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3,3

sur 71 notes
Attention , cette fille est folle! Mais délicieusement et intelligemment folledingue ! Si vous ouvrez ce livre, persévérez car vous serez projetés dans la quatrième dimension de son cerveau et bringuebalés comme dans un tambour de machine à laver programme textiles mélangés et essorage 1 600 tr/mn avec fous rires assurés.
Au-delà de la loufoquerie assumée et du style déjanté ( les meilleurs amis de son héroïne, Rkvaa, sont un basilic en pot ...et une taupe en peluche, re...) , l'inventivité de l'écriture se trouve dans chaque page, chaque phrase et l'intelligence de ses disgressions fait mouche. Nina Yargekov interroge sa double culture, sa place dans deux sphères, la paranoïa possible qui en découle et la recherche de son identité , par la voix de Rkvaa étourdissante de drôlerie.
Je suis sortie complètement rincée, mais ravie, de cette aventure littéraire à part, culottée, parfois irrévérencieuse .
(tiens, je vais aller m'acheter un petit pot de basilic ; il me tiendra compagnie et on discutera tous les deux...)
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"Double nationalité" est un délice composé d'humour, de réflexion et d'un regard profondément troublant sur l'identité.
684 pages, c'est énorme mais on ne se doute pas à quel point il se dévore en une bouchée.
Sincèrement, j'ai été bouleversée.
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D'habitude j'aime bien ça la masturbation intellectuelle mais il se trouve que ces temps-ci, je traverse une période d'abstinence intellectuelle, que vous pouvez requalifier de paresse intellectuelle si ça vous chante - ce qui fait que je refuse de me plonger dans l'histoire de la Hongrie, ou de l'Ukraine, ce qui serait plus pertinent en contexte de guerre, que je ne m'intéresserai pas à la guerre d'Algérie en bonne "Lutringueoise que je suis" ( suis-je vraiment Lutringueoise ?) et je ne prends plus non plus aucun plaisir à la lecture de livres sur la linguistique, les langues étrangères, alors même qu'il s'agissait de mes sujets de prédilection. Il semblerait que je ne sais plus ce qui me plaît, que je ne prends plus de plaisir à la lecture de Nina Yargekov que j'avais pourtant adorée dans Tuer Catherine, en fait il semblerait que je ne sais même pas si je suis vraiment Lutringeoise, ou Française, mais je suis à peu près sûre de ne pas être Yazige ou Hongroise - reste à savoir si je ne serais pas Québécoise ou Portugaise comme la morue ou la sardine de la citation.
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Une jeune femme amnésique se réveille à l'aéroport de Roissy avec, dans son sac à main, deux passeports et deux trousseaux de clefs et guère davantage. Par contre, dans sa besace cognitive, elle retrouve aussi deux langues bien maîtrisées et l'aptitude à mener sa quête (double-)identitaire sur un plan éminemment dialectique, observée par un narrateur à la deuxième personne du pluriel – ce qui place instantanément le récit sous l'égide ou dans la filiation du grand roman de Butor, La Modification. Clin d'oeil adressé au lecteur ? Distanciation entre l'auteure et la protagoniste ? Dans l'un ou l'autre cas, il n'empêche pas le narrateur de renoncer à une posture surplombante, pour se faire le simple rapporteur d'un flux de conscience au cheminement non-linéaire, contradictoire même, où les synthèses sont rares et la progression parfois lente, hésitante, quaternaire, parfaitement structurée. le côté enquête d'amnésique, tel qu'on le connaît chez Modiano, est relativement moins important dans ce roman de taille pourtant considérable qu'une série de réflexions extrêmement pertinentes sur la condition du binational, du descendant d'immigrés, sur le nationalisme dans deux pays de cette Europe contemporaine héritière de la géopolitique bipolaire et confrontée à la Grande migration, mais aussi sur le bilinguisme, ainsi que sur la profession de traducteur-interprète. Les adeptes de l'enquête peuvent être déçus par la relative rareté des rebondissements mais aussi par une étonnante pénurie de descriptions matérielles – des lieux parcourus dans les deux villes (hormis deux plaques commémoratives), des objets présents dans les deux appartements, des fichiers des deux ordinateurs et même des archives familiales placées sous le lit ; même de sa propre image, Rkvaa (qui à l'évidence ignore l'invention ancienne du miroir...) ne retiendra que le traumatisme de ses grands pieds !
