nature profonde de Clarissa est inchangée, elle est maîtresse de ses choix car elle les assume avec la part de frustration que cela entraîne. Aujourd'hui, lui, à cinquante ans passés, est amoureux d'une jeune femme mariée, mère de deux enfants, qu'il a laissée en Inde. Il est un peu perdu face au défit que lui impose cet amour irraisonnable. Il a sans doute peur, car il a une médiocre idée de lui-même, c'est un homme blessé et en même temps attaché à ses principes qui l'ont conduit sur une voie très étroite, celle de la solitude.
Lucrézia est confronté à la folie de son mari, une folie qui le détache d'elle. Elle ignore qu'il l'a épousée pour fuir le souvenir de la guerre qui le ronge. L'image du bonheur se dilue dans la longue descente aux enfers de son époux. Un ultime acte de folie le jettera par la fenêtre.
Bien d'autres personnages entrecroisent leurs allées et venues, Richard Dalloway, le mari de Clarissa, sa fille adolescente, une amie de jeunesse, les relations politiques de Richard… Chaque personnalité est approchée dans le subtile mélange des faiblesses, des vanités et des blessures qui la constituent.
L'horloge universelle avance, faisant de la vie une mort et une renaissance, une fin et un recommencement.
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Une journée de juin 1923, Mrs Clarissa Dalloway sort acheter des fleurs pour la soirée mondaine qu'elle organise le jour même. Nous allons passer cette journée en sa compagnie mais aussi avec de nombreux londoniens. Elle échangera avec certains qu'elle connaît comme Peter Walsh son amour de jeunesse et ne fera qu'en croiser d'autres et tel que Septimus Warren Smith qui ne se remet pas des horreurs de la première guerre mondiale.

Alors que d'ordinaire les paroles et les actes permettent de définir une personne Virginia Wolf va plus loin. Ses personnages croisent des personnes, ils pensent, ils ressentent, ils interagissent avec le monde qui les entourent et elle nous donne accès à toutes les facettes de leur personnalité. Qu'ils soient saints d'esprit ou non. C'est dans cette omniscience que réside le génie de cette oeuvre.

Dès les premières lignes nous sommes emportés au coeur d'une philharmonie humaine, un grand tourbillon de pensées, de petits détails, d'instants fragiles et Virginia Woolf bat la mesure tel un chef d'orchestre.
Elle convoque et ordonne le solo d'un personnage en un instant, il lui a suffit d'entendre Big Ben comme le personnage précédent, il a suffit qu'ils se croisent dans la rue et la bascule d'un personnage à l'autre le fait immédiatement.
Elle bat la mesure et nous invite à écouter l'âme humaine. Celle-ci ne se résume pas, nous sommes sans cesse en évolution, en mouvement, stimulés par le monde qui nous entoure. La réalité ne cesse de nourrir le flot de pensées qui nous habite continuellement. Et c'est ce flot qui est transcrit à la perfection dans ce roman.

Il est aussi vif et rapide que nos propres pensées, c'est un peu comme une danse, il demande une concentration extrême pour ne pas faire de faux pas. C'est pourquoi je conseille de prendre le temps de découvrir, je l'ai apprecié avec un peu de recul mais je le relirai probablement d'une traite pour en savourer encore plus le rythme.
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Dans un Londres méconnu de l'entre deux-guerres, ce roman dévoile une partie de la journée du personnage éponyme, Mrs Dalloway. Ce genre de récits peut en rebuter plus d'un/e (sauf pour celles et ceux qui vouent une sorte de culte à des pages et des pages de description et d'action psychologique). L'action n'est pas vraiment mise en avant, mais dévoile de nombreuses descriptions (parfois très longues) sur l'état des différents personnages. Je trouve que la force du récit réside dans le fait que les points de vue des protagonistes sont décrits alternativement, parfois à divers points d'orgue de la journée. Cela m'a embrouillé quelques fois, car je ne savais plus dans quelle tête Virginia Woolf nous partageait les impressions !
Ainsi, l'autrice arrive à capter les "myriades d'impressions, banales, fantastiques, évanescentes" et c'est un plaisir de la suivre au fil des pages !
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Ils pourraient bien, Peter et elle, rester séparés pendant des siècles (elle n'écrivait jamais et ses lettres à lui étaient si sèches), mais un jour, tout à coup, cette pensée lui viendrait : "s'il était ici, avec moi, que dirait-il ?" Certains jours, certains spectacles l'évoquaient pour elle, doucement, sans rien de l'ancienne amertume, ce qui, peut-être, est la récompense d'avoir aimé les gens. Ils reviennent, au milieu de Saint James Park, par un beau matin ; oui, vraiment.
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Dans mes résolutions de début d'année je me suis fixée de lire des classiques que je n'ai jamais abordés jusqu'à maintenant et aussi de lire les écrits de Virginia Woolf, que j'ai découverts pour la première fois à travers un film "The Hours" puis dans un documentaire sur l'endroit où elle vivait avec son mari Léonard et la lecture d'une Chambre (ou un lieu suivant les traductions) à Soi qui m'avait enthousiasmé.

