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sur 1752 notes
L'Oeuvre, c'est l'histoire d'une déchéance, celle de Claude Lantier, peintre d'un nouveau souffle pictural qui ne parviendra pourtant jamais à atteindre la reconnaissance publique.
Avec le recul, et quoique le modèle du personnage soit Paul Cézanne – le « décevant » ami d'autrefois de Zola –, on songe aisément au destin de van Gogh en lisant celui de Claude.
Chez ce personnage, il y a cette impuissance à créer, née peut-être d'une recherche obsessionnelle de la perfection inatteignable. Il semble marqué du sceau de la malédiction, échouant dans les bas-fonds de l'art, lui qui se rêvait sur ses cimes.
Ce roman, cruel, est une montée vers l'espoir trompeur, suivie d'une lente descente où l'artiste « raté » perdra progressivement le sens de la réalité, enfermé dans son oeuvre qui ne naîtra finalement jamais, et allant jusqu'à peindre son enfant découvert mort, exalté par son sujet plus que rongé par le chagrin.
En lisant le destin abîmé de Claude, on pense aussi au Frenhofer du Chef-d'oeuvre inconnu De Balzac ; ou lorsque la création devient une souffrance flirtant volontiers avec la folie. C'est la « faillite du génie », écrit Zola.
S'il s'était appelé Rougon, probablement que Claude serait devenu un peintre très en vue de la cour impériale. le déterminisme de l'auteur en a décidé autrement…
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Dans l'Oeuvre, Claude est un artiste génial qui ne sait pas faire éclater son talent, trop novateur et trop étrange pour la société de son temps, trop imparfait selon lui.
Ses amis représentent d'autres figures d'artistes, pour qui la réussite passe soit par la compromission avec l'ordre établi (le chroniqueur, le peintre lèche-bottes et presque plagiaire) soit par un travail acharné et obsessionnel (l'écrivain naturaliste). Les autres végètent dans l'attente de la reconnaissance, pour finalement se perdre les uns les autres au fil des années, entre rancune d'avoir suivi l'avant-garde et honte de s'être compromis.
A travers cette histoire d'artiste, une famille : celle que Claude finit par fonder, avec une femme qui le materne et un enfant rachitique dont le destin scellera la chute de son père.
Ce roman est un Zola poignant, hommage à Paris, ville éternelle et source d'inspiration pour tous les artistes, récit d'une bande d'amis soudée par l'art et détruite par la vie. Pas le meilleur des Rougon-Macquart mais celui dans lequel Zola parle le plus de lui à travers le personnage de Sandoz, l'écrivain venu du Sud.
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Parce que L'Oeuvre se déroule dans le monde des artistes et parce que j'ai souvent vu ce tome des Rougon-Macquart parmi les préférés, j'avais beaucoup d'attentes. Hélas, j'ai tendance à me lasser, même des auteurs que j'aime, et parvenue au 14e volet de la saga familiale, je ressens un effet de saturation, surtout à la lecture des longues descriptions.
 
Objectivement, ce roman est certainement très bon. J'ai appris beaucoup de choses sur la diffusion de l'art à l'époque, en particulier sur le fonctionnement du Salon de peinture et de sculpture (le fameux « Salon ») et son rejeton, le Salon des refusés. Comme dans beaucoup d'autres tomes, L'Oeuvre commence par l'arrivée d'un personnage dans un nouvel environnement et par une rencontre. J'ai mis du temps à m'intéresser au sort de Claude et Christine, mais je trouve que Zola décrit particulièrement bien les sentiments d'échec et de réussite, ici à travers la confrontation des aspirations d'un couple. Parmi les passages que j'ai préférés, je retiens la rivalité entre Christine et son double sur la toile.
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Les affreux de la création, comme dirait Gainsbourg… On comprend que Cézanne ait moyennement apprécié d'avoir servi de modèle à ce peintre incapable de transcrire sur la toile sa vision du réel, mais n'oublions pas que pour Zola, Claude Lantier est avant tout handicapé par le patrimoine génétique de la lignée Macquart. Comme toujours avec le grand Emile, qui ne souffre assurément pas de l'impuissance de son personnage, le lecteur se régale de très belles pages, qu'elles décrivent le cours de la Seine à Paris ou mettent en scène l'effervescence des salons de peinture. Avec, en prime, une déchirante histoire d'amour insuffisamment partagé. Recommandé.
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Ce qui me fascine chez Zola c'est d'abord l'habileté avec laquelle il mêle le roman populaire, avec ses rebondissements (la plupart des livres étaient publiés par épisodes) et ses excès mélodramatiques, et la réflexion sur les hommes de son époque, leurs moeurs, l'atmosphère dans laquelle ils évoluent à tous les niveaux de la société, dans un soucis documentaire extraordinairement exploité.