Mais regardons plutôt ce qui est là. Une double structure quaternaire. Non pas deux pays mais quatre : la France et la Lutringie la Yazidie et la Hongrie ; ce ne sont pas les doubles imaginaires des pays réels, mais l'expression de la différence entre ces pays vus d'ici et vus de là-bas. Ontologisation de la perception selon la position de l'observateur dans l'analyse géopolitique. Très perspicace. Quadruple posture identitaire : d'ici, puis de là-bas, puis des deux, puis de ni ni, avec plein de retours en arrière. Très juste. Quel est le point de rupture dans l'adhésion à la communauté nationale ? Ce poison qui (vous) unit à faible dosage et (vous) rejette à forte dose (voire qui vous tue) : le nationalisme. Quatre formes d'icelui et deux épisodes de franchissement du seuil, dans ces deux lieux. Très bien vu. C'est joli aussi qu'il en prenne pour son grade, le nationalisme, dans toutes ses déclinaisons.
Et d'autres choses également, au hasard de celles qui m'ont donné le plus de matière à réfléchir, ou à m'identifier. La dialectique du flux de conscience a besoin de dialogue. Pour plusieurs raisons – choix narratifs – celui avec les personnages secondaires humains est frustrant. Avant que le cahier hongrois où sont enregistrés les pensées (en quelle(s) langue(s) ?) ne soit le plus fertile, il faut Petite Taupe. Objet transitionnel, fétiche de re-conjonction à l'enfance. Une très belle trouvaille. L'on souffre de sa disparition prématurée, brutale, en cela assez symétrique avec celle du cahier. Laquelle est fonctionnelle à une chute vraiment bien menée.
Problématique du bilinguisme vs diglossie. Impossible décision entre les deux types idéaux. Incessante réversibilité des compétences absolue et relative dans la condition de polyglossie. Impossibilité de la spontanéité de l'acte de langage chez le plurilingue, qui se différencie en cela du monolingue, et en même temps aspiration identitaire du premier à « ressembler » au second pour se faire accepter de lui... L'angoisse de l'accent...
Problématique de la mémoire comme condition de l'identité, mémoire comme permanence, identité dans ses rapports à l'identique et au changeant, avec des références très prononcées à Paul Ricoeur et une qui m'a semblé absente : au fameux séminaire sur l'identité de Claude Lévi-Strauss. [Mais à moi aussi, dans un contexte plus grave, il avait été reproché d'avoir fait l'impasse sur cette référence.]
Enfin, je voudrais faire quelques considérations d'ordre stylistique. Sans verser dans un expérimentalisme per se, le plume toujours attentive et professionnellement perfectionniste de la traductrice est très évidente. J'en veux pour preuve le détail suivant : pour la première fois, à ma connaissance, la faute de français (erreur de grammaire) est utilisée en littérature comme morphème signifiant : c'est à la p. 21, où il est question de dysorthographie de la ville d'Iassag, qu'apparaissent les deux seules fautes sur 685 pages : « s'écrive » - subjonctif au lieu d'un indicatif, dans la phrase même ; et « les mêmes raisons qui vous ont conduites » - faute d'accord, deux phrases plus bas. C'est subtil. Il y a aussi des fausses lourdeurs syntaxiques çà et là, mais dont la signification est tout à fait évidente.
En outre, j'ai beaucoup aimé la foison des métaphores mathématiques ; j'ai adoré l'actualisation des jurons à la Capitaine Haddock, avec une préférence pour « espèce de salicorne des marais putrides » (p. 650) ; j'ai goûté à la présence constante d'un humour de type hyperbole absurde, notamment sur les ambitions nuptiales de l'héroïne (qui au demeurant pâtit d'une vie sentimentale et sexuelle assez lamentable) ; j'ai apprécié un usage minimaliste de la virgule (que j'ai interprété comme une réaction aux abus de ponctuation post-L.F. Céline), ainsi que l'astuce de la plus petite police pour suggérer le susurrement intérieur...