Pour Mrs Dalloway je suis un peu plus sur la réserve. C'est un récit assez particulier, qui se déroule sur une journée, une journée de la vie de Mrs Dalloway, 52 ans, bourgeoise, qui organise une réception le soir même et qui nous fait partager dès le début ses pensées alors qu'elle déambule dans Londres à la recherche de gants. Mais elle n'est pas la seule narratrice. En effet les personnages principaux de cette journée so british, vont tour à tour prendre la parole, enfin je devrais plutôt dire vont tour à tour nous faire partager le fil de leurs pensées,  leurs réflexions, au fur et à mesure qu'ils se croisent, se voient ou se reçoivent.

Entre Richard, le mari de Clarissa, Peter, un ancien soupirant éconduit mais qui réapparaît après un séjour en Inde justement le jour de la réception, Sally, une ancienne amie de l'hôtesse qui avait même peut-être un sentiment plus profond pour elle, et puis des personnages ne faisant pas partie de la bourgeoisie comme Septimus (j'adore ce prénom) poète, marié à Rezia d'origine italienne, modiste, qui reste traumatisé par ce qu'il a vécu durant la première guerre mondiale et la perte d'un ami, schizophrène, les deux médecins qui le suivent dont un figure parmi les invités de Clarissa etc..... on saute de l'une (ou l'un)  à l'autre au gré de la journée avec seulement Big Ben qui égrène les heures immuablement.

Vraiment sa vie, sa vie à lui était un miracle ; qu'il ne s'y trompe pas ! le voilà au printemps de sa vie, rentrant dans sa maison à Westminster pour dire à Clarissa qu'il l'aime. C'est cela le bonheur pensa-t-il.(p92)

La lecture est un peu déroutante avec tous ces personnages, qui se croisent, qui, à la différence parfois de ce qu'ils disent nous révèlent leurs vrais sentiments, pensées, leurs doutes, leurs questionnements sur la vie, leur vie, le temps qui passe, leurs choix et leur situation.

L'avantage de vieillir (...) ne consiste qu'en ceci : les passions demeurent aussi fortes qu'autrefois, mais on a acquis - enfin ! - la faculté qui ajoute à l'existence la suprême saveur, la faculté de saisir de l'expérience et de la retourner, lentement dans la lumière. (p63)

Vision assez critique de la bourgeoisie anglaise et ses petits arrangements, les faux-semblants sont de mise, l'oeil malicieux de Virginia Woolf traque les attitudes de chacun,  les hypocrisies, les pensées et rêves secrets, les revirements de situation en l'espace d'une petite journée. Les destins de croisent, se mêlent, sont tragiques pour certains, pour d'autres inconstants.

La nature est très présente : les fleurs, les arbres, l'air, l'eau, les oiseaux qui étaient un élément vital dans la vie de l'auteure.