L'un des intérêts de L'Oeuvre est qu'il se met en scène pour la première fois lui-même au travers du personnage de Pierre Sandoz, journaliste et écrivain, en même temps qu'au travers de Claude Lantier (le fils de Gervaise de L'Assommoir, le frère de Nana et d'Etienne Lantier de Germinal) qui reste cependant avant tout un portrait mélangé de Cézanne et de Manet. Cela lui permet d'exprimer ses connaissances et sa passion pour l'Art de son époque, cet incroyable bouillonnement créatif qui allait faire émerger tout l'art contemporain avec la rupture d'avec le romantisme et l'apparition du réalisme, du symbolisme, de l'impressionnisme... Pour ne parler que de la peinture. Et ce roman nous fait revivre cette époque et redécouvrir tous ces artistes à travers une fiction et des personnages imaginaires qui synthétisent leurs diverses caractéristiques. C'est passionnant et tous ces enjeux autour de ces fameuses sélections du Salon et du Salon des refusés créent un véritable suspens en même temps qu'ils s'animent d'une vie assez sidérante. Chaque "épisode" contient d'ailleurs ses morceaux de bravoure littéraires.

On est d'entrée emporté par le flot romanesque. Un orage sur les ponts de Paris la nuit, un jeune peintre fauché qui rentre dans son atelier sous les toits, une jeune inconnue qui attend dans l'entrée de l'immeuble à peine éclairée. On a déjà envie de savoir ce qui va leur arriver et leur parcours, leurs amours, leur escapade sur les bords de Seine à Bennecourt, leurs difficultés financières, leurs joies puis leurs souffrances sont captivantes.

Gravitent autour d'eux tout un groupe d'artistes en mal de reconnaissance. D'abord solidaires, combattifs, ils finiront parfois par devenir rivaux. On reconnait ça et là des traits appartenant aux principaux amis de Zola, de Cézanne à Pissarro, de Monet à Philippe Solari, le sculpteur, de Baille à Manet.

Il y a des passages formidables comme l'effondrement de la statue de Mahoudeau (Solari), la bienveillance lumineuse de Bongrand, ce vieux peintre et gloire du passé que j'imaginerais bien représenter Gustave Courbet, qui sait reconnaitre le talent, qui tente de venir en aide. Il y a aussi cette apparition presque fantômatique d'un peintre qu'on croyait mort et qui vit reclu. C'est Corot dans toute sa discrétion. Et tellement d'autres anecdotes émouvantes, révoltantes. Les marchands d'art, les critiques académiques...

Et puis il y a la violence de la création. Sa solitude, son égoïsme, les sacrifices qu'elle impose, la folie sous-jacente qui n'est jamais bien loin. le fameux tableau que tente d'achever Claude Lantier est également un compromis entre certaines oeuvres de Cézanne qui annoncent l'expressionnisme, le déjeuner sur l'herbe , La nymphe surprise et L'Olympia de Manet... Quelle époque!
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14ème volume des Rougon Macquart, "l'oeuvre", paru en 1886, rentre pour l'instant dans mon top 3 de l'immense saga familiale.

Prenant place dans le milieu artistique, à l'époque où l'impressionnisme commence la carrière qui sera la sienne, nous allons suivre Claude Lantier (frère de d'Etienne le héros de "Germinal", et demi-frère de Nana), que l'on avait déjà croisé dans "le ventre de Paris". La légende veut que Zola se soit inspiré de Cézanne pour créer le personnage de Claude et qu'une brouille entre les deux hommes aurait eu "l'oeuvre" comme point de départ.
A la lecture du roman, il est toutefois permis d'en douter...

Claude est originaire de Plassans (réplique fictive d'Aix en Provence dont vient Zola).
C'est un peintre bourru, qui ne vit que pour sa peinture, solide, lumineuse, loin des canons habituels du Salon, manifestation annuelle des artistes issus de l'académie des beaux-arts. Ses envois répétés de tableaux essioent refus sur refus.