Comment mesurer la jubilation que m'a provoquée cette lecture alors que le temps seul dira le degré d'influence qu'elle aura eue ? En me ruant sur les deux autres oeuvres de l'auteure ? En multipliant les citations que j'aurais envie de transcrire ? En comptant (les doigts d'une main me suffisent) les romans que j'ai qualifiés uniquement d'intelligents ? En tentant un classement hiérarchique : top combien de l'année ? sur cinq ans ? sur dix ? sur cent livres ? sur mille livres (si j'en suis déjà à ce nombre-là) ? sur combien d'années lectorales restantes eu égard à mon espérance de vie et de vue ? À relire tout de suite ? une fois encore à l'avenir ? plusieurs fois ? autant de fois que les quelques trucs que j'ai moi-même commis ?
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La quatrième de couv m'a intriguée : une femme amnésique se retrouve dans un aéroport et s'interroge sur l'identité et la linguistique ( je suis tombée sur ce livre juste après ma lecture de ÉPÉPÉ, de Ferenc Karinthy, qui commence également dans un aéroport avec les mêmes thèmes d'identité et de langue – je le lis seulement maintenant vu la hauteur de ma PAL – les deux auteurs sont hongrois – autre coïncidence)
Le ton est original puisque l'auteure utilise la deuxième personne du pluriel pour s'adresser à cette jeune femme. Ce « vous » à la fois distant et poli ne manque pas d'humour, et de provocation…
La jeune femme découvre qu'elle a deux passeports l'un français, l'autre Yazige ; nous apprenons un peu plus loin que la Yazigie est un petit pays coincé entre la Pologne et l'Ukraine avec beaucoup de pommes de terre et aucun littoral. Qu'est il arrivé à Rkvaa J-ai-oublié-son-nom-de-famille ? (patronyme qui pourrait être traduit par Fleur Martin en français de France)
Elle essaie de mener l'enquête et finit pas découvrir qu'elle est née en France de parents Yaziges. (Très organisés ses parents, décédés dans un accident de voiture , lui ont laissé toute leur vie bien rangée dans des cartons).

