Cette série est décidément totalement étrange et improbable et ce même à 2 tomes de la fin !
Tomoko Yamashita nous balade avec brio dans son univers fantastico-polar sur fond de secte et de rejet de la solitude, mais il faut parfois s'accrocher.
S'accrocher je n'en ai pas eu besoin au début. Pour une fois, le scénario me semblait limpide. Nous avions afin un rassemblement des fils de l'intrigue vers un but commun transposé ici par la quête d'indépendance douloureusement gagnée d'Erika. Émotion et mort se mélangent ici dans un résultat morbide un peu glauque, mais qui heureusement s'éclaire par le sacrifice de la mère. C'est toujours la mère… J'ai été frappée par la violence de ce qu'elle vit et cette métaphore de l'enfant battu ou maltraité qui lutte pour sortir de son environnement toxique.
S'accrocher fut ensuite plus difficile car en nouant l'intrigue d'Erika et la secte où ses parents l'ont impliquée, avec les traumas d'Hiyakawa, l'autrice nous emmène loin très loin et souvent sans transition. Elle précipite ainsi son histoire dans quelque chose de totalement absurde où les pouvoirs d'Hiyakawa se mêle à son besoin d'être reconnu par quelqu'un et de compter à ses yeux comme individu et non comme objet de puissance. Pour en arriver là, l'autrice s'est bien triturée les méninges et nous propose un envoi de Mikado dans les limbes, avec discussions philo à la clé avec un esprit, puis combat métaphorique à nouveau dans la réalité entre Hiyakawa et son remplaçant qui se traduit par une scène terrible où Mikado à nouveau en prend plein la tête. Je ne suis pas sûre d'avoir tout saisi…
Je retiendrai donc de ce tome la belle mise en lumière d'Erika et sa mère, avec la façon dont cette dernière aide sa fille à sortir de cette situation toxique en faisant ce qu'elle peut pour se protéger également elle-même. C'est bien moins simpliste que bien des propositions ailleurs. Je retiendrai aussi le plaisir de voir l'intrigue se resserrer et les personnages tous se rejoindre dans un même combat. Enfin, je retiendrai la détresse émotionnelle d'un Hiyakawa qui a toujours semblé tellement loin de tout ça, indifférent à tout, alors qu'il n'est qu'une boule de mal être à cause des traumas de son enfance. Poignant !
The night beyong the tricornered window est vraiment le polar fantastique surprise de cette année pour moi. Il a pris en quelque tome une toute autre dimension et au lieu de traiter les petites histoires de tout un chacun, il se concentre avec brio sur les traumatismes de ses héros, sublimant le titre. C'est étrange, souvent dérangeant, parfois difficile à comprendre, mais toujours remuant et bouleversant. Je suis curieuse de lire les deux prochains et derniers tomes.
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