Mal à l'aise avec la gente féminine, qu'il ne considère que de loin, sa rencontre avec la jeune Christine, fraîchement débarquée de Clermont, va lui ouvrir d'autres horizons.

J'attendais avec impatience ce roman, en tant qu'amateur de peinture et notamment d'impressionnisme.

J'avoue avoir eu un peu peur que Zola ne continue à ressasser les mêmes thèmes en se bornant à changer de cadre.
Cette redite dans le naturalisme est d'ailleurs une des raisons qui poussa Huysmans à s'en éloigner ainsi que de Zola.

Mais heureusement non! le roman traite bien des thèmes que j'attendais : l'inspiration, le modèle, la révolution artistique de l'époque, et une rivalité amoureuse extraordinaire.

Je ne peux que vous conseiller "l'oeuvre", qui peut se lire, comme la plupart des romans du cycle, de manière totalement indépendante.

Bonne lecture à tous !
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Dans cet opus, Pierre Sandoz, l'écrivain-poète et ami de Claude Lantier n'est pas seulement le témoin de la déchéance de ce dernier mais aussi, en quelque sorte, le « porte-parole » d'Emile Zola. Ainsi, par le biais des propos de ce personnage essentiel du récit, le romancier confie aux lecteurs une partie de sa propre existence en dévoilant quelques anecdotes sur son enfance, sa vie personnelle, ses ambitions littéraires mais également ses nombreux états d'âme.

En parallèle, le roman dénonce les effets pervers des spéculations financières et boursières malhonnêtes qui sévissent dans le monde artistique et qui font davantage la part belle aux marchandages les plus ignobles plutôt qu'à la reconnaissance du talent des artistes en devenir. Cet état de fait étant toujours d'actualité de nos jours, Zola était donc bien un écrivain visionnaire en son temps…
Criante de vérité, cette fiction sent le vécu, et dans ce brassage de destinées, il flotte comme un parfum de nostalgie, avec des regards parfois rivés sur le rétroviseur, le pied appuyé sur la pédale de frein. En dépit d'une histoire sombre à l'épilogue funeste, des lueurs d'espoir brillent, ça et là, sous les traits de plume remarquables de l'auteur.