J'ai adoré le ton de cette trentenaire : elle se pose (et nous pose) des questions sur l'identité, la langue, le bilinguisme, le racisme , le devoir de mémoire (ce qui n'est pas facile vous en conviendrez pour une amnésique)
La jeune femme est très étrange : à la fois très intelligente et avec un discours très construit et à d'autres moments, elle parle à sa peluche (tchèque la peluche siouplait) et à son basilic (une plante pas un serpent) polonais de surcroît.

La deuxième partie se déroule en Hongrie (la Yazigie de la première partie), la France est devenue la Luthringie, comme si le fait de changer de pays faisait changer notre « héroïne » d'angle de vue de façon radicale…De très drôle le ton prend de plus en plus de sérieux et aboutit à une réflexion sur le sort des migrants à l'heure actuelle.

Double nationalité ou comment guérir d'un schizophrénie amnésique en parlant polonais à un basilic ou lutringeois à une taupe Tchèque…?

Vous n'avez rien compris à mon avis (ravi) alors filez lire ce livre,
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Un roman-fleuve, avec pas loin de sept cent pages agrémentées de mots d'esprit et de références savantes, pour nous conter les déboires d'une traductrice-interprète affectée d'une amnésie passagère au retour d'une de ses nombreuses missions. En quête de ses origines, elle qui se sait née d'un père et d'une mère hongrois(es) mais ayant grandi en France, elle va tenter de disserter sur le concept de double nationalité : thèse, antithèse, synthèse. Par le truchement de ce personnage singulier, avide de certitudes dans un monde où la notion de frontière devient de plus en plus floue alors que les communautarismes s'exacerbent autour d'elle, l'auteure questionne le monde tel qu'il est. L'humour est présent, sous la forme de l'autodérision, l'érudition aussi, via de nombreuses références aux disciplines en "ique" : mathématique, logique, linguistique, sémantique, et bien d'autres encore. Hélas, le tout est d'un ennui assez profond, n'est pas James Joyce ou Marcel Proust qui veut…
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Un livre à l'écriture jubilatoire qu'on adore ou qu'on déteste, et je fais plutôt partie des adorateurs ! C'est un livre que l'on m'a offert car je suis partie vivre en Hongrie plusieurs mois et l'auteure est hongroise, c'était une sorte de clin d'oeil à mon séjour là-bas. de ce fait, cela m'a particulièrement plu car j'ai pu y retrouver une mentalité, une culture que j'ai découverte en vivant là-bas et sa différence avec notre façon de penser française. Cela m'a aussi particulièrement plu car si l'écriture est très originale et veut dévoiler une pensée absurde, loufoque, cela était parfois franchement proche de ce qui peut se passer dans ma tête, avec ma psychorigidité, mon encyclopédisme, le fait de se poser 1001 questions sur tout.. J'ai donc pu me retrouver dans l'héroïne du livre et m'y attacher totalement. C'était pour moi un vrai plaisir d'ouvrir le bouquin et de se plonger totalement dans le cerveau de cette femme car c'est de ça qu'il s'agit. le livre nous immerge dans les pensées de la narratrice et cette immersion fonctionne par l'utilisation du pronom personnel "vous" pour raconter l'histoire tout le long, comme dans le résumé en quatrième de couverture ("Vous vous réveillez dans un aéroport. Vous ne savez pas qui vous êtes ni où vous allez. Vous avez dans votre sac deux passeports et une lingette rince-doits."). C'est pour cela qu'au-delà de ces aspects subjectifs qui m'ont plu, c'est un livre qui peut séduire par son écriture très originale, novatrice. Si les phrases sont longues, l'écriture est fluide. Il y a beaucoup d'humour, on rigole parfois franchement et sous des dehors légers, le livre pose pourtant de vraies questions et permet de bien réfléchir sur le thème de l'identité et de l'immigration. Il s'agit de l'histoire d'une fille amnésique qui va essayer de découvrir qui elle est, c'est donc une enquête que raconte le livre, il y a ainsi du suspense comme dans un roman policier ! Pour la longueur, je ne l'ai vraiment pas ressentie, j'étais vraiment avide de continuer à lire le livre tout en ne voulant pas le terminer tellement j'étais attachée à l'héroïne, sauf vers la fin où j'ai été un peu lassée mais je ne sais pas si c'est parce que je n'ai pas pu lire pendant une grande période à un moment, il y a donc eu une longue coupure quand j'ai pu lire la fin et je suis peut-être simplement trop sortie du livre de ce fait.. Je recommande donc vraiment la lecture de Double nationalité, c'est dans l'ensemble un livre réjouissant, rafraîchissant qui nous fait passer un bon moment tout en nous faisant réfléchir.
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Très attirée par la quatrième de couverture, je me lance avec délectation dans une histoire qui me parait prometteuse avec de l'humour et du rocambolesque. Et bien, ça a fait ploc, comme un soufflé qui retombe dès la sortie du four. Il y a des moments intéressants, profonds sur l'identité, sur l'immigration, l'adaptation à une autre culture. Mais c'est long, très long, trop long ! La fin rattrape un peu le livre mais ça ne suffit pas à le sauver complètement.
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Prenez le train en marche et vite! Sinon vous risquez de perdre le fil de ce récit hallucinant. C'est comme une montée d'adrénaline paranoïaque dans un dispensaire schizophrène dont vous seriez un des patients. Jamais sûr de rien, en gros. Tout se construit de façon claire et précise pour ensuite se déconstruire comme un fragile château de carte sur un territoire d'amnésie. On navigue entre deux rives pendant 600 pages qu'on ne voit pas "passer" tellement c'est fluide même quand les déambulations mentales et autres analyses n'en finissent plus de finir. C'est rapide, plein de tiroir caché avec des phrases dont la ponctuation n'a pas eu souvent le temps de s'imprimer. Reprenez votre souffle quand vous pouvez. Je recommande expressément.
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Le gros pavé de Nina Yargekov, Double nationalité, m'a accompagnée pendant mes vacances estivales, courtes pour cause de déménagement et consacrées exclusivement et exceptionnellement à la farniente. J'ai donc passé une semaine entière à me prélasser autour de la piscine d'un mas provençal à Uzès (la piscine étant quelque peu plus récente que le mas) et à me plonger alternativement dans la dite piscine et dans ce roman.