L'écriture est vive, nerveuse, alerte, on a l'impression d'un sentiment d'urgence mais la structure en elle-même du récit m'a un peu gênée.
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Etonnant style que celui de Virginia Woolf ! Jamais rien lu de semblable auparavant : sa façon de nous plonger au coeur de la conscience de ses personnages, son habileté à passer de l'un à l'autre, car le monologue de Mrs Dalloway n'est pas le seul qu'on suit au cours du récit. Et tout ceci concentré dans une unité de lieu, Londres, de temps, une journée de juin 1923 ,ponctuée par les coups de Big Ben, et ou Mrs Dalloway descend Bond Street afin d'acheter des fleurs pour sa réception.
Quel monde étrange ou un des personnages entend les oiseaux chanter en grec (!) et glisse dans la folie, tandis que Clarissa Dalloway s'affaire à sa réception. Sous un prétexte simple, évoquer une journée de la vie de Mrs Dalloway, Virginia Woolf réussit un véritable exercice stylistique, en nous plongeant tour à tour dans les pensées de ses personnages, les faisant se rencontrer ou simplement se croiser comme s'ils formaient des points d'un même tableau, en émaillant son récit de petites scènes qui se répètent, comme un effet miroir à des faits apparemment distincts…Etrange récit à la forte puissance évocatrice et à la triste résonnance quand on sait que l'auteur aussi livrait ce combat contre la folie et la tentation du suicide alors qu'elle écrivait ce roman, quelque part dans Londres des années 1920. Une plongée dans un univers particulier tout en détails, en petites touches, fait de monologues croisés qui nous font voir les perceptions des différents personnages au cours de la même journée...Welcome into Mrs Virginia Woolf's world !
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je vais essayer de donner un avis bien modeste, non pas une critique, ce serait vraiment prétentieux.. Pourquoi ? parce que cette oeuvre de Virginia Woolf n'est pas un roman dans le sens courant du terme; c'est à dire composé d'une histoire avec début, fin, des personnages, une action, etc...
C'est mon impression. Je dirais plutôt que ce texte est une suite de monoloques vus à la fois de deux côtés : la narratrice et l'auteur (Mrs Dalloway. Elle raconte une journée du mois de juin, en se promenant dans Londres pour acheter des fleurs afin de décorer la réception qu'elle donnera le soir même.
Sur son parcours son regard se pose sur des lieux qu'elle a fréquentés , des personnes connues ou moins connues qu'elle rencontre. Un monologue intérieur s'établit dans sa conscience en même temps qu'elle capte la vie extérieure,tous les petits faits qui se déroulent..
Elle donne voix à ses interlocuteurs et en même temps elle décrit pour elle-même les impressions qu'elle ressent concernant ces personnages ou ces lieux.
C'est facile à lire, très poétique, subtil, intelligent; mais comme la pensée en général suit son propre fil intérieur sans transition en passant d'un lieu à un autre ou d'une rencontre à une autre, j'ai eu un peu de mal à suivre et à faire la différence entre sa pensée intime et celle de la narratrice presque toujours mise entre parenthèses
Je crois que c'est là un procédé d'écriture tout à fait nouveau de par la ponctuation; sa pensée intérieure et le discours direct avec le lecteur.
C'est un texte qui, à mon avis, en dépit de sa fluidité, sa clarté, demande un effort de réflexion. Il en a été ainsi pour moi . Je ne regrette pas cette lecture riche, élégante, mais sans doute un peu au-dessus de mon niveau de lectrice lambda.
Bien sûr, en dehors de la promenade dans Londres on rencontre nombre de personnages de la classe supérieure anglaise, une description des caractères, des attitudes, des habitudes, :; l'amour de jeunesse, l'amitié, la folie, la mort seront évoqués. C'est une oeuvre, à mon avis, à approfondir, à relire tant il y a de sujets de réflexion sur le mode d'écriture, la forme et le travail sur le conscient et l'inconscient.
Enfin, le texte se termine par la grande réception où l'on retrouve les personnages amicaux, célèbres ou non, les relations mondaines qui se croisent reliées entre elles par l'hôtesse qui de nouveau se remémore des instants du passé tout en reliant le présent.
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Ce premier succès de Virginia Woolf, "Mrs Dalloway", écrit dans les années 1920, est digne des grandes oeuvres de Proust ou Joyce. C'est de la grande littérature, un vrai travail d'artiste.

Ma deuxième lecture de "Mrs Dalloway" en moins d'un an a changé ma perception du roman. Non pas radicalement, car j'y ai retrouvé ce tableau original et remarquable de la vie des beaux quartiers londoniens. Mais, entre-temps, "Ulysse" de Joyce est passé par là. Ma sensibilité à la notion du point de vue de la narration s'est donc particulièrement accrue, notamment dans l'utilisation des monologues intérieurs présents dans le roman. Virginia Woolf fait se succéder avec maestria les pensées de divers personnages, rendant sensible alors une sorte de mouvement vital, une pulsation urbaine et sociale, ponctués par les résonances de Big Ben. Virginia Woolf parvient à retranscrire, par l'expression intérieure des individus, leur capacité à se projeter dans ce qui leur est extérieur. C'est-à-dire le sentiment de se sentir vivre à travers ce qui nous entoure.
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Mrs Dalloway est un roman étrange, qui m'a intriguée du début à la fin. Nous sommes pris dans un enchaînement de pensées pêle-mêle, on saute d'un personnage à un autre sans transition, tout cela donne l'effet d'un brouhaha, d'une cacophonie qui pourrait représenter l'ambiance de la ville de Londres, ou la folie. J'ai parfois été un peu lassée de ne pas toujours m'y retrouver mais je me suis laissé emporter par la plume de Virginia Woolf. Elle a une manière de décrire les pensées les plus intimes de l'homme avec beaucoup d'adresse. J'ai beaucoup aimé les passages sur Septimus, la manière dont les personnages sont coincés entre présent et passé, où tout semble parfois figé, immuable alors que tout bouge autour d'eux. C'est un roman exigeant mais qui laisse une forte impression.
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