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J'avais vraiment hâte de lire L'Oeuvre, rien que pour retrouver le personnage de Claude Lantier qui m'avais beaucoup touché et marqué dans le ventre de Paris.
Mon cher artiste, recueille donc une fille chez lui, et la modernité de la scène m'a semblé saisissante. Pour carricaturer, Claude ressemblait au profil du "bad boy" qui sauve la jeune fille en détresse. J'ai trouvé cela plutôt amusant. Malgré tout, ce roman reste très sombre même si il commence plutôt positivement, il donne à voir la descente aux enfers d'un artiste à la recherche de pérfection et ce, à tout prix.. Finalement Claude y est plutôt réaliste avec ses doutes et ses moments de lucidité.
J'ai vraiment eu une très bonne expérience de lecture et recommande vivement ce Rougon-Macquart ci, qui est je trouve que trop méconnu. Il est pourtant vraiment intéressant et fluide à la lecture.
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Quand je pense à ma lecture de L'Oeuvre d'Emile Zola, je suis partagée entre l'impression d'avoir été assaillie de lumières, de couleurs et celle d'avoir été plongée dans un désespoir poignant, déchirant...
Là réside sans doute l'un des points forts de ce quatorzième volume des Rougon-Macquart : cette tension permanente entre beauté et noirceur, entre sublimité et violence qui le rend de fait d'autant plus puissant et, pour moi, magnifique.
L'Oeuvre met en scène Claude Lantier, l'un des fils de Gervaise Macquart et d'Auguste Lantier. L'enfant du pavé parisien a un don certain pour le dessin, ce qui lui permet d'attirer l'attention d'un vieil homme qui devient son protecteur. Ce dernier le ramène à Plassans, terre de ses ancêtres, et le fait étudier au collège pendant sept ans, lui permettant ainsi d'échapper au traumatisant spectacle de la descente aux Enfers de sa mère. A la mort de son protecteur, le jeune homme retrouve Paris et ses amis Pierre Sandoz -romancier du texte, et peut-être bien double fictif d'Emile Zola- et Louis Dubuche.
Rude, entier jusqu'à l'excès, colérique, Claude souhaite alors vivre de son art qu'il ambitionne révolutionnaire, différente de la peinture académique. Cependant, tout artiste qu'il soit,en digne descendant d'Adélaïde Fouque frappée par la folie, frère également de Jacques Lantier qui ne peut désirer de femme sans soif de meurtre, il traîne aussi sa malédiction : le jeune homme est incapable de terminer ses oeuvres ou de leur donner la profondeur et la finitude qu'il a pourtant en tête. Claude, c'est la recherche de l'absolu, de l'illusoire perfection et les échecs qui en découlent forcément.Le plus souvent, ces œuvres, elles restent à l'état d'esquisses, d'ébauches et le créateur se lance alors à corps perdu dans la toile suivante qui, elle, sera géniale, puissante. Qui sera l'Oeuvre. Artiste maudit, dévoré par son art, Claude peint sans relâche, jusqu'à l'épuisement, presque jusqu'à la folie.
Roman sur les affres de la création, L'Oeuvre est aussi un ouvrage qui dépeint (oui, elle était facile celle-ci!) le monde de la peinture : ce monde des salons et de l'académisme où il est si difficile pour un artiste de proposer autre chose sans être moqué et décrié, où l'Art n'est que peu de chose face au pouvoir et à l'argent de la petite bourgeoisie bien pensante qui préfère avoir dans son salon une croûte validée par les institutions plutôt qu'une toile différente, dérangeante...
C'est finalement toute l'épopée de l'impressionnisme qu'on retrouve dans ce roman et on sait à quel point Zola en était proche, comme il était proche de Paul Cézanne, son ami d'enfance que les exégètes ont cru retrouver dans le personnage de Claude. Quant à savoir s'il est la raison de la brouille entre les deux artistes...
Roman sur l'art et les violences de l'hérédité, L'Oeuvre est aussi un roman d'amour et d'amitié. Pierre Sandoz n'aura de cesse de soutenir son ami et de tenter de le ramener sur les sentes de la raison, jusqu'au fracas final. J'ai été sensible à cette amitié traitée avec beaucoup d'authenticité et de finesse, de sensibilité... Sandoz, l'écrivain, qui incarne autant le sage que la mesure dans ce livre qui n'en a aucune est peut-être un poil moralisateur parfois mais il fait du bien, il rassure face à la violence des crises qui secouent parfois (et de plus en plus souvent) Claude que même l'amour et la dévotion de Christine ne parviennent pas à « sauver ».
Emile Zola a su, tout au long de son oeuvre, créer des personnages féminins forts, attachants et c'est pour moi le cas de Christine qui me rappelle aussi bien Albine que Catherine Maheu.
Amoureuse, amante de Claude, sa relation avec ce dernier est passionnée et douloureuse surtout. Luttant sans relâche contre sa rivale, la peinture, elle accepte de se faire modèle en espérant toujours finir par être la préférée... sans espoir. Tout est cruel dans cette histoire d'amour où les sentiments sont balayés par la peinture et la folie de Claude, jusque dans la naissance du fils laissé à lui-même, cet enfant qui donnera naissance à la scène la plus violente de l'ouvrage : celle d'un père qui peint le cadavre de son enfant, saisi par une fièvre créatrice et une fièvre tout court qui le coupe de toute réalité.
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Les descriptions de Paris, ses paysages et son microcosme d'artistes bohèmes sont superbes. Toutefois Claude Lantier n'incarne pour moi ni Van Gogh, ni Cézanne. Même dans leurs moments les plus difficiles ces deux peintres produisaient de nombreux tableaux. Ici le héros me fait plutôt penser à une personne atteinte de troubles obsessionnels compulsifs ainsi que d'une procrastination sévère. Est-ce vraiment ainsi que Zola voyait son ami d'enfance Cézanne ? Sa compagne Christine ne parvient pas à le relever et ils s'entraînent mutuellement vers l'abîme. Leur enfant finira par être le symbole de cette oeuvre avortée qui, plus qu'un échec, est finalement quasi inexistante (2 tableaux en tout et presque rien après la mort du peintre ce qui n'était pas le cas des peintres impressionnistes qu'on les aime ou non). Christine se voit comme une rivale de la peinture alors qu'elle aurait pu être un souffle créateur, comme elle l'est au début en posant pour Claude. J'ai aimé ce livre comme tous ceux d'Emile Zola que j'ai pu lire mais j'y vois une fiction et une peinture de son époque beaucoup plus qu'une biographie de Cézanne. D'ailleurs, celui-ci n'a pas vécu tout le temps à Paris. Ceci dit, on peut comprendre que ce livre lui ait déplu.
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