Il m'a été offert par mes filles pour mon anniversaire : « avec un titre comme ça, c'était obligé ». Dans la famille, nous sommes en effet tous binationaux, mais nos deux nationalités sont moins exotiques que celles de la narratrice, Rkvaa, traductrice-interprète de son métier, qui est d'abord française et yasige puis hongroise et lutringeoise (lutringienne ? je ne sais plus). La bizarrerie du récit se manifeste dès les premières pages, dans lesquelles on rencontre l'héroïne dans un aéroport, complètement déboussolée, qui ne sait pas qui elle est, d'où elle vient, où elle va, ni pour quelle raison. Et elle nous livre son histoire loufoque se reconnaissant progressivement au fil des pages, quoi que, et se débrouillant pour composer avec son amnésie, mais s'agit-il bien de cela ? Tout cela à la deuxième personne du pluriel, qui contribue au comique du roman, avec ses faux airs du parfait manuel de la personne paumée et qui se retrouve sans repères.

Les repères culturels, linguistiques, sociaux, politiques sont justement au coeur de ce roman un peu bizarre mais fascinant et facile à lire, pour peu qu'on aime les narrateurs qui s'épanchent sans retenue. le sujet de la double nationalité est présent au début, à la fin et tout au long de ce long roman, qui se répète. En effet, et je fais ici une petite entorse à l'injonction que je m'impose habituellement de ne rien dévoiler d'important pour expliquer ce que je veux dire par « se répète ». C'est simple, il se répète : Rkvaa nous raconte ses mini aventures à Paris dans la peau d'une yasige qui est aussi française et puis elle recommence son histoire à mi-chemin dans le roman, avec des mini aventures différentes, dans un cadre géographique différent, mais cette fois-ci elle est lutringeoise et hongroise.

Je me suis posé la question du but de cette double histoire et ma conclusion c'est que l'auteur pousse la notion de la double nationalité, du double soi jusqu'au bout, en doublant tout simplement le récit. Je me suis aussi posé la question du choix des deux paires de patries, composées chacune d'un pays bien réel : la France, la Hongrie et d'un pays imaginaire : la Yasigie et la Lutringie. D'ailleurs, au début de la première partie, j'avais un doute sur l'existence d'un pays qui s'appelait la Yasigie et je n'étais pas assez motivée pour décoller de mon transat et aller chercher de quoi faire des recherches. Je me disais vaguement qu'il s'agissait peut-être du pays des Yézidi, ma mémoire vacillant en effet sur le nom de ce peuple dont on parlait il y a quelques mois quand les horreurs perpétrées contre lui ont fait là une des médias et puis j'ai rapidement compris que non, on était dans le domaine du semi-imaginaire. Semi seulement, car un pays sur deux est imaginaire et semi aussi car les questions du sentiment d'appartenance à tel ou tel pays, de limites du bilinguisme, de conflits culturels ou autres entre ses deux pays, ces questions-là sont bien réelles. J'en sais quelque chose, mes deux pays, la France et l'Angleterre (j'ai tendance à parler spontanément de l'Angleterre, même si ce n'est pas une nation, parce que « britannique » ne veut pas dire grand-chose culturellement parlant) étant l'exemple parfait du couple je-t'aime-moi-non-plus.

La méditation comique de Nina Yargekov est longue mais bourrée de pépites. J'ai tenté de trouver quelques citations à partager ici, mais hors contexte, elles perdent de leur sel et j'y ai renoncé. On a l'impression que l'héroïne, dans ses réflexions et dans ses actions, pratique l'auto-dérision sans cesse et sans forcément s'en rendre compte.

Le ton de l'histoire n'empêche pas l'auteur de traiter de sujets sérieux, voire graves : interdiction du binationalisme, nationalisme extrémiste, racisme sont évoqués lucidement, au travers les (très nombreuses) questions que se pose Rkvaa, ses hésitations et ses maladresses parfois. Tout l'art de Nina Yargekov consiste à incruster ces questions sérieuses, avec d'autres qui le sont beaucoup moins, dans un quotidien absurde, parsemé de péripéties loufoques.

C'est un livre à lire quand on a du temps, mais à savourer dans ce cas.

Lien : https://helenewilkinsonbookr..
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